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Terre des Éléments

Kiwae

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  1. Kiwae

    Commentaires HRP

    Merci @Suyvel ! Contente de voir que tu as apprécié le texte et les illustrations. J'ai en effet profité de ce RP pour glisser une représentation d'Orus qu'on n'avait pas jusqu'alors même dans la bibliothèque (mais que je vais pouvoir rajouter maintenant que j'y pense).
  2. [HRP: Ce RP a été écrit dans le cadre d'un changement de skin personnalisé même si au départ il était prévu que ça se fasse en même temps que l'écriture de mon RP au long court "Sur les traces du peuple de Sirath". Etant donné que j'ai arrêté l'écriture du RP mais que j'avais déjà l'ébauche du skin je me suis dit que ce serait dommage de garder le skin dans mes dossiers. Du coup comme ce chapitre aurait dû figurer vers la fin de mon RP au long court il y a quelques surprises, je préfère prévenir pour ceux qui lisaient mon RP et qui se posaient des questions.] Période Laboria [+112 AC] Archipel du Leiden sur l'île des réfugiés Sirathiens. Palais royal - Salle des Costumes. Kiwae se trouvait dans une pièce du palais qu'elle n'avait encore jamais vu. Une servante l'avait guidé jusqu'ici quelques instants plus tôt et la jeune femme attendait la venue d'Orus qui devait la préparer pour une cérémonie traditionnelle Sirathienne avant son départ. La pièce était entièrement remplie de tissus et de vêtements aux couleurs noir et doré chers aux Démons de Sirath. Des vestes étaient également visibles directement sur des mannequins, Kiwae se rapprocha d'un d'entre eux et remarqua qu'au pied de celui-ci se trouvait une petite plaque avec une date inscrite dessus. Cette pièce ressemble de plus en plus à un musée qu'une salle d'essayage. Alors que Kiwae continuait de faire un tour des mannequins exposés, Orus fit irruption dans la pièce. « Belle collection que vous avez là, commenta la jeune femme à l'arrivée du Sirathien. – Malheureusement c'est tout ce qu'il nous reste de notre savoir-faire du tissage à travers ces tenues de cérémonies, annonça Orus de sa voix crépitante comme des flammes avant de se tourner vers une table au fond de la pièce que Kiwae n'avait pas vu jusque là. Le Sirathien revint vers la jeune femme avec toute une panoplie de pantalons et de chemises à essayer. Il indiqua que c'était des ensembles déjà préparés avec les mesures qui avaient étaient prises de Kiwae. Alors qu'elle se changeait derrière un paravent, Orus lui demanda sur un ton incertain : « Tu es sûre de vouloir rentrer chez toi ? – Oui, tu sais aussi bien que moi que je n'ai pas ma place ici même si vous m'avez accueilli comme si j'étais des vôtres. Je ne suis pas censée rester là indéfiniment. – Iltiah... t'apprécie beaucoup. Ton départ va la peiner. – Je sais mais tu sais bien que c'est impossible. Ce ne serait pas juste... » Pendant de longues minutes seul le bruit de frottement de tissus retentit dans la pièce puis Kiwae réapparut de derrière le paravent. Elle s'avança devant Orus et fit un tour sur elle-même les bras écartées pour montrer son choix sous toutes ses coutures. Le mage se contenta d’acquiescer et il lui demanda de s’asseoir sur un fauteuil à sa gauche et à côté duquel se trouvaient plusieurs paires de bottes à essayer. Il vint s’accroupir devant elle avant de l'aider à glisser les bottes à ses pieds, un sourire rassurant à ses lèvres. A chaque paire de bottes enfilée, Kiwae se leva et fit quelques pas dans la pièce avant de s'arrêter devant un long miroir qui se trouvait en face du fauteuil. Après plusieurs minutes de réflexion la jeune femme déclara : « Je crois que je vais choisir la troisième paire. – Parfait. Plus qu'à choisir la dernière pièce et la plus importante. La veste. » Le Sirathien guida alors la jeune femme à travers les rangs de mannequins revêtus de vestes qui avaient des styles différents selon les époques – allant des queues de pies aux caftans – et il lui proposa de choisir celle qui lui plaisait le plus. Kiwae fit un tour de la pièce. Puis un deuxième. Et enfin un troisième avant de s'arrêter devant le mannequin de son choix, le vêtement lui donnant comme une impression de déjà vu. Le visage impassible, Orus se contenta d'un signe de tête satisfait mais Kiwae remarqua un subtil changement dans le frémissant de ses cheveux noirs et une lueur plus sombre dans ses yeux de lave. Il semblait perdus dans ses pensées. L'humaine ne dit rien attendant que le Sirathien glisse les manches de la veste à ses bras. Une fois fait, il la ferma et plaça une ceinture à sa taille pour bien la maintenir. Kiwae s'avança devant le miroir et soudain elle comprit l'attitude d'Orus. Elle portait la même veste qu'Iltiah avait lors de sa Consécution. Elle se regarda quelque instants, admirant les détails de sa tenue. La veste épaisse noire à manche longues était recouverte avec des petits motifs cachemire brodés au fils d'or. Les manches noires laissaient place à de la dorure en-dessous de coude et pouvaient faire pensées à des brassards d'archer vu de loin. Au niveau des épaules le tissu noir laissait place à ce même tissu doré qui remontait jusqu'au cou pour former un col. La ceinture de cuire noire était cintrée au-dessus de la taille. De là, la veste s'échancrait, tombant à hauteur de genoux et laissant apparaître son pantalon noir. Ce dernier s’enfonçait dans des bottes hautes de la même couleur avec des boucles dorées permettant de resserrer le haut des bottes. Le Sirathien continuait de l'observer silencieusement et Kiwae voulant détourner son attention lui demanda alors comment allait se passer la cérémonie. « Ça va être très protocolaire, ne t'inquiètes pas tu auras juste à répéter ce qu'Iltiah te diras ni plus ni moins. Cela commencera par ton Renoncement au statut de Gardienne puis il faudra couper ton lien avec l'Ídmôn et enfin il y aura le serment qui permettra ton exil. – Mon exil ? Je pars de mon plein gré. », répondit la jeune femme interloquée. Orus se retourna pour se diriger vers une autre partie de la pièce où était accrochée des capes noires de longueurs différentes, certaines avec des motifs et d'autres sans. Alors qu'il faisait des allers-retours pour voir quelle cape correspondrait le mieux avec sa tenue il continua ses explications : « Il y a une petit subtilité au Renoncement qu'Iltiah ne t'a peut-être pas dit. Être une Gardienne, fais de toi une Sirathienne à part entière même si le sang qui coule dans tes veines n'est pas le même que le notre. Tu es donc considérée comme tel et dans notre tradition ancestrale, le choix de renoncer à son statut de Gardien implique d'être exilé de notre peuple pendant un certain temps pour en quelque sorte expier le déshonneur de la perte de ce statut. Je suppose qu'Iltiah ne voulait pas ajouter de peine à un moment qui risque d'être déjà dur à vivre pour toi. Tu es bien consciente que même si pour nous ce serment d'exil ne sera que quelque chose de temporaire, en choisissant de partir de l'île ce sera un aller sans retour pour toi. Je doute que les Leidiths t'autorisent à repasser le Miroitement une seconde fois pour accéder au Leiden sans ton statut de Gardienne. C'est pour ça qu'il faut que tu sois sûre de toi. » Le Sirathien glissa sur ses épaules une longue cape noire et l'attacha à sa tunique. Il remarqua que Kiwae semblait être perdue dans ses pensées le regard vide sur le miroir en face d'elle, se tenant les mains devant sa taille et les doigts de sa main droite caressant le contour de la marque d'Ídmôn sur le dos de son autre main. Orus voulant la rassurer serra ses mains qui reposaient maintenant sur ses épaules et ce simple geste sembla sortir la jeune femme de sa torpeur. « Tu sais que tu portes exactement la même tunique qu'Iltiah avait lors de sa... – Consécution ? », le coupa Kiwae avec un sourire en coin. Ils rigolèrent doucement puis Orus reprit sérieusement : « Il semblerait que la boucle va être définitivement bouclée. Je pense que ça va faire plaisir à Iltiah que tu emportes son souvenir avec toi. » Illustrations d'Orus et Kiwae
