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Terre des Éléments

Entends-tu le vent?


Suyvel
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Ce jour-là, Suyvel était assise dans son fauteuil, près de la cheminée où crépitait un feu bienvenu en cet hiver rigoureux. Elle était plongée dans la lecture d’un ouvrage portant sur des recettes d’hermésiste. Cela aurait pu être un jour comme un autre. Une journée parfaitement banale. Sauf que...

Une fugitive intuition vint taquiner l’esprit de l’elfe noire.

Posant son livre, elle se leva pour se diriger vers la fenêtre qu’elle ouvrit en grand, et laissa la bise glaciale pénétrer en ses murs. Ses sens aux aguets, elle cherchait la présence de sylphes, les esprits du vent. La magicienne était Aéride et une fidèle d’Eolia, les enfants de la Déesse de l’Air venaient parfois lui chuchoter des histoires, voire des secrets. Mais ce jour-là, elle ne vit nulle trace de sylphes aux environs.

Pourtant, son impression indéfinissable persistait.

Qu’est-ce que cela peut bien être ?

Bien que le vent ne fut pas présentement habité par des esprits, il n’en semblait pas moins lui apporter quelque chose. Elle regarda d’où il prenait sa source, et constata qu’il soufflait depuis les Cimes, là où se trouvaient les hauts plateaux d’Aéris, sa terre d’adoption. La coïncidence la troubla.

Que peut-il bien se passer là-bas ?

Mais elle doutait qu’il soit réellement advenu un évènement notable, sans quoi elle en eut été informée. Elle avait pris des dispositions à cet égard. Néanmoins, le vent lui paraissait changé, comme... porteur d’une promesse. De choses qui n’étaient pas encore mais qui ne demandaient qu’à éclore.

Elle ferma les yeux et huma l’air.

Elle crut déceler comme un parfum léger, qu’elle ne sut identifier. Elle se concentra alors sur son ouïe et perçut comme les échos lointains d’une voix enjouée. La voix lui semblait inconnue et elle ne put comprendre les mots. Pourtant, et de manière inexplicable, son timbre fit naître une chaleur nouvelle au fond d’elle-même.

Ouvrant de nouveau ses paupières sur ses iris améthyste, elle vit la bise hivernale balayer une plume, non loin de sa chaumière.

On dirait... une rémige de faucon.

Etait-ce là un signe ? Un présage ? Si oui, il était pour le moins nébuleux...

Patience. Le vent m’apportera les réponses en temps et en heure. Et tout ceci me semble... de bon augure.

Un léger sourire aux lèvres, l’elfe noire referma la fenêtre, confiante en l’avenir.

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C'était le lendemain de son retour à la patrie. Le médecin lui avait prescrit le repos qu'elle prenait sous l'arbre de Nuagia. Il ne neigeait plus. Sans le vent glacé, il faisait bon comme en Laboria. Yùwéna sortit la lettre d'attribution des parrains qu'elle avait reçu la veille. La missive était des plus courte, mais donnait un nom : Suyvel Ayflesh. Qui cela pouvait-ce être ?

Comme si souvent par le passé, le vent lui apporta réponse en lui chuchotant une vision. Suyvel marchait sur un nuage en bordure d'une montagne plus sombre que les Alpes aérides. C'était une femme vêtue de violet, la chevelure dense d'une blancheur saturnienne, dont dépassaient les pointes des oreilles en forme de feuilles falquée. Ses yeux d'Elfes noirs étaient d'un violet plus léger que le manteau de mage. Une aura comme la senteur des fleurs d'héliotrope. L'image irréelle se dissipait déjà, Yùwéna se levait comme pour la retenir, mais c'était en vain. Le vent emporta un cheveu blond qui était accroché à ses vêtements. Comme un brin de blé mûr il virevoltait vers des hauteurs vertigineuse pour dépasser les sommets qui séparaient Aéris du reste de la terre.

Le vent se tut. Oh bien sûr le courant n'avait pas cessé, seulement le maître Vent et sa fragrance. Yùwéna entreprit d'écrire une lettre à sa marraine. Le bureaucrate qui accueillait les aventuriers sous la statue d'Eolia lui prêta de quoi écrire et lui promit d'envoyer le pli gratuitement. Seulement, Yùwéna devait écrire ailleurs ! Il n'y avait pas de place. Elle retourna donc sous l'arbre, où depuis un coffre avait été déposé et présumablement oublié quelques décennies en arrière. Le couvercle de chêne était encore assez bon pour servir de pupitre, comme fermeture en revanche il laissait beaucoup à désirer.

