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Terre des Éléments

Guerisseuse puis magicienne...


Saphire
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Assise sur le sable au bord de l'eau, je regarde le soleil bleu d'Aqua s'élever lentement au dessus de l'horizon. Je me repose après un entraînement intensif consistant à exterminer le maximum de scarabées et de serpents venimeux. Je pense à l'année qui vient de s'écouler, à tout ce qui m'est arrivé, à quel point j'ai changé.

**********

Un village paisible au bord d'une rivière, une route le traverse, menant au sud vers une forêt, au nord vers une lointaine chaîne de montagne. Des enfants jouent devant les maisons, les adultes s'arrêtent parfois de travailler pour les observer en souriant avant de retourner à leurs occupations. C'est un petit village mais on peut y trouver de tout grâce aux nombreux artisans et aux caravanes de marchands qui passent régulièrement pour vendre divers produits qu'on ne trouve pas dans cette contrée.

C'est mon village... C'est là que je suis née, que j'ai grandi et que je compte passer le reste de ma vie.

Il fait beau, l'hiver s'éloigne doucement laissant place au printemps. Les plantes et les animaux se réveillent et reprennent le cours de leur vie. Levée avec le soleil, je suis partie dans la forêt à la recherche de diverses plantes pour renouveler mon stock de remèdes. Je suis la guérisseuse du village, j'ai depuis peu remplacé Alyane, celle qui m'a transmis tout son savoir durant les 15 années de mon apprentissage auprès d'elle. J'ai trouvé toutes les plantes nécessaires et je reviens vers le village, mes pensées tournées vers Yrielle...

Yrielle... Dans quelques jours, devant tout le village, nous allons nous unir, lier nos vies à jamais. J'attends ce jour depuis si longtemps, depuis cette soirée d'hiver où j'ai osé lui révéler mes sentiments et où, par un simple baiser, elle a fait de moi la plus heureuse des femmes.

Je sors de la forêt en pensant à celle qui sert bientôt ma compagne pour la vie quand, au loin, je vois sur la route menant aux montagnes un important nuage de poussière se dirigeant vers le village. Une caravane de marchand ? Non, il se déplace bien trop rapidement pour que ce soit des carrioles lourdement chargées. Intriguée, j'accélère le pas en vain, ce nuage est bien trop rapide. Au fur et à mesure que le nuage se rapproche, je commence à distinguer ce qui soulève cette poussière : un groupe de cavaliers noirs lancé au galop. J'entends maintenant le claquement des sabots sur la route.

Alertés par le bruit, certains villageois interrompent leurs activités et sortent de leur maison, les enfants cessent de jouer et regardent en direction du grondement. Je vois avec horreur les cavaliers rentrer dans le village sans ralentir leurs montures, piétinant ceux qui par malheur se trouvent sur leur passage, hommes, femmes et enfants sans exception...

Sous le choc, je lâche les plantes que j'avais dans les bras. Je reste quelques secondes sans réagir puis je me mets à courir vers le village. Je n'ai qu'une idée en tête : sauver celle que j'aime. Je me rapproche du village, j'entends des hurlements. Je vois une fumée noire envahir le ciel, les bandits ont du mettre le feu aux maisons. Je cours aussi vite que possible. Enfin j'arrive au village. Je m'arrête à hauteur de la première maison, le souffle court. Je vois mes voisins, mes amis, par terre, morts. Débout sur la place, une dizaine de bandits en armures noires, leurs épées ruissellent de sang. Ils sont en train de rire, ils s'amusent.

Je sens la colère monter en moi. Ils ne m'ont pas vu, je cherche du regard Yrielle. A mon grand soulagement je ne la vois pas parmi les morts. J'espère qu'elle a réussi à se cacher.

- Eh y'en a encore là !!

Je regarde dans la direction d'où vient ce cri. Yrielle, ils l'ont trouvé. Elle tient dans ses bras Tulor, le petit dernier du forgeron. Je le vois s'agripper de toutes ses forces à Yrielle, son visage est couvert de larmes, il est terrifié. Un des bandits attrape l'enfant et d'un geste lui brise les cervicales. Le craquement des os me glace le sang. Le corps sans vie de Tulor rejoint ceux de ses parents sur le sol au son du rire du monstre qui vient de mettre fin à ses jours.

