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Terre des Éléments

Résultat du concours RP les défis de Suyvel


Keril Cahendirr
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Voici le classement des textes effectué par le jury sans connaître les auteurs des différents textes.

Merci à tous les participants

 

1 - Sayanel

 

Licindia Delmar, spadassine du désert des Akhs, s'avançait au travers de la cité de Melrath Zorac en cette chaude nuit d'Ondilla.



Sa peau mordorée, mordue par le soleil des dunes, faisait se retourner sur elle les rares passants à moitié ivres qui, entre deux éclaircies de chandelles diaphanes, y brûlèrent leurs pupilles de désirs éphémères.

Ses pas s'arrêtèrent enfin devant la prison de la cité, voilà pourquoi elle avait quitté ses terres lointaines.

Elle saisit le heurtoir et frappa trois coups énergiques. Après quelques secondes, un volet de la porte s'ouvrit et le visage d'un homme buriné apparut. Il la reluqua avec attention avant de prendre la parole.

- Trop tard pour les visites des prisonniers, pas contre, pour celle des gardes... finit-il d'un sourire carnassier.

Licindia se pencha légèrement, suivi par le regard plongeant du garde, et prit dans sa cuissarde droite un rouleau de parchemin.

- Lisez, dit-elle simplement, en lui remettant le rouleau.

Ce dernier le prit, l'ouvrit et le parcourut rapidement du regard tout en blêmissant au fur et à mesure de sa lecture. Il déglutit, l'enroula à nouveau et le rendit à la jeune femme.

La porte s'ouvrit, elle entra.

A l'intérieur, une grande salle occupée par une demi-douzaine de gardes qui, attablés, semblaient jouer aux cartes. Ils se retournèrent sur son entrée, un grand sourire aux lèvres mais la mine déconfite de leur confrère, qui précédait Licindia, le leur fit vite perdre.

-Sergent, dit le garde à un homme un peu mieux habillé que les autres, je pense qu'il serait bon que vous vous entreteniez avec la messagère.

Intrigué, l'homme se leva, fit signe à ses subordonnés de continuer sans lui et invita la jeune femme à le suivre. Il la conduisit dans une pièce plus petite, attenante à la principale, moins sobre tout en restant martiale. Près du mur se trouvait un bureau poussiéreux, il prit place derrière et présenta un siège à son invitée.

- Que puis-je pour vous ? demanda-t-il d'un ton vaguement agacé tout en lançant un regard noir au garde resté près de lui.

- Rien de plus que votre devoir sergent, elle lui tendit à son tour le parchemin et, avant même qu'il puisse prendre connaissance du contenu, elle poursuivit, je me nomme Licindia Delmar, bâtarde du roi Delmar III et une des douze Gardiennes du désert des Akhs, au nom du vieux pacte qui unit nos deux peuples, je vous demande de bien vouloir accéder à une simple requête.

Le sergent arrêta de dérouler le vélin et releva la tête tout de suite plus attentif.

- Si vous êtes vraiment ce que vous dites, il regarda le garde de la porte qui opina, je me demande ce que peut bien une prison citadine pour une Gardienne du désert des Akhs, votre réputation guerrière est légendaire... et... d'ailleurs... où sont vos onze soeurs ?

Licindia regarda le sergent dans les yeux qui crut y lire une certaine tristesse.

- Mortes.

- Hein, quoi ? Et vous voulez me faire croire que vous êtes une de ces légendes ? Mortes ? Qui pourrait vaincre ainsi des élues dont même Niue y réfléchirait à deux fois ? Il était sur le point de se lever et de congédier l'usurpatrice mais une petite voix lui sommait de reprendre son calme.

Elle se leva et abattit ses deux mains à plat sur la table.

- Cette lettre vous enjoint de me laisser repartir avec autant de prisonniers que je choisirai, je n'en attends pas plus.

Elle tourna les talons.

- Attendez, s'écria le sergent qui s'était levé à son tour, je veux savoir, avant d'accéder à votre demande, qui a tué vos soeurs.

Elle était presque sortie de la pièce quand elle se retourna.

- Les trois serviles sont de retour.

Le garde ne comprit pas mais, à voir son chef retomber telle une masse sur sa chaise, il n'était pas très rassuré. Sur ordre de ce dernier, il courut rattraper la jeune femme, un trousseau de clefs à la main.


Les cachots de Melrath Zorac, si ce n'était les rats, étaient encore assez bien tenus, signe du travail efficace des régentes Tapate et Shorion.

Il y faisait toutefois affreusement chaud et humide, une moiteur lourde fort différente du désert y sourdait et c'est la peau perlante, miroitante à la torche du garde, que Licindia y pénétra plus en avant.

Il y avait une douzaine de cachots de petite taille et un grand pour le ramassis de tous les jours. En passant près du grand, elle eut droit à toute la verve lubrique de ses logeurs, la plupart encore éméché par l'alcool.

Elle fit signe au garde qu'elle voulait entrer dans celui-ci. Il la regarda avec étonnement puis haussa les épaules, ordonna aux prisonniers de s'écarter des barreaux et, sous les sifflements, ouvrit précautionneusement la porte de la grande cellule.

- Je devrai fermer derrière vous, dit-il assez mal à l'aise.

- Je sais, lui répondit-elle tout en empoignant un tabouret devant la porte.

La porte se referma. Les regards lubriques se transformèrent en cris puis en mouvements pour finir en un râle... d'agonie puis le silence.

Tout c'était terminé si vite que le garde n'avait trop vu ce qui s'était passé mais en y projetant à nouveau sa torche, il put distinguer Licindia, une jeune elfe blottie contre elle que la garde se jurait de n'avoir jamais vu et, dans sa main droite, un dernier pied, vestige du feu tabouret.

Il rouvrit la porte étonné.

- Vous êtes vraiment Une des Douze.

- Pas Une... mais la dernière. Et ne vous inquiétez pas pour ces ivrognes, ils sont tous vivants, enfin, plus ou moins.

Ils allaient ressortir quand, d'une petite cellule, une voix amusée s'éleva.

- Et voilà, tu viens, tu démolis tout comme d'habitude et moi, tu me laisses croupir pour des crimes que je n'ai même pas commis.

Elle s'arrêta et demanda au garde d'éclairer la dite cellule. Un homme de grande taille, la joue balafrée, le regard enjôleur lui souriait malicieusement. Derrière lui, deux nains regardaient étonnés la discussion s'amorcer tandis qu'une silhouette vaguement féminine, se tenait dans la pénombre du fond.

- Ardébard, s'écria Licindia, forban, voleur, pilleur de tombes et racketteur de caravanes, que te voilà à une place qui te va à ravir, et, regardant bien la cellule, je vois que ta petite compagnie est au complet.

- Las, ma petite chérie, c'est une terrible méprise, et il se gratta sa barbe de six jours. Vois-tu, nous venions nous joindre aux forces du capitaine Garke pour éradiquer Rebom et nous sommes malencontreusement tombés sur les caravanes en fuite du fort. Nous avons voulu les aider à aller plus vite mais ils nous ont pris pour des voleurs et... tu imagines la suite.

Licindia jeta un regard au garde

- Ils s'étaient trompés de caravanes, c'était celle de la légion qu'ils ont voulu aider à aller plus vite en dérobant le trésor de guerre, répondit-il.

Ardébard se récria.

- Mensonges ! Mensonges ! Et puis, tu me connais bien, une fine lame comme moi et ma non moins fine équipe, je suis certain qu'on peut t'aider et...

- Il est là, coupa la jeune elfe en tremblant, toujours blottie dans les bras de Licindia.

Le garde se retourna pour chercher qui... quand des tentacules le saisir à la gorge, le soulevèrent , faisant voler son trousseau de clef dans la cellule voisine, avant de le projeter en un craquement sinistre contre le mur.

A la lueur mourante de la torche, une sorte de spectre, à la tête de poulpe, décharné, et aux longs membres terminés par des tentacules, en émergea.

La jeune elfe s'évanouit, Licindia voulut la retenir mais des tentacules en profitèrent pour la ceinturer à la taille, comprimant sa poitrine dont le cuir craqua à se rompre.

Les appendices remontèrent lentement, méthodiquement, suintants un musc putride vers sa gorge. Les bras et les jambes bloquées, comme engourdis, elle comprenait maintenant comment ses soeurs avaient pu périr.

La tête de poulpe se rapprocha alors, s'ouvrit pour son festin et se retrouva, avec le reste de son corps, projetés avec fracas contre le mur de pierre.

Licindia, libérée, s'affala sur le sol.

- Une mage ! s'écria Ardébard face à la silhouette en sa robe à capuche. Ca fait six jours qu'on moisit ici et t'es une mage ! Pourquoi t'as pas forcé la serrure ? Moi qui croyais avoir embauché une jolie donzelle pour tendre des embuscades, me retrouve avec une mage !

Le monstre revenait toutefois à la charge et, visiblement, "la mage" n'était pas en état de lancer un nouveau sort.

- Et mince, soupira Ardébard, qui plongea vers la dépouille du garde, se saisit de l'épée, fit un roulé-boulé de grande envergure, pour se retrouver sous le spectre et l'embrocher jusqu'à la garde.

Puis s'envoler de plusieurs mètres et retomber à côté de Licindia.

- Ca se tue comment? demanda-t-il en se relevant péniblement.

- Si je savais, lui répondit-elle, le souffle encore court.

Une boule de feu les frôla alors et embrasa le spectre.

- Elle est bonne ma mage, hein ?

- Je croyais que tu ne savais pas que c'était une mage ?

- Rabat-joie!

C'est en flammes cette fois que la créature les attaqua, ce qui n'était pas vraiment mieux.

- Toujours bonne ta mage ?

- Puisque-je te dis que je ne savais pas que c'était une mage ! répondit-il, en esquivant une nouvelle langue de feu.

