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Terre des Éléments

Evasion. [pv. Mystica]


Noeleroi
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La caserne de Melrath Zorac, et ses prisons -ou plutôt, ses oubliettes...

Un endroit crasseux et usé, remplis d'êtres puants, sans morale, prêt à égorger un gosse pour quelques piécettes, tout juste bon à manger la nourriture infâme qu'on leur servait, incapable d'être utiles... Et je ne parlais pas que des prisonniers. De nombreux scandales avaient entachés la réputation des gardes, ou plutôt, ce qu'il en restait; et s'il y avait réellement eu de braves âmes dans leurs rangs, elles les avaient sûrement désertés depuis belle lurette, dégoûtés, morts, ou corrompus par cette mentalité misérable.

Et dire que c'était ça qui était chargé de maintenir la paix dans ma ville, déjà pourrie jusqu'à la moelle! Et bien, si les gardes étaient incapables de tenir leur charge, ce seraient d'autres "sentinelles" qui s'en occuperaient... Par le fer et le sang, s'il le fallait.

 

C'était d'ailleurs pour ces dernières que je devais affronter l'atmosphère moite et nauséabonde de ce refuge à poivrots. Un de nos "partisans", un assassin important, s'était fait prendre par la garde. Pour une fois que ces boîtes de conserves arrêtaient un criminel, il fallu que c'en soit un nécessaire...

Ma mission, donc, était donc de le retrouver, et de le sortir de là. Pourquoi moi? Simple: d'abord, j'étais régent. En tant que tel, je pouvais facilement justifier ma présence ici, si j'étais vu: une inspection surprise, ou un autre mensonge de ce goût ferait l'affaire. S'ils étaient aussi futés qu'ils en avaient l'air, ce sera un jeu d'enfant...

Mais, surtout, si je ne valais pas grand chose sur un champ de bataille, j'étais discret, rusé, et je maniais les mots comme mon arc. Bref, l'idéal pour ce genre de mission.

Je le pouvais; le voulais-je? Je connaissais la réputation de ce type. Ce n'était pas une sentinelle, juste une crapule prête à tuer contre quelques pièces... Et qui avaient des dizaines de cas d'infanticides sur le dos. Mais il nous avait servi quelques fois, par le passé, et avec efficacité. Un tordu, donc, mais un tordu utile...

 

J'étais entré par le toit. Il y avait une fenêtre surmontée d'un drapeau, sur le mur extérieur; en quelques sauts et un peu d'escalade, j'avais atteint le sommet de la structure. Une entreprise risquée, mais nécessaire: l'entrée menait à une salle extrêmement large, sans cachette et bourrée de gardes. Mais, d'en haut, je pouvais passer par une pièce bien plus petite, dans laquelle il était aisé de se dissimuler, et qui menait au couloir vers les oubliettes.

 

Je réussis à atteindre ce dernier sans encombres.

Parfait. A partir d'ici, plus de soldats à craindre: ils jouaient tous aux dés dans les salles communes, aucun n'aurait l'idée de faire une patrouille ici. Dire qu'il était si facile d'atteindre les pires criminels de la région... Encore quelques croisements, et j'arrivais aux escaliers menant aux oubliettes.

 

Soudain, je m'immobilisai. Je venais d'entendre, un peu plus loin, des bruits de pas. Quelqu'un se dirigeait vers moi...

Je dégainai ma dague, sans un bruit. Tant pis pour lui: si je me contentais de l'assommer, il pourrait revenir à lui, et me surprendre en train de libérer le criminel. Dans ce cas, c'en serait fait de ma réputation, déjà si ténue...

J'attendais dans un coin, silencieusement, qu'il arrive à ma portée. Et, quand ce fut fait...

 

Je sortis brusquement de ma cachette, et mon arme fila vers la gorge de l'homme.

L'homme? Justement, non. C'était une femme... Mais pas n'importe laquelle.

Mystica.

 

J'étais, malgré tout mon pragmatisme, un humain: j'eus un moment d'hésitation. Une fraction de seconde plus tard, je décidai qu'il fallait mieux continuer mon geste, et ce qu'il impliquait; mais c'était déjà trop long, et je perdis l'effet de surprise. Elle évita mon attaque, par réflexe; et je n'eus plus qu'à reculer prestement, m'éloignant d'une possible contre-attaque.

