Stanislas's life...

[Stanislas]

Le Marais IssCaNak. Maudit marais, qui avait entrainé le départ temporaire de la plupart de ses compagnons. Certes, il était nécessaire d'étendre la recherche de l'Å’uf à toutes les nouvelles terres qui s'offraient à nous, mais la solitude gagnait le poney. Il passait la plus claire partie de son temps à la taverne, en compagnie de Gésouaf qui, bien que fort sympathique, n'oubliait jamais le principal intérêt que le poney représentait pour lui, à savoir un gain financier conséquent en chopines de lait frais. Stanislas ne retournait même plus au campement des Ombres, préférant dormir à l'auberge où la noirceur de la solitude qui le recouvrait progressivement était temporairement stoppée par la compagnie des inconnus qui allaient et venaient, buvaient à s'en rendre malade, chantaient à tue-tête des chants aux paroles douteuses, ou encore qui jouaient à des jeux d'argent qui bien souvent se terminaient en jeux de mains.

Au détour d'une chopine, Stanislas avait eu l'occasion de discuter avec un homme encapuchonné, un guerrier charismatique qui lui comptait ses combats épiques, ses motivations dans cette guerre ouverte et sa récente renaissance en terme d'idéaux, le tout parsemé de nombreuses chopines qu'il lui offrait sans compter. Il apprit bien plus tard par Gésouaf que ce guerrier était un des Damnés des EnferS, un des partisans du Malin. Après le départ de ce guerrier, la solitude revint. Il avait beau passer la plus claire partie de mon temps dans la taverne, en compagnie des bipèdes, il se sentait malgré tout loin de toute cette agitation, des éclats de rire et de rage qui jaillissaient régulièrement. Et c'est autour d'une énième chopine de lait frais que Stanislas, ne pesant que peu ses paroles, révéla à Gésouaf ce qu'il avait sur le cœur, que cette sensation de vide qui le submergeait n'avait pas pour origine le départ de ses compagnons au Nord, mais plutôt sa condition en tant que poney. Après une rapide gorgée, le poney ajouta même qu'il serait prêt à tout pour devenir un humain, devenir comme « eux », ne faire qu'un avec la masse humaine qui s'entassait autour des tables et du comptoir.

Le tavernier, sous son épaisse moustache, esquissa alors un sourire. Stanislas ne s'en rendit pas compte, il ne faisait plus guère attention aux autres personnes qui l'entouraient, comme s'il ne pouvait rien en espérer. Le poney ne remarqua pas non plus le sourire de Gésouaf lorsque celui-ci lui offrit une chopine de lait, chose qu'il n'avait encore jamais faite. Le quadrupède bût la chopine d'une traite après avoir, comme à l'accoutumée, mis plusieurs dizaines de secondes pour saisir le récipient entre ses pattes avant. Remerciant le tavernier pour la boisson, Stanislas partit ensuite se coucher dans un coin de la taverne.

Il se réveilla quelques heures après, comme rongé de l'intérieur par un mal qu'il n'avait encore jamais ressenti, malgré les nombreuses blessures qu'il avaient subies au cours de ses combats pour défendre l'honneur de Kilinaí«. Atteint de convulsions foudroyantes, il pouvait ressentir chacun de ses os, chacun de ses muscles, chacun de ses tendons et de ses nerfs, tout ce qui composait son corps semblait se déchirer de l'intérieur. La douleur était trop forte, et le poney, n'ayant pas réalisé la mutation de son corps qui progressait rapidement, se lacéra le corps et le visage avec ses ongles, comme s'il tentait d'arracher le mal qui sommeillait en lui.

Recouvert de son propre sang, des plaies béantes sur une importante partie de son corps, Stanislas fut réveillé le lendemain par Gésouaf.

- Heyyy, toi !!! Qu'est-ce que tu fais dans ma taverne dans cet état, nu et recouvert de sang ?

- Nu ? Que... Gésouaf, c'est moi, Stanislas. Suis-je donc en état si piteux que vous ne parvenez pas à me reconnaître ?

- Stanislas ? C'est toi ? ... Hé hé hé... Hé hé hé... ... Hé hé hé...

