Premières agitations

[Angie Aurora]

Sur la route qui menait au Village Suspendia, deux compagnons marchaient déjà depuis plusieurs jours, à un rythme soutenu. Ils ne s'arrêtaient que quelques heures par nuit afin de se reposer. Ils parlaient peu entre eux, préférant économiser leur souffle pour ne pas ralentir.

Mais honneurs aux dames...

Angelina del Castello d'Aurora venait d'un petit village, perdu à plus de cent lieues de la première ville civilisée. Son père s'était endetté pour plusieurs générations afin d'acheter le vieux château délabré d'Aurora. Il avait son château mais la famille était ruinée. Le vieil homme mit fin à ses jours en laissant sa femme, ses trois filles et ses dettes.

Elles survécurent en mangeant les fruits de leur culture, en se chauffant du bois de la forêt et en retapant une pièce du château qui leur servait à elle seule de demeure.

A dix-huit ans, Angelina s'engagea dans l'armée d'Aeris pour participer à la grande guerre des Elements. Elle prit le nom d'Angie Aurora afin d'éviter qu'on la prenne pour une princesse qu'elle n'était certainement pas.

A la fin de la guerre, elle vécut de petits boulots tout en continuant à s'entraîner au maniement des armes.

Aujourd'hui, elle se pressait vers le Village Suspendia afin d'assister au discours du Seigneur Guix. L'heure était grave. Des rumeurs de nouvelles tensions entre éléments se propageaient comme une traînée de poudre dans toutes les régions d'Aeris. Plus grave encore, on racontait que cette fois-ci, des traîtres avaient formé une armée parallèle et s'étaient alliés avec les armées des autres éléments afin de faire régner leur Ordre sur les quatre Terres.

Il fallait donc se hâter avant que la rumeur ne devienne vérité puis réalité.

[Magestrius]

Une douce brise emportait les deux compagnons à travers les chemins terreux d'Aeris. Au loin une bosse obstruait l'horizon. Mais ils pouvaient sentir leur but approcher.

Hey ! Ne m'oubliez pas !

Magestrius, nécromancien par obligation. Né dans une famille de forgerons, son destin semblait être tracé pour succéder à son père. Mais rapidement, il fut attiré par la magie. A l'annonce de cette attirance, son père le renia et lui interdit de revenir vers la forge familiale.

Il parti vers une nouvelle vie, cherchant a dompter cet éléments qui lui était si cher, l'air.

Sa route croisa une jeune femme, qui parlait d'un grand seigneur et de rumeur plutôt inquiétante. Elle parlait d'autre nation, appelée élément, et d'une guerre se préparant. N'ayant rien à perdre, il se mit en marche pour en connaître plus sur ce seigneur nommé Guix.

Le vent portait un doux parfum des champs, le chemin semblait interminable. Au loin, dans l'horizon, quelque chose qui semblait ressembler à une ville...

[Angie Aurora]

Les deux compagnons ressemblent à des zombies. La fatigue déforme leur visage et leur yeux sont éteints.

Angie ne pense à rien, elle avale le chemin lieue après lieue avec monotonie.

Soudain, son regard est attiré vers l'horizon. Les grands remparts de la ville se découpent dans l'infini du ciel.

Son coeur endormi accélère son rythme atone, une lueur ravive ses yeux ternes.

Elle sort de son sac un cylindre d'herbes et le porte à sa bouche puis l'allume. Elle inspire la fumée et la recrache lentement. Elle fait toujours ça quand l'angoisse la gagne.

"Magestrius, nous y sommes. L'heure de vérité va enfin sonner.."

[Magestrius]

Perdu dans ses pensées, Magestrius avait perdu la notion du temps. Depuis combien de temps il l'accompagnait ? Combien de jours ils avaient marché sans se reposer. Leurs visages remplis de poussière étaient méconnaissables.

Une voix faible et légèrement tremblante le fit sortir de ses pensées hibernales

"Magestrius, nous y sommes. L'heure de vérité va enfin sonner..."

Une légère odeur de tabac brûlé lui vint au nez.

"Arrête avec sa c'est pas bon pour toi... "

Essoufflé par la longueur du voyage, il n'essaya pas de la convaincre plus, il savait pertinemment que sa ne servirait a rien.

"Hâtons nous, il ne faudrait pas loupé le seigneur Guix "

Ils reprirent la marche plus rapidement encore, les yeux fixés vers la ville.

Arrivé aux portes de celle-ci ils payèrent le droit de passage et s'engouffrèrent dans l'allée principale. Autour d'eux une nuée de marchand vendant toute sorte d'objet, allant des tiges de feuillus jusqu'au superbe toges de mages, sans oublier des esprits plus rare les uns que les autres.

Attiré par une subtile odeur de scarabées rôtis, ils s'arrêtèrent non loin de la grande place.