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Terre des Éléments

Un an après...


Mach Gulam
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Il n'est pas de vie sans peines, sans quoi notre existence serait celle de l'hérétisme.

Tartare. Il y a quelques jours.

"Cela va-t-il être enfin prêt ?"

La voix rocailleuse s'élève des entrailles de la salle. C'est une silhouette ombrale qui vient de prononcer ces mots, une silhouette apparaissant floue sur l'instant, floue pour des yeux humains, floue pour l'homme ordinaire. Mais les démons qui semblent s'affairer autour d'un autel ne sont pas humains. Lorsqu'ils sont entrés au service de l'Unique, ils ont perdu toute forme d'humanisme, pour devenir des démons de l'Enfer. Et pour les plus fidèles d'entre eux, ils sont descendus au Tartare, en ce lieu inconnu de tous, suite à l'appel de celui qu'on nomme le Juge.

Un des démons répond par l'affirmative à la silhouette. Un ricanement strident retentit, un rire qui glace le sang, un rire que chacun dans le royaume de l'Hadès sait attribué à celui qu'il n'est jamais bon de voir, Mach Gulam. Plusieurs minutes, il rit. Plusieurs minutes, il se délecte de la peur qu'il lit sur les visages des démons. Allons bon, que croient-ils ? Qu'ils vont mourir ici ? Ca aurait été possible, mais pas maintenant... Non, Mach a encore besoin d'eux, un petit peu...

"Bien, excellent... Maintenant, je vous libère de votre engagement envers moi. Un jour peut-être, j'aurais de nouveau besoin de vous."

Sans demander leur reste, les démons sortirent de la pièce. Ils avaient l'air pressés, et moins d'une minute plus tard, le juge se retrouvait seul dans la grande salle. Un long soupir s'échappa de lui, puis il alla s'allonger sur l'autel. Une seule incantation. Un seule. Et ce fut le néant.

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Ignis. Aujourd'hui.

Un nuage noir est apparu. Il s'est dissipé lentement, laissant place à un homme. Ses traits ne sont pas marqués. Il est plutôt beau, et ses longs cheveux noirs de jais encadrent son teint hâlé. Il regarde autour de lui, voit des mages s'entraînant à pourchasser des tigres. Et il rit. Et ce ricanement est sinistre, glacial. Un corbeau vient se poser non loin de lui. Le rire se meurt. L'homme se retourne. Il regarde le corbeau, et, chose étrange, se met à lui parler.

"Te voila enfin, volatile de malheur. Va trouver Eyleen. Dis-lui que le Juge a emprunté un corps humain - puisse mon digne esprit me le pardonner un jour- et que je souhaiterais lui parler. Je serais à Melrath Zorac dans deux jours. Allez, va, Sileis, et fais ton œuvre de messager de l'unique."

Un passant aurait halluciné s'il avait vu le guerrier s'adresser à un vulgaire corbeau. Mais il aurait stoppé toute consommation d'alcool s'il avait vu le corbeau acquiescer du bec, avant de s'envoler. Mais pour un érudit de magie noire, rien n'était impossible. L'homme resta là longtemps, à observer le corbeau s'éloigner puis disparaître. Il contempla durant plusieurs heures les étoiles apparaissant au fur et à mesure que le ciel tombait. Ce qu'il attendait ? Le retour de son corbeau.

Modifié (le) par Mach Gulam
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Qu'est-ce qu'elle me veut, cette bestiole ?

Ca se fait, ça, de s'imposer sur l'épaule des gens ?

J'amorce mon geste, le revers de main agacé qui devait virer l'animal de son perchoir fort mal choisi. Eventuellement avec pertes et fracas. Rien à foutre. Depuis quand est-ce que je suis devenue la halte à la mode pour oiseaux fatigués ? D'ici qu'il me chie sur l'armure, en plus, ce saligaud emplumé de noir... Pas question. Dégage.

Ce geste, je l'interromps. L'oiseau me fixe, son oeil est rougeâtre. Son comportement... Malgré le sursaut brusque qui a accueilli son atterrissage, il est resté immobile. Très bizarre.

Alors, au lieu de le chasse, je lui propose mon poignet. Il y saute d'un petit bond. Je l'amène devant mon visage. Merde, j'ai pourtant rien bu...

