Une note de musique...

[Lorhien]

[hrp : comme j'ai recommencé, fallait bien expliquer tout ça... pardonnez le ton larmoyant, c'était pas un bon jour pour la débutante que je suis

Allez, en piste l'artiste (ou pas) !

petit message à Thald : Zelda powaaaa !!!!]

Il était des moments joyeux qui faisaient croire que tout allait bien dans le meilleur des mondes... avec son lot de pensées absurdes :

"Finalement, Truc est pas si méchant que ça, on a bien parlé, on pourrait peut-être s'apprécier davantage..."

La chute ne se fait pas attendre, un coup au coeur, une gifle... et c'est le retour à l'état normal, les désillusions, les pensées trop réalistes pour être supportées, ce foutu sentiment de n'être rien pour quiconque... cette mort lente et implacable de tout espoir. Espoir ? mais espérer quoi ? Quand on en arrive à ces pensées là, il est tellement difficile d'en revenir.

Lorhien en était là. Revenir ? Elle ne savait plus ce que cela voulait dire, à vrai dire, elle s'en foutait de tout. Elle pratiquait le détachement... pas vis-à-vis des autres, juste par rapport à elle-même. Au moins, personne ne verrait ce qu'il se passe, pas la peine de passer de boulet à super boulet...

"Ricou"

Encore et toujours le même prénom qui résonnait dans sa tête. Un vrai calvaire. La seule chose qui restait obstinément collée à sa peau, refus net de ne pas être détaché d'elle comme avait fini par l'être le reste.

"Ricou"

Seule, recouverte peu à peu par la neige qui tombait avec nonchalence du ciel, Lorhien releva la tête. Les cimes semblaient vouloir toucher ce ciel si gris, si triste... La nuit tombait bien vite, bientôt, la blancheur immaculée scintillerait sous les quelques rayons de lune qui parviendraient à traverser l'épaisse masse de nuages.

"Ricou"

Lorhien tomba à genoux et gémit, se prenant la tête entre les mains. Autour d'elle, les tombes ancestrales du cimetière des cîmes semblèrent se resserrer autour de la nécromancienne, se délectant de sa détresse.

"Ricou Ricou Ricou Ricou..."

- ASSEZ !!!!!! Laisse-moi mourir ! Toi qui m'a redonné la vie, ramène-toi ! Montre-toi bourreau ! RECYCLEUR !!!

Une lumière verte jaillit des tombes aveuglant un instant la jeune femme, laissant apparaître le Recycleur d'âmes, assis nonchalament sur une des stèles. Son visage caché par son éternel capuchon, il s'adressa à Lorhien d'une voix d'où perlait une note d'agacement :

- Qu'est-ce qu'elle croit la misérable humaine ? Que je fais ça par bonté de coeur ? J'ai des directives à suivre, on est en surpopulation là-haut, je ne fais que mon boulot. Tu devrais t'estimer heureuse d'avoir eu une seconde chance, tu avais une vie bien pitoyable avant, je te le dis puisque tu ne t'en souviens pas !

- Je m'en souviens très bien. Ma vie était belle, je suis morte pour sauver une nation, je n'ai aucun regret. J'aurais pu m'arrêter là, je ne demandais rien ! Rien du tout ! Je suis la seule à me souvenir de notre passé à Ricou et à moi. Ce n'est plus celui que j'ai aimé, je préfère être morte que de subir cette torture une seconde de plus ! As-tu aimé Recycleur ? As-tu voulu mourir pour ton amour ? Je te le demande, laisse-moi mourir, je n'ai rien à faire ici. Laisse-moi attendre celui que j'ai aimé, laisse-nous l'éternité...

- Il aurait mieux valu pour toi que tu ne te souviennes jamais de celle que tu as été avant... L'effacement des souvenirs de ton âme a foiré. Je me demande bien pourquoi. Ta magie sans doute, les gens de ta planète sont assez particuliers... j'ai déjà dû faire face à ce genre de problème avec certains d'entre eux. Quoi qu'il en soit, quand bien même Ricou venait à mourir définitivement, jamais il ne sera celui que tu avais connu. Son âme a perdu pour toujours ses souvenirs, tu ne peux pas les récupérer... L'éternité ? je te la donne volontiers, elle sera damnée car tu n'auras pas ce que tu souhaites le plus au monde !

