Un p'tit vers, ça va

[Guest Nadhir]

J'avais entendu parler d'une terre promise...

Je ne m'attendais évidemment pas à y voir couler le lait, ni le miel, d'autant que je ne suis ni un bambin, ni un ours.

Toujours est-il que, poussé par la curiosité et ce besoin de connaitre et dépasser mes limites, j'y suis allé, sur ces nouvelles terres.

Par delà le désert, par delà les sables mouvants, par delà les vers des sables qu'il ne fait pas bon côtoyer de trop près.

Une terre plus rude que la précédente, plus chaude, plus sèche, plus dangereuse aussi.

Le cliquetis lugubre d'animaux chitineux me fait redoubler d'attention. Il ne fait pas bon poser le pied au mauvais endroit, par ici.

Je pousse pourtant mon investigation. M'alerte aux gémissements d'une demoiselle autochtone, m'engouffre dans la pénombre d'une grotte démoniaque, évite de justesse les appels hypnotiques à la mort des sirènes locales (en pensant aux yeux d'Eyleen, encore plus hypnotiques... Merci ma belle)...

Mes forces s'amenuisent à mesure, et bientôt la sagesse me rappelle à retrouver le plafond étoilé.

Je ressors, lorsque au loin, je vois une masse mouvante.

Comme une mer de sable, secouée de vagues roulant d'une écume de dents.

Des Vers des sables, encore.

Ceux-là ne semblent pas en repos, loin de là.

Ils semblent fourmiller dans un coin, là où...

Mais il y a quelqu'un là-bas!

Coincé derrière ces Vers.

Voilà une position dans laquelle je n'aimerai pas être.

Je m'approche, faisant attention à ne pas attirer l'attention de ces bêtes qui font plusieurs fois ma taille, au garrot. C'est bien un vieux bonhomme, sans possibilité de ressortir de ce piège. Sain et sauf, mais pour combien de temps?

Est-ce une destinée, se faire lentement digérer par des Vers des Sables?

Mais que faire, sinon se tuer en essayant de le secourir?

N'est-ce pourtant pas là ce qui nous différencie des animaux? L'espérance de réussir, plutôt que l'instinct?

Je me protège de mes meilleurs sortilèges. J'entonne une mélopée que ne renieraient pas les nomades vivant dans le désert. Des harmoniques sablonneuses, des notes qui fleurent bon l'Harmattan. De quoi repousser petit à petit les Vers, et me faufiler entre eux.

Je retrouve l'homme, un petit vieux barbichu, mais encore bien frais.

Pas l'air trop inquiété de sa situation, mais tout de même heureux de l'attention, il ne me demande que des victuailles et des nouvelles d'alentours. Il faut croire qu'il est bloqué là depuis un bon moment.

Passés ces quelques instants de discussion, au calme du renfoncement rocheux, inaccessible par les Vers des Sables, comme protégé par eux de tout dérangement extérieur, il est temps pour moi de partir...

C'était sans compter la fatigue, accumulée, et pesante maintenant.

Refaire le chemin en sens inverse, comme je suis venu? Sans me faire simplement écraser par ces Vers qui se frottent les uns contre les autres comme un rocher de quelques tonnes dégringole sur une pente sinueuse?

J'aurai besoin de mes dernières forces, mais ça devrait aller. Mes jambes me portent encore bien. Mes capacités magiques sont néanmoins au bout, et mes réserves de mana sont aussi au plus bas. Mais j'ai dis que je rentrerai, et que je ne servirai pas de menu déjeuner pour ces Vers là! Foi de Nadhir!

Un dernier salut au petit vieux, je me concentre, érige mes barrières magiques à nouveau, les dernières dont je serai capable. Je n'ai plus beaucoup de temps. A force de patience, j'arrive à me faufiler au delà du premier p'tit Vers. Il y a comme un endroit d'accalmie au milieu de ces mastodontes, un point mort, que j'espère ne pas être le mien. Encore de la force, je peux y arriver, je peux... Un p'tit Vers, ça va...