Vade Retro Niue, in Glacum Vicit !

Hein ? s'écrièrent-ils tous, mage comprise car ce n'était pas elle qui avait prononcé ces mots mais la jeune elfe qui, à présent bien droite, soufflait comme de la glace de ses doigts, laquelle enveloppa le monstre, étouffa les flammes et l'emprisonna comme dans un cocon.

- Je veux ta mage ! Dis, on échange !

Ne goûtant pas la plaisanterie, Licindia alla voir la jeune elfe tandis qu'Ardébard morigéna "la mage" dont il n'était pas au courant des vrais talents.

Laissés à l'abandon, les deux nains, qui n'avaient rien compris à l'histoire s'approchèrent du bloc de glace, le touchèrent, le poussèrent et finalement en un "oups" le firent tomber en une multitude d'éclats qui se volatilisèrent.

Le guerrier en profita pour présenter Tommy et Timmy ou Timmy et Tommy, de toute façon, il arrivait jamais à les reconnaître.


Loin de là, Niue hurla, on osait lui renvoyer un de ses serviles ! Mort à ceux qui avaient osé !



***



Le lendemain matin, à la lueur du jour et après une bonne nuit à l'auberge du quartier des apothicaires, les présentations furent plus faciles.

La compagnie d'Ardébard fut libérée pour service rendu à la cause de l'Unique et décorée de l'Ordre du Phénix. Par ailleurs, ils touchèrent une belle récompense sous condition qu'ils accompagneraient Licindia dans sa quête. Ardébard avait répondu par un oui emphatique bien qu'il ne sache dans quelle quête il s'aventurait.

Tommy et Timmy étaient jumeaux, ce qui effectivement rendait impossible les distinctions. Eux-mêmes s'y perdant parfois à force d'être confondus. La "mage" était une belle et plantureuse jeune femme brune, aux yeux d'un vert d'émeraude captivant, qui répondait au nom d'Eryn et qu'Ardébard ne cessait de couver tout en étant mécontent de n'avoir pas su la vérité.

Par ailleurs, il apprit que "la mage" était d'une colérique jalousie et c'est en raison d'une des nombreuses infidélités de leur chef qu'elle avait décidé de laisser tout le monde croupir en prison. Mais maintenant, leur chef avait promis, plus fidèle que lui, ça n'existerait pas !

La jeune elfe restait un mystère, elle ne parlait pas et Licindia refusait de donner de plus amples informations si ce n'est sur leur destination de voyage, à savoir, la forteresse des Akhs.

Le voyage n'était pas difficile en soit mais les disputes entre Ardébard et Eryn, qui ponctuaient chaque lieu, avaient de quoi agacer, jusqu'au nains qui en venaient à chercher la compagnie de l'elfe énigmatique.

- Mais non Eryn, je n'en ai pas que pour ton physique, ton esprit aussi me plait et tes... enfin euh... Non, ne pense pas que... Tu vois bien Licindia, elle aussi, ses formes sont... Non, non, je ne voulais pas dire que je préférais Licindia... Non, mais revient... Eryn !

Et c'est en un de ces jours où Eryn était partie au loin bouder alors qu'ils traversaient les ruines de Til'Lunis que son cri perçant retentit, implorant.

Ardébard fut le premier sur les lieux, dans une vieille chaumière en torchis à moitié écroulée. Eryn se trouvait devant un homme en habits de nécromants pourpre, elle semblait vivante mais souffrir atrocement, une lame sombre enfoncée dans son flanc droit.

Le nécromant fit signe à Ardébard de ne pas bouger.

- Cette lame n'est pour l'instant qu'en partie réelle, si je bouge, elle le devient et la jolie donzelle meurt.

- Que veux-tu pourceau, répondit Ardébard.

A ce moment, Licindia et la jeune elfe arrivèrent, ce qui fit rire macabrement le nécromant.

- Ce que je veux pour que ton amie vive, hum, laisse-moi réfléchir, ah, voilà, j'ai trouvé, la tête de Licindia et de la sorcière de glace ! Et il pointa son doigt en direction de la jeune elfe.

Ardébard regarda tour à tour Eryn et Licindia, ses doigts crispés sur le pommeau de son épée.

Pendant ce temps, un petit monticule de sable se déplaçait derrière le nécromant, jusqu'à s'en rapprocher de quelques pas. Puis une hache à double tranchant y émergea, coupant net le bras qui tenait la lame sombre au moment même où un nain sortit du sable et se saisit du moignon pour ne pas qu'il bouge.

- Qu'est-ce... éructa le nécromant, reculant, surpris, se tenant incrédule la moitié de bras qui lui restait.

- Moi, c'est Timmy, répondit le nain à la hache qui sortait du sable, et moi c'est Tommy, répondit l'autre qui tenait le morceau de bras.

- Vous allez me le payer ! De sa main valide, il fit repousser la partie manquante de son bras... qui disparut alors des mains du nain, de même que la lame, libérant Eryn. Puis peu à peu, le sable se fendit et des corps squelettiques en sortirent.

- Pour Eryn ! s'écria alors Ardébart et il plongea dans la foule de guerriers squelettes, se servant plus de ses pieds et de ses poings pour fracasser que de sa lame qui risquait de ne trouver que du vide.

Il fit un tel carnage que sa dernière feinte fut celle de la lame et qu'elle trouva le coeur du nécromant. Lequel, à l'étonnement général saisit la lame et la ressortit comme si le colosse guerrier n'avait aucune force.

Il rit alors d'une façon effroyable pour ensuite crier de douleur d'une façon tout aussi effroyable, la jeune elfe venant de passer derrière lui et de ses deux mains plaquées sur chaque côté de sa tête, l'inondait d'une brûlure de glace...

Il s'évapora.


Au loin Niue enragea de plus belle !


De ce jour, Eryn et Ardebard ne se disputèrent plus et devinrent même plus exaspérant tant leurs attentions innombrables, de gestes tendres, de baisers furtifs, ne trouvaient jamais de fin.



***



Quelques semaines plus tard, enfin, ils arrivèrent à la forteresse d'Akhs, place vide où ne subsistaient que des os rongés, brûlés comme par de l'acide.

Craignant pour la sécurité d'Eryn, Ardébard voulut savoir quelle sombre malédiction était à l'oeuvre en ces lieux funestes. Il n'eut toutefois pas à attendre de réponse puisque Tommy ou alors c'était Timmy, lui tira la manche afin de lui montrer un point dans le ciel qui ne cessait de grossir, de devenir vert, pas content et pas beau... en somme, un vilain dragon vert maléfique !

- Tous aux abris, cria-t-il. Ils reculèrent tous sur le pont levis et essayèrent de franchir la herse au moment où le dragon vert se posa. Tout en essayant d'intimider le dragon, ils reculèrent peu à peu vers la haute-court.

Ne pouvant y glisser son corps et ayant suffisamment flairer ses proies, le dragon vert reprit son envol, près pour l'assaut.

Ils eurent tout juste le temps de plonger derrière un crénelage que le souffle acide les frôla de peu.

Tous sauf la jeune elfe qui, visiblement souffrante, pliée en deux courait dans la haute court, et se réfugia de justesse dans le donjon.

Le dragon refit alors un passage et réduisit de moitié la belle épée d'Ardébard. Il fit de même avec l'armure des nains qu'ils durent se presser de quitter.

Encore quelques passages et leur abri de fortune aura lui aussi fondu. Les sorts de protection d'Eryn leur évitait le plus souvent d'être brulés mais elle aussi faiblissait, l'échine humide de sueur, elle ne tiendrait plus très longtemps.

Licindia sortit alors de leur abri pour attirer le dragon. Lequel fondit aussitôt sur elle. Elle sauta sur une saillie et en un deuxième saut se retourna et lança deux dagues vers les yeux du dragon qui finit par la percuter, l'envoyant valser à plusieurs dizaines de pas.

Un oeil en sang, le dragon, au sol désormais, avançait vers sa proie, immobile, étendue dans les décombres.

La compagnie d'Ardébard était trop loin pour l'aider, il ne leur restait plus qu'à prier pour qu'elle soit déjà morte.

C'est alors que le donjon explosa et que, à la place de la jeune elfe, se tenait une splendide dragonne des glaces.

Le dragon vert ouvrit grand son oeil valide et sans demander son reste, s'envola à grands coups d'ailes mais il était à moitié aveugle et ne vit pas le surplomb où se trouvait son ennemi. Gelé en haute altitude, il tomba à pic et se volatilisa, scellant ainsi l'existence du troisième et dernier servile de Niue.


Les jours qui suivirent, Niue ne fut pas de très bonne compagnie, si tant est qu'il puisse l'être.




Epilogue:



Personne ne revit jamais la dragonne des glaces et même Licindia ne se souvenait pourquoi elle était allée chercher de l'aide à Melrath Zorac, cela lui fut comme imposé par une Unique pensée.

Eryn et Ardébard se marièrent et eurent beaucoup d'enfants (que des filles) qui comptèrent parmi les plus prometteuses fines lames et enchanteresses des Terres des Eléments.

Quand à Tommy et Timmy ils rencontrèrent deux naines adorables et jumelles du nom de Martha et Emma. Tommy se maria avec Martha et Timmy avec Emma, ou alors, ce fut l'inverse, quoi qu'il en soit, même eux n'arrivaient pas à reconnaitre leur épouse... (à cause de la barbe diront certains)

 

 

2 - Salaha Luvia

 

En des temps lointains, le roi-sorcier Dalijar faisait régner la terreur sur les terres du Nord. Son royaume recouvrait toute la région de Düacck, s'étendant de la mer Northee aux Montagnes Furieuses, et de la baie du prince Dlaz à l'océan de l'Espoir. Au début de son règne, il avait concentré sa haine sur les gobelins, soumettant les unes après les autres les tribus de Ké, Fé et Mé. Il avait ainsi constitué une armée faite non seulement d'hommes mais aussi de gobelins, d'orcs, et même de trolls. Une armée assez puissante pour conquérir les royaumes elfes. Là était son but.