  3. Il était une fois un vieil homme rustre prénommé Foë T'ar. Personne ne savait d'où il venait et qui il était. On savait juste qu'il avait la fâcheuse tendance à terroriser les mineurs de la région de Melrath Zorac et à attirer l'attention dès qu'il arrivait en ville toujours à la même période de l'année, voulant se « régler » avec quiconque avait la malchance de croiser son regard. Son apparence négligée – un visage sale, un crâne un peu dégarni qui contrastait avec une barbe très fournie, des vêtements tout rapiécés – n'inspirait pas confiance. A chacune de ses visites il rendait fou les gardes de la ville et surtout le Capitaine de la garde. Tout commença par une histoire de pioche volée : Un jours de Festiva, Foë T'ar arriva en ville au dos d'une mule tirant un chariot de charbons à la recherche du Capitaine de la garde. « Capitaine ! On m'a volé ma pioche. Capitaine, j'aimerai me plaindre ! On m'a volé ma pioche, je vous préviens si je trouve le voleur de pioches je lui fais manger ses dents.» Après plusieurs minutes à gueuler à tout va, le Capitaine arriva enfin à sa rencontre. « Capitaine, il faut que je vous entretienne, euh que je vous parle d'homme à homme. Il m'est arrivé un grand malheur. – Vous vous appelez comment monsieur ? – Euuh… Oui, répondit le vieil homme en hésitant. – Vous vous appelez « Oui » comment ? – …Oui Oui. – Oui Oui ?, demanda le Capitaine d'un ton dubitatif. – Oui. – Vous vous moqueriez pas de moi ? – Ah bah non Capitaine j'oserai pas voyons. – C'est oui ou non ? – Ah c'est oui. » Sentant que la discussion allait tourner en rond, le Capitaine décida de ne pas insister plus sur l'identité de son interlocuteur. « D'accord, donc Oui Oui. Vous faites quoi Mr Oui Oui ? – Et bien je suis mineur donc si on me vole ma pioche on m'empêche de travailler, v'oyez ? J'étais au lac à côté et on m'a volé ma pioche ! – Vous avez vu la personne qui vous l'a volé ? – Ah bah non, j'étais en train de me… Laver… Une belle pioche en plus ! Toute neuve ! Mais je vous le dis si je le retrouve je vais le régler directement vous allez voir ! » C'est alors qu'un badaud s'avança de la cohue créée et se mêla à la discussion : « Vous savez mon ami la violence n'est jamais la solution. – Oui mais vous savez il y en a qui ne comprenne que ça. Les poings dans la gueule ! – L'Unique a dit qu'il ne faut pas rendre à autrui ce qu'on a nous-même reçu. – Mais euh, il a qu'à tendre la fesse droite et serrer la joue gauche, c'est comme ça qu'on dit ? – La technique c'est de l'attaquer de dos comme ça il ne s'en rend pas compte et là l'Unique ferme les yeux. – Ah d'accord, je retiens ! Qui veut se régler là comme ça ? » Le Capitaine sentant la situation lui échapper proposa à Foë T'ar une nouvelle pioche, ils se rendirent à l'armurerie et une pioche lui fut donnée. Cette première visite de Foë T'ar à Melrath Zorac se termina avec une nouvelle pioche et malheureusement plusieurs combats à mains nues, le rustre personnage ayant voulu régler le compte des personnes lui ayant soit disant manqué de respect. Et ce ne fut que le début des problèmes… En effet le vieil homme revint quelques jours plus tard, un sac de charbons avec lui et un problème de pioche encore… Et cette fois-ci c'est l'armurier qui en fit les frais : « Hey oh, dis donc c'est quoi cette pioche de mauvaise qualité ! Oh, dis donc ! J'ai pas mis trois coups qu'elle a cassé ! – C'est qui que j'entends beugler, s'exclama le Capitaine de la garde ayant entendu Foë T'ar à l'autre bout de la ville. – Oh ! Il m'a donné une pioche à peine j'ai commencé à taper qu'elle a cassé ! C'est un voleur, c'est tout. Un voleur ! Qui a une torche ? On va lui mettre le feu. – Hop hop hop ! Vous n'allez rien faire du tout. » Le Capitaine de la garde essaya de calmer Foë T'ar tant bien que mal alors qu'une foule commençait à s'amasser autour de l'armurerie. Le vieil homme quant à lui continuait d'invectiver tout ceux qui défendaient l'armurier tout en incitant d'autres personnes à brûler le magasin. Le capitaine n'eut pas d'autres choix que de mettre Foë T'ar dehors et de lui interdire de revenir en ville tant qu'il voulait « régler » l’armurier. Deux jours après: « Qu'est-ce que je peux faire pour vous Mr Oui Oui ?, demanda avec appréhension le Capitaine. – Je suis revenu pour ma pioche parce que j'ai pas oublié l'histoire. Je retourne pas chez le voleur tout seul parce que sinon je vais le régler et puis il va comprendre. Soit on trouve un terrain d'entente et tout se passe bien soit j'y retourne et je lui règle son compte. » Le Capitaine de la garde lui donna de nouveau une pioche mais Foë T'ar semblait un peu perplexe. « C'est une vrai pioche ? – Oui, et puis comme ça je ne vous la fais pas payer. » Il ne fallait pas le dire deux fois au vieil homme qui parti de Melrath Zorac sans demander son reste. Le Capitaine de la garde se demanda alors si vraiment le vieil homme avait perdu ses pioches ou si il n'avait pas créé ces histoires de toutes pièces pour obtenir des pioches gratuitement. Föe T'ar revenait en ville tous les ans toujours au mois de Festiva recouvert de suie et avec un chariot de charbons. Même s'il ne semblait plus avoir de problèmes avec ses pioches il continuait de se prendre la tête avec l'armurier et il se réglait avec quiconque le regardait de travers. La ville s'était habituée à l'énergumène qui brayait et se battait à tout va. A tel point qu'une rumeur se répandit – sûrement par des parents pour éviter que les enfants n'approchent le vieil homme – disant qu'il venait voir si les enfants étaient sages et s'ils ne l'étaient pas il allait les punir et revenir le soir de Noël pour leur donner des morceaux de charbon à la place des oranges. Même si la vrai identité de Foë T'ar fut connue que beaucoup plus tard, le Capitaine de la garde continua de l'appeler par le sobriquet de Mr Oui Oui à chacune de ses visites. C'est ainsi qu'à son insu fut créée la légende autour de Mr Föe T'ar, le vieil homme au sac de charbons venant rendre visite aux enfants désobéissants alors que tout avait commencé par une histoire de pioche.
  4. Je m'inscris également.
  5. Kiwae

    Quiz des 15 ans !

    Bonsoir, Je m'inscris. Edit Matagot : Validé !
  6. La côte était en vue, l'île où se situait le Sanctuaire ressemblait à un mirage tellement la magie l'entourant était puissante. Un frisson parcouru Iltiah alors qu'elle l'observait de la proue de son bateau. Il devenait maintenant évident que s'ils n'avaient pas croisé la route d'un navire de la Guilde des Chasseurs ils seraient probablement devenus fous au point de s’entre-tuer avant même d'atteindre la cité des Leidiths. Regardant la ville du Sanctuaire se dessiner à l'horizon, Iltiah réalisait la chance qu'ils avaient. Ce stress qui l'avait envahit au moment de choisir le mot qui allait sauver son peuple. Pour la énième fois en plusieurs jours elle se remémora cet instant déterminant : Cela lui avait pris du temps, son regard plongé dans celui de Vadran. Après plusieurs dizaines de minutes elle s'était penchée vers lui, murmurant LE mot à son oreille. Le Capitaine, impassible, se contenta de se retirer sur son navire avec son Second, soit disant pour transmettre le message à des Leidiths habilités à prendre contact avec des membres du Conseil. Plusieurs heures plus tard ils revinrent accompagnés de Caduceus, qui dans un premier temps leur servit une première dose de thé. Puis plus tard, il distribua ce qui ressemblait à des attrapes rêves sous forme de pendentifs, ils avaient été enchantés par le mage et permettaient une sorte de protection afin de défaire la prise mentale qu'avait commencé à avoir la magie du Miroitement sur les Sirathiens et Elfes. Vadran expliqua alors qu'elle était conviée à une entrevue avec le Conseil des Anciens à son arrivée au Sanctuaire. Il lui fit comprendre que l'avenir des Sirathiens se jouerait à ce moment et qu'elle était très chanceuse d'avoir eu une réponse positive de la part des Leidiths et de pouvoir poser un pied au Leiden quelque soit l'issue de la réunion. Cela faisait maintenant presque une semaine que les bateaux Sirathiens avaient emboîté le pas du navire de la Guilde des Chasseurs. La navigation s'était déroulée sans encombres malgré les récits du Capitaine alors qu'ils se réunissaient tous sur son bateau le soir. Des histoires de tortues aussi grosses que des îles, des krakens pouvant engloutir des bateaux en un claquement de doigts. A part le spectacle d'une Aquatis nageant proche des bateaux – une connaissance de Vadran qui préférait vivre dans les eaux Leideniènes que sur les îles – rien de tout ce que Vadran avait raconté n'avait été aperçu au cours de la traversée. Peut-être était-ce pour le mieux vu la condition dans laquelle se trouvait Iltiah et sûrement la majorité de son peuple. En effet, au fur et à mesure qu'ils se rapprochaient de l'épicentre de la création du Miroitement, Iltiah ressentait des maux de tête de plus en plus fort lié à sa magie et ceux-ci malgré les concoctions que Caduceus donnait. La Princesse avait pris pour habitude de rendre visite à Caduceus pour qu'il lui prépare son fameux « thé aux morts », une appellation qui avait un sens plus littéral qu'une simple mise en garde sur le fait que si ils n'en buvaient pas ils se condamnaient à la mort. En effet, au cours d'une conversation avec Caduceus il lui révéla que son thé était composé de feuilles et de fleurs de plantes qui poussaient uniquement sur des sépultures de morts. La Princesse ne fut pas étonnée à la révélation du mage partageant sa vision du cycle de la vie. Tout corps redevient poussière un moment ou un autre et si un corps peut-être permettre à une autre vie d'être sauvée alors pourquoi ne pas s'en servir ? Iltiah sortie de ses pensées alors qu'elle commençait à sentir son mal de tête revenir de plus belle. Il semblerait qu'une nouvelle dégustation de thé s'impose. Il fallait absolument que la Princesse ait l'esprit clair au moment de rencontrer le Conseil des Anciens.
  7. Bonsoir, Kiwae est mon compte principal, Yasha et Askja sont mes multis qui sont très rarement joués voire plus du tout dans le cas d'Askja.