Le tavernier partit dans la réserve, riant par petits à-coups régulièrement espacés. Il revint quelques instants plus tard avec des vêtements de bipède et, en lui jetant les vêtements dessus, il lui indiqua d'aller nettoyer son corps dans la fontaine de Melrath Zorac avant de se vêtir. Stanislas n'avait pas bougé depuis son réveil et, lorsqu'il essaya de se redresser sur ses quatre pattes, il réalisa qu'il n'était plus lui. Ses mains, ses jambes, son corps entier était devenu celui d'un bipède. Contractant l'ensemble de ses muscles comme pour découvrir de nouvelles sensations, Stanislas se mit debout après de nombreux efforts. L'équilibre était plus qu'instable et, lorsqu'il se pencha pour ramasser les vêtements offerts par Gésouaf, il s'effondra sur le sol. Il les plaça sous son bras gauche et se releva à l'aide du droit. Il déambula jusqu'à la sortie, s'appuyant à tout ce qui pouvait servir d'appui, suivi du regard par Gésouaf qui esquissait toujours son sourire apaisant, sous son épaisse moustache rousse.

Stanislas arriva à la fontaine en rampant, les vêtements éparpillés sur le sol entre l'auberge et la fontaine. Arrivé à destination, il se jeta entièrement dans l'eau glaciale de la fontaine, par cette matinée pluvieuse. Après quelques minutes à se laisser porter par l'eau et à assimiler les sensations que son corps éprouvait, ses limites, Stanislas se redressa, et vit son reflet dans l'eau claire de la fontaine. Il avait tellement changé. Il était quelqu'un d'autre. Son ambition ne changeait en rien, l'œuf restait sa principale priorité, mais il prendrait un temps considérable dans la découverte de son nouveau corps, de ses nouvelles facultés et de ce que ce dernier pourrait lui apporter.

Perdu dans ses pensées, Stanislas ne remarqua même pas qu'une masse humaine arrivait de la Porte Sud de Melrath Zorac. C'était Atalante qui marchait en direction de la taverne, rentrant surement d'une chasse sur les crapauds, chasse au prince charmant, bien entendu. Elle avait encore du les embrasser les uns après les autres, dans l'espoir de trouver l'homme idéal. Stanislas ne bougea pas, n'émit pas un son, espérant que le regard de la magicienne ne se perde pas sur la fontaine. Malheureusement, elle posa son regard sur lui et se figea. Stanislas ne bougea pas, agenouillé dans la fontaine. Atalante eut alors une réaction fort étrange, elle s'approcha du mur de l'auberge et se cogna la tête contre le mur à plusieurs reprises, comme pour vérifier qu'elle n'avais pas été victime d'une hallucination. Après tout, il est bien connu que la bave de crapaud a des effets secondaires puissants, hallucinations et fortes fièvres en particulier. Stanislas profita du chahut occasionné par les coups successifs de la tête de sa consœur Ombre et s'allongea dans la fontaine, de sorte à être hors du champ de vision de la magicienne. Après quelques secondes, les coups cessèrent. Puis, écoutant le bruit de pas lourd et non élégant représentatif d'Atalante qui s'éloignait, la porte de l'auberge s'ouvrit et se referma.

Stanislas était de nouveau seul, libre de pouvoir s'exercer dans ce nouveau corps.

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Remerciements :

à Atalante, pour le titre et pour son accord à participer

Modifié (le) 5 juillet 2009 par Stanislas

[Stanislas]

Voilà plusieurs jours que Stanislas était devenu un elfe. Enfin, il avait pu être autorisé à monter dans le chariot des nains qui menait au Marais IssCaNak. Mais l'accès au marais n'avait pas été le seul changement notoire pour le guerrier originaire de Terra. Désormais, il pouvait avec aisance tenir les chopines dans les tavernes, avec ses mains elfiques. De plus, il pouvait se gratter le dos à volonté lorsque ce dernier le démangeait.

Mais le nouvel elfe était tourmenté par cette métamorphose. Comment était-ce possible que le si puissant et si bel animal qu'il avait toujours été jusqu'à présent puisse être devenu ce bipède aux longues oreilles ? Comment avait-il pu régresser au stade honteux d'elfe ? Le Poney était-il l'évolution naturelle de l'Elfe, ou avait-il descendu plusieurs échelons sur la chronologie de l'évolution des êtres ? Pour calmer ses tourments, Stanislas décida de rédiger un document retraçant l'évolution des espèces ayant peuplé le monde.