Sa première cible fut le Royaume de Lesmü au sud-est de ses terres. Sage souverain, Threldor vit venir la menace. Il leva lui aussi une armée, moins nombreuse mais plus expérimentée. Sur les rives de l'Osgath, fleuve frontalier, le sort des deux royaumes se joua. Par une nuit sans lune, hommes, orcs, gobelins, trolls et elfes sylvains se livrèrent un combat sans pitié. Les eaux du fleuve se chargèrent de sang et de corps morts. Les charognards emplirent le cieux de leurs ailes noires quand les soleils portèrent leur lumière sur le sinistre spectacle. Au creux du fleuve rougeoyant se tenaient deux silhouettes. Seuls, debout au milieu des cadavres, Threldor et Dalijar se faisaient face. Dans les yeux du roi-sorcier brillait la joie de la victoire, le plaisir meurtrier, alors que le regard du seigneur elfe se teintait de vide. Threldor, brave parmi les braves, s'affaissa, mourant mais pas vaincu. En son dernier souffle, il murmura :

« - Tes pas s'arrêtent ici. Par ma mort, je scelle pour toi la porte de mon royaume. »

Son corps fut emporté par les flots, bercé par le rire machiavélique de son bourreau. Alors s'éleva un cri. Sur la rive se tenait Cylidia, princesse parmi les Elfes, ange parmi les vivants. Sa beauté séculaire fascina le sorcier qui souhaita en l'instant s'en emparer. Mais il ne put faire un pas.

« - En ce Royaume, vous n'êtes pas le bienvenu, engeance de Niue. Mon père vous en a fermé la porte et par ma voix vous serez doublement maudit.
- Je ne crains pas les paroles d'une femme, toute elfe qu'elle soit. Approche donc et je te montrerai ce que malédiction veut dire. »

Sous son air narquois, le sorcier fulminait déjà. Quel que soit le sort du vieillard, il le briserait. Ce royaume serait sien, il se l'était juré. Sous son regard de braise, l'enchanteresse ne trembla pas. Quand sa voix céleste s'éleva à nouveau, elle emplit l'air d'une force divine.

« - De votre sang, naitront trois filles. La première, naïve, tombera sous les charmes d'un prince de l'ouest et lui cédera votre Royaume. La seconde, cupide, attirera sur vous la colère d'un dragon. La troisième, valeureuse, vous prendra la vie. »
 
A peine la prophétie prononcée, Dalijar déversa un feu de rage sur l'enchanteresse. Le brasier ardant aurait fait fondre les neiges éternelles des Kalahs. Mais là où se tenait l'elfe quelques secondes plus tôt se trouvait maintenant Dracenth, puissant dragon de l'eau. De son souffle glacé il réduisit en cendres le feu du sorcier, et sur ses ailes bleutées emporta la princesse vers les cieux

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Le seigneur Dalijar eut de nombreuses filles. Il fit tuer les deux premières le jour de leurs naissances sous le regard suppliant de la Reine. Il réserva le même sort à la troisième, née d'une de ses courtisanes.
Toutefois, la quatrième lui échappa. Tourmenté par le sortilège du défunt Threldor, le roi ne s'aperçut pas du lourd secret que portait son épouse. La Reine mit au monde Nelia, dans les caves du château, à l'abri des regards. Elle confia l'enfant à une servante qui l'emporta vers les terres de l'ouest. L'enfant était déjà loin quand Dalijar apprit sa naissance. Il fit tuer son épouse et ses suivantes pour cette trahison. Le même sort fut alors réservé à toute courtisane qui aurait le malheur de lui donner une fille.


Cela ne suffit point, le destin était en marche. Diawen fut la huitième fille née du sang du roi. Sa mère, courtisane, prit la fuite dès qu'elle eut conscience de son état. Le sorcier lâcha à ses trousses ses plus fidèles cavaliers. Ils la poursuivirent jusqu'au pied des Montagnes Furieuse. Là, se trouvait un passage vers la demeure de Dorcanth, le légendaire dragon de l'air. Là, les gardes firent demi-tour. Dalijar, fou de rage, leur fit trancher la tête pour cet affront. Mais l'enfant lui avait échappé. Après ce deuxième échec, le roi renonça à toute descendance pour préserver sa vie. Loin de se priver des plaisirs de la chair, il fit exécuter chaque femme qui avait le malheur de partager son lit, ne serait-ce qu'une nuit.


La malédiction le rattrapa pourtant. Le roi avait de nombreux vices, l'un était particulièrement étrange. La nuit, il se plaisait à parcourir les bois sous l'apparence d'un loup. Il arpentait ainsi son royaume sous sa forme bestiale, courant, chassant, se mêlant à ses semblables. Une nuit, il poussa son travers un peu plus loin que de raison. De cette union contre-nature naquit Nyra. Loin d'être hybride, l'enfant était parfaitement humaine. Cylidia, l'enchanteresse y veilla et loin du tyran emporta celle qui causerait sa fin.

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Les années passèrent. Dalijar vieillit, mais le doute ne quitta pas ses nuits. Où étaient ses deux filles qui lui raviraient royaume et trésor ? Était-elle née, celle qui devait le tuer ? La haine hantait son cœur, la peur gagnait ses entrailles. Il n'avait jamais pu briser le sort du vieux roi. Les terres des elfes lui restaient inaccessibles...

 


Bien loin de là, dans une grotte des Montagnes Furieuses, Dorcanth dormait paisiblement sur ses joyaux. Tous les dragons sont attachés à leur trésor. Le sien était fait de topazes, comme le veut la légende. Toutefois, il comptait aussi un diamant. Une pierre grosse comme le poing qu'il avait pris à Dracenth, un millénaire plus tôt. Elle était le symbole de sa victoire sur son cousin de l'eau. Il y tenait comme à la prunelle de ses yeux.
Le dragon avait deux femmes à son service. L'une était apparue un soir à l'entrée de sa grotte. La seconde était sortie des entrailles de la première quelques périodes plus tard. Il acceptait leur présence en son domaine. Elles savaient se montrer utiles. De petites mains habiles pour lui nettoyer les écailles... il aurait dû y penser plus tôt. Seulement, il n'avait pas confiance en la plus jeune. Elle avait tendance à le regarder avec convoitise. S'il avait été un homme, il aurait sans doute gardé un œil sur elle. Mais il était dragon. Qui irait voler une créature de dix mètres de long au souffle brûlant ?


Diawen était assez cupide, et peut-être un peu stupide, pour tenter l'exploit. Vivre dans l'antre d'un dragon était loin en dessous de ses projets d'avenir. Elle rêvait de richesse et de gloire. En outre, elle savait comment arriver à ses fins. Une pierre, une seule, ce gros balourd n'y verrait rien ! Dans le noir, elle se saisit de la première qu'elle trouva. Elle referma ses doigts avides sur la pierre lisse. Son butin au creux de la main, elle s'élança dans le dédale rocheux. D'ici que le paresseux se réveille, elle serait déjà loin.



Le jour se levait sur la porte sud de Fang Dolm. Les caravanes marchandes s'alignaient en file sur le pont qui menait à la ville. Par endroit, on apercevait aussi des paysans, prêtres ou autres voyageurs venus régler une quelconque affaire dans la cité. Parmi eux était une jeune fille. Sa figure noircie, ses cheveux emmêlés et les haillons qu'elle portait la classaient au rang de mendiante. Pourtant, en son regard noisette brillait l'assurance des puissants. Elle gardait une main dissimulée sous un gilet de laine, s'attirant la méfiance des marchands. Dans la file, on entendait murmurer « voleuse », « vagabonde », et d'autres sobriquets moins gracieux. Comme les convois avançaient, les regards convergeaient de plus en plus vers l'étrange inconnue, pour son plus grand plaisir. Elle approchait des portes, réfléchissant au moyen de tirer le plus de richesses de sa précieuse pierre. Peut-être aurait-elle dû en prendre deux ?


GrrraAAAahhaaaARRrrraaaAAahhhhaa


Le grognement emplit l'atmosphère, faisant trembler les murs de la cité. Tous les regards se portèrent vers le ciel, en un réflexe vital. A des lieux au sud, l'ombre fendait le ciel, majestueuse, mortelle.


« - Dragon !!! »


La foule s'ébranla. Les marchands abandonnèrent chariots et marchandises, fuyant pour leur vie. Tous se précipitèrent vers la cité, renversant les gardes dépassés par les événements. Les cors sonnèrent, résonant à travers les murailles. Hommes et femmes couraient en tous sens. La panique s'était emparée de Fang Dolm. Le fléau céleste s'abattit sur la cité, comme les portes se fermaient. En un piquet meurtrier, le dragon fracassa le pont, précipitant dans le vide ceux qui s'y trouvaient encore. De son souffle brûlant, il réduisit en cendres portes, gardes et tout ce qui lui barraient la route. Il parcourut la cité, volant, sautant, crachant, ravageant tout sur son passage. Quand il toucha au but, la ville n'était plus que braisier et cendres. Devant lui se tenait enfin la coupable et de son souffle il fit connaître son châtiment.

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Fang Dolm devint la nouvelle demeure du dragon, réduisant en partie le royaume de Dalijar. La malédiction avait rattrapé le roi-sorcier. De son palais, à Ouz, il ne pouvait que contemplait le désastre. La peur grandissait en lui chaque jour. Il se méfiait des femmes qui croisaient sa route. Servantes, cuisinières, maîtresses... il voyait en chacune d'elle un assassin potentiel. L'ignorance le rongeait. Il devait savoir d'où viendrait la menace, pour mieux la contrer. En la magie il trouva la solution. Nécromancien averti, il créa trois spectres qu'il envoya à la recherche de sa descendance.