Noble Suyvel Ayflesh,

pardonnez, je vous prie, mon ignorance des usances entre une aventurière et sa marraine. Ma décision de partir à l'aventure sous l'étendard de l'air est récente et votre attribution comme mon mentor date d'hier seulement. Je n'ai reçu de vous aucune information sur vous du côté de la bureaucratie, mais une vision parfumée m'a montrée votre image, m'apprenant votre sexe, votre race et votre classe. Vous marchiez sur un nuage, j'en conclu que vous êtes aéride comme je le suis. Je ne sais combien de filleuls se partagent vos conseils et j'espère ne pas abuser de votre temps sans interrogation concrète. Je n'ai nénamoins d'autre question pour l'instant que l'envie de vous connaître mieux.

Bien à vous,

Yùwéna

Ce n'est qu'après avoir signé la lettre que Yùwéna remarqua qu'il était revenu. Le vent du Sud était chaud et laissait un goût âpre de sable sur la langue. Yùwéna crut que ce sirocco venait du plateau d'Urgo. Elle se trompait de désert, mais ne l'apprit que plus tard.

Modifié (le) par Yuwena
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Après avoir postée sa missive, Yùwéna contempla un instant la blanche statue de la déesse. Une plaque de marbre aux lettres dorées y avait été apportée, et soit qu'elle fut nouvellement installée, soit que Yùwéna l'ait oubliée dans mort, elle la voyait pour la première fois. C'était un éloge d'Eolia. Il était signé du nom de :

" Suyvel Ayflesh !"

Sa marraine était donc poète ! Le hasard faisait bien les choses, car assurément on ne pouvait pas mettre cette coïncidence sur le compte de l'administration, le bureaucrate avait seulement saisit la plus haute enveloppe du tas qui attribuait des parrains aux nouveaux aventuriers.

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Une missive venait d’arriver. Elle lui était nominativement destinée.

Suyvel prit un instant pour examiner le pli inattendu. C’était l’administration d’Aéris qui lui avait fait parvenir le message.

Aéris...

Cela lui évoqua un souvenir récent. Celui d’un présage apporté par le vent.

Se serait-il bien passé quelque chose là-haut, finalement... ?

La réponse était probablement entre ses doigts. Sans perdre plus de temps, elle décacheta le rouleau de parchemin et le déroula afin d’en prendre connaissance. Elle le parcourut rapidement et, plus elle avançait dans sa lecture, plus son expression se détendait. La missive n’était pas bien longue. Elle prit donc le temps d’une relecture, mais dans le détail cette fois. L’administration Aéride lui confiait le parrainage d’une magicienne novice, une aventurière selon les propres mots de celle-ci. Le mot la fit sourire fugacement.

Puisses-tu avoir réellement le tempérament d’une aventurière !

C’était une condition incontournable pour durer sur les terres de Melrath Zorac. L’elfe noire se remémora sa propre arrivée en ces lieux. A cette époque, l’endroit grouillait de vie, et les coupe-jarrets étaient légion. Les tueurs fous également. Il n’était pas rare, alors, de se faire égorger en pleine rue. Parfois, sortir de sa chambre d’auberge sans rendre visite à la recycleuse d’âmes tenait du tour de force ! Lorsqu’elle y songeait – en grimaçant – elle se demandait comment elle avait tenu. Mais au fond d’elle-même, elle savait qu’elle pouvait faire montre d’une opiniâtreté certaine.

A cette époque, je n’étais qu’une ombre.

Solitaire, farouche, presque asociale, la drow – nécessairement suspecte aux yeux de tous, grâce à l’épouvantable réputation de ses semblables – s’était faite presque invisible. Puis, au fil du temps, elle avait noué quelques contacts, et alors les choses avaient commencé à évoluer, lentement, mais sûrement. Et elle avait rejoint le Souffle d’Eolia, car elle était convaincu que cette faction avait vu juste sur un point important. Crucial, en fait : les jeunes aventuriers étaient l’avenir de ce monde.

Et la priorité des priorités est de les aider à vivre ici, et non juste à survivre. A se faire une place.

Elle avait donc contacté l’administration Aéride pour leur proposer de chaperonner des jeunes magiciens désireux de s’aventurer sur les terres communes même si, depuis, les choses s’étaient un peu calmées. Et voici que lui arrivait cette lettre d’une dénommée...