L'oiseau ouvre le bec et laisse résonner son cri disgrâcieux. Et en même temps que le cri, j'entends la voix de l'homme. La voix du Juge. Et là je me raidis.

J'ai jamais pu oublier les accents de sa voix. Il arrive encore qu'un cauchemar me réveille frissonnante, en sueur, le coeur haletant, au son de ce rire purement et totalement maléfique, grinçant comme cent vieux gonds rouillés, scie ébréchée jouant sur mes os. Cette voix-ci est pareille. Subtilement différente, moins altérée, plus... comment dire. Je ne sais pas. Mais c'est lui. Aucun doute. Rien qu'à la chair de poule qui hérisse ma chair de la tête aux pieds.

J'entends l'homme à travers l'oiseau. L'homme qui est le Juge.

Ah bon tu veux me parler ? Demain soir ? Très bien... Très très bien.

Dis-lui que je l'attendrai aux portes de la ville.

Au crépuscule, demain soir, je l'attendrai.

Et d'un brusque coup de poignet, je renvoie l'oiseau qui croasse son indignation.

Oh oui, je t'attendrai, Mach Gulam, ignoble crevure, résidu pervers et décharné craché par tout ce qu'Enfer compte de plus pourri... Je serai là, tu peux me croire. J'en vibre déjà d'impatience. Ca fait des mois, presque des années que j'attends cet instant. Depuis que je me suis retrouvée propulsée comme un pantin marqué de frais au milieu de la meute des démons de l'Empire.

Je n'ai jamais su ce que tu m'avais fait au juste, mais je me souviens de ton rire, de ton mépris, et de cette souffrance torturante qui te faisait hurler d'allégresse. Je me souviens, j'ai jamais pu oublier. Je me souviens aussi de ce que je t'ai promis...

On dirait que le moment s'approche...

Demain soir, Juge, aux portes de la ville.

Je serai prête.

Mes lames seront bien affûtées, je te l'ai promis...

Et je tiens mes promesses...

Toujours...

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Son regard est vague, il ne dit plus rien. On dirait le mien.

Depuis qu'elle est rentrée, elle ne dit rien. Elle aiguise ses lames. Celles que je lui ai offertes, et je doute que ça soit par simple attention.

On a déjà tué ensemble, elle est moi, lors de nos balades nocturnes silencieuses. Elle tue autant qu'elle le peut... je crois.

Et ça ne veut pas dire qu'elle aime ça. Pas comme nous.

Depuis peu, tout s'accélère autour de cette démone. C'est parce que je l'ai senti que je me suis approchée... ou plutôt que je l'ai rapproché.

Je l'avais vu passer la Porte, à l'époque, les pieds devant.

Si c'est contre son gré, y-a-t-il une chance qu'elle rejette le Sceau ?

C'était le Juge qui l'avait marqué. Il avait prit son esprit.

Aussi fort soit-il, a-t-elle pu le tromper ?

Une infiltrée ?

...

J'ai confiance en ma Garde. Ca ne se peut pas.

Elle aurait déjà essayé de me tuer.

Mais tout ne tourne pas forcément autour de moi... Alors quoi ?

Je l'aurais vu dans son regard, j'en suis certaine.

Je l'ai vu faible. J'ai réussi à la frapper avec des mots. Alors je l'aurais vu.

Mais aurais-je pu voir ce qui n'est pas encore arrivé ?

Oh, Eyleen...

Puisse Hadès faire que tout continue.

Que tu restes avec moi... avec nous, plutôt.

Puisse Hadès...

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Des confins de l'enfer monte la sévère complainte de la mort, jouée par l'orchestre le plus diabolique qui soit : les terrible harpies hadèsiennes. Ensemble, elles pleurent sans fin les démons morts à la guerre et applaudissent telles des spectatrices amatrices chacun des coups d'épée donné dans l'autre.

Vu de cet angle, Mach n'était pas aussi sûr qu'à l'habitude. Ce nouveau corps ne lui procurait vraiment aucune sensation. Pourtant, il était certain d'avoir entièrement réussi la transmigration d'âme...