Le premier prit la route de Fang-Dolm, et n'en revint pas. Le second s'aventura vers les terres de l'ouest, et le roi-sorcier finit par perdre sa trace. Le troisième s'arrêta dans les bois au pied des Montagnes Furieuses.


Nyra avait grandi à l'est du Grand Lac, parmi les bucherons de la forêt de Kha. Ses parents adoptifs lui avaient conté comment ils l'avaient trouvée un beau matin sur le pas de leur porte. Elle n'était alors qu'un bébé, sans doute née le jour même. La nuit l'avait déposée là, emmaillotée dans une couverture tressée de feuilles et de branchages. Ils l'avaient acceptée comme un cadeau de Fimine et élevée comme leur propre fille. L'enfant qu'ils n'avaient jamais eu. Le temps avait passé, la petite fille était devenue une femme. Grande et habile, elle maniait la hache aussi bien qu'un homme. Téméraire, elle ne craignait ni l'orage ni les fauves qui rôdaient la nuit. Elle était devenue une vraie forestière. En tous points, elle faisait la fierté de sa famille d'accueil.


Ce matin-là, Nyra accompagnait son père à la chasse. Carquois sur l'épaule, arc en mains, ils se faufilaient entre les branchages. Un bruit dans les buissons à quelques pas devant eux attira leur attention. En un mécanisme bien réglé, ils encochèrent chacun une flèche. Puis, lentement, faisant le moins de bruit possible, Nyra contourna leur proie pour la prendre à revers. Elle n'avait pas fait six pas que la chose surgit, lui sautant au visage. L'horrible monstre tendait vers elle ses doigts griffus. Il était fait de bandelettes noircies et une aura démoniaque émanait de lui. Une odeur putride s'échappait de sa gueule béante. Cette créature ne pouvait venir que d'outre-monde...

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Krinn lâcha son arc pour se précipiter au secours de sa fille. De son couteau, il lacéra le monstre sans parvenir à le faire lâcher sa proie. Le métal n'avait pas le moindre effet sur le spectre. Il le traversait sans infliger la moindre blessure. Désespéré, l'homme se saisit de son adversaire. Le contact morbide lui brûla les mains, mais il tint bon. Il attira vers lui son ennemi, l'obligeant à lâcher prise. Ils tombèrent au sol, roulèrent sur plusieurs mètres. La chose luttait avec férocité. Krinn fatiguait. Il fallait trouver un moyen de la renvoyer outre-tombe. Le fer n'avait pas d'effet, le bois peut-être ? Dans la lutte acharnée, le bûcheron se saisit d'un bâton. Il en asséna plusieurs coups à la créature. Elle gémit de douleur. Alors il poursuivit, et parvint finalement à l'empaler.


Nyra respirait enfin. La mort s'était éloignée, elle pouvait ouvrir les yeux. Mais quand son regard se porta plus loin, elle crut mourir de chagrin. Son père gisait au sol, le corps couvert de plaies béantes.


« - Non, non...
- Nyra... approche...
- Je vais aller chercher de l'aide... il...
- Trop tard. »


Elle s'accroupit à côté de lui, posa sur sa poitrine une main tremblante. Son cœur battait si faiblement...


« - Quand nous t'avons recueillie...
- Papa, garde tes forces.
- ... une elfe est venue nous voir. Elle nous a prévenu... un danger... te menacerait... tôt ou tard. Un homme te veut... du mal.
- Qui ? Pourquoi ? Oh, papa... je t'en prie, ne me laisse pas.
- Dalijar...
- Le roi !?
...
- Papa ? Papa !? Noooonn ! »


Krinn mourut dans les bras de cet enfant à qui il avait fait don de sa vie. Pleurant sur le corps de son père, Nyra se jura de le venger.


Une semaine s'était écoulée depuis la mort de son époux. Sur le pas de sa chaumière, Elinda regardait maintenant s'éloigner sa fille. Elle n'avait su la persuader de renoncer à son projet. Son enfant allait au-delà du danger, et elle était incapable de la retenir. Elle ne pouvait que prier pour son salut. Nyra ne se retourna pas. Juchée sur le fier alezan de son père, elle s'engagea sur la route d'Ouz. La capitale était à quatre jours à cheval. Cela lui laisserait le temps d'élaborer un plan. Elle avait emmené avec elle plusieurs fourrures que son père comptait vendre en ville. Les gardes la laisseraient passer. Il était courant que les trappeurs viennent commercer sur la place du marché. Entrer dans le palais serait sans doute plus difficile. Elle pouvait toujours essayer de se faire engager comme servante. Avec un peu de chance, une place serait disponible. Alors elle trouverait bien une occasion d'approcher le souverain.


Le voyage fut sans encombre. Quatre jours après son départ, elle était aux portes de la ville. Les hautes murailles se dressaient dans la plaine gelée. Ouz, la cité des glaces était à la hauteur de sa légende. Nyra s'avança vers les portes. En ce milieu de matinée, elles étaient ouvertes mais bien gardées. Deux gobelins en armure dévisageaient les voyageurs. Derrière eux, trois trolls se tenaient prêts à repousser les indésirables. Une jeune femme seule n'avait rien de menaçant. L'un des gardes l'interpela pourtant.


« - Hep toi, qu'est-ssse tu viens faire ici !
- Rien de spécial. Je viens vendre des peaux.
- Vendre ! Ah ah. Oui, ssseront intéressés par ta marchandise au château.
- Vraiment ? Voilà qui est intéressant. Pourrais-tu m'indiquer le chemin ?
- On va t'y conduire. Viens par là ma jolie. »


Le gobelin l'attrapa par le bras et la poussa dans les pattes d'un des trolls. Nyra se débattit en vain, la prise était d'acier. La force n'était pas une option face à un troll. Elle ne gagnerait pas sa liberté ainsi. Elle lança au garde un regard suppliant, c'était peine perdue.


« - Hé ! Qu'est-ce qui vous prend !? Ce n'est pas une façon de traiter une dame.
- J'en connais pas d'autres, ma p'tite. Emmène-là au sssérail, face de groumph ! »


Le troll jeta sa prisonnière sur l'épaule, comme un vieux sac de pommes de terre. Il la conduisit à travers des ruelles plus ou moins fréquentables. Badauds et marchants s'écartaient sur son passage, sans lui accorder plus d'attention que nécessaire. Le spectacle semblait habituel pour les habitants d'Ouz. Combien de femmes avaient ainsi parcouru la ville sur l'épaule d'un troll ? Ils s'arrêtèrent finalement devant une grande porte de bois. Le troll y tapa trois coups de sa lourde patte velue. Une trappe s'ouvrit sur un œil jauni.


« - Chair fraiche. », grommela le troll.


La trappe se referma, le battant pivota sur ses gongs. Une grille d'acier se trouvait derrière. Un gobelin rachitique les dévisagea un temps. Puis, d'un signe de la main, il fit lever la herse.


« - Pose-la là »


Le troll lâcha sa captive à même le sol. Le temps qu'elle se remette du choc, la grille se refermait sur son transporteur. Elle était prise au piège. Autour d'elle se tenaient des femmes débraillées et des hommes armés. Le gobelin rachitique semblait être le chef. Il s'avança et la dévisagea d'un œil expert.


« - Le maître va aimer. Sargah, prépare-là pour ce soir ! »


Une femme un peu plus âgée s'approcha de Nyra.


« - Viens, suis-moi. »

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Nyra observa la femme qui la conduisait à travers un labyrinthe de couloirs. Elle devait avoir quarante ans, peut-être moins. Sa peau était déjà ridée. Une mèche blanche marquait sa chevelure noire. Une profonde tristesse se lisait sur son visage.


« - Où m'emmenez-vous ?
- Dans les anciens appartements de la reine.
- Elle n'y vit plus ? »


La femme s'arrêta. Son regard était plein d'incompréhension, mais aussi d'une grande pitié.


« - Elle n'est plus de ce monde. D'où viens-tu pour l'ignorer ?
- De la forêt de Kha. Pourquoi me conduire dans les appartements de la reine, s'il n'y a plus de reine ?
- Le roi en fait un autre usage. Tu l'y attendras. Viens. »


Elle reprit sa marche. Nyra la suivit, inconsciente du danger. Avait-elle seulement le choix ? A chaque croisement se tenaient des gardes armés. Les portes se succédaient, les escaliers aussi. Elle tenta de repérer son chemin mais fut très vite perdue. Elles s'arrêtèrent finalement devant une porte non gardée. Sargah la fit entrer dans une pièce circulaire. Un lit trônait en son centre pour seul mobilier. Un simple sommier pourvu d'un matelas, rien de plus. Une seconde porte se trouvait vers la droite. Sa guide s'y dirigea d'un pas lent, puis lui fit signe de suivre. Elles pénétrèrent dans une pièce plus réduite, alors que la première porte se refermait. Il se trouvait là une baignoire, et, tout autour, étaient pendus de nombreux vêtements.


« - Enlève ta tenue. Je vais chercher l'eau chaude. »


Nyra regarda la femme s'éloigner, puis l'entendit verrouiller la porte. C'était sans issue. Elle tenta de reprendre ses esprits, cherchant un moyen de se sortir de ce guêpier. Le soir même elle devait rencontrer le roi. Il lui fallait au moins trouver une arme. Autour d'elle ce n'étaient que tissus et dentelles. Peut-être pourrait-elle l'étouffer ? Non, il fallait trouver autre chose. Une méthode plus expéditive ! La servante revint, un seau dans chaque main.