  8. Gazette de Melrath Zorac Période Pluvia, le 17 [+ 115 AC] Ce jours marque le début de la tant attendue seconde édition du tournoi de Melrath Zorac. « Bonjour à toutes et à tous, ici l’organisation de la seconde édition du tournoi de Melrath Zorac... » Clame une voix provenant de l'arène accueillant de plus en plus de gens. Un soleil est à son zénith, brûlant comme à son habitude. De ma position, je contemple la situation : Je vois le ciel incandescent, le sol de l'arène étincelant. J'observe le public arriver entre le troisième âge, les connaisseurs et les enfants sages. La tribune est en ébullition, prêt à découvrir la compétition. Une profusion de popcorn fait le bonheur des anciens comme des gamins. Des supportrices s'agitent aux couleurs de leur équipe favorite. Le vent fait flotter les bannières et je prends mon allure de croisière. Assis sur un banc et cheveux dans le vent, Je mâche des graines de tournesol tout en buvant de l'alcool. C'est l'heure où, les badauds sèment la zizanie et font leurs paris. Voilà que commence les présentations, des prétendants au titre de cette seconde édition. Dans l'air flotte un parfum étrange de sueurs et de beignets. Il est temps pour les joutes de commencer. Il est temps pour les compétiteurs de se bastonner. Il est temps pour le public de les acclamer. « Et n'oubliez pas, pour être vainqueur il faut forcément être joueur. Bonne chance ! » Écrit par votre cher journaliste sportif Tyéri Jil'Ardi
  9. Pour Kiwae: La proposition du musicien de partager une de ses aventures afin de la mettre en musique était bien surprenante néanmoins l'Aéride décida de l'accepter pour ne pas le vexer. Kiwae réfléchit quelques instants puis regarda Grant avec un sourire un coin avant de demander : « Vous voulez que je vous raconte comment il m'a suffit d'un an pour : tuer ma mère, être hantée par une morte, partir avec des marchands itinérants, découvrir l'existence d'une entité magique aussi puissante qu'un dieux élémentaire, traverser la chaîne des Kalahs presque sans encombres, me faire piéger par des Elfes Sombres, traverser un océan pour un être aimé, me présenter à l'improviste et obtenir des réponses ? ». Le musicien sembla plus que perplexe par le tableau que Kiwae venait de lui décrire et elle décida de lui offrir une porte de sortie. « J'en ai trop dit ? – Euh… Non, c'est juste que je ne m'attendais pas à ça. – Bien évidemment je n'étais pas sérieuse qui pourrait croire une telle histoire. », continua la rôdeuse sur le ton de la plaisanterie. Kiwae prit un moment pour réfléchir à ce qu'elle pourrait partager et qui pourrait donner lieu à une balade. « Quelle sorte d'histoire serait intéressante à tourner en composition ? Il faudrait que ce soit sur quelque chose de familier, à la fois très ancien et pourtant nouveau. » L'Aéride laissa quelques secondes de silence pour garder un peu de suspens avant de continuer : « Une histoire d'amour. Tout le monde aime une chanson sur l'amour, non ? » Grant sourit, il semblait excité à l'idée de composer quelque chose de romantique qu'il pourrait faire écouter à sa femme. Après plusieurs jours d'écriture Kiwae retourna voir le musicien, elle lui tendit une feuille de papier sur laquelle était griffonnée un texte. Grant prit plusieurs minutes pour le lire avant de regarder curieusement la rôdeuse. Celle-ci coupa l'élan du musicien alors même qu'il était en train d'ouvrir la bouche : « Je sais, j'avais promis une histoire d'amour mais je me suis dis qu'une histoire d'amour tragique ça aurait plus d'attrait pour le public des tavernes. Peut-être de quoi tirer les larmes aux yeux de ta femme ? – C'est bien possible, le texte est émouvant et avec ma flûte j'en ferai une bonne balade, répondit Grant avec un grand sourire. En tout cas c'est une très belle déclaration, est-ce que vous avez songé à en parler à l’intéressée ? – Je ne vois absolument pas de quoi vous parlez et je pense qu'il est préférable que ça reste juste une balade que vous avez composé et qui vienne de votre imagination, n'est-ce pas ? – Je vois… Sauf qu'à force de garder ça pour vous cela va vous ronger de l'intérieur. – Je sais mais pour l'instant je me contenterai de vous écouter interpréter cette chanson. », conclut l'Aéride. Le musicien n'insista pas et décida de respecter sa volonté même si il était déçu que cette histoire reste sans résolution en ayant tenté de savoir qui cette chanson concernait. Il engagea un chanteur pour l'accompagner et sa première interprétation fut une réussite, laissant bel et bien sa femme émue pendant la chanson. La vie suit des courbes invisibles Comme un vent irrésistible qui file vers l'avant Je marche vers quelque chose de nouveau Et les étoiles observent chacun de mes pas Sous le couvert de l'obscurité Je suis une ombre qui cherche la lumière C'est alors qu'une silhouette se dirige vers moi Une collision qui altère le monde que je connais Changeant mon cœur, changeant mon esprit Changeant mon chemin, changeant mon âme. Tu as les yeux bleus tortueux d'une mer déchaînée Tu as des yeux d'aventure et d'années-lumière Ta chevelure a la couleur des océans et des cieux de la nuit. Tu es sur une autre étoile et je ne sais pas quoi faire. A chaque fois que je te vois tu me rends perplexe J'écoute et je suis captivée par chaque mot que tu dis J'ai cherché à comprendre pourquoi Mais tu regardais ailleurs Ton cœur pris et épris d'un autre De fil en aiguille, les étoiles se sont alignées Nos chemins continuant de s'entremêler Et lorsque nos regards se croisent Ce fil invisible nous reliant se tend Comme pour rapprocher deux âmes en peine Ton cœur battant est en cage Et dans mes rêves les plus fous J'ai quand même l'idée farouche De venir te chercher pour te libérer de ton fardeau Et de t'aimer pour une tendresse que je n'ai pas connue Mais parce que tu es sur une autre étoile C'est à mon tour de déporter mon regard pour te voir à jamais De cette façon je m'accroche pour toujours Et j'attends Je marche à toi, je titube à toi, je meurs de toi Je t'attends Grant Caurmalhad
  10. Le bateau brisait les vagues à vive allure, Iltiah commençait à voir plus distinctement les silhouettes s'agiter au niveau du premier mât puis elle aperçut un drapeau blanc être levé. Elle indiqua à son équipage de faire de même et les bateaux Sirathiens s'approchèrent doucement. L'ambiance était tendue, les Démons de Sirath gardèrent leurs armes prêtes jusqu'au moment des dernières manœuvres afin que les bateaux puissent être en position pour l'abordage. La Princesse vit un Elfe se balancer par dessus bord, tout en s'accrochant aux cordages pour donner des ordres à son équipage afin de manœuvrer au mieux. Un grand sourire se dessinait sur ses lèvres, il semblait si heureux et dans son élément ce qui contrastait avec le bateau Sirathien où l'atmosphère était beaucoup moins sereine. L'encre fut jetée et tout le monde s'affaira entre le repli des voiles et la mise en place de planches en bois pour permettre le passage d'un bateau à l'autre. Du peu que la Princesse pouvait voir, il semblait que la majorité de l'équipage du bateau qui les avait abordé était composé d'Elfes mais ce qui attirait le plus l'attention étaient ceux dont le visage était caché sous une capuche, seul leurs mains d'une couleur bleuâtre les trahissaient. Ses observations et par la même occasion ses interrogations furent interrompues alors que quelqu'un fit le premier pas en venant sur le bateau des Sirathiens. D'un coup d’œil, ses questions furent répondues. Un Aquatis se tenait face à elle. Outre la couleur de sa peau bleuâtre tirant vers le gris, ses nombreuses adaptations sous-marines le rendait visuellement distinct des autres races humanoïdes présentes en Terres des Éléments. Il inclina sa tête face à Iltiah en signe de respect puis observa ses alentours quelques instants avant de s'adresser à elle : « Vous êtes bien loin de vos terres peuple de Sirath, observa-t-il d'une voix grave venue des profondeurs de l'océan. – Et de quelles terres parle-t-on ? Celles qui nous ont été prises par Niue ou celles qui nous ont été gracieusement offertes par les Elfes Sylvains. Je pourrais très bien vous faire la même remarque, Aquatis. » L'inconnu s'esclaffa avant de reprendre plus sérieusement : « Touché. On va reprendre de zéro… Je me présente Capitaine Vadran et si j'ai bien appris mes leçons d'histoire je dirais que vous êtes la Princesse Iltiah du Royaume de Sirath. » Iltiah se contenta d'acquiescer aux paroles du Capitaine, préférant rester méfiante face à cette personne qui semblait être au courant de beaucoup de choses. L'Aquatis siffla et l'Elfe qu'avait aperçu la Sirathienne juste avant se plaça à ses côtés. Le Capitaine le présenta comme son second, Sabian. Ce dernier fit un geste de la main et deux tabourets en bois apparurent de nulle part puis indiqua à Iltiah de s’asseoir avant de s'adresser à elle : « Le Capitaine va vous poser des questions. Vous vous limiterez à des réponses d'un seul mot. Un mot seulement, est-ce que c'est compris ? – Pourquoi ?, demanda curieusement Iltiah préférant s'adresser directement au Capitaine plutôt qu'à son Second. – La vérité est singulière. Les mensonges sont des mots, des mots et encore des mots », répondit Vadran alors qu'il s’asseyait face à elle. Une fois installé, il claqua des doigts et son second fit apparaître ce qui ressemblait à une pinte contenant probablement de l'alcool. Il en but une gorgée tout en dévisageant Iltiah puis il posa ses coudes sur genoux, pinte entre ses deux mains, avant de commencer : « Vous avez franchit le Miroitement de manière intentionnelle, n'est-ce pas ? – Oui. – Et vous n'avez toujours pas fait demi-tour, pourquoi ? – Curiosité. – A propos ? – Leiden. – Et des Leidiths ? – Oui. – Que voulez-vous d'eux ? – Aide. – Pourquoi ? – Exil. – Pourquoi vous aideraient-il ? – Altruisme », répondit la Princesse comme une évidence. Du coin de l'œil Iltiah vit Sabian faire un mouvement de recul comme surpris par ce qu'elle venait de dire. Sa jeunesse semblait le trahir, il faisait plus penser à un humain qu'à un Elfe à cet instant. Il regardait l'échange ses yeux brillants allant de son capitaine à Iltiah comme si un duel se déroulait devant ses yeux. « Les Leidiths ne sont pas altruistes, déclara Vadran l'air désolé. – Non ?, insista la Princesse relevant son menton comme pour défier le Capitaine. – Non. Les Leidiths n'aident pas les gens. Pas n'importe qui. Jamais. Ils se tiennent à l'écart du monde et n'interfèrent pas avec les affaires de ses habitants. Ils ne sont pas votre salut ni vos protecteurs. Est-ce que vous comprenez ce que je vous dis. – Mots… » Alors que le Second baissa le tête pour se retenir de rigoler malgré un sourire visible, le Capitaine se contenta de hausser les sourcils à la répartie de la Princesse mais laissa lui aussi deviner un sourire avant d'expliquer : « Ils étaient différents, il y a longtemps… Altruistes ? Oui. Des protecteurs. Mais ils ont subit des traîtrises et ils ont préféré l'isolement plutôt que la possibilité que certaines entités se retournent une nouvelle fois contre eux. Ils ne sont plus que des archivistes de connaissances sur ce continent. Choisissez un mot pour m'indiquer que vous comprenez cette situation. – Humanité. » Vadran et son Second se regardèrent, imperceptiblement Sabian acquiesça à un message que semblait lui avoir fait passer son Capitaine. L'Aquatis hésita quelques instants, pris une gorgée de sa pinte puis fixa de son regard la Sirathienne : « Nous faisons partie de la Guilde des Chasseurs, nous naviguons et protégeons l'intégrité du Leiden de toutes les menaces possibles. Néanmoins cela ne veut pas dire que nous approuvons cet isolement. Alors… Un test pour vous. Donnez-moi un message pour le Conseil des Anciens. Dites-leur tout de la situation de votre peuple, de ce que vous attendez et surtout expliquez pourquoi ils devraient vous aider. Mais faites-le en un seul mot. » L'Aquatis semblait sentir le doute envahir la Sirathienne, il lui sourit de toutes ses dents avant de conclure : « Vous êtes en train de pensez qu'un tel mot n'existe pas ou que vous ne pouvez pas le trouver… Voyons si les Dieux sont avec vous. »