Un des bandits s'approche d'Yrielle, l'épée levée. Je me précipite vers elle, en criant, je ne peux pas laisser faire ça. Elle m'entend et se tourne vers moi. Je ne vois pas de peur dans son regard, juste une immense tristesse. Malgré la situation elle me sourit, je le rejoins à l'instant où l'épée la transperce. Elle tombe dans mes bras, se vidant de son sang...

- Yrielle, mon amour, non...

- Saphire...

Mon nom, c'est son dernier mot alors que lentement ses yeux se ferment pour l'éternité.

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Je me réveille alors que le soleil disparaît au loin, je suis allongée par terre au milieu des corps sans vie des bandits. Mon corps n'est que douleurs, mon esprit que haine, les paumes de mes mains que brûlures... Des brûlures semblables à celles couvrant les corps brigands autour de moi. Est-ce moi qui ai fait ça ? Je ne m'en souviens pas. J'espère que c'est moi...

Je me lève lentement. Je suis épuisée. J'ai mal. Mal au corps, mal au cœur, mal à l'âme. J'observe autour de moi, les ruines de certaines chaumières fument encore. Rien ne bouge, il n'y a pas un bruit. Le village, si vivant il y a encore quelques heures, est totalement mort. Il ne reste que moi. Pourquoi ? Pourquoi ne suis-je pas morte comme les autres ? Que s'est-il passé pour que je survive, pour que moi, simple villageoise, j'arrive à tuer ces bandits ?

Je décide de vérifier si je suis vraiment la seule survivante. J'inspecte lentement les corps de mes voisins et amis. Mon estomac se vide rapidement de son maigre contenu à la vue des cadavres éventrés. Je réussi malgré tout à contrôler chaque corps et hélas je suis bien la seule personne encore en vie en ces lieux...

Un hurlement. Des loups... Sûrement attirés par l'odeur de la mort. Je ne peux les laisser se repaître de mes amis. N'ayant pas la force de leur donner une sépulture, je commence à rassembler les corps au milieu de la place du village. Je manque de défaillir. Heureusement que mon estomac est déjà vide... Yrielle... Il ne me reste qu'elle à emmener auprès des autres. Je m'approche lentement. Jusqu'ici j'avais évité de venir près d'elle. Mes yeux se remplissent de larmes, elles obscurcissent ma vue. Je ne les retiens pas, elles coulent sur mes joues... Je prends celle qui devait partager ma vie dans mes bras pour la dernière fois. Je la dépose avec les autres. Avant de me reculer j'embrasse ses lèvres froides. Un dernier baiser, un adieu. Je saisis une torche, je murmure quelques mots pour le repos de leurs âmes puis je mets le feu au bûcher...

Lentement les corps s'embrasent, une fumée noire s'élève dans le ciel. La chaleur des flammes sèchent les larmes sur mes joues. Rapidement l'odeur des chairs brûlées devient insupportable. Je lance un dernier regard vers le corps des bandits qui serviront de repas aux charognards. Je me dirige vers la chaumière de la guérisseuse, ma chaumière de travail donc, qui a échappé par miracle au feu qui a ravagé le village. Je pousse la porte, fais quelques pas et me laisse tomber sur une chaise. Je suis vidée, épuisée, mais je sais que je n'arriverais pas à dormir. Je me relève péniblement et me dirige vers ma réserve. Je choisis quelques feuilles, un pot d'onguent et des bandages. Je retourne dans la pièce principale, je remplis une tasse d'eau et j'y ajoute les feuilles qui me permettront de dormir. Pendant qu'elles infusent, je soigne les brûlures sur mes mains avec l'onguent et je les protège avec des bandages. Je bois rapidement l'infusion et je me couche sur la paillasse réservée habituellement aux malades. Je m'endors d'un sommeil que j'espère sans rêve...

