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Terre des Éléments

LA Disparition


Terpsichore
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Depuis plusieurs jours, Terpsi trouvait que l’ambiance sur les Terres Elementaires était différente. Elle ne savait pas pourquoi mais elle trouvait que les gens avaient l’air soucieux et qu’ils s’emportaient au huitième de tour. Elle avait même eu une discussion plus ou moins sérieuse au sein de la coquille avec les autres FNous, ce qui n’était jamais arrivé depuis...toujours ! En dégustant une bière de Lalis, elle réfléchit à ce qui avait bien pu provoquer ce changement soudain. Elle ne connaissait rien à l’alignement des planètes, seulement celui des bières dans la réserve de Gésouaf, mais elle savait par contre que les soleils pouvaient influer sur le caractère de tout un chacun. Peut-être que la lumière des astres du jour était devenue plus forte et que les cerveaux n’ont pas tenu le choc ? Pourtant le sien n’a pas beaucoup changé…

 

En sortant de la coquille pour se rendre sur Melrath, elle fit la course avec le grand dragon qui survolait le village du marais et s’arrêta après le pont pour reprendre son souffle. Elle avait réussi à donner un coup de pied au pot de fleur encadrant la passerelle en voulant éviter le gros lézard de justesse et elle sentait la douleur dans ses doigts de pieds. Même avec ses chausses tressées solides et de l’alcool dans le sang, ce n’était pas très agréable. Elle se plaignait en criant « Aie, aie, aie » lorsque son regard se perdit sur la forteresse de l’Au-Delà, le clan des vilains. La dernière fois qu’elle avait croisé l’un d’entre eux, Hephaistos, elle achetait des potions en auberge. Elle l’avait même recroisé quelques secondes plus tard vu qu’elle s’était présentée devant la vendeuse sans piécettes. Le temps d’aller au banquier et de revenir, il avait fini ses achats et se dirigeait vers la sortie. Elle n’avait pas eu le temps de faire la discussion avec lui mais ce n’était pas grave car elle ne discutait pas avec Hephaistos. Elle préférait parler avec monsieur Pouet, Yaninho ou Papy Jackall, bien que ce dernier lui fasse un peu peur. En se remettant petit à petit de sa collision avec le pot en pierre, elle comprit alors ce qui n’allait pas. Elle avait envoyé une missive à Papy Jackall et elle n’avait pas revu son pigeon depuis. L’expression disait « pas de nouvelles, bonnes nouvelles » mais ce n’était pas normal. Kiki n’était pas du genre à se perdre, il a toujours trouvé son chemin même avec des graines mélangées à de l’alcool dans sa mangeoire. Elle regarda vite fait si le pigeon ne tournait pas autour de la forteresse mais il n’y avait rien, même pas une plume dans l’herbe.

 

En reprenant son chemin vers les mantoreligieuses, elle se fit la réflexion qu’elle n’avait plus entendu les paroles du grand sage, de l’émissaire et du Papy des FNous depuis à peu près la même période. Ils vannaient Hephaistos en place publique dès qu’ils le pouvaient et il n’y avait plus rien eu depuis...deux ou trois semaines. Il s’était passé quelque chose, elle en était convaincue. Elle devait tirer cette affaire au clair et mener l’enquête avec son acolyte de toujours, celui qu’elle détestait autant qu’elle l’appréciait, le dénommé Cédille. Elle fit demi-tour à toute allure et s’empressa de regagner la coquille en évitant de se frotter aux feuilles bleus.

 

Elle ouvrit la porte en la faisant claquer avec grand bruit et hurla CEEEEEDIIIIIIIIIIILLLLE ! Elle se dirigea vers lui en réalisant que les autres FNous la regardaient et lui partagea son angoisse plus discrètement pour ne pas que shorion s’inquiète.

 

- Cédille, il se passe quelque chose d’atrocement atroce. J’ai envoyé Kiki vers papy Jackall et il n’est pas revenu. Les vilains de l’Au-Delà ne discutent plus avec les autres, ils se sont isolés. Ils ne se battent  plus avec les autres factions en entraînement, ils restent juste entre eux ! Ils font bande à part, Cédille !

 

Elle saisit le jeune mage par les épaules et le regarda droit dans les yeux.