« - Et bien ? Qu'attends-tu ?
- C'est que... je n'ai pas l'habitude qu'on assiste à mon bain.
- Déshabille-toi et saute là-dedans. J'en ai vu d'autres... si ça peut te rassurer.
- Je peux me débrouiller seule.
- Écoute, c'est moi ou les gardes. Alors décide-toi ! »


Préférant ne pas vérifier la véracité de la menace, Nyra obtempéra. La femme vida les seaux dans la baignoire puis reporta son attention vers les vêtements.


« - Savonne-toi bien. »


Elle parcourut des yeux les nombreuses tenues avant de porter son choix sur une robe légère. Faite de voilages blancs et rouges, elle ne devait pas couvrir grand-chose. Elle la posa toutefois sur une chaise près de la baignoire. Puis, elle se saisit d'un large drap.


« - Bien, voilà pour te sécher et te vêtir.
- Vous n'aurez rien de plus habillé ?
- Dépêche-toi ! »


Plus ou moins habillée, Nyra fut conduite vers le lit. Sa geôlière la laissa là, sans un mot. Ignorant combien de temps il lui restait, elle se leva dès que le bruit de pas se fut éloigné dans le couloir. Elle essaya d'abord la porte d'entrée. Fermée, sans serrure, elle devait être barrée de l'extérieur. Elle se retourna vers celle de la salle de bain. Elle aussi fermée, à clef sans doute. La serrure semblait ancienne. Elle poussa sur la porte, donna des coups d'épaule, rien n'y fit. Elle chercha dans la pièce un quelconque outil. Elle était désespérément vide. Pas de fenêtre, pas de mobilier, pas le moindre petit objet.


Des pas résonnèrent dans le couloir. Quelle sotte, elle était venue chasser le roi, elle se retrouvait piégée, à sa merci. Les pas s'approchaient, d'une démarche sûr. Nyra recula, jusqu'à toucher le mur. Adossée contre la pierre froide, elle écoutait son destin venir à elle. Les pas cessèrent, la porte s'ouvrit. Dans l'encadrement se tenait un homme. Grand, cheveux couleur de jais, le menton proéminant, le regard dur... Il semblait d'un âge avancé, pourtant nulle ride ne barrait son visage. Tout de rouge vêtu, il la dévisageait depuis l'entrée. Un sourire cruel se dessina sur ses lèvres.


« - Ce soir tu es à moi, demain tu ne seras plus. »


Nyra aurait voulu crier. Sa gorge se noua. Elle aurait voulu fuir. Ses muscles demeurèrent figés. Son bourreau entra. Derrière lui la porte claqua, comme par magie. Il s'avança vers elle, se délectant de la peur qui habitait son regard. Elle pesa chaque instant comme s'il était le dernier. Elle ne pouvait plus bouger. Elle ne savait plus penser. Elle restait là, immobile. Il éclata d'un rire roque. Quelques pas seulement les séparaient encore. Elle réagit enfin. Elle s'élança vers la porte. S'y cogna. Fermée... désespérément fermée.


« - Viens à moi. »


Ce n'était pas une requête, mais un ordre. Et son corps obéit sans que Nyra ne puisse le retenir. Elle se vit marcher vers lui alors qu'elle souhaitait fuir. Il la manipulait tel un pantin. Etait-ce là son pouvoir ? Il se saisit d'elle, fixa son regard dans le sien. Un moment le doute le retint. Les bras ballants, Nyra sentit ses forces lui revenir. Un instant, une seconde suffit. Sa main se referma sur un poignard. Sans réfléchir, elle le planta dans la poitrine de son bourreau. L'hésitation fit place à la surprise dans le regard du roi, puis à la peur. La mort se saisit de lui, et ses yeux tombèrent sur elle. Là derrière cette femme inconnue, se tenait l'enchanteresse. Elle lui sourit, puis murmura :


« - La troisième, valeureuse, vous prendra la vie. »


Le roi-sorcier s'affala, le regard vide. Nyra recula, le poignard ensanglanté dans sa main. Dans le couloir, des pas résonnaient. Le roi avait-il crié ? La porte s'ouvrit seule. Sargah se tenait là. Elle vit le corps, elle vit l'arme. De l'enchanteresse, il n'y avait plus trace. Elle tendit la main vers l'assassin.


« - Suis moi. Vite, avant que les gardes n'arrivent ! »


Par un passage dans les souterrains, elle la conduisit hors de la ville. Dehors la nouvelle retentissait déjà. Le roi était mort sans héritier. Les nobles se disputaient la couronne. Orcs et gobelins mettaient la cité à sac. Des émeutes éclataient à chaque coin de rue. Le chaos gagnait la ville, les anciennes querelles renaissaient. Pourtant, au loin, un cor retentit en un cri d'espoir. Sur la glace s'avançait Hildur et son armée. Le prince cadet de Melrath Zorac venait quérir vengeance pour sa tendre épouse. Il n'était pas contre récupérer un lopin de terre au passage, un petit royaume... ou un grand.

Hildur et Nelia firent rebâtir Ouz et régnèrent longtemps sur sa province. Dorcanth demeura de long siècle dans les ruines de Fang Dolm, faisant régner la terreur sur la région. Nyra retrouva son paisible village. Elle ne raconta jamais ce qui c'était passé dans la chambre du roi, guère sûre de détenir elle-même la vérité.

 

3 - Sheelah

 

L'hiver s'en était allé. L'herbe reverdissait, des bourgeons apparaissaient sur les branches des arbres. Les perces neiges, depuis longtemps fanés, avaient laissé la place aux crocus et autres jonquilles. Parfois cependant, l'hiver semblait répugner à laisser totalement sa place et des vents froids descendaient des cimes, apportant avec eux quelques neiges, voire même parfois des pluies de grêle. 
Ces souvenirs d'un hiver plus froid que de coutume n'était pas pour plaire à Drauh.
 
Drauh était un dragon de terre un peu particulier. Un croisement étrange entre un puissant dragon aux belles écailles telles des émeraudes, et un vulgaire caméléon. Il avait ainsi la belle taille de ses ancêtres dragons, leur puissance et cette étrange faculté à cracher du feu. Son ascendance caméléon ne se révéla que tardivement. Il n'avait pas leurs yeux, ni leur langue, si caractéristique de cette race. 
Non, il avait bien mieux. Enfin, c'est selon. Mais la faculté héritée de la branche caméléonique lui plaisait bien. En effet, ses écailles pouvaient changer de couleur. Plus jeune, il s'en était servi pour aller espionner les dragons de feu, mais à présent, les autres savaient, alors ils se méfiaient. 
 
Et puis...
Les autres ne le considéraient pas comme un vrai dragon. Tout ça parce qu'il avait du sang de caméléon dans les veines ! Ce n'était tout de même pas sa faute. Il n'avait pas choisi. 
 
Ce souvenir fit rougeoyer ses écailles de colère. Et une main apaisante vint lui toucher les naseaux. 
 
-Ce ne sont que quelques courants d'air frais. Bientôt ils tiédiront, ne t'en fais pas Drauh.
 
Le dragon ferma les yeux, savourant la douce caresse de la voix, et de la main sur lui. Ses écailles reprirent une teinte bleutée. Il aurait préféré les avoir verte, comme celles de ses parents, mais elle préférait le bleu. 
 
Elle, c'était une jeune elfe, toujours vêtue de bleu, aux longs cheveux argentés et aux yeux océans. Normalement, il aurait du la tuer, mais les évènements avaient fait qu'il n'en avait pas eu l'occasion, puis l'envie. 
Elle l'avait trouvé, caché par une congère aux Cimes, en bien mauvais état. Ses pattes arrières lui étaient douloureuses, souvenirs d'anciennes blessures. Et le froid n'arrangeait pas ses affaires.
Il n'avait jamais vraiment aimé l'hiver. La neige. Les tempêtes et le vent si froid. Non, vraiment, il n'aimait pas ça. 
 
Sans elle, il serait sans doute mort en fait. C'était ce qu'il espérait, à ce moment là. Mourir, loin des siens, qui de toute façon le rejetaient. Tout ça pour quelques écailles qui changeaient de couleur...
Il devait être là-bas depuis plusieurs heures déjà. Son corps engourdit ne lui permettait plus de bouger que la tête. Ses yeux papillonnaient, et il allait les fermer pour toujours, se disant qu'il ne servait de toute façon à rien de regarder tout ce blanc partout, lorsqu'une silhouette apparut dans son champs de vision.
Au début, il avait cru divaguer. Mais elle s'était approchée, encore et encore, et il avait su qu'il avait à faire à une elfe. Il avait voulu se lever, la griffer, la mordre, la brûler. Toutes ces choses que font ceux de sa race. Mais l'enveloppe mortelle de la neige avait si bien fait son œuvre que bouger lui était devenu impossible. Même sa tête ne voulait plus se soulever. 
Quelle ironie tout de même ! 
Lui, le grand dragon, à la merci d'une toute petite elfe !
 
Elle était restée un moment à le regarder, mais nulle pitié dans ses grands yeux bleus. Elle avait ensuite fait une chose qui l'avait marqué, lui le grand dragon sanguinaire : elle l'avait aidé. 
 
Il aurait pu profiter, une fois en forme, de sa petite taille, de son incomparable faiblesse par rapport à lui, pour la tuer, mais il n'avait pas pu. Ces heures passées avec elle dans le froid, à lutter pour survivre, avait changé quelque chose en lui. 
Si les autres dragons avaient appris ça, avaient su qu'il était devenu un espèce de dragon domestique, c'en aurait été fini de lui.
 
Mais il n'en avait cure. 
Il avait son elfe, son amie, sa compagne. Naí«le. Douce revanche sur la vie.
 
