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Terre des Éléments

Une Renaissance


yaninho
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« Rebom n’est plus. Ou tout du moins en apparence. »

 

Des saisons maintenant que la Guerre n'existe plus. Mais aussi des saisons maintenant que l'Histoire de Rebom domine nos contrées : celle d'un savant sanguinaire en quête d’un éternel pouvoir. Il ne reste dorénavant de lui que des écrits qui, d’une simple encre noire sur des vulgaires bouts de parchemins, narrent des exploits sans précédents. Du sang versé, des cœurs délabrés, des vies ôtées : tel est le prix de sa folie, mais aussi de son funeste échec. Perdu aveuglement dans un océan de frénésie, où flotte avidité et perversion, il s’est tue dans une douce mélancolie.


Les écrits sonnent et résonnent toujours comme faux. Subtil mélange de mensonges et de blasphèmes, tous s'allient pour nous affirmer sa mort. Le savent-ils vraiment ou veulent-ils tout simplement nous le faire croire ?

 

A cette question, ma réponse reste unanime. 

 

« Rebom n’est plus. Ou tout du moins en apparence... »

 

En apparence, oui. Car aujourd'hui encore, sa lypémanie enivre mes pensées, à tel point que je sens son âme m'effleurer sans cesse. Rien qu'en fermant les yeux, et ce à chaque nuit, dans un silence assourdissant, je découvre un nouveau chapitre de son périple. 


Au commencement, je ne voyais qu’une simple ombre, imposante certes, mais volatile, presque errante. Et puis le lendemain et les nuits suivantes, ma vision, au fil du temps, s’est éclaircie, dissipant la brume environnante. Et de cette même ombre que j’apercevais dans mes sombres rêves naquit un sorcier aux traits grossiers, précieusement enseveli sous une cape dont seul un regard d’un noir profond, pouvait vous paralyser et glacer votre esprit, laissant jaillir une soif insatiable de grandeur. Se tenant fièrement debout dans l’arène, personne n’était en mesure de l’affronter.


A vrai dire, nous n’étions plus dans le registre de la guerre, mais celui de l'abattage. Qu’importe l’élément, le nombre ou l’âge, il ne faisait aucune distinction dans le choix de ses victimes. Implacable, il ne laissait transparaître la moindre émotion sur le peu de visage qui me donnait de voir.


Rebom était en mission. Plus qu’une simple ambition, il voulait être ce qu’il a toujours rêvé devenir. Prenait-il encore la moindre once de plaisir à tuer ? J’en doute. Il ne lui fallait que des esprits humains pour assouvir son désir, ne tuant ainsi que par obligation. Chose faite, il venait de réussir sans difficultés la première partie de son plan. Néanmoins, il n’était guère le seul à avoir atteint brillamment cette étape, bien au contraire. Mais en comparaison avec ses prédécesseurs, quelque chose de particulier émanait en lui, d’une posture bercée d’une aura divine, ou tout du moins s’y rapprochant. Il ne pouvait en aucun cas échouer.


Il s’exila par la suite dans ce qui semblait être la tour d’un château, à l’abri des regards indiscrets, dans une pièce recluse et minuscule du fort. Il se sentait enfin prêt pour réussir ce que les autres ont raté. Il sortit de sa cape un livre d’une noirceur qui m’était encore inconnue, d’un noir bien plus noir que ses yeux charbonneux. Il l’ouvrit et le posa délicatement sur une vieille planche d’un bois sans saveur, qui lui servirait pour l’occasion de support de bonne fortune. Il prononça des mots d’incantation dans une langue bien trop ancienne pour le commun des mortels. Je tâchais de faire du mieux possible pour juste entendre les paroles magiques du sorcier…


Mais c’est à ce moment précis que mes pensées s’embrumèrent. Aussi bien à cet instant-ci que lors des sommeils futurs, il m’était impossible d’en connaitre la suite. C’est également depuis ce moment-là que je veux à tout prix savoir ce que je n’ai pu ouïr.


Certes, nous connaissons tous le fin mot de l’Histoire. Durant quatre jours, Rebom détenait un pouvoir ultime, inconditionnel, voire infini. Ou tout du moins en apparence. Ce n’est pas la guerre, ni même la quête de pouvoir qui le tua, mais uniquement l’utilisation d’une formule bien trop puissante pour sa chétive personne qui le dépassa et le surpassa.


Je ne veux pas servir la cause de Rebom. Nullement. Il était bien trop faible.

 

Je ne veux que devenir son Maître. Le Véritable Maître des morts pour contrôler le Monde des vivants.