 

- Nous devons mener l’enquête, Cédille. Je pense que les gueux ont remarqué l’absence de l’Au-Delà et que ça cogite beaucoup trop dans leur caillou ! Papy Jackall est peut-être même en grand danger !

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Terpsichore est quelqu'un de chouette, vraiment ; elle est pleine d'énergie, toujours prête à aider, sociable... Mais quand même, Cédille se dit parfois qu'elle manque cruellement de maturité. Il faut être drôlement enfantin pour boire chaque soir quelque chose qui lui fait aussi mal à la tête le lendemain, par exemple ! Et puis, nommer son animal de compagnie "Kiki" ? Allons, un peu de sérieux... Si le petit magicien a un jour un compagnon animal, il l'appellera Asclépia, comme la fleur. Mais bon, ainsi sont les choses, certains ne grandiront jamais... Et puis, cette candeur est peut-être nécessaire dans ce monde de guerres et de chaos, songe-t-il alors.

 

C'est pour cela qu'en entant le hurlement de la rôdeuse, Cédille fait preuve de patience et, relevant les yeux de sa lecture botanique. lui adresse un sourire - malgré ses oreilles qui tintent.

 

  - Que puis-je pour toi, chère amie ?

 

Alors, sur le ton de la confidence, elle s'empressa d'expliquer :

 

- Cédille, il se passe quelque chose d’atrocement atroce. J’ai envoyé Kiki vers papy Jackall et il n’est pas revenu. Les vilains de l’Au-Delà ne discutent plus avec les autres, ils se sont isolés. Ils ne se battent  plus avec les autres factions en entraînement, ils restent juste entre eux ! Ils font bande à part, Cédille !

 

Un soupire passe les lèvres du petit magicien. Et lui qui découvrait les mystères de l'alstrance, fleur connue pour son aspect sauv-

 

<< Tu sais à peine lire.>>

 

Ce qui est faux : il comprend presque tout ! Mais soit, l'angoisse de Terpsichore, presque touchante, mérite qu'il prenne le temps de la rassurer.

 

  - Tu sais, peut-être que Kiki a simplement préféré aller ailleurs. Il a rencontré une jolie colombe et ils sont partis ensemble.Et puis, si les Au-Delà veulent un peu de temps avec eux-mêmes, laissons-les vivre en toto... onotom...

 

Cédille se concentre très fort, conscient que ses efforts pour être adulte sont déjà mis à mal, et préfère changer de tactique :

 

  - Laissons-les être tous seuls.

 

- Nous devons mener l’enquête, Cédille. Je pense que les gueux ont remarqué l’absence de l’Au-Delà et que ça cogite beaucoup trop dans leur caillou ! Papy Jackall est peut-être même en grand danger !

 

Les gueux ? Cédille gonfle les joues : c'est pas gentil, il y en a plein qu'il aime bien !

 

  - Eeeh ! Je te ferais dire que par rapport à un prince comme moi, toi aussi, tu es une gueuze ! Et pis tant mieux, hein, ces gens-là ils font que tuer pis casser les fleurs.

 

<< Justement, idiot. Ils préparent un truc ! Peut-être que la pyromane les a convaincus de lancer une opération massive contre la verdure  mondiale ?>>

 

Cédille ouvre la bouche ; la referme ; hésite. Il aimerait bien dire que c'est n'importe quoi... mais le doute naît. Et si c'était le cas et que par son inaction, il condamnait ses fleurs bien-aimées ? Ho non... Il ne peut pas faire ça ! Bien entendu, Cécile sait qu'ils ont d'autres chats à fouetter, elle ment pour faire bouger son frère ; tout plutôt que de continuer cette lecture insipide !

 

  - Bon, d'accord. Mais tu dois me promettre de rester calme, Terpsichore, d'accord ? Et de te concentrer sur l'enquête même si on va dans une taverne. D'ailleurs, on commencera par là, je suis sûr qu'on y trouvera des indices...

 

Avec une assistante aussi dissipée, la tâche s'annonce ardue !

Modifié (le) par Cédille de Werven
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  • 2 weeks later...