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Mais, sur ces terres, la vie ne pouvait pas être parfaite à tout jamais. Plus bas dans les terres, un mage aux sombres pouvoirs préparait de funestes affaires. De tous temps, les hommes ont toujours cherché à améliorer leurs pouvoirs pour des raisons telle la domination des autres. Celui-ci ne faisait évidemment pas exception à la règle. 
Son apparence et son charisme lui valait déjà l'admiration d'un grand nombre. Mais ça n'était pas suffisant. Loin de là !
 
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Il voulait plus, toujours plus. Quitte à sacrifier certains de ses fidèles. Si ceux-ci ne pouvaient pas être utilisés comme sacrifice, à quoi allaient-ils donc pouvoir servir ? Mais leurs pouvoirs lui semblaient dérisoires. Plus il en engrangeait et plus il en voulait d'autre.
Encore. Et encore.
Et encore...
Beaucoup se demandaient s'il s'arrêterait un jour. 
 
Il fallait se rendre à l'évidence, la seule chose qui le ferait arrêter serait la mort.
Il cherchait donc du pouvoir et, en farfouillant dans la bibliothèque de sa ville, il tomba sur d'anciens textes parlant des dragons. Un de ces textes disait notamment que celui qui arriverait à tuer un dragon posséderait alors son pouvoir. Et un dragon devait en avoir, du pouvoir, dans sa grand carcasse. Un fin sourire étira lentement ses lèvres, le genre de sourire, un brin sadique, annonciateur de mauvaises idées.
 
Mais il n'allait sûrement pas capturer un dragon lui-même. Avec le pouvoir ne vient pas forcément la hardiesse et le courage. Il alla donc dans un recoin de la ville, un quartier sombre. Il passa devant une auberge, où se battaient quelques ivrognes. Une grimace dégoûtée marqua son visage, d'autant plus lorsqu'il aperçut l'état de la rue qui s'enfonçait plus loin encore. Il hésita à poursuivre plus avant, se disant qu'il aurait mieux fait d'envoyer quelqu'un porter son message, au lieu de le livrer lui-même. 
On n'est jamais mieux servi que par soi-même était un concept intéressant, mais lorsque la boue tâcha le bas de sa cape, il faillit changer d'adage. Un petit « les pauvres peuvent se crotter pour nos besoins » lui plaisait bien mieux. Les pauvres. Les faibles. Les femmes. Ce genre de créatures. 
 
Quelle ne fut pas sa surprise alors, lorsque, arrivé chez les Assassins, une femme s'approcha de lui avec un air d'être le chef de tout ce petit monde.
 
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Cela le fit particulièrement hésiter. Pouvait-il faire confiance à une femme ? Et puis quelle idée de se vêtir de la sorte ! Mais il ne pouvait se permettre de lancer quelques réflexions de son cru. Il avait besoin d'elle. Et puis, au fond, peut-être était-ce une bonne chose que le chef soit une femme. Tout le monde savait qu'elles étaient plus faibles, tant physiquement que mentalement. Il la plierait à sa volonté, comme souvent. Il lui ferait miroiter quelques piécettes et cela suffirait. 
 
Il reparti quelques minutes plus tard, l'esprit rageur. Assurément, quelqu'un allait souffrir de son humeur. Finalement, quelques piécettes, ça n'avait pas été suffisant. Oh, bien sûr, il aurait pu tous les tuer, mais bon, il avait besoin d'eux, et puis, qu'est-ce que plusieurs sacs d'or contre le pouvoir d'un dragon ?
Au pire, il se vengerait de cette femme après. 
Oui, voilà, se dit-il avec un sourire pervers, il s'occuperait d'elle après avoir eu son dragon...
 
De son côté, la femme assassin, qui n'avait aucune idée des pensées du nécromant, se frotta les mains en pensant à l'or qu'elle et son clan allaient recevoir. Attraper le dragon, surtout vivant, ne serait certes pas chose aisée, mais en s'y mettant à plusieurs et en étant malin, il n'y avait aucune raison que cela ne se fasse pas. 
 
Le lendemain, après avoir reçu la première partie du paiement, les assassins se fondirent dans la ville et sur les terres des Éléments afin de chercher un dragon facile à attraper. 
 
L'un d'eux, par un total hasard, tomba lors de cette recherche sur Drauh et Naí«le. Il cru tout d'abord que le jeune elfe allait se faire attaquer par le dragon bleu. Et il était là, hésitant quant à la marche à suivre (l'aider et risquer de se faire tuer ou rester là) lorsque la jeune femme se mit à caresser le dragon. Qui semblait éprouver du plaisir à cela !
Un brin perturbé par la vision du grand lézard assujetti à une petite elfe, il les observant pendant plusieurs jours. 
 
Grâce à ces deux là, il allait sans aucun doute gravir quelques échelons de plus dans la faction ! 
 
La tactique des Assassins était simple : capturer l'elfe pour appâter le dragon. La première partie était la plus simple. La moins dangereuse aussi. Pour éviter que la ville soit mise à feu et à sang par le dragon, ils décidèrent d'aller dans l'une des forteresses du coin, suffisamment éloignée de la ville.
Ce fut une très bonne idée de protéger ainsi la ville car, quelques heures après l'enlèvement de l'elfe, un dragon vert arriva à l'entrée de la forteresse. 
 
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Ils ne comprirent tout d'abord pas ce qu'il ce passait. Ce n'était pas le bon dragon ! Mais ils n'allaient pas chipoter quant à la couleur des écailles. Il fallait un dragon au nécromant,, il n'avait en aucun cas précisé la couleur des écailles. 
Comment reconnaître un dragon d'un autre de toute façon, si ce n'est à la couleur ? Il n'était que des humains, et ne s'intéressaient guère à cette race ci. 
 
Cependant, s'ils s'y étaient connus en dragons, ils auraient vu que se tenait devant eux Drauh. Il n'était plus bleu douceur. Il était vert de rage. Il aurait pu être rouge colère, mais ça n'était pas assez. 
Et il grondait. Il griffait. Il mordait. 
Bien vite, on se rendit compte d'un côté et de l'autre qu'il n'y avait pas d'issue. Les Assassins voulaient envoyer des messagers pour prévenir le nécromant, mais ils se faisaient manger avant d'avoir pu aller très loin. Et le dragon semblait être trop malin pour se laisser attraper facilement. Déjà deux filets avaient été lancés sur lui sans qu'il en soit inquiété. 
Le temps passait, et le dragon se lassait. La patience ne faisait pas particulièrement parti de leurs gènes. 
 
Auparavant, il se serait contenté de se battre, mais l'elfe l'avait peu à peu changé, et il laissait de plus en plus souvent de côté son esprit sanguinaire. Aussi, comprenant que les choses n'avançaient pas, il demanda des pour-parler. 
 
Les Assassins crurent à une ruse. Un dragon, pour-parler ? La bonne blague !
Ils se rendirent vite compte qu'il était très sérieux. 
Et un simple coup d'œil à son corps les intéressa. Déjà leurs esprits travaillaient à compter combien ils pourraient gagner en échangeant l'elfe contre quelques cailloux de son corps. Bien plus en tout cas que le deuxième sac promis par le nécromant. 
 
Ainsi fut conclus l'accord. En échange de pierres précieuses, le dragon récupérait son elfe. Naí«le, maligne, demanda une dernière chose, que les Assassins lui accordèrent de mauvaise grâce. 
 
Chacun repartit de son côté. Drauh vit Naí«le écrire une missive et l'envoyer, mais elle ne voulut pas lui dire de quoi il s'agissait. Tant de mystère alors qu'il l'avait sauvé (et perdu quelques pierres précieuses) le rendit grognon. 
Il la suivit sans prendre garde à où ils allaient, perdu qu'il était dans ses sombres pensées. La suite aurait été bien différente s'il avait été plus attentif.
 
Ils arrivèrent dans une grande plaine, où les attendait le nécromant. 
 
-Voilà le dragon que vous vouliez messire, osa dire sa douce Naí«le.
 
Comment osait-elle ? 
Comment pouvait-elle ? 
 
Le nécromant s'avançait, les mains illuminées par sa sombre magie. Drauh était fatigué de son combat contre les Assassins, et si triste à l'idée que Naí«le l'ait trahi. 
 
Elle brandit alors sous son nez quelque chose. Une espèce d'herbe. Allons bon, qu'est-ce que c'était ! Ses narines se mirent à frémir...
Et il comprit. 
 
De l'herbe. 
Mais pas n'importe quelle herbe. Le genre d'herbe qui lui remonte dans le nez. Qui fait que ça gratte, que ça chatouille, qu'il a envie de bouger son museau, de se gratter.
D'éternuer.
 
Et, quand un dragon éternue, c'est bien connu, il crache du feu. Ainsi mourut le nécromant. A cause d'un bête éternuement. Ne resta de lui, une fois les flammes éteintes, qu'un étrange corps calciné.
 
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 Il n'avait plus rien à voir avec l'avenant homme qui avait conquis tant de personnes. Il semblait même que le souffle de Drauh avait rendu l'aspect intérieur du nécromant visible pour tous... 
 

 

4 - Akela

 

Les souffleux étaient tous dans le fortin lorsque Elena revînt de sa chasse quotidienne en courant. Elle arriva dans la salle principale toute haletante et visiblement fatiguée de sa course. Ils ne surent pas d'où elle venait, mais elle était des habitués à se promener dans tout le royaume pour apporter son aide aux nécessiteux, donc cela ne les aurait guère surpris qu'elle revienne du fin fond du marais ou encore de la forêt d'Irliscia.
 
