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Terre des Éléments

Sur la voix de l'Harmonie


Salaha Luvia
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Période Dea

Assise sur son lit en sa chaumière du village du Souffle d'Eolia, la jeune magicienne examinait le vieux journal. Bien du temps s'était écoulé depuis la dernière fois où elle avait laissé sa plume glisser sur les pages blanches. L'envie lui avait passé comme elle était venue. Le temps lui avait manqué aussi. Il faut dire que ses journées étaient plus que remplies depuis son arrivée à Melrath Zorac.

Elle se souvenait encore de cette matinée de la période Pluvia où elle avait dit adieu à Aqua.

La pluie tombait depuis près d'une semaine déjà, six longs jours passés sans la moindre éclaircie. La jeune magicienne fixait le ciel, désespérant de voir apparaitre l'astre céleste. Les nuages noirs semblaient ne pas avoir bougé d'un pouce. Pas la moindre chance d'accalmie à l'horizon.

Décidément, cette période porte bien son nom, grommela-t-elle en poussant la porte de l'auberge pour s'y abriter.

En entrant, elle parcourut la salle du regard. Quelques villageois se trouvaient attablés en un coin de la pièce, écoutant avec forte attention les exploits d'un jeune guerrier. Les héros ne manquaient pas sur Aqua. Tout du moins, nombreux aventuriers se prenaient pour des héros. Elle avait pris conscience de cet état de fait au cours des longues soirées passées au coin du feu. En entendant d'autres conter leur chasse, elle s'était rendue compte que ses propres actes n'avaient rien d'extraordinaires. Elle en avait porté un regard nouveau sur ce journal qu'elle s'employait à rédiger quotidiennement. Étrangement, il n'en pesait que plus lourd en sa besace.

Elle s'assit à une table et commanda un bol de soupe pour se réchauffer. L'aubergiste ne tarda pas à le lui ramener. Le climat n'était pas bien rude sur l'île mais les pluies diluviennes rendaient l'atmosphère humide à vous glacer les os. A la table voisine, deux aventuriers discutaient entre eux d'une étrange disparition. Intriguée, elle tendit l'oreille.

Si, comme je te le dis. Il a parlé à la garde puis il a disparu, comme ça, sous mes yeux.

Et tu le connaissais bien ?

Ma foi, pas tant que ça... Il était assez bizarre... Enfin, tu me diras, les rôdeurs ne sont jamais vraiment banals.

C'est bien vrai !

Les deux hommes rirent un bon coup, et trinquèrent à ce qui leur semblait être une bonne blague. Leurs verres vidés, le conteur commanda une autre tournée avant de reprendre.

Mais celui-là, je dois dire. Il en tenait une couche. Un beau jour, je l'ai même entendu parler d'un autre monde. L'a peut-être fini par en trouver le chemin.

Les deux compères repartirent d'un fou rire entendu. Un vieil homme vint mettre fin à leur hilarité.

Je serais vous, jeunes gens, je me renseignerais avant de parler. Cette garde, comme vous la nommez, surveille le passage vers la capitale. Votre ami rôdeur est en route pour Melrath Zorac. Où vous ne mettrez jamais les pieds si vous restez là à boire à longueur de journée.

Vexés, les deux ivrognes sortirent sans demander leur reste. Salaha, quand à elle, invita le vieillard à prendre place à sa table. C'est ainsi qu'elle prit la route de la grande "MZ", par un matin pluvieux.

Un « toc, toc » insistant, la sortit de sa rêverie. On frappait à sa porte.

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Elle posa le livre sur le bord du lit, se leva, et alla ouvrir.

Personne.