Il savait aisément par quoi commencer : les reptiles. Il avait un jour demandé à Ara, la jeune générale qui guidait avec brio les Ombres dans la recherche de l'œuf, comment était apparu le monde. Sa réponse avait été immédiate : "Demande au Tatalantosorus Rex, elle est tellement vieille qu'elle devait déjà être née avant la création du monde...". Stanislas était étonné qu'Atalante puisse avoir vécu si longtemps, mais il n'aurait jamais osé remettre en doute la parole d'Ara.

L'elfe partit donc à la recherche d'autres reptiles à travers les terres, de sorte à savoir si Atalante était belle et bien la première espèce ayant vécu sur la planète. Après quelques recherches, il lui apparu qu'un autre reptile vivait au Marais : l'Alligaterreur. Restait à savoir lequel des deux était le plus évolué. Le choix était rude, car aucune des deux espèces ne semblait se différencier de l'autre radicalement : corpulence comparable, régime alimentaire similaire, hygiène de vie identique... C'est après quelques vains essais pour communiquer avec l'Alligaterreur que Stanislas en vint à la conclusion que le Tatalantosorus Rex était plus évolué que l'Alligaterreur.

Une fois la partie inférieure du schéma faite, Stanislas se mit au travail pour la partie supérieure, c'est-à-dire les espèces les plus poussées qui existaient. L'elfe arriva à un nouveau dilemme : il avait eu vent des récits de Korshar concernant le mode de vie des Gobelins et de l'importance des Cailloux, sans qui ces derniers ne seraient rien. Les Cailloux étaient donc très évolués, et méritaient d'être en haut de l'évolution. Mais dans ce cas où placer le Poney qui est lui aussi un être parfait sur tous les niveaux ? C'est après une discussion avec le Gobelin cité précédemment que Stanislas en vint à la conclusion que les Gobelins et les Poneys étaient deux évolutions possibles d'une même espèce, l'espèce dominante de Melrath Zorac et du Marais IssCaNak : l'être humain.

Le schéma prenait forme. Restait le plus important à placer : l'Elfe. Une étude comparative entre Humain et Elfe se mit donc en place. Corpulence, taille, intelligence, dextérité, agilité, durée de vie, résistance aux maladies et autres infections comme pouvait en transmettre Atalante après avoir été à la recherche de son prince charmant (Cf. post précédent), rien ne semblait dissocier les deux espèces. Rien sauf les oreilles. Stanislas chercha donc pendant de longues heures quelle avantage pouvait apporter l'une des deux formes d'oreille par rapport à l'autre.

Plusieurs jours passèrent, le schéma toujours non achevé, faute de résultat sur les oreilles Elfiques.

Puis, l'expérience du combat gagna Stanislas, ce dernier se décida à acquérir un heaume qui lui permettrait de résister aux attaques de ses nombreux ennemis. C'est en essayant de le porter que l'Elfe comprît. Ses satanées oreilles rendaient impossible le port du casque. Voilà où se trouvait la différence. L'être humain avait su se munir d'oreilles courtes, aptes à recevoir un couvre-chef digne de ce nom. Stanislas, fou de rage, prit sa massue cloutée et frappa à de nombreuses reprises sur son heaume, de sorte à l'abimer assez pour que ces excroissances ingrates ne gênent pas le port du casque.

Une fois la chose faite, le guerrier termina son schéma, qu'il s'empressa de montrer à Korshar, pour avoir l'approbation d'un être supérieur, approbation qu'il reçut.

