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Terre des Éléments

Xanthias

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Tout ce qui a été posté par Xanthias

  1. Donner sa langue aux eyras Ce phare n’est pas un phare, mais une ménagerie. On ne sait quand ni comment ces étranges animaux se sont échoués sur nos rivages. Ils nous sont étranges, mais aussi drôlement familiers : ce sont ces créatures rampantes qui, parmi d’autres, tapissaient les livres de notre enfance et nous faisaient rêver à des contrées lointaines, inatteignables. Animaux familiers, étranges, inquiétants : ils n’étaient alors que de vagues figures de fumée, des songes noirs d’enfants ou d’ivrognes, échos fantastiques d’un ailleurs abstrait, et sévissaient bien au-delà des limites littorales. Mais l’idée même d’apercevoir, en faisant jouer ses orteils dans le sable au détour d’une promenade, une créature autre qu’une tique géante ou qu’un branchiosome réticulé, aurait suffit à transformer les guerriers les plus téméraires en couards de la plus basse espèce. Car les otaries sont des créatures proprement démoniaques, de véritables serpents grassouillets aux émissions sonores terriblement aigües. On ne connaît ni homme ni femme pour résister à leurs assauts visqueux, et chaque coup porté à leur encontre s’accompagne généralement de frissons d’effroi. À Melrath, les rumeurs sur l’arrivée de ces sinistres poches de graisse se multiplient : certains disent que c’est le reflux des vagues qui nous a recraché ces monstres ; d’autres croient à une manigance des serviteurs de Posicillon, ces fanatiques bleus qui empestent le poisson. En tout cas, le déplacement incongru de tels animaux ne peut qu’annoncer une catastrophe imminente. Bref, moi, ces abominations, elles me foutent les jetons. Aussi ai-je pris à cœur la mission qui m’a été donnée par l’assistant du vieux fou. Oui, « vieux fou », c’est ainsi que je l’appelle : comment désigner autrement que par « folle » cette envie de faire des devinettes puériles, en plein milieu d’une invasion d’otaries ? Heureusement que son assistant a le sens des priorités. Sa mission ? Purger nos terres de cette offrande maudite, et renvoyer son tribut à l’Unique en sacrifiant toutes ces bêtes immondes. « Hey, Xanthias, t’as vu ce que m’a donné le vieux Père ? On dit que ça vaut une petite fortune ! Et tout ça pour avoir résolu quatre petites devinettes… » Je sursaute. Welyn, à bout de souffle, vient de déposer un coffre immense à l’entrée du fort. La Générale renchérit : « Une fortune, en effet. Regarde, Xanthias. » La Générale se lève un instant de son trône, pour révéler un coussin ocre à volutes dorées. « C’est en fourrure de pangolin. Pas mal, hein ? » Elle se rassoit, l’air songeur. « Tiens… ça vous dirait qu’on refasse la déco ? Si on met l’or en commun, y a moyen que ça fasse chic ici… » Je lance un regard rapide vers Welyn, qui me rend un sourire moqueur. Je cherche le regard de Morph, le secours de mon éternelle complice : la cancre, elle dort ! « Mais… et les otaries, Générale ? Qui c’est qui va s’en occuper ? » Elle opine, l’air faussement résigné. « Oui, je comprends… » J’ajoute : « Et franchement, ce vieux fou, je n’ai pas trop envie de me casser la tête avec ses énigmes à la con… » Morph, que je croyais endormie, se redresse d’un coup sur son lit : « On a les réponses, mon Xanthias. Inutile de te casser la tête. À trois, t’imagines bien qu’on a trouvé assez facilement. » Même Morph s’y met. Je lui lance un regard furieux pour sa haute trahison. « Et les zadés ? Z’avez vu les taches de sang partout ? On ne peut pas faire un pas sur les pavés de Melrath sans que le sang se mette à voler partout. C’est beaucoup trop risqué ! Vous savez que j’ai la santé fragile, en plus… » « Et alors ? Tu ne sors que la nuit… t’as qu’à faire attention. T’es pas un gosse, quand même. » C’était Natsu. Décidément… Seul contre tous, je m’apprête à protester d'un ultime argument, mais la Générale me coupe aussitôt : « Si la déco n’est pas refaite lors de la prochaine visite de Kyra… Qui nous prendra au sérieux ? Eyras des farces, voilà ce que nous serons, avec nos meubles mités, nos draps surannés, notre blason tout rouillé, et nos fenêtres, nos fenêtres… » « Bon. D’accord. J’y vais tout de suite. » J’enfile brusquement mes robes. « Mais je veux les réponses. » « Et vous verrez… les otaries, les otaries sont… tenaces. Elles ne partiront jamais sans un effort collectif. Je vous aurai prévenus ! » Je prends mon orbe, maugrée quelques dernières amertumes sur la fin du monde, un déluge possible, une infestation d’otaries jusqu’aux terres élémentaires, etc. Les eyras m’ignorent, s’attelant déjà à d’autres taches. « Pas question d’y aller tout seul. Morph, tu viens avec moi ! »
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