 

Autant sauver mon bénéfice du doute: je pris un air légèrement surpris en la regardant, et soupirai.

  - Encore toi...

Comment faisait-elle pour être à ce point un gêne? Depuis l'épisode du festival, nous ne nous étions plus vus; et je ne m'en étais pas plus mal porté. Mais les meilleures choses ont une fin, et à présent, j'avais à nouveau le déplaisir de la voir et, de surcroît, dans la pire des situations possibles...

Non pas que je la détestais! Au contraire: c'était cette affection que j'avais pour elle, qui rendait sa présence insupportable. J'étais un être humain normal, qui ne pouvait s'empêcher d'aimer, et de faire de cette affection, une chaîne: je n'avais aucune envie de la tuer.

Et puis, elle n'était pas ce que nous cherchions à détruire. Elle était aveugle, voir idiote... Mais pas mauvaise.

Je ne doutais pas d'arriver à la tuer, mais je savais que j'en serai mal pendant des semaines, et l'idée ne pouvait me plaire... Mais, avais-je une autre solution? Elle était une ennemie, et une des plus farouches. J'avais déjà essayé de lui ouvrir les yeux, en vain. Elle était un obstacle... Et tous les obstacles devaient être détruits.

 

Mais pas ici, pas maintenant; j'avais bien plus important à faire que me battre en territoire dangereux.

Je pourrais tenter de m'en débarrasser par les mots, mais je la connaissais: ce serait chose difficile, voir impossible. C'était comme vouloir diriger un brasier avec les mains: non seulement c'était inefficace, mais en plus, on se brûlait.

En conséquence, jugeant que parler mènerait forcément à un mauvais dénouement, je me contentai de ranger ma dague, et passer à côté d'elle sans lui adresser un mot. J'allais emprunter une porte un plus loin, me dissimuler à un endroit, et attendre une heure, afin d'être sûr qu'elle soit partie.

Je me moquais de savoir ce qu'elle venait faire ici; espérons que ce soit réciproque. Si elle avait un peu de jugeote, elle accepterait cet accord tacite de ne pas se battre, et me laisserait tranquille.

Un peu de jugeote...

En d'autres mots, c'était voué à l'échec.

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Mais où est-ce que je l’ai mis ?! C’est pas vrai !

 

En cette matinée d’hiver, la guerrière était bien agitée. Cherchant désespérément le document qu’elle avait pris soin de cacher aux yeux de tous, elle n’en menait pas large…

 

Zut, zut et zut ! Rahhhhhh !

 

En un geste de rage elle jeta tous les papiers se trouvant sur son bureau, envoyant l’ensemble à terre dans un fatras digne de son élément. Voyant le carnage des lieux, Mystica leva les yeux au ciel, remarquant que sa colère avait fait plus de dégâts au lieu de résoudre son problème. L’ignée se baissa pour commencer à ranger les affaires se trouvant au sol, ce n’était pas en s’énervant davantage qu’elle allait retrouver son précieux document… Prenant méticuleusement chaque parchemin en main, elle fit une pile stable sur la table. Le rangement étant presque finit, la guerrière remarqua alors qu’un bracelet composé de perles ambrées se trouvait en-dessous d’un fin parchemin… Elle le prit délicatement dans ses mains, et reconnu instantanément l’objet… Emplie à la fois de colère et tristesse, Mystica jeta le bracelet contre le mur en face d’elle. Sous l’effet du choc, il se brisa, et les perles s’éparpillèrent dans la pièce.

 

Pourquoi ? Mais pourquoi ?!