Elle tourna la tête, de droite, de gauche, la ruelle était déserte. Elle soupira, recula de quelques pas et referma la porte. Ce n'était pas la première fois. A plusieurs reprises déjà on l'avait ainsi dérangée sans que le On ne se fasse connaitre. Elle ne pouvait que se demander qui s'amusait ainsi à toquer à sa porte pour disparaître ensuite. Le village du Souffle était plutôt calme pourtant. En outre, elle imaginait mal ses compagnons d'armes se moquer d'elle ainsi. Elle ne les connaissait que trop peu pourtant. Elle avait rejoint la faction depuis trois longs mois déjà, mais n'avait eu guères d'occasions de se mêler aux autres. Elle avait bien discuté avec quelques uns, échangé avec d'autres, et ne pouvait oublier cette chasse nocturne en la forteresse d'Esgandiar. Elle leur devait beaucoup, elle se plaisait parmi eux, et ne regrettait rien. Mais, quelque chose manquait.

Elle revint vers le lit. Elle s'y laissa tomber nonchalamment en se souvenant du temps où elle dormait à la belle étoile. Sur Aqua, elle avait eu le ciel pour seule couverture. Arrivée à Melrath Zorac, elle avait découvert les auberges bruyantes et impersonnelles. Le Souffle d'Eolia lui avait offert un toit, un chez elle. Fixant au plafond les solides poutres qui soutenaient la toiture de chaume, elle replongea en ses souvenirs. Comment oublier sa première rencontre avec la Cheffeuh ?

La période Laboria commençait tout juste. Le soleil venait de se lever, illuminant le désert de sa chaleur naturelle. La jeune magicienne s'était mise en tête d'aller explorer les cimes. On lui avait laissé entendre que le travail ne manquait pas par là-bas. Sortant de l'auberge du quartier des apothicaires, elle admira avec soulagement le ciel dégagé.

Quoi de mieux qu'une journée ensoleillée pour aller patauger dans la neige, songea-t-elle en prenant la direction du nord. Elle traversa sans trop de difficulté la partie du désert qui la séparait de la mine. De longues chasses avaient rendu cette zone familière. Les monstres, dangereux quelques jours plus tôt, étaient devenus inoffensifs à ses yeux. Elle s'arrêta devant le pont. Elle n'était jamais allée plus loin. Un citadin lui avait indiqué la route, elle ne pouvait se tromper selon lui. Toutefois, elle hésita. Serait-elle à la hauteur de la montagne enneigée ?

Il n'y a qu'une façon de le savoir !

Elle s'était exprimée à haute voix, sans même sans rendre compte. Elle respira un bon coup, rassembla son courage et s'avança sur le pont. De l'autre côté des bœufs paissaient paisiblement. La zone ne devait pas être bien dangereuse. Elle passa devant eux en prenant garde de ne pas les déranger, garda ses distances en longeant la falaise et hésita devant la grotte inconnue. L'homme avait omis de lui en parler. Sa curiosité la fit hésiter un instant, mais la prudence l'emporta. Elle reprit sa route, grimpant vers les cimes. Elle croise rocchus rouge et serpent venimeux, tua ceux qui bloquaient sa route et poursuivit. Le chemin, maintenant couvert de neige, se divisait en deux. Sur la gauche un passage semblait mener à une bâtisse, se dressant derrière les rochers. A droite, elle ne pouvait distinguer la fin de la piste. Elle fit quelques pas en direction du fortin et stoppa en voyant une guerrière en sortir. Elle recula ne sachant à quoi s'attendre. La dame passa à ses côtés sans un mot, puis stoppa et revint sur ses pas. Salaha s'attendait à recevoir un coup d'épée, au lieu de cela on lui proposa de l'aide. C'est ainsi qu'elle fit connaissance avec Ysabeau et le Souffle d'Eolia.

Toujours allongée sur son lit, la jeune magicienne souriait. Elle avait chassé les louveteaux polaires ce jour-là. Elle avait même tenté d'en adopter un, quelle folie ! Elle regarda par la fenêtre. Le soleil était maintenant haut dans le ciel. Il était grand temps d'y aller. Elle se releva, passa sa cape sur ses épaules, attrapa son orbe et sortit.