Cédille qui lui demande de rester calme alors qu’il surgit toujours de nulle part pour s’incruster dans une conversation et se faire remarquer, c’est un comble ! Elle lui reprocherait bien de faire l’adulte pour le provoquer mais ils doivent faire équipe pour comprendre ce que l’Au-Delà mijote.

 

Elle l’invita à se couvrir pour se rendre dans la première auberge, à l’Est de leur coquille, et repensa à ce qu’il lui avait dit en chemin. Kiki qui aurait décidé de voyager tout seul et de faire sa vie ? C’est impensable, elle lui a prodigué de bons soins depuis qu’elle a fait tomber ce malheureux oisillon en allant chercher des œufs pour des crêpes. Elle l’a élevé telle une pigeonne exemplaire et il est toujours revenu jusqu’à présent. Kiki n’a jamais été intéressé par une Kikette, c’est pas maintenant que ça va commencer ! Elle ouvrit la porte de la taverne, fit signe à Gésouaf et aux gueux présents et s’installa autour d’une table. Ce n’était pas méchant quand elle appelait les autres les gueux, c’était même un compliment. Tout le monde aime les gueuzes donc pourquoi pas les gueux ? Elle regarda à droite à gauche à la recherche d’un indice mais elle ne trouva rien. Elle évita cependant de croiser le regard de la sœur Gerger car elle était connue pour son comportement de débauchée en taverne, au grand énervement de cette dernière.

 

- Cédille, je pense qu’il n’y a rien ici…

 

Elle commanda 5 bières en rassurant le jeune mage.

 

- Ne me regarde pas comme ça, oh ! C’est même pas un apéro, c’est pour m’hydrater. 

 

Elle murmura alors ses pensées parce que les grands détectives se devaient d’être discrets pour réussir leur mission.

 

- J’ai remarqué que les vilains ont demandé à Anubis et Lily, deux membres des Gladius Vagor, de venir dans leur clan. Tu imagines ? Je savais que Papy faisait peur mais au point d’aller recruter deux membres d’un clan ennemi, il est fort, très fort ! Je pense qu’il a dû les menacer, qu’il les a hypnotisés grâce à l’aura sous son grand chapeau… 

 

Elle vida trois bières aléatoirement et poursuivit.

 

- Je suis sûre que les deux nécromants ont répondu à l’appel du nécromant en chef de peur de perdre leurs doigts ! Les grands bandits font ça, Cédille, ils coupent les doigts, couic ! Mais pourquoi Papy aurait-il besoin de ces deux recrues en plus ? Ils sont déjà assez nombreux…

 

Elle attrapa une chopine en regardant le fond du verre et eut soudain une illumination.

 

- Cédille...peut-être devrions-nous appeler...la police ?

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Un verre d'alcool à la main, adossée au bar, j'écoutais cette étrange femme s'épancher sur son problème. Terpsichore, "La Flèche" comme on aimait à l'appeler dans le milieu – non sans un certain sarcasme –, avait surgi dans mon bureau comme une lame dans la poitrine d'un bleu ; désespérée et impuissante, pauvre créature comme j'en voyais cent dans ce maudit métier, forcée de se tourner vers le vieux rat de ville que j'étais. Une sombre affaire de disparition la mettait dans tous ses états : un oiseau volatilisé, une omerta soudaine, des hommes de mains qui changeaient de clan... Cette histoire sentait plus mauvais qu'une demi-tonne de soupe carotte-salade oubliée depuis des mois. Or, s'il y avait bien un truc que j'avais appris pour survivre sur ces foutues terres, c'était de n'avoir confiance qu'en mon instinct – et ma fidèle 3,2 pouces en verre quand l'affaire tournait au mauvais whisky.

 

Les Au-Delà. Cette organisation que tout le monde connaissait et dont personne n'osait parler, celle qui hantait les consciences lorsqu'un gosse était retrouvé en plusieurs morceaux ou qu'une famille entière désertait les lieux du jour au lendemain, celle qui repeignait les murs de Melrath Zorac du sang des imbéciles qui osent s'opposer à eux... Pas exactement le genre de type à qui j'avais envie de me frotter. J'étais un détective, pas un de ces foutus héros qui pavaient le fond du lac de la Capitale Sombre ; et je comptais bien grossir mon ardoise dans cette taverne pour vingt ans encore.