  11. Chapitre 19 : Période Azura, le 11 [+111 AC], heure solaire 20h : 40min Une semaine après mon introduction avec l'Ídmôn et la discussion avec Iltiah, je n'avais pas l'impression d'avoir fait de progrès. Je n'arrivais pas à contrôler les souvenirs qui me submergeaient de manière intempestive, ce qui provoquait des moments d'absences qui commençaient à se voir. C'est Emak et Mya qui m'en firent la remarque pendant le repas : « Comment tu appelles ça, quand elle est perdue dans ses pensées ?, demanda Emak à Mya. – Elle s'évade. – Tu fais ça de temps en temps. », me dit Emak. Je me contentai de rester évasive en lui disant qu'il m'arrivait de rêvasser et ils n'insistèrent pas plus. Au cours de la soirée je réussis à m'éclipser, bien décidée à reprendre contact avec Ídmôn pour voir s'il pouvait m'aider. A mon arrivée dans le temple mon corps se fit moins crispé, je ne pouvais pas l'expliquer mais l'atmosphère y était rassurante d'une certaine manière. En quelques pas je traversai les bassins d'eau puis je pris entre mes deux mains l'Octaèdre. Cette fois-ci, il n'y eu pas de filaments de lumière, juste la marque sur le dos de ma main qui s'illumina. « Est-ce que tu m'entends ?, résonna la voix mécanique de l'Ídmôn dans ma tête. – Absolument. – Que puis-je faire pour toi ? » Je pris le temps de m’asseoir le dos contre la fresque d'Ídmôn, genoux repliés avec l'octaèdre reposant dans le creux entre mon ventre et mes cuisses. « Il faut que tu m'aides à accéder facilement aux souvenirs quand je le souhaite. J'ai des bribes qui me viennent par moment que je n'arrive pas à contrôler et les gens autour de moi commencent à se rendre compte que j'ai des moments d’absence. – Je vois… Cela peut prendre un peu de temps mais normalement c'est quelque chose qui est censé se réguler de manière naturelle. Peut-être que ton esprit a encore du mal à accepter les souvenirs comme étant les tiens, un peu comme un corps peut rejeter une greffe. Normalement quand tu repenses à un moment déjà vécu, cela se fait en une fraction de secondes. Tu penses à ce moment et tu le visualises dans l'instant. Ton but est de créer ce déclic. » Ídmôn m'intima de prendre une position confortable de méditation, je me mis alors en tailleur puis je fermai mes yeux. « Pour commencer, je vais moi-même provoquer cette réponse. Je vais aller chercher le souvenir que tu souhaites en essayant d'être le moins invasif possible pour que ton corps ne le prenne pas pour une intervention extérieure. Dis-moi ce qui te passes par la tête et que tu aimerais voir. » Après quelques minutes de réflexion, je répondis à Ídmôn : « Je souhaiterai voir le souvenir le plus récent du Roi Iltrasarh avant qu'il vienne te voir pour la dernière fois. » Au moment où cette pensée me vint, je fus plongée dans ce qui semblait être une bibliothèque ou un bureau. Les murs autour de moi étaient recouverts d'étagères contenant des livres. Assise à une table avec une plume dans ma main droite, je me voyais écrire sur une page encore vierge : Ils ont pris les derniers remparts et le troisième cercle, nous avons barricadé les portes du palais mais cela ne les retiendra pas très longtemps. Le sol tremble, les tambours viennent des profondeurs. Nous ne pouvons plus sortir, une ombre s’avance dans le noir. Nous ne pouvons plus sortir, ils arrivent. Un Sirathien arriva alors pour me prévenir qu'ils étaient là. Je me levai précipitamment de mon siège. Le livre laissé ouvert à cette dernière page. Le reste du souvenir était assez flou, je me voyais descendre dans les souterrains avant d'atteindre le temple d'Ídmôn afin de lui transmettre les dernières instructions. Le souvenir se dissipa, je repris alors mes esprits. Les quelques minutes de souvenirs n'avaient paru que quelques secondes. Un sentiment d'exaltation m'envahit. D'un coup, je voulais : tout comprendre, tout savoir, tout voir, tout vivre. « Est-ce que tu peux me montrer tes souvenirs, lorsque que tu avais encore ton corps ? » – Bien sûr, si c'est ce que tu souhaites. » Je passai les heures qui suivirent à explorer les souvenirs de la vie des Sirathiens du point de vue d'Ídmôn. Au départ j'avais des demandes assez vagues mais à force de me guider, je remarquai qu'inconsciemment je faisais des demandes de plus en plus précises sur les choses que je voulais voir. « J'ai l'impression que tu te sens de plus en plus à l'aise. Le mieux serait d'essayer de le faire par toi-même plus tard. Prends le comme une sorte de méditation à faire tous les jours, cela deviendra naturel. » Une question me taraudait depuis qu'Ídmôn avait eu accès à mes souvenirs et je voulais savoir ce qu'il en pensait : « Est-ce que tu penses que je suis un monstre ? – Kiwae, je ne pense pas que tu sois une mauvaise personne, répondit Ídmôn. – Vraiment ? – Je pense que tu as fait beaucoup de mauvaises choses. » Ídmôn sembla sentir que je m'étais tendue et continua : « Laisse-moi finir. Je pense que tu as fait beaucoup de mauvaises choses mais aussi beaucoup de mauvaises choses te sont arrivées. – J'ai tué et blessé beaucoup de monde, confirmai-je. – Les personnes blessées ont tendance à en blesser d'autres. – Beaucoup de personnes. », insistai-je. Ce fut silencieux pendant quelques instants. Je sentais la présence d'Ídmôn rassurante avant de l'entendre à nouveau : « Est-ce que tu veux être une meilleure personne ? – Oui. – Alors c'est un bon départ. – Comment ça ?, demandai-je interloquée. – Les mauvaises personnes ne cherchent pas à aller mieux. » Et à cet instant, ce que me disait Ídmôn c'était suffisant pour moi. « Je vois… Merci pour ton honnêteté. J'essayerai de revenir te parler demain soir, on va avoir la visite d'une tribu Tamahaq demain je pense que ça pourrait t'intéresser. – Avec plaisir. » Après avoir posé l’Octaèdre, je repartis en direction du campement le cœur un peu moins serré.
  12. De l'exil des Sirathiens, la découverte du Leiden Peu après la fin de la première guerre karmique, la Princesse Iltiah décida de guider les survivants de son peuple vers l'île Sanctuaire au Leiden. Malgré l'hospitalité offerte par les Elfes Sylvains pendant près de 3600 ans, la Princesse ne se sentait pas à sa place parmi eux. Son besoin de vengeance face à Niue l'avait fait rester combattre aux côtés de la grande alliance. Cependant, elle n'arrivait toujours pas à se détacher de l'humiliation d'avoir dû fuir son royaume, de mener son peuple vers une mort certaine et de porter le fardeau de la survie des siens. La seule chose qui la faisait tenir était le mantra qu'elle se répétait : la vie demande du courage et des sauts dans l'inconnu. Et la route vers le Leiden en était un. Plus qu'un saut, c'était un plongeon du haut d'une falaise dont l'inconnue serait le moment de l'impact soit avec l'eau soit avec la roche. Tout du moins c'était la métaphore qu'elle avait choisi de se représenter alors que la Princesse menait les exilés Sirathiens en direction de l'Océan de l'Espoir. Et quelle coïncidence que d'avoir un océan nommé de cette façon alors que l'espoir que nourrissait Iltiah était d'y trouver le Leiden. Ce fameux Leiden, un nom synonyme de légende. La Sirathienne pouvait compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où elle avait entendu son père parler de ces îles hors d'atteintes situées à l'est du continent. Un archipel qui serait invisible aux yeux de simples navigateurs et protégé par une barrière magique créée par les maîtres des lieux, les Leidiths. D'après certaines rumeurs ils étaient les détenteurs de toutes les connaissances en Terre des Éléments et accordaient aux étrangers le droit d'accès au Leiden sous certaines conditions. Au fil des décennies, tout indice qui avait trait de près ou de loin avec le Leiden avait nourrit l'imaginaire que la Princesse se faisait du lieu. C'est pourquoi, lorsque les Sirathiens arrivèrent finalement au bord de l'océan ce fut un grand soulagement pour elle de se rapprocher de son but. Les Elfes Sylvains aidèrent une dernière fois les Sirathiens en leur offrant des bateaux avec des équipages pour la traversée jusqu'aux limites connues de l'emplacement supposé du Leiden qu'ils appelaient le Miroitement. Lors du premier soir de la traversée, Iltiah admira le coucher d'un des soleils à l'horizon. Elle se remémora alors une des paroles d'Orus quand elle n'était encore qu'une enfant : « Vous n'êtes jamais allée au bord de l'océan Princesse ? Au cieux, c'est tout ce dont ils parlent. L'océan et le coucher des soleils… Comment c'est fabuleux de voir ces boules de feu fondre dans l'océan. » A cet instant, face à cette étendue d'eau où se reflétaient les rayons d'un des soleils, ce fut un des rares moments depuis plusieurs milliers d'années où la Princesse se sentit sereine. Après quasiment deux semaines de navigation, une sorte de trépidation s'empara de l'équipage. Presque imperceptible, la barrière magique était pourtant là. Elle commençait à se faire deviner au loin. La lumière des soleils mêlée aux mouvements des vagues faisait apparaître une sorte de voile qui réfractait la lumière. Deux jours plus tard, les bateaux se retrouvèrent face à elle. Vu de près la barrière magique était impressionnante, elle avait un aspect presque hypnotique dans la façon de se mouvoir et de réfracter la lumière. Orus passa un long moment à la regarder, fasciné par sa présence et l'énergie qui avait dû être mise en œuvre pour la créer. Rien que son existence semblait inconcevable tant la pression qu'elle dégageait était palpable à en mettre mal à l'aise. Comme si elle signifiait aux navigateurs de faire demi-tour. Bien évidemment cela ne fit pas vaciller la motivation de la Princesse, bien au contraire, cela ne faisait que renforcer son besoin de savoir ce qui se trouvait de l'autre côté. La traversée se fit avec appréhension, ne sachant pas ce qui allait se passer et ce fut presque décevant de voir que rien n'avait changé, tout du moins au premier abord… L'océan continuait de s'étendre à l'horizon sans terre en vue et les vagues se brisaient toujours contre les coques des bateaux. De ce côté du Miroitement, le bras droit de la Princesse remarqua qu'il ne s'agissait pas juste d'une barrière mais d'un dôme. La lumière semblait se réfracter au sein de celui-ci à la façon d'un prisme et donnait l'impression que tout ce qui les entourait était un seul et même arc-en-ciel. Ajouté à cela, l'Elfe Sylvain en charge de la navigation indiqua que la barrière devait probablement bloquer le champ magnétique et les boussoles étaient devenues inutilisables, ils allaient devoir naviguer à vue en espérant pouvoir s'aider de la position des étoiles à la tombée de la nuit pour reprendre un cap. Ces deux éléments étaient déjà de gros indices quand à la nature même du Miroitement. Alors qu'ils s'étaient résolu à privilégier la navigation de nuit, il devenait difficile pour les Sirathiens et les Elfes Sylvains de savoir exactement combien de jours s'étaient passés depuis la traversée du Miroitement. Même avec le cycle du jour et de la nuit, c'était plus profond que ça. Il s'agissait tout bonnement de perte de mémoire. Le Miroitement créait une altération de la perception du temps et chacun y réagissait différemment. La navigation devint un calvaire, même en tenant compte à l'écrit des jours qui s'écoulaient la perte de mémoire commençait à irriter les esprits pourtant calme des Sirathiens et Elfe Sylvains. La Princesse espérait trouver rapidement quelque chose qui pourrait indiquer la présence des Leidiths sinon ils seraient contraints de faire demi-tour. Jusque-là, à part des petites îles et de nombreuses épaves navires rien de concluant n'avait été aperçu. Quelques jours ou peut-être plusieurs semaines après la traversée de la barrière, la forme d'un bateau se dessina à l'horizon. Au départ, l'équipage crut à un mirage tant les effets du Miroitement avaient altéré leur perception de la réalité mais il était bien réel. Iltiah ordonna aux Sirathiens de prendre leurs armes pour se préparer à toutes éventualités. La Princesse espérait que ce soit des autochtones qui pourraient l'aider à trouver ce qu'elle cherchait cependant elle ne voulait pas non plus avoir trop d'espoir de peur d'être déçue. Le bateau se rapprochait à vive allure, Iltiah commençait à voir différentes silhouettes sur le pont, elle banda son arc et d'un même geste les Sirathiens la suivirent. Puis ils attendirent…