Mais avant d’en arriver à cette finalité certaine, il me faut maîtriser une toute nouvelle magie. La magie noire, celle qui effraie tant, aussi bien profonde et envoûtante que dévastatrice, se doit de devenir mienne.


Il me faut aller encore plus loin pour apprendre…


Ce n’est qu’une question de temps.

 

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  • 4 months later...

« Et si ... »

 

Pour être tout à fait franc, ce n'est pas tant Rebom qui m'intrigue voire m'inspire, mais uniquement ce qu'il a pu faire, et plus précisément la manière dont il a orchestré sa longue épopée vers une puissance méconnue et encore inégalée.

 

Mais cela faisait maintenant des mois que mes rêves ne présentaient plus leur saveur d'antan. Ces mêmes desseins, aussi terrifiants soient-ils, étaient devenus essentiels pour me permettre de comprendre le déroulement dans la quête de pouvoir dont Rebom fut l'initiateur. Mais depuis que ce savant a utilisé des mots d'une langue qui m'est, tout du moins pour le moment, encore inconnue, mon esprit ne semble plus en capacité de me fournir davantage d'explications. Comme si le destin en avait décidé autrement, me laissant une nouvelle fois et volontairement seul dans la solitude de la réflexion. Ainsi, chaque nuit, et malgré cette envie irrépressible d'en savoir encore un peu plus sur les mots employés par le sorcier, ma conscience prenait le dessus pour taire sur ce que je souhaite entendre.

 

Il m'était devenu alors impossible de savoir comment faire pour apprendre et comprendre la magie employait en son temps par Rebom. Cette perspective s'étant assombrie, il me fallait me résigner à cette éventualité et trouver la solution par mes propres moyens.

 

Mais par où commencer ?

 

Allongé à même le sol, je regardais inlassablement vers le ciel en humant les odeurs des champs de fleurs aux alentours. Fermant délicatement les yeux, je pensais, encore et toujours, à ce but ultime. Mais pour ce faire, il me fallait apaiser mon esprit afin de chercher un véritable indice, un chemin à suivre. Que cela est difficile lorsque tout se mélange dans vos pensées, et à vrai dire, j'ai bien beau retourné mes souvenirs dans tous les sens, de me remémorer tous les instants que j'ai pu vivre « artificiellement » en sa compagnie, rien ne me permet de véritablement savoir que faire.

 

Et puis tout d'un coup, des mots, ô combien familiers, résonnèrent sans cesse dans ma tête ...

 

« Rebom n’est plus. Ou tout du moins en apparence ... »

 

Et si ...

 

Et si tout ce que je cherchais depuis maintenant des lunes était à la portée de mes mains ? Et si, pour atteindre ce némésis, il me fallait me détacher de ces rêves, pour trouver moi-même la vérité ? Et si d'une ambition devenue obsessionnelle laissait enfin transparaitre une réalité dont moi seul peut-être l'acteur ?

Je ne sais toujours pas comment faire, mais s'il a bien une chose dont je suis sûr, c'est que je suis le seul capable d'y arriver.

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  • 5 months later...

« L'Espoir ... »

 

Des mois s'écoulèrent sans que le moindre espoir ne fasse surface. Perdu dans un vaste océan d'amertume, il m'était devenu impossible de savoir, ni même d'imaginer comment susciter ne serait-ce qu'un léger intérêt de mon humble défunt. 

Rebom, dompteur de l'Eternel, seul détenteur de l'Unicité tant convoitée par Quen, cette « Ombre suprême » comme il doit encore aimer se faire nommer aujourd'hui, s'échappa même de mes fantasmes par nature inassouvis de puissance.  

 

Pourquoi, lui qui semblait pourtant si proche de me dévoiler bon nombre de secrets inavouables, s'était finalement tue en me laissant dans l'indifférence la plus totale ? 

 

Alors, oui, Rebom n'est plus. Mais ... 

 

Mais ...

 

A ces mots effleurant brièvement mes pensées se mélangèrent moults sentiments. Une part infime de joie, peut-être même de soulagement à l'idée possiblement éphémère d'une perspective heureuse, faisant face à une colère pesante et sans précédente, résultant d'un absentéisme dont moi seul en est l'origine.

Même si son enveloppe charnelle s'est consumée en même temps que sa quête d'un pouvoir infini, il doit toutefois subsister des vestiges de son extravagance quelque part sur nos terres. 

Et quel meilleur endroit que la Bibliothèque de l'Académie, aussi majestueuse qu'intimidante, pour assouvir ce devoir de mémoire ?

 

Encore faut-il que les écrits aient survécus à l'Enfer des flammes et du temps ... 

 

...

 

Prions les Dieux que je me méprise tant.

Modifié (le) par yaninho
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