 

Les souvenirs remontaient en elle tel un torrent de lave… Il l’avait trahit, comment avait-il pu ? Elle avait pour lui plus qu’une simple amitié banale. Ils pouvaient tout se dire, c’était SON ami. Celui qui avait été toujours là en cas de coup dur. Et pourtant… l'aéride avait commis l’irréparable. Pourquoi avait-il rejoint les Sentinelles ? Quelles pouvaient donc être ses motivations pour le pousser à aller rejoindre des êtres aussi perfides ? L’ignée ne le savait… Noeleroi était allé jusqu’à vouloir la convaincre que c’était elle qui se fourvoyait dans des illusions rocambolesques… Mais n’était-ce pas lui qui avait subit un lavage de cerveau par ces aventuriers prônant soit disant les vraies valeurs ? Mystica ne pouvait se résoudre à laisser son ami partir dans un tel scenario. Elle voulait le ramener à la raison, mais lors de leur dernière discussion, il était resté sur sa position, et la situation avait bien faillit mal se terminer… Ramassant une à une les perles du bracelet désormais brisé, l’ignée rangea l’ensemble dans un morceau de tissu et le mis dans le tiroir de son bureau malgré tout. Elle ne pouvait se résigner à jeter définitivement un présent qui lui était si précieux…  

 

Avant de le fermer, la guerrière constata qu’un petit bout de papier dépassait légèrement… Elle tira dessus afin de le récupérer.

 

Enfin te voilà !!!!

 

L’aventurière venait de retrouver ce pourquoi elle avait eu tant de mal à garder patience jusque là… Le fameux document… Il était froissé, mais encore en bon état. Mystica se demandait comment il avait pu se nicher dans un tel endroit. L’aplatissant du mieux qu’elle pouvait, l’ignée le posa sur le bureau et s’assit pour mieux l’analyser. Il s’agissait d’un plan de la caserne qui jouxtait la ville de Melrath Zorac, le siège de l’armée. La guerrière savait très bien que personne ne devait la voir avec ce parchemin en main. En temps normal, ce n’est pas le genre d’information que l’on obtient à chaque coin de rue. Elle avait du faire des pieds et des mains pour l’avoir, et passer par des réseaux peu recommandables. La carte était authentique, le sacrifice en valait donc la peine. Au vu du plan qu’elle avait échafaudé, l’ignée ne pourrait se permettre de l’emporter avec elle. Il fallait donc qu’elle mémorise l’ensemble de la carte, ce qui n’allait pas être aisé. Après plusieurs heures passées à retenir chaque recoin du bout de parchemin, elle pu visualiser l’ensemble mentalement. Une fois la tâche ardue accomplie, Mystica rangea le document où elle l’avait trouvé, puis prépara son paquetage. Tout était finalisé…

 

 

Mettre en place une telle entreprise avait nécessité beaucoup de temps, et l’ignée avait réfléchit à plusieurs fois avant de se lancer dans ce pari risqué. Toutefois, la détermination l’avait toujours emporté sur la raison. Il avait été insupportable pour la guerrière de voir ses compagnons se faire insulter de la sorte par la Maire. Pour qui se prenait-elle ?! Il avait été décidé d’un commun accord de lui répondre par la missive qui s’imposait. Depuis, plus rien… Cette dirigeante qui se croyait tout permis n’avait même pas la décence de leur envoyer une nouvelle missive… Mystica avait donc décidé de riposter. Elle n’avait pas pour habitude de se révolter contre l’autorité, préférant agir de manière stratégique. Il s’agissait de la goutte de trop… Et pour lui faire comprendre son erreur, l’ignée n’allait pas faire les choses à moitié… Elle avait prévu d’effectuer un « petit » sabotage des installations, histoire que la Maire constate l’« efficacité » de ses troupes. Elle ne pourrait plus critiquer les autres à partir de là. Afin d’avoir tout son nécessaire, la guerrière avait prévu un nombre impressionnant de fioles d’acide. Fermant la porte derrière elle après s’être équipée de Croc Ardent et de sa besace, elle prit le chemin menant au tunnel de la mine. L’ignée serait rapidement sur le lieu où elle allait pouvoir réaliser son forfait.

 

 

Tout en restant discrète, elle entra par un passage secret dans la caserne. Les gardes la connaissaient bien pour leur avoir rendu quelques services par le passé. Ils n’étaient pas méchants, mais pour accomplir sa tâche, il était préférable de ne pas les impliquer… Toujours en visualisant le plan dans sa tête, Mystica avançait précautionneusement dans les entrailles du bâtiment. Elle voulait détruire les installations principales, ce qui empêcherait les gardes d’intervenir en cas d’attaque surprise.  La solution n’était toutefois pas si simple, vu qu’elles se trouvaient au cœur de la structure. Il fallait donc faire preuve de discrétion et passer par un dédale de couloirs secrets. Pour corser la difficulté de l’entreprise, l’ignée devait passer devant les oubliettes sans éveiller les soupçons des gardes ET des prisonniers. Autant dire qu’il s’agissait d’une mission pratiquement impossible. Avançant avec toute la discrétion dont elle pouvait faire preuve, la guerrière commença à passer devant les différentes cellules. Peu de prisonniers s’y trouvaient, mais il ne fallait pas pour autant relâcher son attention.

