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Terre des Éléments

Fille des cendres.


Sha
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De tels souvenirs doux.

Intro [x]

Le vent souffle lentement, et doucement, dans les plaines des Aurochs. Au loin, un des troupeaux se dessine, chaque individus cornus mesurant plus de deux mètres de haut au garrot et étant recouvert de longues fourrures protégeant du froid leurs carcasses musclées. Leurs grands gueules laissent échapper des bouffées d'air chaude, formant alors une vapeur blanche au contact de l'air frais de l'aube. Les Aurochs se réveillent. Un se démarque, plus gros que ses confrères, les cornes deux à trois plus longues et une fourrure plus foncée et plus fournie. La raie qui se dessine le long de son épine dorsale arbore un brun très clair, alors que la zone pâle autour de son museau est plus clair que celle de son dos. Il beugle fort, avertissant de son arrivé les autres peuplades bovines des plaines. Plus loin, derrière le troupeau, une grande forêt se dresse alors quà l'intérieur, on se prépare à l'offenssive des bêtes. Les ombres sont grandes, plus grandes qu'un humain pour les mâles, mais plus petites pour les femelles.

Leurs yeux scintillent dans la nuit formant alors des lunes bleus ou couleur ambre, alors que leurs crocs dessinent un sourire sadique dans l'obscurité. Ils se déplacent lentement, suivant des yeux chaque mouvement du troupeau, gardant un autre oeil sur le clan même. Une première ombvre part, griffes toutes dehors alors que son pas se fait rapide et inaudible. Les autres suivent, se séparant alors pour former un cercle autour du troupeau qui commence tout juste à s'affolait. Les gros bovins meuglent de fureur et de peur, mettant alors les petites au milieu du troupeau avec les femelles pleines, tandis que les mâles de leurs cornes défient les agresseurs.

Un détachement se fait, cinq individus se rapprochent du plus gros des mâles, du chef Alpha de la troupe qui menace et meugle. Les ombres s'agitent, découvrant leurs têtes en jetant leurs capes de fortune sur le sol. Ils forment comme un grand psectacle, mélange de rugissement, de grognement et de jappement pour certains. On claque des dents en essayant d'intimider l'adversaire. Et ça marche. Un premier se détache du troupeau, et les cinq individus se jettent desus, mordent à la gorge l'animal, en esquivant les longues cornes. L'aplha beugle, meugle, il s'affole, ses yeux se remplissent de folie alors qu'une ombre, plus grande que les autres, se montrent en face de lui.

La chevelure rouge sang alors que ses yeux se dessine d'une même couleur, l'ombre sourit face au bovidé en furie qui agite ses cornes, laissant parfois sa gorge à découvert pour les attaques des fauves. Elle se rapproche, sortant de dans son dos une lance aussi longue que son corps, voir même plus longue, faîte d'un bois d'If dont le bout se finit en un silex affutait en pointe. Le corps longiligne de l'ombre se voûte, esquivant un coup de corne qui aurait pu lui être fatale, et elle profite de l'erreur de l'animal. D'un geste vif et rapide, sec et puissant, elle transperce la jigulaire de l'Aurochs Alpha. L'animal pousse un cri horrible alors que le fauve recule, regardant la carcasse s'agitait dans des spasmes brutaux. Les autres Aurochs s'affolent et commencent à se séparer, voyant leur chef tombait à genoux devant la grande ombre. Les autres fuient, trois sont interceptés dont un petit. Ils sont égorgés vifs devant l'Alpha.

Les ombres se rapprochent doucement des carcasses mortes, alors que la grande ombre se baisse devant l'Alpha, planta sa main dans l'entaille tout juste faite au niveau de l'abdomen. Elle y plonge sa patte à la peau diaphane et en ressors le coeur déjà mort, ne palpitant plus sous ses doigts. Elle se relève, confiante, et se retourne. Les giclées de sang s'arrêtent et faiblissent, une grande marre se dessine autour de la charogne. La grande ombre pose alors l'organe sur le sol, sortant de sa poche une poudre de couleur ocre qu'elle secoue au dessus, déversant quelques grains qui colorent alors le coeur...

Peu à peu, la poudre durcit et prend une couleur cramoisie. Après quelques minutes, le coeur devient pierre dont la couleur se rapproche vivement de celle d'un rubis. L'ombre se relève et tend la chose vers son suppléant, qui la prend et la pose dans un coffre. Elle se retourne alors devant l'animal mort, posant sa main dans la marre de sang, récupérant dans ses griffes le liquide vitale, et elle forme sur le front de l'Aurochs des signes mortuaires en même temps qu'elle récite une prière violente sur la mort et sur la descente dans l'autre monde, là où le Marcheur accompagne les âmes.

