Aller au contenu
Terre des Éléments

Servir l'Ombre, un métier bien difficile


Hecate
 Share

Recommended Posts

Une plaine, une mare. Au bord de cette mare, quelques plantes éparses tendant leurs tiges vers le soleil. Agenouillée auprès de ces plantes qui semblent être des basilics, une jeune femme, une magicienne.

Le travail est harassant, les basilics se laissent moins arracher les feuilles que les arnicas. L'essence tirée de la coupe, fluide, transparente, exhale, lorsqu'on la laisse au soleil, des vapeurs réjouissantes.

Aussi, de travail harassant, celui-ci devient hallucinatoire.

La magicienne, Hecate, comme à son habitude ne restait pas en place, sautant de fourré en fourré, serpe à la main, telle une nymphe de la végétation ragaillardie par les premières chaleurs de Braisa. Pire, elle parlait toute seule (mais rien de grave encore pour ce qui la concerne). Pire du pire, elle chantait (cela devenait périlleux) :

« Chanter en travaillant ! Lalala Tatatan ! »

Heureusement, personne aux alentours. Hecate se laissait donc aller à ses divagations. Elle pensait à tout et n'importe quoi : à son compte en banque, à la vieille tache de sang sur sa tunique, à cet ermite fou qui ne cessait de la coller avec ses histoires d'allumettes.

Ayant terminé sa récolte, elle entassa le tout, racines d'arnica et essence de basilic, dans un des replis de sa cape pour rejoindre sa tente. Elle pensait toujours : il faisait sacrément beau quand même, les travaux des champs par ce temps c'est plus agréable mais sinon quelle barbe ! Mais il faut bien ça pour servir l'Ombre et la mémoire de Kilinaí« le....

Hecate s'arrêta net. Ses paupières s'écarquillèrent, ses pupilles se dilatèrent...Mon dieu, qu'était-elle en train de faire ! Elle avait beau retourner les préceptes de sa faction partout dans sa tête, en aucun moment il n'était question de récoltes ou de quoi que ce soit du genre ! Mon dieu, toutes ses activités champêtres la détournait de l'objectif qu'était l'œuf ! Elle en était sure, jamais elle ne serait pardonnée d'une telle trahison. Il fallait trouver quelque chose, vite !

Cacher les traces de la calomnie. Hecate ne pouvait pas se débarrasser des arnicas et essences en pleine nature, quelqu'un tomberait forcément dessus, poserait des questions, on allait chercher, et la trouver ! Fonçant vers le dépôt le plus proche, elle ouvrit son coffre, et s'aperçut qu'il était déjà plein à raz bord des anciennes victimes de sa serpe. Il y avait bien une centaine d'arnicas entassées. Elle avait pensé dans un premier temps dire aux Ombres qu'elle cherchait l'œuf sous les racines, mais vu la quantité, ça paraitrait vite louche...Refermant le coffre pour ne plus voir, elle quitta le bâtiment en pressant ses pas, mais tout en marchant aussi naturellement que possible pour ne pas attirer l'attention, gymnastique ardue s'il en est.

Sortie de Melrath Zorac, elle se sentit soulagée. Personne ne saurait rien, jamais ! Puis elle imagina...elle imagina le jour tant attendu : l'œuf retrouvé, un tout petit phœnix s'en échappe. Il remercie l'assemblée des Ombres, mais il stoppe net son regard embrasé sur Hecate avant de la frapper de ses ailes de flammes en lui susurrant au fond du crâne :

« Souviens-toi des arnicas ! »

Elle était finie, foutue, caput ! Mais au moins, elle avait sauvé les apparences auprès des Ombres...Mais...non...ce n'était pas possible.

Hecate regarda la main au bout de son bras, cette main tenait toujours la serpe et celle-ci était...abîmée. Elle ne pouvait pas la remettre ainsi marquée du sceau du labeur dans le coffre de la faction. La serpe fit alors trembler la main, le bras, l'épaule, tout le corps de la magicienne qui sentait monter un flot de larmes des ses yeux.

Cette fois, elle courut jusqu'au réparateur le plus proche. Elle déposa l'objet du délit sur le comptoir, alors que l'on entendait le cliquetis de ses dents qui s'entrechoquaient. Elle ne put dire un mot, mais son regard signifiait tout. Le réparateur Tileman, rah ce brave Tileman, il ne savait pas où se mettre devant une telle démonstration de détresse. La consoler ? Ou ne pas la consoler ? Il ne voulait pas abuser de la situation. Il se contenta donc de faire son travail, et la serpe fut comme neuve.

Devant un tel miracle de maîtrise artisanale, le visage d'Hecate s'illumina de bonheur, elle avait envie de se mettre à genoux devant le réparateur, mais cela aurait pu être mal interprété tant les clichés ont la vie dure. Après un petit merci noyé dans un reniflement saccadé, elle rejoint la forteresse des Ombres, et n'en sortit pas avant le lendemain matin.

Elle ne cessait de ressasser cet évènement funeste. Servir sa faction et son idéal, respecter les principes édictés à la lettre, s'imposer à soi-même une conduite irréprochable ! Que la vie était dure !

Les derniers effets des vapeurs de basilics se faisaient sentir, et Hecate s'étala comme une vieille carpette, à terre. Elle dormit une bonne douzaine d'heures.

Modifié (le) par Hecate
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Join the conversation

You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Pasted as rich text.   Paste as plain text instead

  Only 75 emoji are allowed.

×   Your link has been automatically embedded.   Display as a link instead

×   Your previous content has been restored.   Clear editor

×   You cannot paste images directly. Upload or insert images from URL.

 Share

×
×
  • Créer...

Important Information

By using this site, you agree to our Terms of Use.