Danse avec la solitude...

[Elwing]

Rares sont ceux qui comprennent les nuits où Posicillon ainsi qu'Eolia se déchaînent.

Ces soirs là, l'étang du pêcheur de krekis d'habitude si calme s'anime d'une houle, et de larges vagues viennent s'échouer sur les berges créant des tourbillons d'écume...

Assise sur un rocher, Elwing observait ce paysage chaotique, appréciant le souffle du vent dans ses longs cheveux et le ruissellement de la pluie sur son corps.

Perdue dans ses pensées, elle laissait son regard errer sur l'eau, suivre les reflets de la Lune ondulant à la surface de l'étang. La rôdeuse dérivait dans ses souvenirs, vers le passé, parfum de son âme.

Bien qu'étant assise sur cette pierre froide et humide, elle paraissait comme absente de ce monde. Elle avait fini par oublier son environnement, divagant à travers les méandres de sa mémoire...

Son regard aussi vide et noir que les ténèbres fixait maintenant l'horizon.

Une reminescence lui apparut, souvenir à la fois apaisant et douloureux.

Les arbres millénaires, leur première rencontre, son rire cristallin, les moments les plus heureux de son existence, tout allait si vite qu'elle dû fermer les yeux, se laissant emporter par cette douce chaleur salvatrice, baume de son coeur.

Mais, rapidement, cet état de bien être fit place à un froid intense qui lui glaça les entrailles. Son cœur s'emballa et sa respiration devint difficile, le souffle coupé par cette oppression, elle laissa échapper un murmure.

-Isildur...

Il se tenait devant elle, son regard tendre, transformé à jamais.

Ses yeux marron, habituellement si doux la fixaient, rouges injectés de sang, d'un air malveillant ; il était prêt à tuer.

Cette chose ne serait anéantie que si son hôte mourrait, les sages étaient unanimes.

Elle avait redouté cet instant où elle lui ferait face, mais la fatalité de cette confrontation s'imposait à mesure que le temps passait. Il ne serait plus jamais lui-même, cette chose contrôlait tout son être.

-Je te sauverai de toi-même...

D'un coup sec elle l'avait frappé, en plein cœur, scellant leur destin du sacrifice sa vie.

Enfoui au plus profond de son être, ce souvenir rejaillissait telle une plaie béante à son cœur.

La rôdeuse ouvrit les yeux, et cala sa tête entre ses genoux.

Elle avait lutté avec tant de force pour échapper à ces moments de solitude et de peine que son corps ne supportait plus cette comédie permanente, ce sourire figé sur son visage alors que tout n'était que douleur, colère et tristesse dans son cœur.

Elle avait quitté son peuple pour essayer d'oublier, pour tuer cette souffrance.

Accueillie par L'Escorte d'Eolia, elle s'était sentie revivre au sein de leurs rangs.

Mais depuis quelques temps il était revenu hanter ses songes, tel une lame froide et acérée il transperçait son cœur chaque nuit, provoquant des réveils emplis de larmes.

Il fallait qu'elle s'isole pour réfléchir, pour tenter de trouver réponses à ses questions et remède à son mal-être.

Il était à la fois le poison et l'antidote du mal qui la cernait, un cercle vicieux qui l'affaiblissait au fil du temps.

Vorondil vint se poser sur la pierre.

Elle caressa le plumage de l'oiseau noir de ses doigts encore tremblants d'émotion.

-Pourquoi est-ce que si bien entourée je me sens si seule ?

Une larme roula le long de sa joue, une seule, pour une étoile brillant dans ce ciel.

Rien ne redeviendrait comme avant, elle ne pouvait revenir en arrière.

Elle s'allongea sur la pierre pour contempler les cieux, laissant la mélancolie envahir ses pensées...

Modifié (le) 14 octobre 2009 par Elwing