Yùwéna. Mmmmh... un nom elfique, ce me semble.

Il n’y avait pas d’elfes en Aéris – pas à sa connaissance. Depuis, elle en avait rencontré en Irliscia, et jusque dans les rangs de sa propre faction. Sa bouche se tordit.

J’espère qu’ils ne m’envoient pas une petite écervelée de sylvaine !

Les elfes noirs détestaient leurs cousins de la surface. En outre, ils étaient des citadins, et considéraient les sylvains comme des sauvages et des bouseux. Même si Suyvel avait pris beaucoup de recul vis-à-vis de ces haines ancestrales, elle ne s’en était pas totalement départie. Les vieux réflexes avaient la peau dure.

‘La fille du Faucon’, si je ne m’abuse... traduisit-elle mentalement. L’elfique noir n’avait plus grand-chose en commun avec la langue des sylvains. Elle tenta de se construire une image mentale de la jeune femme d’après ce nom et ce qu’elle vit lui fit faire la moue.

Moui... j’ai le sentiment qu’ils ne savaient pas quoi en faire, alors ils m’ont gentiment refilé le bébé.

Cela ne serait pas la première fois que les bureaucrates – soit par ignorance, soit en désespoir de cause – lui attribueraient un filleul incapable de profiter pleinement de ce qu’elle pouvait lui apporter. Elle avait eu droit à une belle brochette de boulets, au fil des années. Et la patience n’était pas précisément le point fort de la drow. La remise en question de sa personne et de ses méthodes pédagogiques non plus, d’ailleurs. Heureusement, certains de ses disciples s’étaient révélés déterminés. De bonnes surprises, qui l’avaient confortée dans sa décision d’accueillir des novices.

On va voir si toi, tu tiens le rythme, ma petite.

Elle prit place à son bureau et dégaina sa plume de voletou safrané.

A l’attention de Yùwéna

J’ai bien reçu la note administrative relative à votre tutorat. Pour répondre à vos interrogations, sachez que, bien que n’étant pas originaire de ces terres, je considère Aéris comme ma patrie de cœur, et Eolia comme ma divine et bienveillante protectrice. Quant à mes disciples, plusieurs se sont succédés ces dernières années. Certains sont partis, d’autres restent, cela ne m’empêchera nullement de vous accueillir comme il se doit. Je trouverai le temps qu’il faudra pour cela.

Telle est la philosophie du Souffle d’Eolia, la faction que je sers et dirige actuellement. Nous nous faisons un devoir d’épauler au mieux les nouveaux arrivants sur ces terres durant leurs premiers pas, quittes à les laisser s’envoler par la suite si leur destin les mène ailleurs. Ceux qui choisissent de rester perpétuent cette tradition.

Je vous engage à prendre le temps de vous aguerrir en nos belles contrées Aérides, et pourquoi pas sur Kiar Mar dans un second temps. Votre arrivée sur Melrath Zorac ne s’en passera que mieux. Même si je ne suis guère présente là-haut, sachez tout de même que je puis y passer à l’occasion, si le besoin s’en fait sentir. Et de toute manière, je reste joignable par courrier, ainsi que vous l’avez fait. N’hésitez donc pas à m’écrire.

Quelle spécialité de la magie avez-vous adoptée ? La branche des objets ou celle des mots ?

Dans tous les cas, je vous invite à en pratiquer les sortilèges basiques. Lorsque vous arriverez sur les terres communes, leur maniement devra être un automatisme pour vous, et ne plus présenter aucune difficulté. Dans le cas contraire, je serais dans l’obligation de vous recommander de ne jamais quitter les terres d’Aéris.

Puisse Eolia guider vos pas,

Suyvel Ayflesh.

Suyvel prit un malin plaisir à souligner ‘aucune difficulté’. D’emblée, elle entendait mettre la pression à son apprentie, sous le facile prétexte que c’était avant tout pour le bien de la jeune femme.

Surtout si le faucon se révèle finalement tenir davantage de l’étourneau.

Et dans le cas contraire, cela aurait le mérite de mettre Yùwéna tout de suite dans l’ambiance. Puis elle se relut attentivement et ajouta finalement :

P.S. Envie partagée.

Elle n’aurait su dire pourquoi au juste. Etant donné la représentation mentale qu’elle se faisait de la novice, cela semblait déplacé. Mais la curiosité avait toujours été l’un de ses moteurs. Et le présage aperçu quelque temps plus tôt lui trottait encore en tête...

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