Elle remercit l'animal de nourrir sa famille, elle lui prit le pardon et lui demande sa bénédiction pour manger sa chair, et elle lui promet enfin tous les honneurs que l'on peut faire. Aussi, dès que la main de l'ombre quitte la peau de l'auroch, des dizaines de gueules béantes aux crocs de nacre se jette sur l'animal, allongeant la fente, vidant ses entrailles que toutes les petites ombres se déchirent.

La grande ombre ne bougea pas...

- La chasse a été bonne encore aujourd'hui.

- Oui, en effet...

Le suppléant était alors tout près de l'ombre, lui tendant alors un bout de la cuisse du grand Aurochs. La grande ombre ne rechogna pas et prit alors la viande la regardant. Elle eut une grimace et regarda l'autre ombre.

- Mais il faut se l'avouer, Lepta, la richesse de la terre disparaît peu à peu. Jadis, il n'y a pas si longtemps, l'on aurait eut un seul Aurchos pour nous tous, aujourd'hui, leurs tailles déclinent et nous en tuons trois à quatre à chaque chasses. Les troupeaux aussi changent, ils faiblissent, deviennent trop lents et trops maigres pour nous nourrir normalement. Les autres bovins ont fuient, le thon ne coule plus au fil de l'eau et nous n'avons pour poisson que ces truites rachitiques... Lepta, notre espèce se meurt chaque jour, un peu plus. Plus nous croissons, plus la nature meurt.

Ledit Lepta ne disait rien. Il était de cette espèce d'ombre plus féline que canine, ont oreilles en forme de parabole, dont les crocs étaient petits et aiguisés. On le disait de la famille du Serval, et c'était pour cette raison que son nom fut Lepta. Il regarda ses pattes, griffaient et recouvertes de plaies. Plus ils avançaient sur les terres des Aurochs, plus la nature devenait violente et cruelle avec eux. Là-bas, tout était beau, tout était simple. Ici, rien ne subsistait de beau et de simple. Tout était affreux et sanguilonent.

Combien de fois Lepta voulut hurler ? Combien de fois s'était il retenu ? Tant de fois où tout son courage s'évanouissait... Lepta se mit au niveau de la grande ombre et regarda sa troupe, joyeuse, dansant et chantant autour du feu qui s'était levé au milieu de la plaine. Certes, il faisait jour, mais qu'importe...

- Arrive-t-il un malheur dans une ville sans que Cyr en soit l'auteur ?

- Ne cite donc pas ça devant moi... Surtout en ces moments. Grogna la grande ombre.

- Peut être que notre malheur est la volonté de Cyr, dans le fond, peut être que tout ça n'arrive que dans notre bien.

- Personne, Lepta, personne ne peut décider qui vit et qui meurt. Même pas " votre Cyr ".

- Votre Cyr... Il émit un petit rire. Fronsac, apprend que Cyr n'appartient à personne.

- Tu ne comprends pas... J'avais pourtant cru à un moment que vous comprendrez que " votre puissance supérieure " vous aveuglez.

- Et la tienne ?

- La mienne ? Je n'en ai pas.

- Pourquoi ces marques sur leurs fronts, pourquoi ces rituels ?

- Pour les remercier...

Lepta resta muet. Même après toutes ces années passaient aux côtés de Fronsac, il n'arrivait toujours pas à le comprendre. Il était à la fois distant et accroché, c'était une personne calme mais lunatique. Fronsac, quand à lui, se pensait et se savait surtout butter. Il avait des idéaux qu'il ne partageait qu'avec lui même... Il était accroché à ses croyances et à ses pensées. Si quelqu'un ne les partageait pas, alors c'était qu'il était aveuglé par la beauté d'autres cieux... Lepta était quelqu'un de soumis et de facile à corrompre... Un jeune, en somme.

- Je suis désolé Lepta, mais tu sais que je ne supporte pas Cyr, et le culte que vous lui vouez.

- Ce n'est rien... Que faisons nous ?

- Nous allons camper ici, le temps de sécher la chair des Aurochs pour le long voyage qui nous attends, au moins jusqu'à demain. Nous repartirons vers l'Ouest après le déclin du soleil. Nous arriverons bientôt au Grottes de Lacroix, à partir de là, nous gagneront la Forêt de Lubac. Là bas, nos femmes pourront mettre bas la nouvelle génération de Quelard.