Entre deux inspirations profondes pour tenter de reprendre un minimum d'oxygène elle leur raconta qu'un être maléfique la poursuivait. Elle ne sut pas le décrire correctement, mais à ses yeux ils comprirent tous que cela lui avait fait une énorme frayeur. Elfe, Gyu et Akela se mirent sur les remparts du fort et regardèrent au loin pour voir ce qui arrivait. Il était là, à 50 pas vers le Sud, flottant dans les airs. Il ? Cette chose plutôt. La vision de cet être leur figea le sang. Pas un son ne sortit de leurs bouches, ils n'avaient jamais vu une chose aussi laide. Cela ressemblait à un demi-squelette humain flottant. Ces orbites étaient profondes et noires comme la plus sombre des nuits sans lunes. Elles laissaient imaginer tout le mal que cette créature possédait. Il était recouvert d'une sorte de linceul ressemblant de loin à la texture de l'écorce. D'où ils étaient ils n'arrivaient pas à distinguer les détails.
 
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Alors qu'ils fixaient cette créature, incapables de regarder ailleurs, ils entendirent les autres discuter en bas de ce qu'il fallait faire. Ils descendirent dans la salle et virent Elena, debout au milieu de la pièce, visiblement reposée de sa course folle et déterminée comme jamais à aller se battre. Les autres semblaient plus mitigés. Certains avaient leurs armes à la main, d'autres étaient toujours assis n'osant pas regarder la guerrière dans les yeux.
 
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Il ne fallut qu'un petit regard de la part d'Akela à Gyu et Elfe pour qu'ils décident que c'était à eux d'y aller. Elena avait perdu bien trop de forces en fuyant la créature, il fallait y aller en étant sûre de ces capacités à se défendre. Ils se tournèrent vers Gravtity, leur générale et lui firent part de leur envie d'aller se battre, ou tout du moins d'aller savoir ce que ce démon leur voulait. Bien que ne voulant pas perdre ces plus valeureux lieutenants, Gravity savait qu'ils n'en démordraient pas et trouveraient dans tous les cas le moyen d'aller voir ce que cet être démoniaque faisait là et pourquoi il en voulait à Elena.
 
Elle leur donna donc son aval d'un simple acquiescement de tête, ne voulant pas parler pour ne pas leur montrer qu'elle redoutait qu'un malheur arrive. Les trois compagnons, armés de leur arc, masse et baguette enchantée, sortirent du fortin en direction de la créature. Celle-ci ne fit aucun mouvement. Elle restait là, flottant dans les airs, les regardant avancer. Elfe, Gyu et Akela, bien que doutant de plus en plus du bien fondé de leur action, allèrent jusqu'à celle-ci et lui demandèrent qui elle était et ce qu'elle leur voulait.
 
Le 'squelette flottant' prit la parole. 
 
- Désolé d'avoir fait peur à votre amie.
 
Gyu, Akela et Elfe se regardèrent, incrédules. Ils s'attendaient à tout, mais pas à cela.
 
- Je ne voulais pas... Je voulais juste lui demander de l'aide. Je... Je ne sais pas si j'ai bien fait finalement...Je devrais repartir
 
Akela s'avança d'un pas et prit la parole.
 
- Attendez ! Nous t'écoutons, qui que vous soyez. Nous essayerons de vous aider...enfin si nous le pouvons, je ne suis pas sûre que cela soit dans nos compétences.
 
La créature se retourna vers eux et se remit à parler.
 
- Voilà. Je me nomme Khaajit. Auparavant j'étais une elfe.
 
Elle regarda Elfe et ses cheveux roses, puis Akela et... heu et rien en fait, elle se demandait de quelle race ces deux-là étaient.
 
- heu, peu importe, j'étais donc une elfe. Mais un jour où j'étais partie chasser vers les cimes enneigées, tout prêt d'ici, j'ai fait la rencontre d'un nécromancien. Je ne l'avais jamais vu avant cela. Il portait une cape d'un rouge éclatant brodée avec du fil d'or. Je n'ai pas eu le temps de fuir, il a était tellement rapide.
 
La tristesse se ressentait dans l'intonation de voix de cette chose, qui continua
 
- Il m'a forcé à le suivre jusque une grotte en haut des cimes. Embrumée par la peur j'ai mis du temps à comprendre. Mais il s'agissait de l'entrée de la grotte du dragon glaciaire, celui qui terrifiait tant de personnes lorsqu'il survolait Melrath Zorac. J'ai voulu fuir, mais le nécromancien a mis un champ de force m'empêchant de passer et le dragon me surveillait de prêt.
 
- Je... Je n'ai jamais su pourquoi moi et ce qu'il me voulait, il ne m'a jamais dit un seul mot, je ne voyais que son sourire narquois et ses yeux reflétant une méchanceté horrible.
 
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Elle s'arrêta un moment, puis reprit.
 
- J'ai plusieurs fois entrepris de trouver une issue mais le dragon me retrouvait toujours. Une fois je suis arrivée au champ de force, mais je n'ai pas pu le franchir. Toutes mes incantations sont restées inefficaces face à cette magie noire. J'ai bien cru que je périrai là-bas, sans jamais revoir mes proches, sans pouvoir leur dire combien je les aime.
 
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- Et puis ce matin quand je me suis réveillée, le dragon n'était plus là. Je ne sais pas où il etait. Mais j'en ai profité pour courir le plus loin possible et tenter une énième fois de trouver une sortie. C'est là que j'ai vu votre amie de loin. Elle était dans la zone du champ de force. Je me suis dit que si je la suivais je pourrais peut être enfin sortir de cet enfer. C'est donc ce que j'ai fait. Je l'ai suivi de loin, j'avais trop peur que ce soit une vile et qu'elle tente de me tuer. Elle a trouvé un passage secret au-dessus de l'auberge des cimes et j'ai pu passer à sa suite sans problème. J'imagine que toute magie à ses limites et que votre amie a trouvé celle de mon ravisseur, sans doute sans faire exprès.
 
-J'ai donc couru vers elle pour la remercier, oubliant la peur que j'avais, trop heureuse de retrouver la liberté...... C'est là que j'ai été transformée. Je...je...
 
Khaajit ravala un énorme sanglot puis continua
 
- Je suis devenu un être répugnant. Comment vais-je faire ? Comment aller voir mes proches comme cela ? Aidez-moi s'il vous plait.
 
Elle partit dans un énorme sanglot. Incapable de se retenir. De l'extérieur, les trois amis ne voyaient pas de larmes, mais l'intonation ne mentait pas. 
 
- Nous allons te ramener chez nous Khaajit. Nous avons les plus puissants des mages, ils sauront quoi faire. Fais nous confiance.
 
Les trois amis et Khaajit retournèrent donc au fortin. Ils ré-expliquèrent l'histoire à leurs frères d'armes puis allèrent plus spécialement vers Lundi, un grand mage de leur faction afin qu'il aide la jeune femme.
 
Lundi regarda la créature, puis Akela et lui demanda de lui parler en aparté.
 
- Tu te rends compte que nous ne pouvons savoir si cela n'est pas une ruse pour nous nuire ?
 
- Oui Lundi, mais j'ai entendu l'histoire, j'ai entendu cette jeune femme derrière cette horrible apparence, je suis persuadée que nous devons l'aider, nous n'avons jamais laissé un innocent mourir face aux néfastes.
 
- Très bien, si tu es sûre de toi.
 
Lundi repartit vers la jeune femme transformée puis lui dit qu'il allait s'affairer à trouver comment la sortir de cet enfer.
 
Il se retourna et partit vers ces grimoires et potions.
 
Alors qu'ils attendaient le retour de Lundi avec son remède ils entendirent Ysabeau, qui tenait la garde sur le rempart, crier. Ils montèrent rapidement et virent le dragon noir arriver vers eux. 
On pouvait voir Le dragon noir vers le marais habituellement, que faisait il ici ? A peine avaient-ils eu le temps de répondre à leur interrogation que celui-ci arrivait déjà à leur hauteur en crachant du feu. 
Ils esquivèrent et rentrèrent dans le fortin.
 
Ysabeau courut prendre son épée tout en criant :
 
- ALERTE !! Le dragon noir nous attaque, tous à vos armes !
 
Tout le monde se leva, prit ses armes et attendit les instructions de Tigrrr le stratège de la faction.
 
Il ne semblait cependant ne pas savoir que faire. Il regarda ses frères d'armes :
 
- Je vais être honnête avec vous, nous aurons des pertes, je n'obligerai personne à aller se battre dehors.
 
Puis il prit son arme et son bouclier et se dirigea vers la sortie.
 
Les souffleux n'hésitèrent pas une seconde, ils prirent tous leur armes et suivirent Tigrrr.
 
Alors que le fortin se vidait, Lundi revint en courant. 
 
-Attendez, j'ai trouvé.
 
Il fit boire une potion d'une couleur marron qui empestait les douves non nettoyées à Khaajit, tout en récitant une incantation. Devant les yeux ébahis des souffleux qui s'étaient retournés à l'appel de Lundi, la créature se changea en une ravissante jeune femme. Ces traits étaient magnifiques, ses yeux reflétaient une pureté sans égal, elle était tout simplement merveilleuse.
 
Elle prit la parole
 
- Merci .. merci pour tout. Mais je ne peux vous laisser aller combattre le dragon noir pour moi. Il est revenu me chercher j'en suis sûre.
 
Gyu, qui n'avait pas lâché des yeux l'elfe depuis sa transformation prit la parole.
 
- Nous combattrons jusqu'au dernier s'il le faut. Nous ne laisserons jamais les néfastes l'emporter.
 
Tous les souffleux en restèrent bouche bée, Gyu ne prenait que rarement la parole et surtout pas pour donner des ordres. Mais il était envoûté par la beauté de l'elfe. Ils acquiescèrent et repartirent vers la sortie.
 
Les cavaliers sortirent par la herse les premiers suivis de près des guerriers. Les mages et archers allèrent se placer sur les remparts. Le dragon était puissant, il anéantit les cavaliers de ses griffes en un rien de temps puis donna ensuite un violent coup de queue faisant s'envoler Ysabeau de plusieurs mètres et atterrir violemment contre les pierres du fortin. Alors qu'Akela venait de décocher une flèche puissante qui toucha le dragon au niveau de l'oeil, elle cria en voyant Ysabeau.
 