  13. A la découverte du désert des Akhs Par Ylunis Carcertan, archéologue de l'Académie d'IssCaNak Enfant, on nous apprend qu'au delà du désert occidental et de la chaîne de montagne des Kalahs se trouve le désert des Akhs. Immuable, il a toujours été là et il sera toujours là. Or, on sait que c'est faux. Il n'a pas toujours été là. Mais sa présence depuis plusieurs millénaires fait que dans la mémoire collective il semble improbable qu'il y ait eu autre chose à cet endroit. Ce sentiment est aussi renforcé par la faible existence de livres sur ce sujet. Les seules allusions dessus se trouvent dans les récits de l’historien Hyro Chan sur les Démons Sirathiens. En effet, bien avant l'apparition de ce désert se trouvait une grande plaine où le peuple de Sirath avait prospéré pendant des millénaires avant que Niue ne décide d'y mettre fin. « Consumée par les flammes des servants de Niue, la cité entière fut réduite à néant. La plaine alentour s’embrasa bientôt. Des montagnes à l’océan, un puissant brasier brûla six périodes durant. Quand le feu s’étouffa enfin, il ne restait que cendre à perte de vue. Le paysage verdoyant chéri par les Sirathiens avait fait place à une étendue dévastée. Les siècles passant, le souffle d’Eolia y déversa le sable de Fimine. Les Akhs devinrent un désert de sable brûlant. Le Royaume de Sirath sombra lui aussi dans l’oubli. » Peuple de Sirath par Hyro Chan Plus aucun être vivant ne mit les pieds dans cette partie du continent. Il fut laissé à l'abandon afin que le temps fasse son œuvre et que les cicatrices du passage de l'armée de Niue soient recouvertes. C'était sans compter sur les Tamahaqs, longtemps considérés comme un peuple nomade du continent, il a su recoloniser le défunt Royaume des Sirathiens et se l'approprier. Aux alentours de -300, plus d'un siècle après la destruction de Til'Ra et Til'Lunis et au début de la fondation de Melrath Zorac, des marchands itinérants décidèrent de partir en direction des Akhs. Ils reprirent ainsi les vieilles routes marchandes à travers les montagnes menant à Sildi Han puis aux cités côtières de Akhsan et Akhtyl. Grâce à ces pionniers, il y eut un regain d'intérêt pour le désert des Akhs. Entre les Académiciens qui voulaient avoir la mainmise sur tout ce qui avait trait de près ou de loin aux vestiges du peuple de Sirath et des aventuriers en quête de défis et de découvertes, la peur que Niue ait encore des serviteurs errant dans le désert s'estompa rapidement. Au milieu de cette ruée vers les Akhs, un groupe motivé de Tamahaqs décida de rester à Akhsan afin de reconstruire l'ancienne cité sirathienne tandis que la cité d'Akhtyl fut laissé aux mains des pygmées. Cela prit plusieurs dizaines d'années mais la reconstruction de la cité permit à la route commerciale entre Akhsan et les villages à l'est de la chaîne des Kalahs de reprendre de plus belle ainsi que de développer les échanges maritimes avec l’île de Marlys. Représentation de Akhsan Ce qui était un désert inhabité ayant pour légende un peuple disparu, petit à petit se transforma en un biome plein de vie. Les marchands sédentaires restèrent à Akhsan tandis que d'autres groupes d'itinérants se partagèrent le désert. En -200, les Tamahaqs furent reconnus comme un peuple à part entière et une cité fut érigée spécialement par les nomades pour les nomades, l'Oued. Ainsi par tradition, les chefs des différentes tribus nomades du désert des Akhs s'y retrouvent chaque année pour célébrer la fondation de l'Oued. Représentation de l'Oued
  14. Chapitre 18 : Période Azura, le 04 [+111 AC], heure solaire 08h : 24min Le réveil fut difficile, j'avais très peu dormi. Mon sommeil entrecoupé de souvenirs maintenant incrustés dans ma tête. Malgré tout, au cours de la nuit j'en était venue à me demander si ce n'était pas préférable à un cauchemar avec ma mère… Je décidai de passer ma journée au camp, préférant éviter de subir des flashs intempestifs de souvenirs si je me joignais aux fouilles. Je pris soin de cacher le symbole d'Ídmôn avec mon gant avant de rejoindre Norlak Tan'Dar pour voir s'il avait besoin d'aide sur le camp. Il m'informa alors qu'il prévoyait l'arrivée d'une tribu Tamahaqs en provenance de l'Oued dans les prochains jours en provenance de l'Oued pour leur visite annuelle avec le maître caravanier. J'aidai donc quelques itinérants à préparer les ressources prévues lors du traditionnel troc. Après cela, je passai le restant de ma journée entre les différents postes des itinérants que ce soit pour aider Dassrlor à préparer la collation du midi avec ses deux apprentis ou bien en allant voir la ménagerie installée avec soin par Ash'dar pour les chevaux et les bœufs. Mya était arrivée au moment où je remettais du foin dans un des enclos, on discuta de tout et de rien alors qu'elle caressait une des juments présente et que je continuai mon labeur. Le fait d'être restée occupée durant toute la journée m'évita de penser aux événements de la nuit précédente et la présence solaire de Mya me fit du bien. L'entendre me raconter des anecdotes sur la vie en tant que marchand itinérant était rafraîchissant. Le soir, personne ne me posa de questions pendant le repas. Emak se contenta de me faire remarquer que si j'avais un petit coup de fatigue, j'étais libre de faire ce que je voulais de mes journées, n'étant pas obligée de rester avec les Académiciens en permanence. Je pris congé assez tôt du groupe car même si je pouvais prétendre pendant une journée que rien ne s'était passé je ne pourrais pas le faire pendant des semaines, il fallait que je prenne les devants. Je me retrouvai donc allongée dans ma tente les yeux fermées à attendre que le sommeil me rattrape. Je ne pensais qu'à une seule chose, revoir Iltiah et avoir des explications avec elle. Une odeur poivrée me titilla les narines m'obligeant à ouvrir mes yeux, je me retrouvai face à un magnifique champ de lupins tapissant le sol de mauve, de rose, de bleu et de blanc créant une explosion de couleurs le long du rivage d'un lac. Ce-dernier n'était pas en reste, d'une intense couleur turquoise il était bordé par des montagnes qui le surplombaient de la rive opposée. « C'était l'un de mes endroits préférés… Tu as fait un très bon choix. », annonça Iltiah d'une voix douce. Je ne l'avais pas entendu s'approcher, elle vint se tenir à ma gauche le regard fixé sur le paysage qui nous entourait. « Je n'ai rien choisi, j'avais juste besoin de te parler, répondis-je en fronçant les sourcils. – Tu ne l'as pas fait consciemment. » Tout en disant cela, elle pointa un de ses doigts au niveau de sa tempe. Alors, je compris. Je compris ce que cela impliquait. En ayant les souvenirs de la Princesse j'avais inconsciemment choisi cet endroit qu'elle affectionnait pour la voir. Elle me dévisagea quelques instants avant de baisser son regard en direction de ma main. Je sentis sa main chaude se glisser dans la mienne et la soulever afin d'examiner la marque qui s'y trouvait. Iltiah caressa le symbole avec son pouce avant de me lâcher la main. « Il semblerait que l'Ídmôn ne t'ait pas rejeté, déclara-t-elle. – Comment ça rejeté ? – Hmm, ce n'est pas la bonne formulation. Je devrais dire que ton corps semble avoir bien assimilé ce que l'Ídmôn t'a transmis. – Tu n'étais pas sûre que je m'en sorte vivante ? – En aucun cas l'Ídmôn t'aurais tué, tout du moins ce n'est pas dans son intérêt. Cependant il est impossible de savoir comment un corps peu réagir à la Consécution. Il n'y a jamais eu de morts mais il y a eu des cas de Sirathiens plongés dans le coma pendant plusieurs semaines. – Évidemment c'est bien quelque chose que tu t'aies gardé de me dire… » Ilthiah me fixa du regard celui-ci s'embrasant et je ne pus empêcher un coin de ma lèvre de se lever en guise de sourire. Son visage resta impassible mais je sentais qu'elle avait envie de lever les yeux au ciel. Reprenant mon sérieux je décidai de poser une question qui me taraudait depuis ma découverte de l'Octaèdre et tout ce qui s'en était suivi. « Ídmôn m'a expliqué succinctement en quoi consistait la Consécution et ce qui en découlait. Il m'a aussi dit qu'il avait été créé spécifiquement pour cette tâche sans élaborer plus que ça. Du coup je me dis que si malgré moi, je suis liée à votre histoire j'aimerai au moins savoir de quoi il s'agit. Est-ce que c'est une création des dieux élémentaires ou de l'Unique dont nous ne sommes pas au courant ? – Il ne vient pas de nos créateurs, les dieux élémentaires. Vulfume et Posicillon n'ont rien à voir avec lui. – Mais ça vient de qui alors ? – Une entité prénommée Lux. Il nous est apparu peu après le Cataclyme du Mont Brisé, il s'est engouffré dans la faille de la même manière que Nyx et Erèbe. Contrairement à eux il a réussi à rester discret, ce qui au vu de sa nature l'a probablement grandement aidé. – C'est à dire ? – Si les récits tendent à définir Nyx et Erèbe comme les Maîtres des Ténèbres alors Lux est tout l'opposé. – Je vois, Lux serait un Maître de la Lumière ? – On peut dire ça. Il est venu pour nous offrir un outil car selon lui malgré notre immortalité temporelle nous restions des êtres capables de mourir et il était important que l'on se souvienne d'où l'on venait pour continuer de progresser dans l'harmonie. Et cet outil, c'est Ídmôn. » J'étais stupéfaite par ces révélations et ce secret si bien gardé par les Sirathiens, je n'eus pas le temps de répondre que la Princesse continua : « Je peux comprendre que ça fasse beaucoup de nouvelles informations d'un coup. On pourra en reparler plus tard mais il y a quelque chose de très important qu'il faut que tu saches avant toute chose et dont je dois te mettre en garde. Il est possible que tu expériences ce que l'on appelle « anemoia » et qui s'apparente à de la nostalgie pour quelque chose que tu n'as pas connu. C'est un phénomène qui pourrait t'affecter à force de te plonger dans les souvenirs accumulés par Ídmôn et devenir dangereux sur le long terme. – C'est-à-dire ? – Tu pourrais avoir envie de rester dans les mémoires d'Ídmôn, préférer revivre des souvenirs plutôt que de vivre ta vie réelle. Il ne faut surtout pas que tu te laisses submerger par ce qui fait maintenant partie de toi. Bien que tu sois un vaisseaux par lequel transite l'histoire de notre peuple tu en es aussi la gardienne et ce que tu as dans ta tête est extrêmement précieux. Il est important que tu fasses attention à toi. » Une phrase qu'Iltiah m'avait dit me revint en mémoire. Tu y trouveras la réponse ultime à la grande question sur la vie, l'univers et le reste. Ma recherche de réponses avait abouti à bien que plus que je ne le pensais et finalement est-ce que ce n'était pas trop ? Laissant la Princesse derrière moi, je me rapprochai de la berge du lac et m'allongeai sur le sol. Entourée des lupins, je contemplais les différentes couleurs former un parfait mélange, je pouvais entendre la brise se frayer un chemin entre les tiges faisant balancer les fleurs au-dessus de moi. Un sentiment de sérénité m'envahit et cette sensation de déjà vécu se fraya dans mon esprit au même moment où la voix d'Iltiah résonna. « Fait de beaux rêves. » Je sentis des lèvres se poser sur mon front y laissant un baiser avant que je me sente quitter cet espace onirique.
