Kal Thoreimn Posté(e) 8 décembre 2008 Signaler Share Posté(e) 8 décembre 2008 Melrath Zorac. Terre d'espoir et d'aventure.Je dois bien avouer que pour moi également, ce désert était synonyme d'un nouvel espoir...bien vite déçu.Cela faisait longtemps que j'arpentais les paysages de Terra. J'en ai exploré les moindres recoins, découvert tout ses secrets. Oui, je savais tout de ma terre natale.Déjà tout jeune, j'avais montré une curiosité, une soif d'apprendre inhabituelle. Ceci, associé à mes cheveux d'albinos et mes yeux couleurs d'ambre suffisait à m'exclure de toute relation avec les autres enfants, sans parler des adultes. Mais ce n'était pas pour me déplaire. Après tout, qui voudrais perdre son temps en jeux stupides dans la boue ou en vaines bagarres et enfantillages ?Hélas, je me suis vite heurté à l'incompréhension de ma famille. Des gens simple comme il y en à beaucoup, trop sans doute, vivant des fruits que leur terre leur apportait, comme tout le voisinage.L'avantage de leur situation, c'est qu'elle mettait à ma disposition un vaste domaine. Champs,forêt, un ruisseau qui serpentait et nous servait à irriguer les terres.... L'inconvénient, c'est que j'en eut vite fait le tour.Mes escapades me portaient toujours plus loin du cocon familial, duraient de plus en plus longtemps. Il n'était pas rare que je parte camper plusieurs jour d'affiler, loin de tout, repérant les diverses variétés de plantes et d'espèces vivant dans les lieux voisins.Les voyages en ville étaient une bénédiction. Bien vite, je m'éclipsais, laissant mes parents à leur étal, et alors qu'ils s'évertuaient à vendre le fruit de leur labeur, je m'enfonçais dans les couloirs sombres de la bibliothèque. Là, je perdais toute notion du temps, dévorant tout les grimoires passant à ma portée. Ouvrage après ouvrage, je m'imprégnais du savoir amassé en ces lieux déserts.Mais tout ceci n'était pas du goût de mes parents. En effet, ceux-ci estimaient que je ferais mieux de les aider plutôt que de perdre mon temps et de chercher à disparaître à la moindre occasion. C'est donc par de solide corrections qu'ils espéraient me débarrasser de mes idées saugrenues et me transformer en rejeton aimant et serviable. Bien mal leur en a pris, ils n'ont réussis qu'à récolter ma rancune et mon mépris. Mais j'avais déjà appris la patience par mes nombreuses lectures et mes fouilles incessantes dans les larges rayonnages de la bibliothèque centrale de Terra. Les coups répétés m'apprirent l'endurance.Ravalant ma fierté, je laissais passer la tempête, attendant d'être débarrassé de toute obligation envers mes géniteurs. Je n'étais pas assez stupide pour tenter quoi que ce soit avant le moment opportun. Pour tromper mon ennui, j'entrepris donc de rendre aussi florissante que possible l'entreprise familiale, ce qui ne fut pas une mince affaire vus le talent naturel de mes parents. La gestion du domaine avait l'avantage d'occuper quelque peu mon esprit par ses calculs prévisionnels d'une simplicité enfantine, et les relations commerciales avec l'extérieure me permettaient de m'évader par la pensée. Étrangement, face à mes succès, mes parents se montrèrent bien plus amicaux et attentionnés, rendant la vie quelque peut plus supportable.Enfin ma majorité arriva, et je pus enfin quitter le nid familial pour prendre mon envol, donner libre cours à mes talents. Évidemment, mes parents étant profondément attachés à ma personne, les adieux furent déchirants.Enfin, c'était plutôt la perspective de perdre de substantiels bénéfices qui devait les abattre. Toujours est-il que ma mère éplorée, accrochée désespérément à mon bras dans une vaine tentative pour me retenir, était plus agaçante qu'autre chose. Sans parler du ridicule de mon cher paternel qui pensait me barrer le passage en se plaçant entre moi et la sortie, bras écartés.Mais je n'étais plus le charmant bambin qui se soumettait lors des punitions. J'avais bien grandi. Chose étonnante d'ailleurs, car comparer mon corps élancé avec le physique courtaud de mes parents avait quelque chose de risible. Je nourrissais d'ailleurs quelques doutes sur le fait que ces deux êtres ridicules aient jamais été mes géniteurs.Un brusque mouvement du bras suffit à me dégager. J'entendis ma mère pousser un cri de surprise et s'effondrer avec fracas