 

Pourtant, elle insistait. Elle suspectait des œuvres surnaturels, des menaces d'amputation, posait des questions qui, à elles seules, pourraient nous valoir d'être truffés de fer dans la seconde. Anxieux, je balayais les lieux du regard, rongé par le sombre pressentiment que deux yeux perçaient mon dos et serraient mon cœur enfumé par la cigarette dans des serres froides comme une flèche d'acier, noires comme les offices d'un nécromant.

  - Ecoute, Terpsichore... Tu sais que j'ai de l'affection pour toi ; mais là, c'est ma gorge que tu mets dans le viseur. Ces types ne plaisantent pas. C'est triste pour Kiki... mais ce ne sera ni le premier, ni le dernier.

Des mot durs. Cyniques. C'était tout ce que je pouvais lui offrir, cette vérité nauséabonde, pourrie par les cadavres que les rats et moskitos bouffaient avant qu'ils ne finissent leur putréfaction.

  - Cédille...peut-être devrions-nous appeler...la police ?

Un soupire traversa mes lèvres avant que, d'une gorgée, je finisse mon verre. La Merlathienne me brûlait la gorge, mais pas autant que la réponse que j'allais devoir lui servir... Cependant, avant que je puisse lui ouvrir les yeux sur cette ville pourrie, elle reprit :

  - Mais... qui a la peau lisse ?

 

Je restai muet, interrompu malgré moi. Ma vieille cervelle embrumée par l'alcool se réveillait soudain, prise d'une espèce d'épiphanie de mauvais roman policier et, avant que je ne puisse noyer cette idée avec un autre verre pour ne pas m'enfoncer davantage dans ce merdier, les fils se tissèrent tout seuls.

 

La peau lisse... D'où lui venait cette idée ? Parlait-elle des singes et de l'épiderme de leurs fesses, réputées pour leur douceur ? Terpsichore n'avait pas inventé la poudre à canon, mais dans mon métier, on apprenait à saisir le moindre détail : si ces primates lui venaient à l'esprit, il y avait une raison, qu'elle en soit consciente ou non. Était-ce cela que préparaient ces tarés dangereux, une capture de quadrumanes ? Mais dans quel but ?

 

Je regrettai mes mot avant même de les avoir prononcés, foutrement conscient qu'ils revenaient à me mettre définitivement l'arc sur la tempe, mais cette vieille conscience professionnelle que je n'avais jamais su totalement refroidir se vengeait désormais... sournoisement.

  - Des singes ? Mais... avec quoi les nourriraient-ils ?

  - Facile, des bananes !

Des bananes... Bananes... Était-ce un nom de code ? Bananes... Banqnes... ?

 

Un juron m'échappa brutalement, alors que les pièces de ce puzzle tordu se mettaient en place. Il suffisait de renverser deux lettres et le résultat sautait à la gorge comme un montroplante sur un FNous : les banques.

 

Alors, puisque ma vieille carcasse était déjà enlisée jusqu'au cou dans ce marais mortel, je marmonnai à la rôdeuse :

  - Bordel, Terpsichore... Ces foutus mafieux dressent des macaques pour qu'ils braquent les banques !

 

 

 

(Oui, j'aime beaucoup le film Noire ♥)

Modifié (le) par Cédille de Werven
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Cédille s’était transformé et c’était l’occasion de lui montrer son jeu d’actrice. Elle retourna rapidement à la coquille sans dire un mot et revint s’installer devant le détective. Elle portait à présent une fourrure de pangolin autour du cou, une robe noire moulante descendant jusqu’aux genoux et un serre-tête de momie orné de plumes brunes de serpents ailés. Entre ses doigts, une tige de fleur attrapée dans le vase posé sur la table, comme si elle tenait un porte-cigarette. Elle fit mine de souffler de la fumée entre ses lèvres colorées d’un rouge à lèvres pourpre et regarda l’homme dans les yeux avec une certaine tristesse.

 

- Les singes...La banque...Ces mafieux ont déjà tué le fils de la mafia Del Constells, détective. On raconte même que leur prochaine cible serait madame la Maire. La rumeur raconte qu’elle les aurait trahi en fournissant des potions de force aux ennemis…

 

Elle se laissa tomber contre sa chaise, posa le dos de sa main contre son front, et dit horrifiée.