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Elle traversa la rue des chaumières sous la caresse des rayons chatoyants. Elle passa devant la taverne d'où une joie chaleureuse s'élevait à toute heure. Elle hésita un instant, mais se reprit. Il était encore trop tôt pour le déjeuner et elle avait à faire. Elle poursuivit vers l'entrée du village, passa l'enceinte en rondins qui le protégeait des attaques, et s'avança sur le chemin de terre. Un peu plus loin se tenait le portail, lien magique entre la plaine paisible et le fortin du Souffle. Elle jeta un dernier regard sur l'herbe verdoyante, de l'autre côté la neige l'attendait. Elle emprunta le passage.

Elle se retrouva devant la forteresse du Souffle, près des hautes cimes. Elle ne prit pas la direction du nord cette fois. Nulle hésitation ne freina ses pas, elle savait où aller. Elle emprunta les escaliers, grossièrement taillés dans la roche, vers le sud. Elle s'arrêta sur la corniche, fixant la grotte arachnéenne. Elle frissonna en repensant à ses aventures en ces profondeurs ténébreuses.

Elle venait tout juste de postuler au Souffle, la période Laboria n'était pas terminée. Un garde de la région, un nommé Shido, lui avait confié une mission de la plus haute importance. C'est, tout du moins, ce qu'il avait prétendu alors, surement dans le but de la convaincre. Il faut dire que les araignées n'étaient pas sa tasse de thé. D'autant plus quand leurs quatre paires d'yeux se tenaient à hauteur de sa tête. Elle avait du faire appel à tout son courage pour pénétrer dans cette maudite caverne, bien plus encore pour y retourner. Il faut dire que la quête s'était bien vite déclinée au pluriel. Fort heureusement, elle avait reçu une aide, pour le moins inattendue. Elle avait tout d'abord croisé un rôdeur. Comment se nommait-il déjà ? Ah oui, Sayanel. Lui aussi avait à faire dans les parages, aussi avaient-ils décidé d'unir leurs efforts. Et cela avait plutôt bien fonctionné... jusqu'à la fameuse rencontre avec la reine pondeuse.

La jeune mage rechignait déjà à fréquenter des arachnides de sa taille. Celle-ci était bien plus grande. Elle mesurait au bas mot deux fois sa hauteur, sans parler de la largeur. Pour voir ses huit yeux, il ne suffisait plus de regarder devant soit. Non, il fallait lever la tête. Pour sûr, elle n'oublierait pas cette bête-là. Le plus embêtant toutefois n'était pas sa taille, pas plus que ses hideuses pattes velues ou ses crochets meurtriers. Non, le souci était tout autre. Elle se tenait au beau milieu de leur route. Il était tout simplement impossible de contourner le monstre. Une seule solution : l'affrontement. A ses côtés, le rôdeur bandait déjà son arc. La magicienne, elle, demeurait paralysée par la terrible vision. C'est la peur elle-même qu'elle regardait dans le noir des yeux.

Une main se posa sur son épaule. Elle sursauta. Le rôdeur la secouait, expliquant gentiment qu'il n'allait pas faire tout le boulot seul. Elle déglutit et tenta de se ressaisir. Il la secoua à nouveau. Elle le soigna, pour preuve de sa bonne volonté, puis se décida enfin à attaquer, non sans appréhension.

La lutte fut rude mais ils en vinrent à bout, une première fois. L'arachnide prit la fuite, se réfugiant dans les ténèbres des hauteurs de la grotte. Ils purent poursuivre leurs quêtes respectives, un temps du moins. Mais, alors qu'ils s'apprêtaient détruire le dernier nid, l'insecte géant était revenu à sa place, bloquant à nouveau le chemin. Ils durent ainsi la combattre une nouvelle fois. Cependant que la bataille s'éternisait, un autre vint à leur aide. Un combattant plus aguerri, un magicien du Souffle nommé Mythras, leur fit gagner un temps précieux. Il apporta l'étincelle de magie qui manquait pour terminer leur tâche avant la nuit. Le monstre succomba et tous purent sortir de cette caverne tant sombre qu'humide. Un bon bol de soupe au coin du feu ne fut pas de trop ce soir-là pour réchauffer la magicienne, et la remettre de ses émotions. Elle ne manqua pas de remercier ces deux alliés de circonstance, sans se douter qu'elle recroiserait le rôdeur par la suite.