au milieu des chaises et tabourets derrière moi. Mon père lui, affichait un air d'ébahissement total. Ses protestations moururent sur ses lèvres alors qu'en quelques pas, je me dressais tout contre lui. D'un mouvement vif, je saisis son poignet de ma main droite. Une rapide torsion le mis à genoux, haletant.L'avantage avec les livres, c'est que si on a l'esprit suffisamment affuté pour en percer les secrets, ils peuvent vous enseigner nombre de choses toutes plus utiles les unes que les autres.Baissant les yeux sur le visage rougeaud de l'homme à mes pieds, j'affichai tout le mépris que j'avais pour lui, pour m'avoir empêché d'accomplir la destinée qui était la mienne pendant si longtemps. Levant la main gauche, je laissai s'y concentrer mon énergie en une boule lumineuse, palpable, de plus en plus grosse jusqu'à ce qu'elle atteigne la taille d'un ballon de cuir, comme ceux que les enfants aiment à utiliser lors de leurs jeux.L'incompréhension se lisait dans son regard....Puis, sans doute mû par un soudain éclair d'intelligence, la peur s'y inscrivit, et il se mit à trembler de tout son être pour sa misérable vie. Un rapide coup d'œil par dessus mon épaule suffit pour voir sa femme en pleur, s'efforçant de retenir ses sanglots en silence, n'osant prononcer le moindre mot de peur de déclencher l'irréparable.Est-ce un sursaut de culpabilité filial ou parce que l'insignifiance de ces êtres était telle qu'ils ne méritaient pas mon courroux, qui modifia mon geste ? Je ne le sais encore....Mais faisant pivoter ma main gauche rapidement et tendant mon bras, je fis voler en éclat la lourde porte de bois. Repoussant l'homme contre le parquet poussiéreux, je me saisis de mon sac et sortis d'un pas décidé par l'ouverture béante et fumante encore.Sans un regard en arrière, je m'engageai sur les chemins de la liberté qui me mèneraient loin du domicile honni pendant tant d'années. Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
Kal Thoreimn Posté(e) 9 mars 2009 Auteur Signaler Share Posté(e) 9 mars 2009 (modifié) Je pense alors avoir voyagé plus que nul homme, visitant les contrées les plus lointaines. J'y ai vu des civilisations prospères, d'autres sur le déclin, certaines disparues depuis des décennies dont il ne reste que ruines, décombres et légendes. Mais surtout, j'ai contemplé l'ignorance et la stupidité de mes semblables, l'étroitesse de leur esprit étriqué et intolérant face à l'inconnu ou ce qu'ils ne comprenaient pas. Nombre de fois, j'ai vu ce refus de la différence provoquer des guerres, des massacres. Souvent, la religion était brandie en excuse. Parfois, c'était sous le prétexte fallacieux d'apporter le progrès et la civilisation à des peuplades fonctionnant selon une philosophie, un mode de vie différent. Mais la plupart du temps, c'était le simple rejet de l'étranger, la haine de l'inconnu qui était la seule motivation de ces atrocités, voire les superstitions les plus absurdes.C'était il y a bien une vingtaine d'années que mes errements m'avaient conduit aux limites du monde humain, là où de gigantesques chaînes montagneuses se dressent. Je n'avais moi-même qu'une vingtaine d'années également, ayant cherché à atteindre les confins du monde connu le plus rapidement possible.Là bas se rassemblait la pire engeance que l'on puisse trouver, dans ces terres dévastées et appauvries par une guerre depuis longtemps finie, mais qui y avait laissé sa marque, cicatrice purulente qui ne guérirait sans doute jamais. Les soudards et les mercenaires n'étaient jamais partis, et la population locale en faisait les frais. Rapines, violences, meurtres. Un quotidien charmant, surtout pour le voyageur de passage.Là, plus qu'ailleurs, mes cheveux blancs me valaient des regards de dégout, dans le meilleur des cas, de haine dans les autres. Nombreux sont ceux que je dus remettre à leur place pour avoir tenté de lever la main sur ma personne. Une mise au point polie avec l'un de mes fougueux interlocuteurs m'appris que la guerre en question avait plutôt une allure de chasse aux korgaïs, ces êtres à la peau aussi noire que la nuit, à la chevelure lunaire,et qui vivaient enterrés dans des cavernes. Le seigneur local de l'époque semblait apprécier fort peu cette promiscuité et écoutait plus volontiers les racontars de chaumières que la