 

- Détective, faites quelque chose avant que Melrath ne soit à feu et à sang ! Nous avons besoin de vous ! S’ils prennent le contrôle de la banque, nous sommes foutus !

 

Elle se redressa soudainement et attrapa la main du jeune mage en la serrant entre les siennes.

 

- Je vous aiderai, vous ne pourrez pas y arriver tout seul. Je vais m’occuper des singes pendant que vous irez vérifier que le coffre est en sécurité.

 

Il acquiesça et ils se levèrent ensemble sous le regard médusé des habitués de la taverne. Le tintement des pièces d’or lancées sur le comptoir résonnait encore quand ils refermèrent la porte derrière eux.

 

Elle avait enfilé des grandes bottes à talons comme les madames huppées pour faire son petit numéro mais ce n’était pas très pratique pour marcher dans l’herbe autour des plantovors et des mantoreligieuses. Elle les abandonna et se mit à pieds nus pour ne pas perdre de temps. Une fois arrivé dans la mine, elle regretta sa décision en sentant les cailloux se coller entre ses doigts de pieds mais elle ne voulait pas que Cédille le détective la prenne pour une neuneu et elle monta dans le chariot sans se plaindre. Ils traversèrent ensuite le désert et elle courut aussi vite qu’elle put. Le dragon incendiaire venait de cracher du feu et entre la chaleur du sable et les fourmis, ses pieds étaient mis à rude épreuve. Quand ils atteignirent la mairie, elle salua l’homme d’expérience et se dirigea vers la prison pour rejoindre Til’Ra.

 

Elle attendit d’être dans les égouts pour boire quelques bières de Lalis. Elle n’avait pas bu assez en taverne pour ne pas décevoir Cédille mais le manque se faisait ressentir. La mauvaise odeur des lieux et l’urgence de l’enquête l’obligea à boire d’une traite les bibines. Le crottin de cheval de l’écurie qui l’accueillit à sa sortie des égouts n’était pas plus alléchant pour ses narines et elle traversa les plaines du sud en ignorant les brigands qui la menaçaient. Elle fit un effort de concentration intense pour ne pas se perdre dans les ruines et entendit soudainement les cris stridents de Cédille. Alarmée, elle longea le restant des murs avant de tomber sur…les singes. Elle n’avait jamais fait le rapprochement mais leurs cris insupportables étaient les mêmes que ceux du détective.

 

Aucun membre de l’Au-Delà n’était présent et les macaques ne semblaient pas se préparer au combat. Elle se rapprocha d’eux en sifflotant et posa ses pieds dans l’eau pour les apaiser de leur périple. Elle fut immédiatement soulagée au contact de l’eau. L’entrée sud de Til’Ra était reconnue pour ses deux bassins d’eau pure et ses palmiers. L’endroit était apaisant, peut-être un peu trop pour elle, mais le décor faisait rêver. Elle observa les fesses des singes et remarqua qu’elles étaient impeccables et qu’elles semblaient douces au toucher. Peut-être que l’Au-Delà n’avait pas encore eu le temps de venir jusqu’ici, trop occupés à préparer leur plan machiavélique ? Elle devait les empêcher de s’emparer des singes. Après avoir sorti ses pieds de l’eau, elle s’allongea et commença à vider le plus petit bassin en buvant l’eau. Habituée à ingurgiter des grosses quantités de liquide, elle ne mit pas très longtemps à le pomper entièrement. Cependant, elle n’avait pas un grand gabarit et elle alla se cacher derrière le singe géant pour uriner autant qu’elle avait bu. Le grand macaque s’agita en la voyant faire et lui donna un grand coup de pied qui l’envoya pisser dans le second bassin. Les singes, effrayés de voir une couleur jaunâtre dans l’eau transparente, désertèrent immédiatement le lieu. Sans le vouloir, elle avait trouvé la solution pour les empêcher de prendre soin de leurs fesses dans l’eau. Elle avait réussi, les singes n’auront désormais plus la peau lisse, l’Au-Delà ne sera plus intéressé de les recruter !

 

Il était temps pour elle de regagner le détective et lui annoncer la bonne nouvelle.

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  • 2 weeks later...