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Un choc sur mon ventre me réveille. Je me redresse d'un coup sous la peur, mes mains devant moi pour repousser ce qui m'attaque.

- Miaouuu

Le chat qui vient de m'effrayer se sauve en faisant entendre son mécontentement devant ma réaction. Je le regarde s'éloigner et soupire de soulagement alors que mon taux d'adrénaline revient lentement à son niveau normal.

Le soleil se fraye un passage entre les planches disjointes des volets. Il doit faire jour depuis plusieurs heures. Je me lève, étonnée de ne sentir aucune douleur aux mains. J'enlève les bandages, il n'y a plus aucune trace de brûlures. Comment est-ce possible ? De telles brûlures ne peuvent guérir aussi vite sans laisser de trace. Ce n'est pas normal... Un instant j'espère, peut-être que tout ceci n'était qu'un cauchemar. Je me précipite dehors et m'arrête sur le seuil de la porte, éblouie par le soleil.

Je protège mes yeux de mes mains, attendant qu'ils s'habituent à la luminosité. Mon espoir est de courte durée... Le village est désert, certaines chaumières en ruine. Au milieu du village un tas de cendres encore fumantes. Je n'ai hélas pas rêvé... Je distingue des os, des crânes, je détourne le regard, ne supportant de voir les orbites vides. Il n'y a plus rien là où se trouvaient hier les corps des bandits, juste quelques traces sanglantes sur le sol. Les charognards ont du se régaler...

Je reste plusieurs minutes debout, sans bouger, au milieu du village. Je ne sais pas quoi faire. Partir ? Oui mais pour aller où ? Cet endroit est toute ma vie, je ne connais rien d'autre. Rester ? Il n'y a plus rien ici, plus personne. Tout ce qui comptait pour moi n'est plus. Rien ne me retient en ce lieu. Partir, voilà ce que je vais faire. Le temps de rassembler quelques affaires et je mettrais le plus de distance possible entre ce village et moi.

Je me dirige vers une des chaumières encore debout. C'était la demeure de Coltan le forgeron. Je rentre et regarde autour de moi. Je me sens comme une voleuse à m'introduire ainsi dans une maison qui n'est pas mienne. J'hésite à chercher des objets qui pourraient m'être utiles, mais si je ne me sers pas tout sera perdu. Je trouve dans un tiroir plusieurs couteaux de chasse et dans une armoire des protections pour les bras, la poitrine et les hanches. Je ne pense pas que le voyage que j'entreprends sera tranquille alors autant être bien équipée. Chez Atril, la couturière du village, je trouve une longue robe bleue faite d'un tissu épais. Dans les autres demeures je récupère des outres en peau, de la viande séchée, des fruits, des silex pour allumer du feu et un grand sac.

Il ne me manque plus que quelques herbes médicinales et remèdes et je serais prête à me mettre en route. Je retourne vers ma chaumière, pose sur la table tous les objets que je vais emporter et rentre dans la réserve. Je commence à trier rapidement les différentes herbes et onguents. Je ne peux malheureusement tout emporter, il me faut me contenter du minimum. Des onguents pour aider à la cicatrisation, des herbes pour calmer les douleurs, pour dormir, contre le venin de serpent et un assortiment d'herbes plus rares. Si besoin je trouverais bien de quoi reconstituer mon stock. Je vais poser tout cela sur la table de la pièce adjacente puis je retourne dans la réserve.

Je jette un dernier regard pour vérifier que j'ai bien pris tout ce qui pourrait m'être utile. Mes yeux se posent sur un coffre qui se trouve dans un coin sombre de la pièce. Il appartient, appartenait plutôt, à Alyane, l'ancienne guérisseuse. Elle n'a jamais voulu me dire ce qu'il contient. Maintenant qu'elle n'est plus je pense que je peux l'ouvrir, elle ne m'en voudra pas. Je déplace le coffre au milieu de la pièce, il n'est pas aussi lourd que je le pensais. La serrure n'a pas l'air très solide. Je vais chercher l'un des couteaux forgé par Coltan et rapidement elle cède. Ma curiosité va être satisfaite.

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