- La Forêt de Lubac est a deux semaines de marche des Grottes, et d'ici, nous ne pourront les atteindre avant trois semaines. Dans cinq semaines, la pluspart des Quelardes auront mis bas, Fronsac.

- Chaque femelles mettant bas avant la Forêt immolera son enfant, Lepta.

- Tu n'y penses tout de même pas ?

- Si votre Cyr existe vraiment, il épargnera la vie à vos enfants.

- Mais Cyr n'a rien à voir dans tout ça !

Fronsac regarda Lepta avec un regard dédaigneux. Chaques personnes ici lui inspirait du dégoût. Tous s'étaient gavés, et après ? Avaient ils cherchés à garder la nourriture pour les jours qui s'annonçaient rudes ? Les grottes avaient été déserter, toutes, et ils pensaient tous passer sans que la faim ne les fasse tomber. Fronsac haïssait les gens simples d'esprit, il haïssait ce genre de gens.

- Fronsac... Ca ne va pas ? Tu ne t'es pas remis de... Enfin... Tu sais...

- Si votre Cyr existé, Lamie serait encore vivante, et elle porterait ma descendance. Et je ne vois pas en quoi je dois m'en remettre...

- Tu ne t'en es pas remis donc...

Fronsac gardait un regard sévère sur Lepta.

- Lamie ne méritait pas ça, elle avait toujours prié votre Eternel, elle avait toujours été pieuse et saine. Jamais une parole plus haute que l'autre, jamais rien de méchant... Et... Et...

- C'était un accident Fronsac. Rien de plus. Lamie a voulu cette mort, tu le sais bien, et c'est pour le bien de la Horde qu'elle a fait ça. Tu devrais comprendre son geste, elle voulait juste...

- Ca suffit !

Le clan entier se retourna vers Fronsac qui avait levé la patte sur Lepta, qui lui, n'avait pas bougeait. Fronsac n'avait pas oublié les images, le sang, les cornes de l'Aurochs tranperçant le ventre de sa femme enceinte, transperçant à la fois sa chair et son sang qui serait nait il n'y a pas si longtemps... Non, il ne s'en était pas remis. Elle le hantait. Douce et rebelle, si tendre et déjà morte... Lepta ne disait plus rien, si son pelage n'était pas aussi foncé on aurait vu sa peau blanchir.

- Ne me regarde pas comme ça, Lepta, tu le sais toi aussi. Notre race décline, elle meurt peu à peu, plus il y a de naissances et plus nos rejetons sont faiblards. Bientôt, ils ne sauront parler et marcheront sans cesse sur leurs quatre pattes. Le Sage de la Contrée des Cendres l'a dit, les premiers nés en Terre Fertile seront notre avenir. Si votre Sage a pris ma Lamie comme sacrifice, alors je prendrais vos bâtards pour une meilleure race.

Lepta n'en revenait toujours pas comment la perte d'un être cher changeait un homme. Il en avait connu un, jadis, beau et fort, grand et puissant.. Et aujourd'hui ? Il était tout aussi grand et puissant, mais plus beau et fort. Non, les cernes marquaient sa peau, alors que sa chevelure et ses yeux éclaircissaient au fil des jours. La mort approchait pour l'humble Quelard que ce Fronsac était. Il était tellement différant de Lepta, qui lui appartenait à ces Quelard à la chevelure bleuté et aux yeux luisants comme des ambres. Non, personne ne pourrait remplacer Fronsac, il était Fronsac, le chef de Horde...

- Lepta... Mange donc un peu, avant que tous ces incapables aient finis les Aurochs. Récupèrent le plus de viande possible, la traversée des Grottes ne sera pas d'une grande facilité, bien au contraire. Et remercie donc un peu ton Cyr pour le bienfait qu'il fait aux tiens.

Fronsac tourna le dos à Lepta. Il n'était plus d'humeur à parler, plus d'humeur à rien en autre. Il en avait assez de tout ça, et Lamie lui manquait terriblement... Il ne pouvait vivre sans elle, pourtant le Sage l'avait condamné à une existence faite de soucis et de douleur pour le bien de sa Horde. Avait il mérité la maladie et la souffrance après tant d'année d'effort pour que les sienns vivent heureux ? Certainement pas. Il en avait assez... De tout. Il avait beau essayer de se rappeler, rien ne lui revenait. D'un côté, son père, Renard de sa puissance, d'un autre côté, sa mère, Renarde elle aussi. Et après, ses amis d'enfance, tombés uns à uns sous les griffes des Sangs froids, sous les cornes des Aurochs et sous bien d'autres armes de ses animaux dangeureux.

Le monde était cruel, Fronsac le serait encore plus.

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Lepta & Fronsac

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