Quelques jours plus tard, elle entrait au Souffle d'Eolia.

Des voix lointaines la ramenèrent à l'instant présent. Deux personnes au moins venaient en sa direction. Le virage qu'abordait la route en contrebas les cachait à sa vue. Elle préféra ne pas attendre de voir leur blason. Choisissant la prudence, elle emprunta le passage secret vers l'Ancienne Carrière.

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La caserne se dressait devant elle, au bord de l'eau. Les rares fenêtres brillaient au soleil, telles de petites étoiles. Le blason de Melrath Zorac ornait encore fièrement la sombre façade, en digne symbole d'un passé glorieux. Les murs robustes donnaient à la bâtisse une impression de force intemporelle. Le bâtiment se dressait là en forteresse imprenable. Et pourtant... N'était-ce pas en ce lieu même que le Capitaine Ashbert avait trouvé la mort ? Le Sort était passé maître en matière d'ironie. En cette époque troublée, à l'avenir incertain, le sang ici versé se faisait miroir de l'impuissance humaine.

La jeune magicienne se dirigea vers la grande herse. La grille était relevée, comme toujours depuis le drame. Elle n'avait pas oublié la façon dont elle avait découvert l'endroit un soir de la période Pluvia.

Comme beaucoup, elle avait entendu l'appel. Deux cavaliers devaient rejoindre la caserne pour renforcer la garde de la cité. Toutefois, leur vie était menacée, leur arrivée incertaine. En effet, les précédents soldats attendus ici n'y étaient jamais parvenus, exécutés par des rebelles, pour l'occasion alliés de la cause orc. Ces renforts étaient nécessaires, vitaux pour la ville menacée. Aussi le Capitaine Ashbert avait décidé de les faire passer par une route plus discrète. Le bibliothécaire Adèmar devait les conduire à travers d'anciens tunnels de contrebande qui reliaient Melrath Zorac et l'Académie. Assistance avait été demandée aux factions alliées de la cité pour escorter les deux chevaliers. La nouvelle s'était ainsi répandue et même les détails de l'opération étaient connus de tous.

La jeune magicienne, encore solitaire en ces terres, l'avait ainsi entendu autour d'un verre à la taverne. Elle se demandait si ce manque de discrétion était voulu ou non. Le capitaine souhait-il piéger ces opposants ou comptait-il des taupes dans son entourage ? Elle n'avait pas la réponse et ne l'aurait surement jamais. Qui se souciait d'une jeune magicienne toute juste arrivée en ville ? En tout cas, elle s'inquiétait de l'avenir de sa terre d'accueil. Elle avait donc décidé d'apporter son aide, si humble soit-elle, à l'armée en formation. Bien qu'elle ignorait tout du lieu en question, elle suivit à la faveur de l'ombre les nombreux combattants qui s'y rendaient, le soir venu. Cette filature lui couta bien des plaies quand certains s'aperçurent de sa présence. Toutefois, à force de détermination, elle finit par gagner le lieu des combats. Les détracteurs d'Ashber étaient bien au rendez-vous et la lutte fut sanglante.

Salaha fit le choix des soins, se rendant bien compte de l'inutilité de ses faibles attaques sur les combattants aguerris qui se trouvaient là. Elle soigna tant qu'elle put, elle aveugla aussi parfois. Elle apprit beaucoup et se réjouit de voir le premier chevalier pénétrer dans la caserne. Elle le suivit sur le toit même, où les derniers affrontements se tinrent. Le second chevalier, lui, périt en chemin.