sagesse des livres. Il avait donc ordonné le massacre de ces «Â êtres maudits », cette «Â engeance maléfique » qui ne méritait pas de respirer le même air que les braves et valeureux hommes de ces contrées, ni de fouler la même terre. D'ailleurs, il était largement temps selon lui de débarrasser cette terre et ces montagnes de cette présence indésirable. Bien évidemment, le brave homme oubliait de préciser que cette présence durait depuis des temps immémoriaux, les korgaïs occupant les lieux bien avant qu'un homme ait songé à s'y établir, ou même osé s'y aventurer. Cependant, une extermination est une entreprise difficile à réaliser, et une partie des korgaïs semblait avoir échappé au pogrom.Suite à mes fréquentes et plaisantes discussions avec la gente locale, la prévôté, conduite par le bourgmestre du village miteux ou je songeai à m'établir quelque temps pour explorer les environs, vint aimablement me faire comprendre que ma présence n'était pas souhaité plus longuement.Quelques échanges affables plus tard, je me dirigeais vers l'orée du bois tout proche, laissant mes nouveaux amis reprendre leurs esprits...quand ils le pouvaient encore.Vivre ainsi dans les bois avait quelque chose de rafraichissant. La forêt s'étendait sur de vastes arpents, rampant sur le flanc de la montagne jusqu'aux cimes enneigées. L'air y était doux et humide à la fois. La faune et la flore y étaient florissantes et il était aisé d'y trouver de quoi subsister par la chasse et la cueillette. Le soir, au coin du feu, la lecture d'un des nombreux ouvrage que j'avais «Â emprunté » peu de temps auparavant suffisait à mon bonheur.Puis je l'ai rencontré. La première korgaï de mon existence.C'était par une belle nuit étoilée. La lune éclairait d'une lueur blafarde de son quartier les alentours, faisant bouger les ombres de la forêt. Quelques nuages épars traversaient le ciel.Des bruissements, des craquements m'avaient tirés de ma torpeur. Me redressant rapidement, j'avais vite étouffé les braises mourantes de mon feu de camps. Quelque créature se promenait dans les environs, mieux valait ne pas l'attirer. Furtivement, je me mis en chasse afin de trouver la cause de tout ceci. Un bruit d'eau qui s'écoulait en douce cascade s'entendait au loin. Au fur et à mesure de ma progression, l'ombre semblait se dissiper, la végétation devenir moins dense, jusqu'à une sorte de clairière, adossée en demi cercle à la roche et au centre duquel s'écoulait la cataracte d'eau précédemment entendue, qui tombait au centre d'une sorte de bassin cristallin. Là, je l'ai vu, la «Â perfide créature maléfique »...Et je dois dire que c'était l'une des choses les plus belles qu'il m'avait été donné de contempler. A cet instant, j'ai pensé que si c'était cela, le mal, alors il aurait été bon d'y succomber. Retenant mon souffle, je me suis tapi dans les fourrés, ne voulant pas troubler ce tableau qui avait quelque chose de magique, d'irréel.La jeune korgaï, entièrement dévouée à ses ablutions, semblait danser au milieux de l'onde pure. Les yeux fermés, elle présentait son visage à l'eau de la cascade qui tombait en ruisselant et s'écoulait en goutte scintillantes le long des courbes de son corps. Baignant tout autant dans la lumière de l'astre lunaire que dans le liquide transparent, sa peau sombre renvoyait milles éclats argentés. Sa longue chevelure ondulée brillait du même éclat alors qu'elle se perdait en cascade dans le creux de ses reins. Elle semblait être à peine plus jeune que moi, plus une adolescente, mais pas tout à fait une femme...Difficile d'en être sur, j'ignorais tout des caractéristiques de sa race.Soudain, elle cessa son activité aquatique, mettant par la même fin à ma rêverie. Toujours caché, je n'osais me dévoiler et avouer ainsi que j'avais assisté à cette scène, et pourtant je brûlait de faire connaissance avec la demoiselle, milles questions assaillant mon esprit au sujet de son peuple. L'hésitation me rongeait et je n'eus pas le temps de me décider. Elle le fit pour moi en disparaissant discrètement, comme avalée par la végétation.. Songeur, encore sous l'effet de la vision auquel j'avais assisté, je suis rentré à mon campement. Le sommeil fut difficile à trouver après ça.La nuit suivante, il fut tout aussi laborieux. Je guettais le moindre son en provenance