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Le plan était simple : la Flèche sabotait l'opération d'enrôlement des Au-Delà et, de mon côté, je me chargeais de mettre le blé en sécurité. Simple et efficace... mais malheureusement pour elle, si j'avais été du genre à suivre les règles, j'aurais rejoint la garde. Un boulot simple : trancher dans des nœuds pourris sans se soucier des conséquences, récupérer une paie régulière, se faire engueuler l'une ou l’autre fois par un patron tyrannique, rejoindre sa bonne femme avant que l'obscurité ne plonge la ville dans le vice... Ouais, peut-être bien que j'ai fait le mauvais choix, avec ce job de détective. Mais un rat ne rejoint pas les loups ; il furète, se glisse entre les mailles, ronge les fils soigneusement repérés. Encore une fois, je comptais sur ma ruse pour me tirer de ce merdier...

 

Je ne faisais pas confiance à la Flèche. Bien sûr, tout être ayant la capacité de me planter un couteau entre les côtes attisait ma méfiance ; mais cette femme, sous ses dehors éplorés de fleur froissée, avait tout d'une sournoise vipère. N'était-elle pas publiquement la bonne amie de Karamelldansen, dit "7-boules", l'un des lieutenants les plus sanglants de l'Au-Delà ? Qu'elle me trahisse, et un comité d'accueil s'occupera de me faire la peau au premier pas dans la banque... Non, je n'allais pas suivre le plan ; j'allais faire les choses à ma façon. User de mes contacts...

 

Aussi terribles soient-ils.

 

  - Cédille de Werven, cher ami... Que me vaut le plaisir de ta visite ?

 

Un jour, un rôdeur ivre mort avait lancé, sur le ton de la plaisanterie, qu'il n'avait aucune foutue idée de ce qui l'angoissait le plus entre le sourire faussement accueillant de l'aubergiste et ses yeux qui vous perçaient les tripes. Quand on le trouva égorgé dans une ruelle au lendemain, la réponse naquit dans tous les esprits :  le plus terrifiant n'était guère son visage angélique... mais l'esprit froid comme la Mort et cruel comme le Diable qui se cachait derrière.

 

Dans cette ville tordue, la tyrannie se vêtait de rose : fortes de leur monopole sur les jeux d'argent et sur l'alcool, exigeant une taxe faramineuse auprès des vendeurs sous leur "protection", les sœurs Gergers régnaient en maîtresses incontestées sur la ville, indispensables et détestées. Elles étaient menées par Germaine, dite l'Aubergiste, la véritable tête de cet Empire... et je m'étais volontairement jeté dans sa gueule. Sur le bureau qui me faisait face, le livre des comptes s'ouvrait sur la page contenant mon nom et mes dettes, un moyen supplémentaire de me mettre sous pression : effort superflu, puisque qu'un litre entier de Whisky ne suffirait pas à éteindre la terreur primale qui me bouffait les tripes. Je savais le sort réservé aux mauvais payeurs : après avoir silencieusement laissé leurs dettes grossir au fil des jours, les pauvres malheureux se voyaient privés du moindre refuge, condamné à se faire descendre par le premier fumier venu sous les yeux impitoyables de l'Aubergiste. Il se dit que les malheureux tombés dans le coma au sein de leur chambre regrettent amèrement leur réveil, criblés de dettes... puis de fer.

 

  - Germaine... les affaires vont bien ?

 

Mon instinct me hurlait de m'enfuir en courant, de tomber à genoux et la supplier de m'épargner, de tenter désespérément de la descendre avant qu'elle ne me tienne entre ses griffes ; j'étais un foutu lapin face au plus dangereux des loups, et je restais inerte, gonflant les joues pour paraître moins faible. Un jeu de dupes : elle et moi connaissions ma place réelle...

 

  - Allons droit au but, détective. J'ai... des affaires à régler.

 

Dans ses yeux brillaient une sombre promesse : celle que lui faire perdre son temps me placerait inéluctablement aux rang de ces affaires "à régler". Soit...

 

  - Les Au-Delà mijotent quelque chose, un sale coup capable de secouer la ville entière. Malgré leurs bons termes avec la Flèche, ils ont fait disparaître son animal de compagnie, Kiki...

 

  - Et puis ?