En entrant, elle observa les gardes. Ils étaient nombreux maintenant, petite armée à l'entrainement, attendant le jour où il devrait servir la cause de Melrath Zorac. Dans le fond, elle aperçut Yvain, chevalier de la Confrérie des Éléments. Elle lui sourit, malgré elle. Elle n'oublierait jamais ce dernier combat sur le toit. Ce fut son baptême du feu, en quelque sorte. Bien que son entrainement soit loin de toucher à sa fin, elle gardait ce souvenir comme une petite gloire personnelle. Elle détourna le regard et se dirigea vers l'instructeur Dalaam. Elle avait en sa besace un présent pour lui. Cinq organes encore chaux pour prouver sa volonté, le premier pas sur la voix de l'harmonie.

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  • 3 weeks later...

Le véritable entrainement put alors commencer. L'instructeur ne se montra pas tendre avec elle. Elle ne pouvait lui en vouloir. Elle n'était pas prête pour la guerre qui les attendait tous. Elle l'avait constatée elle-même lors de sa première bataille face aux orcs... le 28 de la période Ondilla.

Elle avait suivi l'intrépide rôdeur jusqu'au tunnel de contrebande menant vers l'Académie. Depuis le temps qu'elle se posait des questions à son sujet, elle n'avait pu s'empêcher de le prendre en filature lorsqu'elle l'avait aperçu près de la caserne. Comme bien souvent sa curiosité l'avait emportée sur sa raison. Elle était bien avancée maintenant, seule dans ces excavations méconnues. Elle se trouvait depuis bien dix minutes devant le pont où elle l'avait perdu de vue, ne sachant quelle direction prendre. Des bruits s'élevaient de ce qui semblait être le fond de la caverne, tout du moins le côté le plus sombre. Elle s'avança sur le pont. Il lui parut solide. En outre, une faible lueur provenait du bout opposé de l'édifice. Elle poursuivit en cette direction, espérant rejoindre la surface en une zone familière. Elle arriva finalement à ce qu'elle identifia comme une chute d'eau traversant la grotte de haut en bas. La lumière était plus vive de l'autre côté. Rassemblant un peu de courage, elle s'élança à travers l'eau pour finir dans une rivière. Elle ressortit la tête de l'eau, encore sous le choc.

Quelle idée de mettre l'entrée d'un tunnel au-dessus de l'eau, grommela-t-elle en recrachant le liquide qu'elle avait avalé.

Elle se dirigea tant bien que mal vers la berge la plus proche et tâcha de s'extirper de là. Se redressant sur la terre ferme, elle essora vivement sa cape trempée. Fort heureusement, une auberge se tenait non loin. Rassurée de ne pas être tombée en un coin totalement sauvage, elle se dirigea vers l'édifice d'un pas humide. La consœur GerGer, aimable comme à son habitude, lui loua une chambre. Elle put prendre un bain et mettre ses vêtements à sécher. Mais où donc avait bien pu passer ce rôdeur ?

Elle le sut bien assez tôt. Quand le soir venu, plusieurs aventuriers se rassemblèrent à l'entrée de l'établissement, elle se joignit à eux. Elle ne s'attendait guère à partir pour une funeste bataille, et c'est inconsciente du danger qu'elle emboîta le pas du rôdeur qui passait déjà sous la cascade. Le gros de la troupe était resté en arrière, à discuter. Tenant à savoir où se rendait Sayanel, elle le suivit, à bonne distance toutefois. Ils traversèrent le pont dans l'autre sens et s'engagèrent dans les ténèbres qui emplissaient le fond de la grotte. Plus loin, deux torches éclairaient une ouverture dans le mur. Toutefois, un guerrier à l'humeur maussade encadrait le semblant de porte, ne laissant guère le choix aux deux aventuriers. Elle avait fini par rattraper le rôdeur, l'obscurité rendant difficile la filature à distance. Elle l'avait juste salué de la main et ils avaient poursuivi sans plus d'échange. Le plus étonnant est qu'il n'avait pas paru surpris de la croiser ici. Ils obliquèrent vers l'ouest, seul chemin à peu près sûr et une guerrière inconnue se joignit à eux. Ils cheminèrent longtemps encore avant d'apercevoir une lueur à travers la roche. Ils sortirent de la grotte pour se retrouver aux portes de l'Académie. C'est en tout cas ainsi qu'on leur décrivit le lieu. Leur nombre avait encore grossi alors qu'ils restaient là, perplexes.