Mais le second, et dernier, Vers bouge beaucoup, il est plus gros que les autres, il a dû sentir cette intrusion dans leur espace privé, à ces Vers qui devaient être là pour je ne sais quelle orgie. Il se débat devant moi, je prends des coups malgré mes résistances, j'essaye de trouver l'angle qui me permettra de passer à moindre risque au travers de ces murs de sable, frottant et écrasant tout ce qui se trouve au milieu.

Tentative... échouée.

Des soins, dans une quiétude toute relative, mes sorts de protections ne dureront plus beaucoup...

Une autre tentative... presque, mais un dernier coup de ce qui doit être sa queue me renvoie à mon point de départ.

Plus de force pour une ultime tentative.

Un rocher à mon côté me permet de m'appuyer, éviter les coups au hasard, mais il ne me sauvera pas.

Condamné à mourir en passant en force, ou d'épuisement en n'essayant pas.

Une dernière espérance.

Un cri qui s'élève vers les cieux.

Tout le reste de cette magie des mots dont je suis capable, qui s'envole, prend la forme d'une étoile, brille intensément, et puis faiblit.... jusqu'à disparaître.

Quelqu'un aura-t-il vu cet appel au secours?

Quelqu'un pourra-t-il venir jusqu'à moi, dans ces coins reculés et inhospitaliers?

Quelqu'un pour me sauver, ou pour abréger mes souffrances? Je ne saurai même pas si c'est un ami ou un ennemi, alors...

Modifié (le) 12 mars 2009 par Nadhir

[alzeus]

Début de soirée, Au Doux Sommeil, Melrath Zorac.

Alors que Gertrude et Vilnex étaient encore lancés dans leur sempiternel débat sur la prolifération des fourmis en milieu hostile, j'étais installé au bureau jouxtant la cheminée, reprenant mes notes sur les nouvelles contrées situées à l'Est des sables mouvants, y ajoutant les dernières informations recueillies. J'en revenais depuis peu et je voulais tout mettre par écrit pour mes compagnons tant que mes souvenirs restaient frais. Ma vue commençait toutefois à se troubler, sans doute les effets de la fatigue due au voyage et aux combats face aux redoutables sirènes des grottes. Je relevais donc la tête, observant par la fenêtre ce coin de désert si inhospitalier, situé pourtant juste derrière la muraille protectrice de Melrath Zorac.

La nuit tombait, voilant les derniers reliefs encore visibles, lorsqu'une étoile apparut dans le ciel... provenant du sol. Sans aucun doute un appel à l'aide... Une personne de plus devait se retrouver prisonnière de ces terres, sans doute encore un inconscient ayant présumé de ses forces, comme ce fut d'ailleurs mon cas lors de ma première visite là bas. J'avais eu un sauveur à l'époque, il semblait donc maintenant que ce soit à mon tour d'apporter mon aide.

Harassé, je me devais donc tout de même repartir. La personne en détresse pouvait être un ami, le temps pressait. Je vérifiais rapidement mon paquetage (principalement la présence de rocchus rouge en assez grande quantité pour survivre), payais la pension à Gertrude, saluais les piliers de bar au rez de chaussée et me dirigeais vers la sortie de la ville. Les gardes me laissèrent passer sans difficulté, habitués aux allées et venues des habitants. Je me dirigeais aussitôt vers le Nord, bifurquais devant la maison de l'Ermite, combattais quelques fourmis ouvrières me bloquant le passage (c'était bien Vilnex qui avait raison, Gertrude ne sortait sans doute pas assez de la ville pour s'en rendre compte), surveillais d'un œil la tente sombre installée à côté du goulet puis traversais les sables mouvants pour la deuxième fois en quelques heures.

La jeune fille rencontrée lors de ma dernière visite était toujours là, je la questionnais donc sur la lumière qui s'était élevée des parages et sur son origine. Elle m'indiqua le goulet au Nord, repaire des vers des sables et me parla d'un mage adepte de Fimine passé ici peu avant. Je me hâtai dans la direction indiquée et très vite me retrouvai face à un mûr de lombrics géants en mouvement.

Après qui donc en avaient-ils? Et surtout arrivais-je à temps?