Et puis toujours cette échéance, qui se rapproche... Le rendez-vous morbide. Mach sait que Eyleen voudra le tuer. Il l'attendra, de pied ferme. De la fin du combat qui aura lieu se trouve l'avenir de l'Enfer. Mais pour l'heure, tout enseignement supplémentaire est apprécié, et les erreurs de Mach ne sont qu'un lointain souvenir. Jour après jour il entraîne son corps aux pires souffrances...

[...]

Le Jour J. Le jour du Destin, comme il fut appelé par la suite dans les Bibles Sataniques. Mach regarde une dernière fois par des yeux qui ne sont pas siens le visage emprunté. Un rictus éclaire son visage. Et le rire retentit.

Il est prêt.

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J'attends depuis plusieurs heures déjà.

Au-delà de la prairie un peu pelée qui sert de décor aux murs de Melrath Zorac et à ses portes il y a l'ombrage de quelques arbres et un ou deux amas rocheux tout émoussés. C'est sur l'un d'eux que je suis assise, une jambe repliée. J'ai vu la lumière du soir pâlir de plus en plus, les derniers rayons du soleil s'éteindre derrière mon épaule. La nuit n'en finit pas de tomber. Je guette le chant des premiers oiseaux nocturnes.

Mon épée est posée en travers de ma cuisse, et la pierre passe et repasse sur le fil de la lame, légèrement, presque sans bruit. Ca fait presque deux jours que je l'aiguise, celle-là. Si je la laissais tomber, à coup sûr elle trancherait le rocher... Mais le geste a beau être devenu inutile à force d'être répété, il me calme. Il m'apaise...

Les yeux fixés sur les portes, je scrute chaque silhouette qui les passe en attendant de le voir, lui. Je ne sais pas à quoi il ressemble, mais je sais que je le reconnaîtrai. J'ai bien reconnu sa voix, même différente. Je saurai que c'est lui, rien qu'au pli de ses lèvres ou aux lueurs malsaines qui danseront dans ses yeux.

Et dès que je l'aurai reconnu, je me lèverai et je le tuerai.

Probablement qu'il reviendra comme tous ceux qui meurent sur ces terres où la vie et la mort sont aussi vaines l'une que l'autre.

Mais s'il revient, je le tuerai encore.

Et encore.

Ils diront que je suis une traîtresse.

Eh bien soit.

Je n'en peux plus de toute façon.

Traîtresse parce que j'aime, traîtresse parce que je hais...

Pourtant, la haine, ils connaissent...

Ils connaissent bien...

La torture aussi.

Lente et subtile, celle qui érode les nerfs et qui rend fou.

L'attente est une torture, la peur permanente.

La ronde incessante des questions, et le "quand ?" fatidique...

Quand parlera-t-il...

Quand...

Arrête.

Aiguise.

Attends.

Il finira par venir.

Et là, tout sera consommé.

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"Et dans l'obscurité de la nuit, souviens-toi de tes maîtres."

Enfin. Le souffle rauque, je finis d'aiguiser ma lame. Ce soir a lieu le duel. Je ne suis pas stressé. Non. Je le serais si je connaissais l'issue du combat. Elle me déteste. Je le sais. Mais me frappera-t-elle vraiment ? Osera-t-elle planter ses épées dans mon corps. Un rire me secoue. Mon corps ? Peut-on vraiment appeler ce cadavre puant ramené à la vie par un sortilège puissant un corps ?

Même mon rire n'est pas aussi sûr qu'à l'habitude. Quel est ce sentiment qui m'envahit ? C'est froid. Je frissonne. Première fois que je frissonne, c'est étrange. Dans le Tartare, un torturé m'avait dit une fois que je lui faisais peur. Serait-ce la peur que je ressent ? Serait-ce la raison pour laquelle je ne puis plus dormir ? Que je ne peux rester là, à attendre ? Un Enfer ne peut avoir peur... Ce doit être autre chose.

Le visage las, le cœur triste, je regarde une dernière fois ce panneau. Aucun retour ne me sera possible. Adieu, Ignis. Adieu, ma vie tranquille. Ce soir, je serais homme mort. Mais Juge vivant. Et alors, rien ne stoppera les armées de l'Hadès.

Je franchis la porte, d'un pas décidé. Je le sais, elle n'est pas loin...

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  • 2 weeks later...

Aucun doute.