Un gouffre géant s'ouvrit dans le coeur de Lorhien, laissant échapper le sang du désespoir. Suffocante, elle retint ses larmes. Relevant lentement la tête, elle fit souffler un léger vent autour d'elle, tentant de faire glisser le capuchon du Recyleur. Elle ne s'étonna pas de rencontrer de la résistance et relâcha tout son pouvoir. Un craquement se fit entendre, et le vent devint tempête. Le capuchon s'envola, laissant apparaître le visage du Recycleur d'âmes.

- Tu le savais n'est-ce pas ? fit-il.

- Je m'en doutais depuis un moment. Deuxième poignard, autre raison de vouloir mourir. Je n'en ai pas même le droit.

Elle éclata d'un rire sinistre, les bras accueillant de la folie l'entrainant en son sein.

- Lorhien !

- Tue-moi.

- Je ne peux pas.

- Alors... emmène-moi à Aqua, je veux recommencer, oublier. Ne plus savoir qui tu es, oublier Ricou, oublier tout, tout !

- Je ne peux pas.

- FAIS-LE ! Fais-le, c'est de ta faute, tu as toujours été comme ça. Te sacrifier pour ça... je t'avais pourtant dit, oh oui je te l'avais dit... reste avec elle... tu te sens coupable aujourd'hui encore... Combien de temps sommes-nous morts Ricou et moi ? Combien de temps pour apprendre ton "métier" ?

Le Recycleur remit son capuchon, dissimulant à nouveau son visage. Le silence s'installa... On aurait pu entendre le doux chant de la neige tombant avec paresse. Une mélodie discrète, égrainée par une boîte à musique invisible résonna dans l'air.

- Cette mélodie est le chant du rappel. Tu vas retourner à Aqua et recommencer depuis le début, tes souvenirs ne seront effacés qu'à ton arrivée sur MZ si d'ici là tu le souhaites encore. Tu n'auras qu'à jouer de cette mélodie pour m'appeler si tu venais à changer d'avis.

Il lui lança un ocarina argenté qui tomba mollement sur la neige fraîche.

- Tu sais toujours en jouer n'est-ce pas ?

De nouveau une lumière aveuglante envahit les lieux, et lorsque Lorhien ouvrit ses yeux...

[Lorhien]

Un parchemin sur le sol...

"Cher inconnue,

Je t'ai retrouvée, errant dans le désert, et je t'ai amenée ici, en espérant que tu te remettrais. Je n'ai pu rester auprès de toi, mais je tenais à ne pas t'abandonner complètement. Aussi, voici quelques ouvrages que tu devrais consulter, pour que ta vie en ces Terres se déroule au mieux.

[...]"

Un mince sourire vint se figer sur les lèvres de Lorhien. Quelle originalité !

- Humpf... allons aider ces pauvres paysans... murmura-t-elle.

Quelle mascarade.

[Lorhien]

Le pigeon s'envola, investi d'une importante mission : informer les Mélancoliens. [hrp : postpub ==> http://akasha-melancolie.xooit.fr/index.php]

"Chers amis,

Je suis désolée de vous apprendre que j'ai été victime d'une malédiction au cimetière glacé des Cîmes. J'avais voulu faire ma vilaine fille en pillant l'une de ces ancestrales tombes. Qui sait ? J'aurais peut-être pu réveiller un de ces héros de l'ancien temps ? On aurait été la Faction la plus puissante de Melrath !

Evidemment, ceci est une blague pour détendre l'atmosphère car... il s'avère que j'ai été renvoyée à Aqua, et il me faut tout réapprendre. Je reviens aussi vite que je peux, je suis vraiment désolée, je recommencerais plus ! Promis !

Mes amitiés à tous...

Tendres baisers à Ricou, s'il les accepte...

Lorhien"

Voila, le mensonge était en place. Lorhien descendit de la volière et partit en quête d'un villageois en difficulté. Elle ne tarda pas à trouver une jeune femme cherchant à se débarasser de scarabées. La nécromancienne accomplit sa mission en un rien de temps et vint faire son rapport auprès de sa cliente qui la remercia chaleureusement en la récompensant.

- Oh euh... merci beaucoup ce n'était vraiment pas la...

... peine de...

Lorhien abandonna la jeune femme qui eu l'air surpris et s'élança sur les pas d'un de ses confrères. Il lui disait vaguement quelque chose... Arrivée à sa hauteur, elle posa sa main sur son épaule, le faisant se retourner.

- TOI ?!? firent les deux nécromants en même temps. Mais qu'est-ce que tu fous là ?