 

Je m'y attendais, bien sûr : elle ne serait pas à la tête d'un tel Empire en jouant les bonnes samaritaines...

 

  - Je n'ai aucune raison de m'opposer aux Au-Delà. Ils font comprendre aux inconscients que se passer de mes services revient à finir la nuit sous terre et, limitant l'accès à ces tours qu'ils conquièrent, ils accroissent la clientèle dans mes auberges. Ne sont-ils pas mes meilleurs alliés ?

 

Je n'étais pas venu sans préparations – seuls les crétins affrontent un monstre sans armes –, et je saisis la question au vol :

 

  - Vos alliés... pour combien de temps ? Peu à peu, ils gagnent en puissance, étendent leur influence, mettent la main sur de nouveaux quartiers. Leur silence et leurs manœuvres ne peuvent signifier qu'une chose : ils veulent passer à l'étape supérieure... et ils ne supporteront plus votre suprématie.

 

Ses yeux se plissèrent de mécontentement, et je sus que j'avais été trop loin. Ma main glissa inconsciemment vers mon orbe, mais je la retiens : dès l'instant où je dégainerai l'arme... je serai foutu.

 

  - Cédille... tu sais que je t'apprécie. Tu es comme un petit chiot amusant, toujours à fouiner partout et japper pour des caresses. Mais ne t'avise plus jamais de remettre mon Empire en cause...

 

La menace était sans appel, et je me contentai de la fermer. Par chance, elle se dirigea vers la fenêtre, laissant son regard se perdre à l'horizo : je n'allais pas être exécuté... ou pas tout de suite, du moins.

 

  - Quand as-tu rejoins cette ville, Cédille ? Il y a un an ? Deux ? Pour ma part, j'ai assisté à ses fondations, et assisté à chacun de ses remous. J'ai connu les Sentinelles de Niue, cette secte terroriste que nul ne semblait pouvoir arrêter ; et je les ai vu lentement se dissoudre et tomber dans l'oubli. J'ai vu l'Alliance tenter d'établir leur hégémonie idéaliste, se hissant aux sommets de la puissance brut ; et je les ai vu échouer, perdre toute énergie. J'ai vu la famille Del Constell souffler le froid face au soleil trop brûlant, je les vois désormais percer les flancs d'une nuit d'encre. Les agents des Dieux eux-mêmes sont nés sous mon regard, et morts sous ce même regard. Toujours, mon Empire a subsisté ; grandissant de jour, implacable, éternel.

 

Son regard de fer plongea dans le mien ; et je sus que quand ma vieille carcasse pourrira entre deux poubelles, elle sera encore là pour l'observer.

 

  - Je ne crains pas les Au-Delà : ils ne sont pour moi que des enfants turbulents bataillant pour un morceau de la cour de récréation, celle dont je suis l'indétrônable directrice. Je les tolère, puisqu'ils animent mes affaires... mais me renverser ? Tu es, réellement, un petit chiot naïf... détective.

 

La colère avait déserté ses traits : seul un léger amusement tirait ses lèvres, celui d'une chasseresse observant les risibles efforts d'un lapin pour échapper à sa poigne, entre cruauté et attendrissement. J'avais échoué... et pourtant, je me sentais foutrement chanceux de pouvoir dégager d'ici en vie.

 

Je me levai, marmonnai un remerciement, et me dirigeai vers la sortie ; mais elle n'en avait pas finie avec moi, malgré mon désir brûlant de foutre le camp.

 

  - Tu sais, j'apprécie cette Terpsichore : elle fait partie des meilleures clientes de Gésouaf, après tout. Quelle tristesse pour son Kiki... et quelle bravoure de ta part, d'accepter une telle affaire.

 

Son ton était impénétrable, vide de sarcasme ou de compassion. Elle connaissait mon réel objectif, bien entendu... Qu'en pensait-elle réellement ?

 

  - Tu devrais enquêter auprès du petit chef des Au-Delà : il sait où l'animal se trouve.

 

Jackall, leur général ; surnommé Papy par certains illuminés. Dans cette famille barbare, il faisait office de cerveau, dissimulant sa propre bestialité sous des aspects sereins et faussement diplomates. J'avais survécu à Germaine... pour mieux mourir demain.