C'est ainsi que fut réalisé ce document inestimable, le premier document retraçant l'évolution des Etres peuplant le Monde :

Modifié (le) 26 avril 2009 par Stanislas

[Stanislas]

Le parfum des fleurs, le chant des oiseaux... Avant de devenir elfe, Stanislas était insensible à ces détails qui parvenaient à ses sens. Mais depuis, il déambulait avec plaisir dans des jardins fleuris, autour des fontaines où les oiseaux venaient se désaltérer et faire leur toilette, délaissant sans s'en apercevoir la Quête pour laquelle il avait offert son corps : la recherche de l'Å’uf. A vrai dire, depuis sa métamorphose, bien des choses avaient changé. Il n'éprouvait plus de plaisir à écraser dans le sang les Infidèles qui se mettaient en obstacle contre lui et les siens, et cette lassitude se faisait ressentir dans la puissance de ses coups. Sa masse lui paraissait être bien plus lourde qu'à l'habitude, et il ne ressentait plus ce bouillonnement interne en pensant au bruit des os se brisant et du sang se répandant sur lui. Pire que tout, il n'éprouvait plus de plaisir malsain à charrier Atalante sur son fessier gigantesque, ou Yaninho sur sa ponctualité qui laissait tant à désirer. Ce n'était donc pas un simple changement physique, mais également un changement de perception du monde, de vision des choses, une modification de ses sentiments à l'égard de ce qui l'entourait.

Le soleil tardait à disparaître ce soir là, et Stanislas errait dans le parc à l'extérieur de la demande des Ombres. Les oiseaux s'étaient habitués à sa présence et n'hésitaient plus à rester à quelques centimètres de lui, voire même à se poser sur une de ses épaules. Il cueillait quelques fleurs pour décorer sa chambre, et profitait de l'occasion pour arracher les mauvaises herbes qu'il apercevait. Il aperçut alors un caillou de taille considérable au milieu de l'herbe, place qui n'était évidemment pas la sienne, au cœur de cette verdure. L'elfe agrippa le caillou et le jeta au loin. C'est alors qu'il découvrit un être étrange au corps verdâtre à l'endroit où se trouvait le cailloux. A première vue, il était de la même espère que Korshar, mais en plus petit. Et en plus puant. Et Bruyant. Il semblait pleurer, ou du moins il émettait des cris stridents. L'elfe prit la chose dans sa main, de sorte à l'approcher de lui pour mieux l'observer.

Arrivé à hauteur de son visage, le gob'z cessa d'émettre son cri ravageur, et observa l'elfe. Stanislas était plongé dans le regard du minuscule gobelin, comme pour chercher à trouver au fond de ce regard le vide qu'il trouvait dans celui de Korshar. C'est à cet instant que le jeune gobelin se jeta sur le visage de Stanislas, se glissa jusqu'à son épaule et lui mordit le cou, tel un vampire. L'elfe reprit ses esprits dès l'instant, et déposa délicatement le gobelin au sol, tandis qu'avec son autre main, il passait un mouchoir sur sa plaie. Après quelques secondes seulement, Stanislas fut pris de vertiges. Une chaleur intense sembla l'accabler, et il se passa moins de trente secondes entre la morsure et l'évanouissement de l'elfe.

Lorsque ce dernière se réveilla, au petit matin, il sentit un changement en lui. Il se redressa, et l'herbe lui sembla avoir poussé de plusieurs centimètres durant son sommeil.

« Bordel, c'est quoi ce délire ? »

Stanislas s'étonna lui-même d'avoir prononcé ces paroles. Il observa les alentours, et fut estomaqué en voyant la demeure des Ombres, qui semblait elle aussi avoir vu sa taille augmenter plus que considérablement. Après une courte réflexion, il réalisa que ce n'était pas le décor qui avait changé mais lui. Il observa alors son corps et reconnut la couleur verte significative de Korshar. Se pourrait-il que...

« Bordel, "˜commence à en avoir plein l'popotin d'ces conneries de métamorphose ! »

Alors qu'il pestait contre sa nouvelle condition, un oiseau vint se poser sur son épaule. Exaspéré, Stanislas l'attrapa dans sa main et, d'un geste violent, l'envoya s'écraser contre le mur de la demeure. L'oiseau s'écroula inerte sur le sol, devant le regard impassible de l'ex-elfe.

« Hmm... Hin hin hin... HIN HIN HIN !! »

Non. Aucun remord.

Gobelin, voilà qui le ferait peut-être reprendre le droit chemin dans sa quête de l'Å’uf.... Sauf s'il fait une omelette avec.

Modifié (le) 22 août 2009 par Stanislas