Une magicienne plus âgée eut la bonté d'expliquer à Salaha la situation. Les orcs avaient envahi la grotte et tentaient de pénétrer dans l'Académie. Un contingent de bonnes âmes avait été rassemblé pour tenter de repousser l'armée de viles créatures. Pourtant, ils n'avaient croisé nul orc dans le tunnel. La jeune magicienne demeurait pensive, troublée par cette contradiction apparente. Ses alliés de circonstances repartaient vers la grotte à la recherche de leurs ennemis. Elle suivit sagement. Quelle ne fut sa surprise de tomber nez à nez avec la fameuse armée. Des guerriers orcs en armure se tenaient devant elle, frappant leurs boucliers de leurs lames déjà sanglantes. Elle déglutit à cette vision d'horreur et tenta vaillamment d'appuyer ses confrères qui, déjà, attaquaient les créatures. Elle se rendit bien vite compte de son inutilité dans ce combat. Elle préféra alors les soins aux sorts offensifs, comme elle l'avait fait des mois plus tôt. Le résultat lui convint. Toutefois, l'arrivée d'un renfort inattendu en faveur des orcs mit fin à son contentement passager. Poussée à la fuite, elle se faufila à travers les rangs ennemis vers le fond de la grotte. Là elle trouva finalement des adversaires à sa taille. Archers, écuyers, tentes... le campement orcs comptaient des combattants bien plus faibles que leurs guerriers aguerris. Elle participa à la bataille, aidant du mieux qu'elle pouvait, elle acheva même un orc de ses mains. Cela ne suffit point pourtant, se frayant un chemin à travers les courageux défenseurs, l'armée démoniaque s'élança en hurlant vers les portes de l'académie... pour disparaitre en fumée sur son bouclier protecteur.

Les yeux perdus en son orbe, tant envoutée qu'envoutante, la jeune magicienne revoyait les instants d'allégresse qui avaient suivi ce semblant de victoire. Ils n'avaient appris que bien plus tard l'incursion du vil sorcier et le vol des artefacts. Une main se posa sur son épaule, la faisant sursauter.

Tu t'entraines ou tu rêvasses ? demanda le garde du temple.

Elle jaugea son adversaire. Habituée à affronter les gardes de la cité, elle ne s'était jamais risquée face à leurs supérieurs. Le moment était peut-être venu. Un regard à Dalaam le lui confirma. D'un hochement de tête, l'instructeur autorisa le combat. C'est ainsi qu'elle poursuivit sa quête de l'harmonie.

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Elle s'entraina tard ce soir-là. Quand elle quitta la caserne, le soleil était depuis longtemps couché et la lune brillait, haut dans le ciel nocturne. Épuisée, elle se rendit tout droit au fortin et s'allongea sur un des lits de fortune. Il serait toujours temps de rentrer au village le lendemain. Pour le moment, elle avait besoin de repos. Elle dormit d'un sommeil de plomb cette nuit-là, et tout le jour qui suivit. Quand elle ouvrit les yeux en fin d'après-midi, quelque chose en elle lui sembla changée. Le sentiment de se rapprocher de son but l'habitait. Elle ne retourna pas à sa chaumière finalement, elle prit directement la route du marais, après une courte toilette à l'étang de l'ancienne carrière. Passant près du Léviathan, elle poursuivit vers le Seuil Sacré pour parler à la petite fée. Elle avait croisé Féeria au hasard de ses promenades, bien après la bataille d'IssCanak. Elle n'avait pas hésité une seconde à lui venir en aide. Elle était bien décidée à rassembler les deux cœurs esseulés, même si son rôle de messagère s'était avéré plus compliqué que prévu. Il n'était pas si aisé de traverser le marais pour porter les missives de l'une à l'autre. Toutefois, elle espérait en avoir bientôt terminé. A leur dernière entrevue, Féeros avait promis de rendre visite à son homologue féminin.