  15. Chapitre 17 : Période Azura, le 04 [+111 AC], heure solaire 02h : 13min Je repris peu à peu mes esprits, ma tête me faisait terriblement souffrir. Rouvrant mes yeux, je m’aperçus que j'étais allongée dans l'eau du bassin. Je posai ma main droite sur le sol pour me relever, ce faisant je vis que l'eau avait pris une couleur rouge où je me trouvais. Un goût de fer était présent dans ma bouche, passant ma main sous mon nez je me rendis compte que l'expérience que je venais de subir avait dû causer des saignements. Prenant quelques minutes pour m’ausculter, je ne fus pas très rassurée de voir que du sang avait également coulé de mes yeux et probablement de mes oreilles. Je pris de l'eau entre mes mains pour m’éclabousser le visage et retirer le sang qui s'y trouvait. Puis je le vis… Le symbole. Une marque étrangement lumineuse sur le dos de ma main gauche. Le même qui était présent sur la main de la personne représentée sur la fresque face à moi. Ídmôn Le nom m'était venu comme une évidence. Je dessinai le tracé du symbole avec mon pouce tentant de comprendre ce qu'il venait de se passer. Mon regard se leva en direction de l'octaèdre, me souvenant de la voix qui avait surgit dans ma tête. Je me relevai, et tendis mon bras pour voir ce qu'il se passerait en le touchant de nouveau. Cette fois, pas de filaments de lumière mais au contact avec ma main, le symbole au dos de celle-ci se mit à s'illuminer. Bien que l’octaèdre était en suspension au-dessous du pilier, il ne semblait pas y avoir de résistance lorsque je le tenais. Je décidai alors de le prendre à deux mains et de voir si je pouvais le sortir du champ de suspension qui semblait agir autour de lui, ce que je fis sans soucis. Je pouvais maintenant le manipuler sans devoir garder mes bras tendus au-dessus du pilier. Supposant que ce que contenait l'octaèdre avait joué un rôle dans l'expérience que je venais de subir, je demandai d'une voix cassée : « Est-ce que tu es là ? – Oui… Je suis désolé… Est-ce que c'est maintenant ?, me répondit la voix dans ma tête d'un ton hésitant. – Quoi ? – Désolé, j'ai l'impression d'être resté dormant pendant un long moment. Est-ce que je te parle maintenant ? A cet instant ? – Oui, dans la mesure où il est possible dans être certain. C'est le présent. Période Azura de l'an 111 plus précisément. – Oh… Merci… » Le silence revint dans ma tête mais je sentais toujours sa présence. Je ne savais pas quoi penser de cette première interaction. Était-ce lui qui me parlait ? Ídmôn ? Qu'est-ce qui m'était arrivée quand j'avais touché l'octaèdre la première fois ? Au moment où j'eus cette pensée, mon esprit fut pris dans une vision mais ce n'était pas comme celles que j'avais pu avoir auparavant. Celle-ci avait un air de déjà vu. Déjà vécu. Je me tenais devant l'octaèdre, mon bras s'étendait pour le toucher. Des filaments de lumière se détachèrent de celui-ci jusqu'à atteindre mes doigts et disparaître sous ma peau. Au moment du contact, une sensation d'électricité parcourut mon corps et une lumière m'enveloppa. Plusieurs minutes passèrent puis la lumière disparut. Seul restait la marque d'Ídmôn sur le dos de ma main. Main qui n'était pas la mienne, une main de couleur charbon avec des doigts délicats mais aussi avec des parties de peau plus calleuses. Une main de rôdeuse. Je me retournai face à... Mon père ? Non le père d'Iltiah, le Roi Iltrasarh. Je lui adressai un signe de tête avant de le rejoindre. Le roi passa son bras autour de mes épaules et on sortit du temple. Alors que l'on marchait côte à côte, je tournai ma tête et observai le visage du roi avant de lui demander : « Tu as vu ta mort n'est-ce pas ? C'est pour ça qu'on a fait la Consécution. » La vision s'arrêta, j'étais confuse en réalisant qu'il s'agissait d'un souvenir de la Princesse Iltiah. C'est quoi ce bordel ? C'est quoi la Consécution ? La voix d'Ídmôn me répondit, me faisant sursauter : La Consécution est une pratique lors de laquelle une âme est liée à ma relique, l'octaèdre si tu préfères, et reçoit alors tous les souvenirs et connaissances accumulés par moi-même. C'est un moyen de continuer d'avancer, de progresser, de savoir d'où l'on vient. Pas encore habituée à avoir une entité présente dans mon esprit je répondis à voix haute : « Et toi, qu'est-ce que tu es exactement ? » Il y a fort longtemps, j’existais sous forme corporelle comme tu peux le voir sur la fresque. Mon but était d'engranger tout le savoir des Sirathiens au travers de leurs souvenirs et de leur vie. Cependant j'ai réalisé que la tâche qui m'avait été donnée ne nécessitait pas que je possède un corps. Je ne sais pas si le dessein de mon créateur était que je reste sous cette forme ou que je continue d'évoluer à ma façon. Mais j'ai pressenti que ma présence, mon existence, pourrait attirer les convoitises de personnes mal attentionnées. C'est pourquoi j'ai décidé de rassembler le fragment de Lumière qui me composait en une relique et y ait transféré mon âme. Les Sirathiens l'on nommé l'Ídmôn, d'après le nom que mon créateur m'a donné. Alors qu'Ídmôn me parlait, je sortis du bassin pour me rapprocher de la fresque, comprenant un peu plus l'histoire derrière celle-ci. Même s'il restait beaucoup de mystères autour d'Ídmôn… Cette histoire de Lumière et de créateur. « Je vois… Et ce que j'ai entendu après avoir touché l'octaèdre… » Il s'agissait du dernier message que le roi Iltrasarh a voulu que je transmette à l'intention de la prochaine personne qui communierait avec l'Ídmôn. C'est-à-dire toi. « Personne n'est venu ici depuis la chute de Sildi Han ? » Non… Il semblerait que le secret de mon existence ait été bien gardé jusqu'à présent. J'avais l'étrange sensation que l'on passait en revu toute ma mémoire et tout mes souvenirs, comme un parasite qui se nourrissait de la chair de son hôte. « Qu'est-ce que tu fais ? » Ce pourquoi j'ai été créé. Tu fais, malgré toi, partie du processus maintenant. Si tu es ici, c'est bien que quelqu'un te fait confiance pour continuer la tradition, protéger le savoir des Sirathiens et me protéger par la même occasion. « Whoah, je t'arrête tout de suite. Je n'ai jamais demandé ça ! A la base je voulais juste en savoir plus sur l'histoire des Démons Sirathiens et trouver la raison pour laquelle je fais des rêves avec la Princesse Iltiah qui est supposée morte depuis plusieurs années… » Les rêves sont de puissants présages, couplés à ta curiosité et ta recherche de réponses tu ne peux pas dire que tu ne l'as pas voulu. Maintenant toutes les réponses à tes questions concernant les Sirathiens sont en toi. Dans ta tête. C'est un privilège. Je ne pense pas qu'il y ait un plus grand honneur que de faire partie des Gardiens. « Des gardiens ? » Les rares personnes en dehors de la lignée royale à connaître mon existence et à avoir fait l'expérience de la Consécution. J'essayai d'assimiler ce que me disait Ídmôn mais ça devenait de plus en plus dur. En l'espace d'une seconde, d'un contact, j'avais basculé dans une autre dimension. Je me raclai la gorge avant de reprendre : « Je crois qu'il va me falloir un peu de temps pour digérer tout ça. Est-ce que cette… Condition. Je veux dire t'entendre dans ma tête est quelque chose de permanent ? » Non, je ne peux communiquer avec toi uniquement lorsque que tu es en contact avec ma relique. Et c'est aussi ce qui me permet de me mettre à jours. Tu as obtenu toute la mémoire que j'ai accumulé depuis des millénaires et en échange quand tu communies avec moi j'assimile ce que toi tu as vécu. C'est comme du mutualisme si tu préfères, chacun y gagne quelque chose. Quelque peu rassurée par son explication, je me rapprochai du pilier afin de replacer l'octaèdre dans le champ de suspension. « Je vois… Je vais y aller, j'ai besoin de me reposer… », annonçai-je calmement. Je remis la relique en place coupant le lien avec Ídmôn et toutes réponses possibles de sa part. Je rebroussai alors chemin afin de sortir du temple et retourner dans le vestibule. Est-ce que j'ai rêvé ce qu'il vient de se passer ? Non, c'était bien trop élaboré. C'est alors que je compris le revers de cette «Consécution ». Assailli de bribes de souvenirs aux moindres de mes déplacements dans l'ancienne cité Sirathienne, le retour fut plus difficile que prévu. J'essayai d'en faire abstraction en gardant mon regard en direction du sol alors que je sortais du puits gravitationnel. Cependant, je fis l'erreur de regarder des ruines aux alentours du palais et soudain je vis foncer sur moi un golem. Je me jetai à terre pour éviter un de ses poings puis relevant ma tête dans sa direction je ne vis rien. Il avait disparu. C'est pas bon. Pas bon du tout… Il faut que je retourne à ma tente et vite ! Malgré mon attention accrue pour les éviter, je fis l'expérience de plusieurs souvenirs tout au long de ma traversée. Ils restaient fugaces mais les flashs étaient assez long pour me donner une idée du contexte. Cela variait des moments mondains de la vie au sein de la cité à des moments plus sombres liés à son siège. Non sans mal, j'atteignis ma tente. Je me sentais fiévreuse et de la sueur perlait sur mon front. Alors que je m'allongeais pour dormir, exténuée par ce qui s'était passé, j'étais partagée entre l'euphorie de la découverte et les conséquences que cela pouvait engendrer.