Tous deux bouche bée, ils finirent par éclater de rire en voyant la tête que l'autre faisait.

- Pourquoi es-tu là Jeano ?

- Kirnès maintenant... je peux te retourner la même question.

- J'aimerais répondre à cette question après toi.

- J'ai mes raisons... le Recycleur m'a accordé le droit de... recommencer.

- Et comment comptes-tu l'expliquer à ceux que tu as laissés ?

Kirnès ne répondit pas, il n'avait apparemment pas songé à ce problème.

- J'ai la solution. Et mes raisons, ajouta-t-elle, voyant Kirnès ouvrir la bouche.

Au moins, Lorhien n'était plus seule, elle avait un ami pour évoluer à Aqua dans la bonne humeur. Kirnès était revenu peu de temps avant elle et avait déjà beaucoup progressé. Il s'était investi de la mission de protéger Lorhien le temps qu'elle soit forte. Mission plus périlleuse qu'il n'y paraissait, la jeune femme étant une tête brûlée fonçant dans le tas sans réfléchir outre mesure.

- Euh, Lorh' tu devrais quand même te méfier, tu n'as plus la force que tu avais avant !

- Hum oui... tu as raison.

Ainsi avancèrent les journées sur Aqua...

[Lorhien]

Personne ne venait sur la plage au Soleil de midi. Il faisait chaud et les ventres réclamaient leur pitance. Pourtant, deux silhouettes se tenaient face à l'immensité de la mer, immobiles.

- J'ai fait une bêtise n'est-ce pas ?

- Tout est rattrapable en ce monde...

Lorhien se retourna et dévisagea son compagnon de voyage. Elle hésitait, n'était plus sûre de vouloir tout oublier.

- Merci Kirnes... ils nous manquent... nos amis... nos compagnons...

- On les retrouvera bientôt ne t'en fais pas.

Les retrouver oui. Les reconnaitre... non.

La nécromancienne avança de quelques pas, laissant ses pieds nus se faire lécher par les vagues poussées par la marée. Le soleil faisait miroiter mille reflets sur l'eau calme.

- Si Ricou pouvait être là...

Elle jeta un dernier regard sur cette mer qu'elle aimait tant avant de lui tourner le dos.

Elle oublierai.

Tout.

"Pardon Ricou..."

[Lorhien]

*shiiiiiii shiiii ! Crac !*

Lorhien tourna la tête en direction du bruit, tous ses sens aux aguêts. Le buisson d'où semblait venir le raffut ne bougea pas d'un centimètre. La nécromancienne soupira, exaspérée. Le silence c'était fait dans cette partie de la forêt de Kiar Mar... et pour cause, Lorhien était sur le territoire des pygmées Arbilian. Agiles et féroces une fois en colère, un brin stupides, ils la suivaient depuis à peu près deux heures. Plusieurs fois elle les avait chassés, ils étaient toujours revenus.

" Raaaah ! mais lachez-moi à la fin ! C'quoi vot'problème les nains ?"

Les pygmées n'arrivaient pas au-dessus de la taille de la jeune femme. Effrayés par sa prise de parole soudaine et chargée d'agacements, ils détalèrent. Exaspérée, Lorhien décida de courir pour tenter de les semer. Elle avait conscience de la stupidité de son action, après tout... qui pouvait rivaliser avec les habitants de la forêt ? Là où la nécromancienne trébuchait, les pygmées semblaient flotter au-dessus des obstacles. Mais courir faisait du bien à la jeune femme.

Cela lui procura moins de plaisir lorsqu'elle se retrouva assomée par un pygmée Nain Esgardir. Le coup avait été imparrable, le petit être surgissant du feuillage dense de la forêt et frappant la jeune femme en pleine course. Sonnée, elle tomba mollement sur le tapis de feuilles mortes et vit trente-six chandelles avant de s'évanouir.

"Le doux clapotis de l'eau lui plaisait tant... Marchant sans un bruit sur l'eau, la jeune femme profitait de cette nuit étoilée pour se souvenir...

Elle était morte. Une fois. Elle ne s'en souvenait pas.

Puis elle était arrivée dans ce monde. Le Recycleur d'âmes n'avait pas voulu qu'elle aille au paradis... ou en enfer... après elle ne savait qui elle avait été. C'était pour leur donner une deuxième chance apparemment. Elle pensait plutôt qu'il n'y avait plus de place ni au paradis ni en enfer.