Elle s'approcha de la fée et la salua aimablement. Dès les premiers mots échangés, un sourire se dessina sur les lèvres de Salaha. Les nouvelles étaient bonnes. L'histoire trouvait une fin heureuse. Le cœur de la magicienne en fut empli de joie. Non seulement elle avait réussi, mais elle n'aurait pas à courir à l'autre bout du marais aujourd'hui. Récompensée pour son aide, elle prit toutefois la direction du sud. Il serait plus aisé de revenir au village du Souffle en passant par la mine. Elle frôla la mort en passant près d'une mante guerrière avant de plonger dans l'eau vaseuse pour ne pas finir rôtie sous les flammes du dragon. Ressortant la tête entre deux flotteurs à l'allure suspecte, elle étouffa un cri de rage. Ces bains improvisés commençaient sérieusement à l'agacer. Elle s'extirpa du marécage, couverte de boue et autres substances indésirables.

Quelle odeur ! s'exclama-t-elle, portant la main à son nez.

La puanteur n'en fut point diminuée, bien au contraire. Retirant sa main, elle la regarda dépitée. Une matière gluante verdâtre la recouvrait. La mine dégoutée, elle regarda dans la direction d'où elle venait. Retourner au Seuil Sacré pour prendre un bain dans la seule rivière potable du marais supposait de retraverser toute la zone dangereuse. Elle soupira. Elle n'avait guère le choix. Elle devait retourner à sa chaumière dans cet état. C'était encore le plus simple. Elle pressa le pas, espérant que nul ne serait dehors à cette heure tardive. Elle ne voulait aucunement être aperçue dans ce lamentable état. Elle traversa la mine sans rencontrer âme qui vive, courut presque en passant devant l'auberge du pont et se faufila près du bastion, prenant soin de rester dans l'ombre. Elle emprunta le portail magique et se retrouva dans la plaine, à l'orée du village. Elle fit un détour pour éviter les rues les plus fréquentées. Poussant enfin la porte de sa maisonnée, elle laissa échapper un soupir de soulagement. Elle n'avait croisé personne. Prenant tout juste la peine de tirer les rideaux, elle se débarrassa de ses vêtements crasseux. Fort heureusement sa réserve d'eau était pleine, elle n'aurait pas besoin d'aller en puiser à la source. Elle remplit le large bac sans prendre le temps de chauffer l'eau. Rassemblant un peu de courage, elle plongea dedans et entreprit de se débarrasser de toute cette crasse. Elle dut changer l'eau par trois fois avant que ces cheveux ne retrouvent leurs teint et odeur naturels.

Son bain enfin terminé, elle regarda dépitée la pile de vêtements sales. Elle ne pouvait remettre cela à plus tard, l'odeur embaumait déjà la pièce. Elle plongea le tout dans le bac et frotta sans ménagement. Elle réussit à récupérer sa tunique, toutefois sa cape sentait encore la vase. Dépitée, elle la lança en un coin de la pièce. Elle s'affala sur son lit, profitant du restant de la matinée pour se reposer un peu.

Modifié (le) par Salaha Luvia
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La journée qui suivit s'avéra bien plus reposante quoiqu'intrigante. En ce sixième jour de la période Dea, la taverne du Souffle accueillait une visiteuse. La matinée touchait à sa fin quand la jeune magicienne poussa la porte de l'édifice. Elle y trouva Ardycael, le nécromancien infortuné de la faction, attablé en charmante compagnie. Sans hésiter, Salaha se joignit au couple hétéroclite, curieuse d'en apprendre plus sur la guerrière inconnue. Ils discutèrent un moment, de la pluie et du beau temps, avant l'arrivée d'un voyageur inattendu. Sayanel entra discrètement, si bien qu'Ardycael ne sembla pas le voir tout de suite. S'approchant du trio, il demanda la permission aux dames de se joindre à eux. Permission qui lui fut bien vite accordée. Il était déjà installé autour de la table, quand le nécromancien s'aperçut de sa présence. Les deux amis se saluèrent et la discussion reprit sur divers sujets. Les verres furent remplis, le repas servi. Pourtant, la magicienne demeurait troublée par ce nouvel invité.