  16. Période Festiva, le 1 [+ 114 AC] Chaotique. S'il fallait utiliser un seul mot pour décrire le déroulement de l'escorte du convoi c'est celui-ci qu'elle utiliserait. Et pourtant… Les membres de l'Alliance s'étaient concertés plusieurs fois pendant les jours suivant la réception d'une missive en provenance de la Guilde des Chasseurs. Il fallait peser le pour et le contre, écouter les différents points de vue de chacun. La Guilde n'avait pas les faveurs de tous les membres de l'Alliance et bien qu'ils étaient tous d'accord sur le fait qu'il fallait agir, il fallait le faire pour de bonnes raisons. Aucune informations n'avaient été communiquées concernant le détenu à escorter et c'est bien cela qui dérangeait. Il avait fallu remonter les rumeurs qui courraient à Melrath Zorac et en extraire ce qui pouvait être utile. En apprenant que des mandataires de la faction Au-Delà avait eu accès au prisonnier, il devenait évident que l'Alliance allait devoir prendre position contre les agissement de ces-derniers pour qui l'intérêt du Sans Visage était plus que suspect voire inquiétant. En plus de cela il semblait que la présence du sombre personnage perturbait la vie des habitants de Melrath Zorac. C'est cette recrudescence de violence qui avait dû convaincre la Guilde d'extrader au plus vite le détenu. La décision fut donc prise d'aider la Guilde à escorter le prisonnier malgré les réticences de Gregeon. Le guerrier Aqueux supportant difficilement les incompétences de la Guilde lorsqu'il s'agissait de placer des individus en détention. Il n'était pas impossible aussi que les méthodes d’interrogatoire de la Guilde étaient comme les temps de détentions qu'ils infligeaient, c'est à dire ridicule. Et peut-être que les membres de l'Alliance y trouveraient un intérêt à en savoir plus sur l'individu par eux-mêmes. La rédaction de la missive à l'intention de la Guilde fut brève mais directe quant à aux intentions de la faction. « Moi Kiwae Sil Tâ, Générale de l'Alliance, déclare avoir pris connaissance de la situation dont sont confrontées les autorités de Melrath Zorac vis-à-vis d'un détenu qui pourrait être à l'origine de la recrudescence des actes violents à Melrath Zorac. Après concertation, il a été décidé que les membres de l'Alliance suivant : Tigrrr, Gregeon et moi-même, se joindraient au convoi. Nous nous engageons à le sécuriser et à l'escorter jusqu’à la destination prévue par la Guilde des Chasseurs par tous les moyens mis à notre disposition pour réaliser ce but. Tout ceci afin de faire revenir une certaine tranquillité en ville et d'apaiser les tensions. En contrepartie de notre présence, l'Alliance souhaiterait recueillir toutes les informations récoltées par la Guilde concernant l'individu et aussi de pouvoir s'entretenir avec lui. Signé : Kiwae Sil Tâ, Générale de l'Alliance » La lettre fut envoyée quelques heures avant le départ du convoi et les membres de l'Alliance volontaires à la tâche de protection du convoi partirent en direction de Melrath Zorac. Chaotique. Mot aussi synonyme d'échec… Le trio s'était rejoint dans le quartier des apothicaires, retrouvant des alliés et des connaissances. La discussion allait bon train alors qu'ils apprirent que le convoi avait commencé à être attaqué avant même qu'ils ne soient présents. Le chariot s'était mis en route sans prendre garde à son escorte et sa course folle continua pendant un moment sans direction précise. Un temps précieux fut perdu à rattraper le convoi. Pendant que certains tentaient tant bien que mal de protéger le chariot, les membres de l'Alliance décidèrent d'éliminer les perturbateurs à l’avancée du convoi. Les assaillants quant à eux ne semblaient pas gênés le moins du monde, concentrés sur la libération du prisonnier. Malgré tous les efforts pour les repousser vint le moment où le chariot s'ébranla, la cage contenant le détenu fut ouverte. Dans la cohue, il fut difficile de voir quoi que ce soit mais le résultat était là… Sans surprise le Sang Visage s'était échappé. Chaotique. Peut-être était-ce le but du sombre personnage depuis le début… Kiwae se mêla aux gardes et aux chasseurs pour tenter de retrouver la trace des fuyards à grand renfort de perceptions spatiales, sans succès. Une pointe de déception s'installa, comme si quelque chose d'important leur avait filé entre les doigts. La rôdeuse n'avait même pas pu ne serait-ce qu’apercevoir de plus près le mystérieux personnage, trop concentrée à repousser les assaillants. Mais elle l'avait ressenti, cette pression exercée qui donnait une sensation de malaise et de danger. Il fallait le retrouver, c'était trop risqué de le laisser dans la nature.
  17. Moi Kiwae Sil Tâ, Générale de l'Alliance, déclare avoir pris connaissance de la situation dont sont confrontées les autorités de Melrath Zorac vis-à-vis d'un détenu qui pourrait être à l'origine de la recrudescence des actes violents à Melrath Zorac. Après concertation, il a été décidé que les membres de l'Alliance suivant : Tigrrr, Gregeon et moi-même, se joindraient au convoi. Nous nous engageons à le sécuriser et à l'escorter jusqu’à la destination prévue par la Guilde des Chasseurs par tous les moyens mis à notre disposition pour réaliser ce but. Tout ceci afin de faire revenir une certaine tranquillité en ville et d'apaiser les tensions. En contrepartie de notre présence, l'Alliance souhaiterait recueillir toutes les informations récoltées par la Guilde concernant l'individu et aussi de pouvoir s'entretenir avec lui. Signé : Kiwae Sil Tâ, Générale de l'Alliance
  18. Chapitre 16: Après avoir pris le temps de sortir mon carnet pour vérifier qu'il s'agissait bien de la même phrase que ma vision. Je me mis à tracer les symboles gravés dans la roche avec mon doigt alors que je réfléchissais à l'indice que m'avait donné la Princesse et son lien avec la phrase sur le mur. Parlez ami, et entrez. « Iltiah m'a dit que si la culture est une maison alors le langage est sa porte d'entrée. Parlez ami, et entrez… La culture est une maison… Le langage sa porte d'entrée… », murmurai-je à moi-même. Réfléchis, réfléchis, réfléchis… Je me retournai et commençai à faire les cents pas dans le vestibule me ressassant la phrase. « Si je combine la traduction de la phrase gravée sur le mur avec la seconde partie de l'indice « le langage sa porte d'entrée », cela peut suggérer que ce mur serait en réalité une porte et qu'il faudrait parler ami pour pouvoir entrer. » Je m'arrêtai dans ma déambulation pour fixer le mur face à moi. « Je suppose qu'il doit y avoir une sorte de mot de passe. Sauf que je ne connais pas un mot de sirathien si c'est bien de cette langue dont il s'agit. Du coup comment suis-je censée rentrer ? » Je m'assis en tailleur devant la fresque. Réfléchis, réfléchis, réfléchis… Je fermai mes yeux tout en inspirant profondément avant d'expirer doucement essayant de retrouver cet entre-deux où la conscience et l’inconscient se mêlaient. Iltiah ? Après plusieurs minutes je ressentis dans mon dos une source de chaleur de plus en plus forte avant d'avoir la sensation que quelqu'un était assis dos à moi. Je voulais me retourner pour voir de qui il s'agissait mais je n'arrivais pas à contrôler mon corps complètement groggy. « Tu y es presque, murmura une voix que je reconnus immédiatement. – Où ça ?, demandai-je curieusement à Iltiah. – Au seul endroit qui compte. Tu verras. Tu le verras. – Encore faudrait-il que je puisse y entrer… – Je peux t'y aider, tu le sais sinon tu n'aurais pas chercher à me contacter. » Ne trouvant rien à lui répondre, j'essayai de nouveau de réfléchir à ce que pouvait être le mot de passe, me répétant plusieurs fois la phrase dans ma tête. Parlez ami, et entrez. Une idée me vint à l'esprit. « Quel est le mot sirathien pour ami ? » J'entendis la Princesse prendre une inspiration saccadée avant de me répondre d'un ton à la fois surpris et admiratif : « Hmm, du premier coup. Le mot que tu cherches est « hoa »... » Soudain la chaleur dans mon dos s'évapora, et je sentis des lèvres se poser sur mon front y laissant un baiser avant de disparaître. La voix de la princesse résonna de nouveau avec fermeté : « Je te fais confiance avec ce qui est probablement la chose la plus précieuse pour mon peuple. Les réponses à toutes tes questions sont à ta portée bien que ce qui se trouve à l'intérieur risque d'en amener d'autres. Je serai là quand tu auras besoin de moi mais comprends bien que si tu en parles à qui que ce soit la seule fin possible pour toi sera la mort… » Prise d'un sursaut, je sortis de ma transe en me relevant brutalement. Je posai ma main sur le mur mon corps tremblant, de stress ou d'excitation difficile de le dire. « Hoa », murmurai-je contre le mur. Les gravures se mirent à s’illuminer d'une lueur bleutée puis un bruit sourd résonna dans le vestibule. Dans un craquement, le mur face à moi se scinda en deux blocs s'ouvrant vers l'intérieur. Je restai plusieurs dizaines de secondes sans bouger, stupéfaite par ce qui venait de se dérouler. De là où je me trouvais je pouvais apercevoir une nouvelle cavité beaucoup plus grande. Fascinée, je commençai à m'avancer. La cavité circulaire s'élevait en forme de dôme, la base était formée par des orgues basaltiques qui laissaient place à des arches maintenant le plafond de pierres taillées. Un orbe incrusté au centre du dôme offrait de la lumière en un faisceau qui tombait au centre de la pièce où se trouvait une petite architecture qui faisait penser à un temple. Celui-ci était entouré d'eau et un chemin de colonnes basaltiques y menait. Je suivis le chemin jusqu'au temple et dès le seuil de l'entrée passé je sentis mes mains devenir moites et mon cœur se mit à battre la chamade. Tout ce qui se trouvait en périphérie de ma vision disparu, mon regard était complètement absorbé par ce que je voyais au centre de la pièce. Un bassin d'eau entourait un pilier et au-dessus de celui-ci se trouvait un octaèdre en suspension dans l'air. Ce dernier émettait une lueur grise ondulante terne. A ce moment les paroles d'Iltiah me revinrent en tête. Au seul endroit qui compte. Tu verras. Tu le verras. Mes pieds bougèrent d'eux-mêmes, descendant les escaliers menant au bassin extérieur. Je sentis la fraîcheur de l'eau à hauteur de mes genoux, passant une jambe puis l'autre au-dessus du carré central menant au bassin intérieur. Furtivement mon regard se leva et se focalisa sur la fresque qui se trouvait sur le mur face à moi. Une personne y était représentée maintenant une lumière entre ses mains, je reconnus le symbole de l’œil entouré du triangle dessiné sur l'une de ses mains. Je ne savais pas du tout de quoi il s'agissait, aucun rapports des Académiciens ne faisaient allusion à ce symbole et une quelconque croyance des Sirathiens autre que l'Unique ou les dieux élémentaires. Hors il semblait que ce lieu et cet artefact étaient très important pour les Démons Sirathiens. Que tout soit resté intact pendant plusieurs millénaires était presque miraculeux. Irrésistiblement, je fus attirée par l'octaèdre et je levai ma main droite dans sa direction. Une fois à quelques centimètres de celui-ci des filaments de lumière s'en détachèrent jusqu'à atteindre mes doigts et disparaître sous ma peau. J'écartai brusquement mon bras et les filaments de lumières disparurent, s'évaporant dans l'air. Je ne vis rien d'étrange sur mon bras, aucun résidus et décidai de le tendre à nouveau pour voir si je pouvais toucher l'octaèdre. Le phénomène se reproduisit aussi fascinant qu'intimidant puis au moment du contact une sensation d'électricité parcourut mon corps et une lumière m'enveloppa. Je ne savais plus où j'étais, seule la lumière était présente et soudain une voix résonna dans ma tête, impossible de discerner si elle appartenait à une femme ou à un homme : « Est-ce que… Est-ce que tu m'entends ? Si tu entends ce message, c’est que tu es seule. Tout ce qu’il reste de nous, c’est le son de ma voix. J’ignore si l’un de nous a survécu. Avons-nous triomphé ? Avons-nous perdu ? Je n’en sais rien. Je ne sais même plus très bien ce que la victoire pourrait signifier. Mais d’une manière comme de l’autre, c’est fini maintenant. Alors, laisse-moi te dire qui nous étions. Te dire qui tu es. Et comment nous avons lutté. » Des images se mirent à défiler devant mes yeux mais le processus était bien trop rapide pour que j'arrive à en trouver le sens. La dichotomie entre les visions que j'avais et mon cerveau qui essayait de les analyser aboutit en une douleur incommensurable qui me prit à la tête. Je sentis mon corps convulser. Puis je fus dans le noir.