du lieux en question. Mais rien ne se produisit cette nuit là.En revanche, la suivante répondit à mes attentes. Mais une fois encore, l'émotion me priva de toute volonté d'intervention. Mon esprit froid et calculateur semblait s'engourdir face à la magie de l'instant. C'est donc tapi et honteux que je profitais de ces quelques moments de félicité, cherchant vainement le meilleurs moyen de prendre contact.Ce petit jeu dura une dizaine de jours. Aujourd'hui encore, je ne sais si elle avait remarqué ma présence alors, et s'en amusait. Le sang qui coulait en elle lui en avait certainement donné la capacité. Peut être que mon attitude la rendait perplexe et qu'elle nourrissait à mon égard autant d'intérêt que j'en avais pour elle. Mes congénères l'avaient habitué à des comportements moins précautionneux et plus brutaux.Mais alors que je contemplais une fois de plus le bain nocturne, un craquement rompit le silence, derrière moi. Le souffle coupé, je me retournais. Ce n'était pas mes congénères, mais les siens, qui avaient décidé de venir se promener dans les parages. Et leurs mines peu réjouies me montraient à quel point ils désapprouvaient l'objet de ma petite étude. D'un bond, j'étais debout. La belle inconnue laissa échapper un cri de surprise et d'effroi.Effaré, je contemplais son visage terrifié. Quel imbécile j'étais. Comme si elle avait put penser un seul instant ce que je m'imaginais. Déboussolé, je restais un instant interdit, mais la réalité ne me laissa pas vraiment le temps de reprendre mes esprits. Un reflex me permis d'éviter un premier coup de branche porté par l'un de mes adversaires, mais un autre vient s'écraser contre mes côtes, sur ma gauche. Pas le temps de réfléchi. Le souffle coupé, la vue légèrement brouillée, je bondis l'épaule en avant en plein dans le poitrail d'un de mes agresseurs sur ma droite. Le korgaï, surpris, tomba à la renverse. Profitant de l'espace ainsi créé, je pris la fuite, le souffle court, l'esprit confus.Après quelques minutes de courses effrénée dans les bois, mes adversaires sur mes traces, une certitude s'imposait à moi : je n'arriverais pas à les semer de cette façon. Ils sont trop habitués à la géographie des lieux et sans doute plus doué que moi pour la chasse et la furtivité.Je décidais donc de prendre le seul chemin qui leur paraitrait improbable et me lançais dans l'escalade du versant escarpé de la montagne qui se dressait sur ma gauche. Etrange comme l'homme acculé à tendance à vouloir grimper vers les cieux pour fuir le danger qui le menace.Celui ci montait de plus en plus, jusqu'à finir en sorte de falaise. Une sorte de corniche courait tout son long, juste un chemin de chèvre suffisant pour un seul homme. L'inconvénient, c'est qu'il se dirigeait en sens inverse à ma fuite initiale, en direction de la cascade. Un rapide coup d'œil derrière moi m'appris que mes poursuivants n'avaient pas été dupes, et qu'ils étaient de nouveau sur mes talons. Cela suffit à faire s'envoler toutes mes hésitations. Appuyé contre la parois abrupte, j'avançais précautionneusement sur le sol inégal aussi vite que je pouvais. Mais mes adversaires étaient plus agiles, plus rapides....Leurs voix se rapprochaient inexorablement. Fou que j'étais, je me croyais hors de portée de leurs attaques lorsqu'une première pierre s'écrasa à quelques centimètre de mon crâne. Une seconde s'écrasa à l'endroit même ou je me tenais la seconde auparavant, puis je sentis une douleur fulgurante entre mes omoplates, et une autre plus bas dans mon dos. Touché à la cuisse, j'avançais plié en deux, boitillant tant bien que mal jusqu'à ce qu'une douleur me saisisse le crâne, m'obligeant à porter la main à ma tempe. Ébahi, je contemplai hagard à la lumière de la lune mes doigts ensanglantés au travers de ma vue brouillée. Bizarrement, mes jambes semblaient avoir été coupées, à moins que ce ne soit le sol qui ait disparut sous mes pieds ? Brassant vainement l'air, je cherchais à m'accrocher à la première chose venue..qui ne vint jamais. Et le monde se mit à tournoyer dans une obscurité oppressante pendant ce qui me parut une éternité. Modifié (le) 9 mars 2009 par Kal Thoreimn Citer Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites More sharing options...
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