Pourtant, dès son réveil... deux mots sortirent de sa bouche... deux pensées... deux fragments de souvenirs... Deux noms murmurés, s'échouant au bord de ses lèvres : "Joh.. Johdiel.... Ricou...".

"Frère"..."mort". Ces mots semblaient vouloir accompagner le prénom de Johdiel, réveillant une douleur dont seul le coeur de la jeune femme semblait se souvenir. Le souvenir de Ricou éveillait une douce chaleur en elle, sans qu'elle ne sût ce que cela signifiait.

"Mon nom est Lorhien. Je suis une fille de l'eau et ma magie apaise les morts."

Ces mots étaient sortis de sa bouche sans qu'elle ne l'eut demandé. Le recycleur d'âme, indistinct dans son long manteau se tourna vers elle :

"Je vois que ton ancien monde est similaire à celui-ci ! Tu peux sortir ! Tu seras nécromancienne !"

Un léger souffle de vent ramena la jeune femme à la réalité. Ses longs cheveux blancs flottaient nonchalamment sous la brise légère. Revenant sur le rivage, elle prit la main de Ricou... son bien-aimé, son fantôme de ce passé qu'elle ne connaissait plus. Elle l'embrassa tendrement... grâce à elle, il n'était plus un esprit... Grâce à lui, elle n'était plus seule et terrifiée...

"Ricou...

- Oui ?

- Je t'aime..."

...

[Lorhien]

Le pygmée observa la jeune nécromancienne, toujours évanouie. Il était intrigué par cette étrange créature. Les portes de Kiar Mar étaient longtemps restées fermées, et pour cet homme de la forêt, Lorhien était une nouveauté.

"Johdiel... pour...quoi... ?"

L'autochtone poussa un petit grognement, encore plus intéressé par sa proie qui recelait visiblement encore des surprises... Elle était très différente des autres bêtes de la forêt, ça c'était sûr ! Elle n'était pas de la tribue des Arbilians, ses ennemis. Elle n'avait rien d'un rosanglier ou d'un Ent piégeux. Un frisson parcourut son corps... et si... ? elle était une créature de l'Ombre ? La peur envahit le pygmée qui fut tenté de fuir. Mais la curiosité était trop forte. Son regard fut attiré par un objet scintillant à la ceinture de la jeune femme. Un ocarina.

"La nuit était calme, comme pour respecter le tumulte qui envahirait les lieux dès l'arrivée du jour. Adossée contre un arbre, Lorhien attendait. Un bruit de pas se fit entendre, et un jeune homme apparut. Ses yeux étaient les mêmes que ceux de la jeune femme, francs et volontaires, comme le menton. Ils s'échangèrent un regard qui semblait contenir leurs combats intérieurs.

"Je te demande de partir ce soir.

- Je refuse.

- C'est un ordre petit frère. Tu as toi-même reconnu le fait que c'était moi qui donnait les ordres ici. Si tu ne le fais pas pour ta soeur, fais-le pour ta princesse !

- Lorhien, nous savons parfaitement toi et moi que tu n'en réchapperas pas.

- C'est un fait Johdiel, je suis prête à l'accepter. Mais pour l'honneur de notre famille, pour notre père... l'un de nous deux dois vivre, et ce sera toi.

- Non ! Tu es l'ainée ! C'est toi qui doit prendre la succession ! Je ne suis pas prêt pour ce genre de choses, je...

- Tu as une femme qui t'aime ! Oserais-tu l'abandonner ? Je t'ordonne de la rejoindre immédiatement !

- C... comment sais-tu que... nous nous sommes mariés ?

Lorhien eu un petit rire :

- Je ne te connais que trop bien. Prends soin d'Elana et vis."

Lorhien tourna le dos à son frère et partit rejoindre Ricou à leur tente. Lorsqu'elle entra, son visage était baigné de larmes.

"Il a eu du mal à l'accepter n'est-ce pas ? fit Ricou en prenant la jeune femme dans ses bras.

- Nous savons très bien comment il est. Il m'obéira.

Pourtant, Lorhien ne put s'empêcher de s'en vouloir, de culpabiliser en pensant à son frère, et à ce qu'elle avait dû lui dire.

- Ne sois pas si dure avec toi-même, Lorh'... nous ne pouvons plus faire marche arrière, ils comptent sur nous.

- Alors n'y pensons plus... et passons cette dernière nuit ensemble, avant que la mort ne nous réunisse pour l'éternité demain..."

Modifié (le) 30 juillet 2009 par Lorhien