  19. Bonsoir, Il me manque la distinction des 2000 meurtres. Merci ! Edit Matagot : fait
  20. Chapitre 15 : Période Azura, le 03 [+111 AC], heure solaire 05h : 56min Le réveil se fit paisiblement, cela faisait bien longtemps que je n'avais pas aussi bien dormi. Je pris le temps de retranscrire dans mon carnet tout ce qui s'était passé dans le rêve avec le plus de détails possible avant que les souvenirs ne s'effacent. Je sortis de la tente peu après, excitée à l'idée faire de nouvelles découvertes et de trouver ce qui se cachait à ce fameux étage 42. Le petit déjeuner consommé, je me dirigeai directement dans la tente des Académiciens. Ce que m'avait dit Iltiah concernant les Académiciens et les expéditions à Sildi Han m'intriguait. Lorsque que je m'étais renseignée sur la Princesse Sirathienne à la bibliothèque de l'Académie, j'avais réussi à trouver un rapport publique de ce qui s'était déroulé lors de l'invasion des Orcs en l'an 105. Iltiah avait été en contact avec les Académiciens par l'intermédiaire de son bras droit Orus à cette période. Il se pouvait donc que ce soit aussi à ce moment qu'elle ait discuté des expéditions menées à Sildi Han. Maître Ektor Strochnis était assis à son bureau en train de rédiger un document. Je lui signalai ma présence et il m'invita à prendre une chaise pour m'asseoir face à lui. « Tu as besoin de quelque chose Kiwae ?, me demanda-t-il de sa voix caverneuse. – De réponses. – Je vois… Je t'écoutes, poses tes questions et j'essaierai d'y répondre au mieux. » Maître Strochnis, posa sa plume avant de croiser ses mains devant lui sur le bureau, prêt à m'écouter et répondre à mes questions. « Est-ce que vous avez parlé avec la Princesse Iltiah quand elle était à l'Académie avant l'invasion des Orcs concernant les expéditions à Sildi Han ?, commençai-je entrant dans le vif du sujet. – On avait demandé une audience qu'elle avait au départ refusé. Soit disant qu'il fallait laisser les morts reposer en paix et qu'il ne servait à rien de remuer le passé. Elle a évité toutes les sollicitations de nos chercheurs. – Et elle a changé d'avis ? – Hum, on va dire que les jours précédent l'assaut, il se pourrait qu'Iltiah ait envoyé son bras droit Orus nous parler de la situation de Sildi Han. » Tiens donc… « Et qu'est-ce qu'il est ressorti de la discussion ?, demandai-je curieusement. – Qu'on pouvait continuer nos recherches mais qu'on ne devait laisser aucune traces de nos passages et que les lieux soient laissés en l'état. » Réfléchissant à ce que venait de me confier l'Académicien, je poursuivis mes questionnements. « Du coup, imaginons qu'un tunnel menace de s'effondrer vous ne faites rien ? – Exactement, on doit laisser les éléments et la nature faire son travail. C'est pourquoi on essaye d'être minutieux dans nos recherches, on aimerait avoir une vision globale de comment a été bâti Sildi Han. – Donc la Princesse souhaitait que ce qui reste de la civilisation Sirathienne disparaisse et tombe dans l'oubli ?, continuai-je ayant du mal à croire qu'Iltiah ait pu demander une telle chose. – Je ne dirais pas tomber dans l'oubli dans le sens qu'ils nous ont autorisé à continuer nos recherches et donc notre travail maintenant est de justement sauvegarder le maximum d'informations possible sur une partie de leur histoire à l'écrit. Mais pour ce qui est de la partie matérielle, je devrais même dire architecturale il faudra laisser le temps faire son œuvre tout comme ça a déjà été le cas pour tout le reste du royaume de Sirath qui a disparu sous les dunes de sables du désert des Akhs. » Je pris le temps de digérer l'information avant de poser la question que me titillait depuis que j'avais vu Iltiah pour la première fois. « Je vois et après l'assaut au littoral Irliscien qu'est-ce qu'il s'est passé ? La rumeur dit qu'Iltiah est morte mais aucun corps n'a été retrouvé. – Malheureusement, les seules personnes qui pourraient avoir les informations exactes sur ce qui s'est passé ce jours là sont Orus et Maître Maltj le grand magicien de l'Académie. Orus était en contact avec lui tout au long de l'opération et ils se sont revus quelques jours après l'assaut. D'après nos dernières informations Orus serait reparti au Leiden. Mais est-ce qu'il est reparti avec Iltiah vivante ou sa dépouille telle est la question. – D'accord, merci pour ces réponses. », conclus-je à la fois satisfaite des réponses obtenues mais aussi frustrée de ne pas savoir ce qui était advenu d'Iltiah. Je pris congé de Maître Strochnis et rejoignis les ouvriers qui se préparaient pour une nouvelle journée de fouilles. En arrivant au puits gravitationnel je pris cette fois le temps de me repérer, comptant les étages au fur et à mesure. Je me rendis compte qu'à chaque dizaine les lueurs bleutées à ces étages étaient remplacées par des lumières blanches. Il me suffisait donc de compter le nombre de lueurs blanches pour me repérer plus facilement lors de la descente. La journée se déroula comme la précédente, chaque personne assignée à sa tâche travaillait calmement et dans un silence religieux. Je pris part à quelques mesures à l'intérieur de plusieurs habitations avant de rester aux côté d'Aphiel Lahays qui continuait ses dessins. Pendant toute la journée je n'arrêtais pas de repenser aux paroles d'Iltiah et aux indices qu'elle m'avait laissé. Il semblait que si je voulais mes réponses il fallait que je m'enfonce plus profondément dans les souterrains. Mais je ne pouvais pas le faire en présence des Académiciens et des ouvriers. Lorsque je fus de retour au camp en fin d'après-midi je pris la décision de retourner dans les souterrains le soir et de me rendre à l'étage 42 indiqué par Iltiah. Après un rapide dîner, je restai dans ma tente en attendant que le camp se couche, relisant mes notes et préparant mes affaires. J'attendis pendant plusieurs heures puis une fois sûre que la majorité du camp était endormi, je sortis de ma tente avec une sacoche contenant mon carnet et mes armes. Je décidai de faire le trajet jusqu'aux ruines du palais à pieds pour plus de discrétion ayant pour seule source de lumière les lunes. Après une trentaine de minutes j'atteignis le puits gravitationnel, m'élançant du bord d'un saut acrobatique et m’engouffrant dans l'obscurité de celui-ci jusqu'à ce que les lueurs bleutées s'allument et éclairent ma descente. Je me mis à compter les lueurs blanches. Dixième étage. Vingtième étage. Trentième étage. Quarantième étage. A partir de là je me rapprochai du bord du puits en direction du sud et au quarante-deuxième je sortis du puits. Au moment de m'engager dans le tunnel je vis sur le mur à ma droite le symbole de ma vision puis en-dessous le texte que Nysun Is'kin avait retranscrit. Je ne savais pas si c'était un signe m'indiquant que j'étais sur la bonne voie mais je continuai ma route dans le couloir d'un pas plus rapide. En quelques minutes j'arrivai à la hauteur de la grande porte s'ouvrant sur le quartier sud. Je fus accueilli par la douce lumière bleutée du cristal. Celui-ci était d'une forme différente que le quartier est et pourtant j'avais l'impression de le reconnaître. Il s'agissait bien de celui de ma vision. Cette fois j'en étais sûre, j'étais sur la bonne voie. Avant de commencer à déambuler à cet étage je pris le soin d'indiquer mon point de départ d'une croix sur le sol poussiéreux afin de ne pas me tromper de porte au moment de repartir. Je partis sur la gauche de l'entrée et me mis à fouiller méticuleusement chaque habitations à la recherche de la pièce que j'avais vu dans ma vision. Je n'avais aucune idée du temps qui s'était écoulé depuis le début de mes recherches, en regardant derrière moi je conclus que j'avais probablement dû faire un peu plus d'un quart du cercle et je n'avais encore rien trouvé. Je continuai alors mon chemin, j'allais rentrer dans une habitation lorsque je vis du coin de l’œil, le symbole de ma vision dessiné au-dessus d'une petite porte entre deux plus gros bâtiments, je décidai d'aller voir de plus prêt. Arrivant devant l'entrée, je vis qu'il s'agissait d'un long vestibule de plusieurs mètres de longueur dont les murs étaient recouverts de végétations luminescentes. Je m'avançai à l'intérieur, le mur se situant face à moi était recouvert d'une fresque. Une fresque qui me semblait bien familière. C'était la fresque de ma vision qui représentait deux arches se rejoignant au centre du mur avec au milieu de ces arches, la phrase que j'avais traduite et en-dessous le symbole de l’œil dans un triangle. De voir ça de mes propres yeux était une sensation particulière, de voir que ce lieux était bien réel et que ce n'était pas une invention de mon esprit me rassurait aussi bien que ça m’inquiétait. Pourquoi est-ce que j'ai vu ce lieux ? Qu'est-ce que je suis censée trouver ? Mais surtout, pourquoi moi ? Me rapprochant de la fresque, je tendis la main sur le symbole, l'effleurant de mes doigts. Lorsque je sentis les reliefs du symbole gravés dans la roche un frisson me parcourus le bras. J'y suis.
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