 

D'un mouvement de tête, je la remerciai ; et, sans un mot... je pus enfin fuir l'Aubergiste.

Modifié (le) par Cédille de Werven
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Bartimeus et Hephaistos étaient situés non loin de moi à s’échanger des mots doux lorsque soudainement, un bruit sourd raisonna dans la salle du trône. Trop occuper à s’enlacer, mes deux fidèles lieutenants n’avaient rien entendu. Obligé de me lever, je m’approchai de la fenêtre qui donnait sur tout le Marais d'IssCaNak. Au loin, je voyais des alligaterreurs se chamailler les quelques restes d’aventuriers qui auraient osé s’approcher de notre demeure. Ces bêtes étaient d’ailleurs fortement stupides à attaquer tout ce qui approchait. Pourtant, dès qu’un Au-Delà les approchait, les reptiles poussaient un petit couinement et courraient se réfugier dans l’eau.

 

Au bord de la fenêtre se trouvait un oiseau qui avait l’air en mauvais état. On aurait dit un pigeon qui avait pris un coup de vieille pelle usée. D’habitude, animaux et humains, vivants ou morts n’avaient aucune espère d’importance à mes yeux. Mais, étrangement, un sentiment familier s’empara de moi. Ce pigeon ne semblait pas être comme n’importe quel pigeon. Il sentait fort la bière de Lalis, boisson qu’appréciait ces humains et tout particulièrement Terpsichore, une rodeuse de la faction des FNous. Il faut dire que j’avais une relation toute particulière avec eux, si il y avait bien des humains que j’appréciais, c’était bien eux : j’étais leur « Papy ». Chose incompréhensible pour nous, êtres damnés et maléfiques, la notion de famille des humain n’avait aucun sens mais j’avais compris que j’étais en quelque sorte leur patriarche. Et bizarrement, j’appréciais cela.

 

Je savais de source sûre que notre récent retrait et mutisme au sein de notre forteresse faisait grand bruit dehors. Je me doutais que ce pigeon était envoyé par Terpsichore afin d’avoir de mes nouvelles. Après tout, c’était très fréquent chez les humains d’avoir une proximité avec ses ainés. Accroché aux pattes du pigeon se trouvait un petit morceau de papier sur lequel était écrit :

 

« Papy Papy ! On a plus de nouvelles de ta part ! Qu’est ce qui se passe dans votre coquille ? »

 

Notre mutisme et notre retrait étant terminés, je pouvais aisément me servir de son pigeon afin de lui répondre seulement… son état était déplorable, s’être écrasé contre la fenêtre de la salle du trône n’avait rien arrangé. Il me fallait aller trouver un mage compétent afin de remettre sur pattes cet oiseau. Bartimeus étant occupé avec le beau Hephaistos, je décidais plutôt de me tourner vers Yaninho, le terrible magicien de l’Au-Delà. Certainement l’être le plus puissant de ces terres, j’allais lui demander une chose qu’il détestait faire : soigner. Après quelques minutes de discussion, il se mit à l’œuvre et remit sur pattes le pigeon.

 

Il me fallait répondre. J’arrachai un ongle de ma dernière victime, le trempai dans l’encre et griffonnai une réponse sur un morceau de papier :

 

« Papy est en très bonne forme, la preuve, je t’écris ces quelques lignes à l’aide d’un ongle arraché sur un humain qui git à mes pieds. Nous nous sommes retirés quelques semaines au sein de notre forteresse afin de nous préparer à combattre à nouveau. Il était important pour nous de se réunir afin de parler stratégie. »

 

Le papier semblait un peu gros pour le pigeon mais après tout, il avait l’habitude de voler en aillant un coup dans l’aile, il arriverait bien à destination sans difficulté. Après avoir ouvert la fenêtre, je le lâchais dans le Marais d'IssCaNak en direction de Terpsichore. Je le voyais au loin, telle une brave bête majestueuse slalomer entre les arbres. En dessous, les alligaterreurs et les plantovors s’agitaient en voyant de la viande fraiche voler au-dessus d’eux.

 

Avec dépit, je marmonnai :

 

« Stupides bêtes… et stupides humains… Vous ne savez pas à quoi vous attendre dans les semaines à venir… »

Modifié (le) par Jackall
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