-Nannnnn, Ysabeau !
 
Elle se retourna vers Gyu 
 
- Gyu, s'il te plait lance lui un sort de protection jusqu'à ce qu'on puisse la secourir
 
Gyu acquiesça et s'exécuta. Akela reprit ses tirs de flèches, plus déterminée que jamais. Elle avait à ses côtés Gravity, une des plus grandes archères de ces terres, elle se calait sur son rythme, son souffle, pour pouvoir toucher le dragon à chaque coups.
 
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Elle essayait de se concentrer un maximum sur celui-ci, mais ne pouvait s'empêcher de jeter un oeil vers Elfe et Ysabeau en bas. Celle-ci était toujours inconsciente mais entourée d'une étrange aura bleutée. Elfe avait quant à elle réussit à se faufiler au plus proche du dragon. Chose qui surprit Akela, vu la couleur vive de sa chevelure, elle ne passait pas inaperçue. Elle allait lui crier de faire attention lorsqu'elle vit la guerrière asséner un terrible coup de massue au dragon. Celui-ci flancha sous la douleur. Les autres combattants en profitèrent pour redoubler de force. Les archers enchaînèrent leurs flèches avec une rapidité affolante, les mages lançaient des sorts plus puissants que jamais, et les guerriers se ruèrent sur l'animal. Le Dragon vacilla sous tous ses coups, puis tomba dans les douves, inerte. 
 
Alors que tout le monde criait victoire, Akela se rua vers Ysabeau. Elle regarda la guerrière et vit qu'elle avait une terrible entaille au niveau du ventre. Elle se tourna vers Gyu le suppléant du regard de la soigner, mais celui-ci baissa les yeux. Elle comprit qu'il ne pourrait rien faire. Akela cria. Ysabeau l'avait protégée, lui apprit maintes choses, avait veillée sur elle lorsqu'elle était revenue blessée de certaines batailles, elle avait le cœur déchiré.
 
-Non, mon Dieu, faites quelque chose, prenez-moi à sa place, elle ne peut partir maintenant, on a besoin d'elle.
 
Elle s'effondra en larme sur le corps de la guerrière.
 
Khaajit arriva par derrière, posa une main sur l'épaule d'Akela et lui demanda de s'écarter. Akela regarda la jeune elfe et se poussa pour laisse place. Ce qu'elle vit alors dépassa l'entendement. Khaajit posa ses mains au-dessus de la blessure et une lueur apparut. C'était un fait étrange, le 'mal" semblait sortir de la plaie ouverte pour aller dans les mains de l'elfe. Alors qu'elle continuait, Akela avait l'impression que Khaajit devenait de plus en plus pâle. Puis Ysabeau reprit conscience. Akela se rapprocha très vite 
 
- Ysabeau ? ça va ? Comment te sens tu ? Dis-moi ce que je peux faire pour que tu ailles mieux....
 
Elle reprit ses esprits un moment puis esquissa un sourire et coupa Akela qui était partie dans une avalanche de questions.
 
- Je vais bien, je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais je vais très bien Akela, calme toi.
 
L'archère parut soulagée, prit la guerrière dans ses bras et lui promit de tout faire pour que plus personne ne puisse la blesser. Ysabeau lui répondit alors qu'elle était toujours aussi impulsive et qu'elle s'inquiétait pour rien. Akela pensa que son coup à la tête avait dû lui faire oublier ce qu'il s'était passé, mais n'en dit rien.
 
Gyu qui regardait les deux femmes, se tourna vers Khaajit et la vit accroupie, le teint aussi blanc que la neige qui recouvrait les cimes. Il s'avança vers elle et compris. La jeune elfe allait mourir. Cela fut confirmé lorsqu'il vit apparaître sur le ventre une plaie comme avait Ysabeau un peu plus tôt. Il s'approcha d'elle, l'allongea sur lui et lui demanda pourquoi elle avait fait ça.
 
Khaajit, répondit d'une voix à peine audible, aussi bien que Gyu dû se pencher sur elle 
 
- Je vous devais la vie. Je ne regrette pas mon geste. Je veux seulement que vous alliez voir mon mari Taram. C'est le chaudronnier de la communauté des elfes. Nous habitons cachés vers le désert des Akhs. Dites lui que je l'aime, c'est tout.
 
La femme finit sa phrase, regarda les souffleux autour d'elle puis ferma les yeux, le sourire aux lèvres, et murmura un "Merci" avant de s'éteindre.

 

5 - lundi

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6 - Panda Man

 

 

L'homme aux foudre et la femme du givre

 

 

Bien avant l'avènement du Grand Pohl, une confrérie existait pour lutter contre la plaie que constituaient les dragons. Cette organisation barbare avait à sa tête une femme des plus combatives qui n'avait en tête que l'annihilation de ces bêtes volantes semant chaos et ruines après leurs passages.

A cette époque, peu de gens maîtrisaient l'art de la magie, il existait néanmoins un mage possédant le pouvoir de la foudre. Cet homme aux couleurs inhabituelles était connu de tous, non pas pour ses prouesses face aux dragons, mais en tant que tueur. En effet, celui-ci appréciait la vue du sang, notamment lorsque celui-ci coulait de ses victimes qui avaient osées le défier. C'est cet homme qui sera le premier nommé nécromancien.

On disait que les dragons n'attaquaient pas par hasard, et qu'ils étaient dirigés par une prêtresse, une personne douée de magie et pouvant parler aux dragons. Il en existait au moins une, on était même sûr de son repère, celle dite du givre qui vivait au-delà des cimes enneigées jusqu'ici atteintes.
On sait maintenant qu'il n'en était rien, qu'une partie infime de ces maîtres des cieux obéissaient à cette femme.

Certains historiens se prêtent à dire que cet individu murmurant à l'oreille des dragons étaient des personnes ayant été rejetée par cette société jusqu'ici encore rudimentaire, cette même société qui était effrayée par tout ce qui leur était étranger, la magie représentait la plus grande craintes des habitants à l'époque avec les êtres volants. L'exile ou la mort lui incombait, elle partit donc loin de ces villages, dans les montagnes, là où elle jura se venger de ces êtres intolérants, faibles et peureux. Elle s'enorgueillit avec les années, ces mêmes années, elle vivait avec de jeunes dragons qui grandirent avec elle comme frères et sœurs.
Sa magie avait surement joué un rôle sur sa socialisation avec ces monstres volants, en tout cas, une chose est sure, c''est qu'ils étaient devenu l'instrument de cette femme dans sa revanche sur les êtres humains. En tout cas, c'est la seule explication tangible à tout cela.

La confrérie avait son repère dans une forteresse, et nombre de dragons ayant subis leurs attaques savaient où elle se trouvait, si bien qu'un jour ils attaquèrent cette forteresse sous l"˜ordre de la prêtresse. Cet assaut avait pour but de faire tomber le seul rempart qu'offrait la race humaine contre eux et pour cette revanche qu'elle attendait depuis maintenant de nombreuses années.
Malheureusement pour les dragons, le fameux nécromancien, était dans cette forteresse pour y effectuer un duel, et il n'entendait pas se faire avaler sans opposer de résistance.
Alors que le combat allait à l'avantage certain des dragons, les murs et les instruments de guerre n'endiguant en rien à la folie meurtrière des dragons, le « maître de la foudre » intervint, allant jusqu'à faire pencher la balance pour les Hommes. Après quelques jours de sièges, les hommes épuisés par les attaques incessantes des dragons, il était clair qu'ils allaient tous mourir, leur chef avait même péri suite à un à une morsure d'un de ceux-ci, lui arrachant le bras.

C'est alors que nécromancien s'approcha alors de la grande porte, utilisant la puissance de la foudre pour se déplacer à une vitesse telle que rien ne pouvait l'atteindre, il fendait le vent jusqu'à une clairière, là où il attendait la venue des dragons.
Ceux-ci ayant bien compris que c'était l'homme à battre, ils se dirigèrent tous vers le lieu où le magicien aux foudres s'était arrêté, prêt à en découdre.
Encerclé par tous, aucune retraite possible, il fit une incantation encore inconnue jusqu'à nos jours, un arcane dont il était seul détenteur. Il immobilisa par un sort d'électricité statique tous les mouvements des monstres, alors que les nuages s'accumulaient à une vitesse folle au-dessus de sa tête, les dragons ne pouvaient plus bouger.
Un éclair de la taille de la clairière s'abattit en plein sur l'homme, annihilant tous les dragons alentour, leurs résistantes écailles ne pouvant rien y faire.

Il reste encore aujourd'hui une marque de cet acte prodigieux, une figure abjecte ressemblant à l'image des goules que l'on se fait, un crâne, de long bras avec un corps dépourvu de jambes. Seule l'herbe a réussie à pousser ici, définissant la clairière comme à son état d'antan, avec en son centre cette statue étrange que nul ne peut couper. Les sages de l'académie disent en tout cas cela, et ce sont les seuls à apporter une explication à cet étrange phénomène.

Qu'en est-il de cette sorcière aux dragons ? Certains pensent qu'elle est morte depuis longtemps, n'ayant plus aucun dragon, elle est morte dans la solitude et la froideur des glaces, d'autres pensent qu'elle subsiste dans la glace même attendant l'heure de sa revanche. Aucune preuve de son existence ne demeure néanmoins, seuls certains écrits de l'académie mentionnent cette femme.

Cette histoire, vraie ou non, montre encore une fois qu'aucune entente n'a l'air possible entre les humains, que ce soit dans le passé avant ou après l'avènement du grand Pohl. 

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