Pas moyen d'hésiter, même si l'homme qui approche n'a absolument rien en commun avec l'ombre décharnée aux yeux rougeâtres et au rire grinçant qui semblait prendre tant de plaisir à me torturer, là en bas, aux tréfonds des Enfers. Rien de physique. Un guerrier bâti en athlète, tout ce qu'il y a d'humain.

Mais l'éclat de ses yeux mordorés est bien le même.

Et l'aura qui l'enveloppe, cet espèce de froid mortel qu'il dégage, de pure terreur et de malfaisance.

Aucun doute.

Il s'avance lentement, et un sourire asymétrique se révèle peu à peu sur ses lèvres. Sa démarche est étrange, hésitante et désordonnée, comme celle d'un enfant qui aurait enfilé les bottes de son père. La démarche d'un corps pas encore totalement apprivoisé.

A qui l'a-t-il volé ?

Où est-il, à présent, le guerrier aux yeux fauves ?

L'a-t-il rendu au néant, ou voué aux lamentations éternelles des êtres désincarnés, privés de mort ?

Lutte-t-il encore au fond de cette chair qu'on lui a volée ?

Mes yeux s'étrécissent comme je regarde le crépuscule le souligner d'or rouge.

Trop de questions...

Il est temps.

Je range la petite pierre à aiguiser dans le sac à ma ceinture, et je me lève de mon rocher, la lame au bout du bras. J'avance vers lui moi aussi, d'un pas que je veux lent et détendu, nonchalant. Je n'espère pas le tromper, il se doute de la tension qui me noue. Aussi vrai que je vois les reflets d'une moiteur sur son front que dégage la brise du soir. Peur, Mach Gulam ?

Un sourire me monte du ventre, un sourire amer.

Voilà.

Nous sommes face à face à présent, à deux pas de distance. A portée de coup. Il le sait. Je le sais. J'attends.

Son rire retentit. Et là tout en moi se hérisse. La voix n'est pas la même, loin de là. Le timbre est plus chaud et plus grave. Mais il reste l'ombre du grincement, l'écho de la démence. Le rire d'un monstre, d'un fou. Le rire d'un démon.

Alors Eyleen, tu es venue m'accueillir ?

Oh comme je hais la raillerie dans cette voix. Elle me retourne les tripes.

Comme tu vois..

On ne manque pas ce genre de rendez-vous...

Ma voix ne porte pas très loin, mais il est tout proche. Et puis en parlant bas, je contrôle mieux les émotions qui pourraient y transparaître. Je parviens mieux à les gommer, à rester calme et neutre. Du moins en-dehors.

Je suis d'accord. Ca fait... un an ? Un an que tu m'as promis cette mort.

Il me toise du haut de sa haute taille. Je reste de marbre. Je le tuerais maintenant si je le voulais, il n'aurait même pas le temps de gommer son sourire infect de se visage qui devait être beau.

Quelle mémoire...

Je laisse percer le sarcasme... Soupape. Nécessaire.

Crois-tu vraiment que me tuer, tuer ce corps, va servir à grand chose ?

Sourires carnassiers. Deux. Le mien et le sien.

Juste à me faire plaisir, peut-être...

Certes. Tu as fait une promesse. Et tu te dois de t'y tenir.

Vraiment ?

Et où est le piège ?

Je ne bouge pas.

Allez. Frappe.

Déclenche ta fureur.

Libère le mal qui se tient tapi en toi.

Je lève ma lame, j'en goûte le tranchant du gras du pouce, négligemment.

Tu as dit que cela te ferait plaisir. Ris donc de mon corps exposé aux vautours.

Tu m'agaces.

Tu as le regard bien étroit, pour un Juge. Ma fureur, le Mal, tout ça... Es-tu tellement sûr que ces termes s'appliquent aussi bien à ma personne qu'à la tienne ?

Le Mal est présent en chacun de nous. Mais pour qu'il atteigne son apogée, il faut accomplir un certain rite. C'est ce qui était fait dans l'ancien Enfer.

Alors frappe.

Nous y voilà.

Je me demandais aussi pourquoi tu tenais tant à ce que je la tienne, cette promesse.

Te tuer pour me livrer au Mal, complètement.

...

Et comment peux-tu être aussi sûr que c'est ce que je désire, Mach Gulam ?

[d'après conversation MSN en mode RP]

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