Elle n'avait plus croisé le rôdeur depuis la bataille contre les orcs. Le secret qui l'entourait demeurait entier. D'où pouvait bien venir cet étrange sentiment de déjà-vu ? Cette impression familière qui entourait le personnage ? Elle était maintenant certaine de l'avoir déjà rencontré, avant son arrivée sur Aqua. Mais quand ? Et surtout, où ? Qui était-il ? Que savait-il d'elle ? Tant de questions restaient sans réponse. Elle ne pouvait qu'espérer qu'il lui en apprendrait plus sur son passé. Mais ce n'était ni le lieu, ni le moment. De plus, elle n'avait toujours pas trouvé la façon d'aborder ce sujet. Elle ne pouvait pas s'avancer vers lui et s'exclamer : « Bonjour monsieur, ne nous serions-nous pas déjà croisés avant ? ». Non, il lui rirait au nez, lui rappelant qu'ils avaient partagé la même faction un temps. Sa chaumière, laissée à l'abandon en un coin du quartier d'habitation témoignait encore de cette époque.

Alors qu'elle se perdait en ses pensées, la magicienne n'entendit que quelques brides de la conversation échangée entre Ardycael et Luxiya. Sayanel demeurait, lui aussi, étrangement silencieux. Salaha se demanda s'il partageait une part de ses réflexions. Elle préféra toutefois revenir à l'instant présent. Cessant ses absences impolies, elle ramena son attention à la table, juste à temps pour voir entrer dame Ysabeau, qui s'avéra être la tante de leur invitée. Nul ne manqua de saluer la grande Cheffeuh du Souffle. Pourtant, s'apercevant de l'heure tardive, les deux amis et la magicienne s'éclipsèrent laissant les deux guerrières deviser entre elles. Levant les yeux au ciel, en sortant de l'édifice, Salaha pensait au sermon qui l'attendait à la caserne. Dalaam ne lui pardonnerait pas facilement ce retard. Elle dit au-revoir aux deux hommes, regrettant de ne pas pouvoir s'entretenir avec le rôdeur en privé. Elle ne put s'empêcher de jeter un dernier regard envieux par la fenêtre de la taverne. Avait-elle une tante ou une nièce cachée quelque part ? Elle soupira. Existait-il seulement un être en ces terres qui se souvenait d'elle ? En cet instant, plus que jamais, elle se sentit seule. Alors que ses pas l'entrainaient à travers la fraicheur du soir et l'obscurité naissante vers une caserne aux murs glacés, elle se consola en repensant au regard échangé avec Sayanel. Il savait. Cette certitude l'habitait maintenant.

Elle s'entraina durement tout le mois qui suivit. Elle dut requérir l'aide du Souffle quand elle en vint à affronter les fantassins. Bien mieux armés et plus habiles que leurs subordonnés, ils lui donnèrent bien du fil à retordre. Toutefois, guidée par Eudes, le généreux magicien, épaulée de Faya, le puissant guerrier, et secourue par dame Ysabeau, au courage sans faille, elle parvint au bout de sa formation. Avec la période Ciella, l'Harmonie se présenta. Au premier jour, la magicienne trouva son karma. A défaut de connaître son passé, elle se bâtissait un avenir qui lui convenait.

Une idée l'obsédait toutefois, elle devait parler à ce maudit rôdeur ! La joie de la réussite passée, elle partirait à sa recherche.

Modifié (le) par Salaha Luvia
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