 

 

Soudain, elle sentit un souffle… quelqu’un était là, derrière elle. Comment n’avait-elle pas pu ressentir cette présence plus tôt ? Il devait être doué pour se cacher… Rôdeur ? Magicien ? Mystica se retourna précipitamment, et évita de justesse la dague qu’allait lui planter la personne en question. D’un geste rapide, elle dégaina Croc Ardent, prête à attaquer son adversaire… L’obscurité des lieux n’aidant pas, elle ne reconnu pas tout de suite son agresseur. Il s’avança lentement… A la lumière d’un flambeau, elle le vit.

 

Lui…

 

Que faisait-il dans un endroit pareil ? Pourquoi fallait-il qu’il se trouve en ce lieu, alors qu’elle était dans une entreprise si périlleuse ? Noeleroi était bien le dernier des soucis en face duquel Mystica voulait se trouver. La présence du Régent en ces lieux n’augurait rien de bon… La colère montait en elle, essayant malgré tout de se contrôler pour ne pas lui sauter à la gorge. Il fallait rester maître de soi, ce n’était vraiment pas le moment de régler les comptes en un lieu pareil… L'aéride prit subitement la parole de manière cinglante. Visiblement lui non plus ne voulait pas la revoir… Ils étaient au moins en accord sur un point. Le ton qu’avait prit le Régent n’avait cependant pas aidé à calmer l’ignée, et sa réponse ne se fit pas attendre.

 

Je pourrais dire pareil… Pourquoi es-tu là ?! Traître !

 

Aucune réponse, si ce n’était du dédain. Pour toute action, il rengaina son arme, et passa devant la guerrière sans sourciller… ce qui eut l’effet d’une bombe chez l’ignée.

 

Tu n’as même plus la décence suffisante pour me répondre ? En plus d’être un traître tu es un lâche, tu me déçois énormément !

 

Toujours pas de réaction, le Régent continuait sa route. Bouillonnant de l’intérieur, Mystica ne pu se retenir plus longtemps, et le rattrapa, lui assénant un coup violent dans les côtes avec le plat de sa lame, le faisant tomber au sol.

 

Tu ne changeras donc jamais ?! Ces êtres perfides t’ont-ils donc tellement endoctrinés, avec leurs idées ignobles ?!

 

Déçue de son ami, la guerrière se tut, le regardant avec tout le mépris dont elle pouvait faire preuve, la lame de Croc Ardent dirigé vers son cou…

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Et voilà... Elle réagissait au quart de tour. Je lâchai un soupir, entre consternation et lassitude. Suivre son cœur plutôt que sa cervelle n'était pas forcément une mauvaise chose, mais chez elle, c'était extrême... Même en plein territoire hostile, au cœur d'un repère d'hommes faits pour se battre, elle était incapable de se maîtriser. Pire: elle n'essayait pas.

  - Je pourrais dire pareil… Pourquoi es-tu là ?! Traître !

Quand avais-je trahi qui que ce soit? Nous n'étions lié par aucun serment. Non seulement l'amitié n'en était pas un, mais en plus, c'était elle qui était incapable de supporter que je puisse penser autrement. Bien sûr, si elle ne changeait pas d'avis, cela ferait de nous des ennemis... Mais nombreux furent, et étaient, les adversaires qui se respectaient. Il n'en serait pas ainsi pour nous...

Enfin... Inutile de me tourmenter encore. J'avais déjà essayé de sauver ce qui pouvait l'être dans notre relation, et ce fut un échec total. Il serait stupide de m'échiner en vain: notre amitié appartenait au passé, point.

  - Tu n’as même plus la décence suffisante pour me répondre ? En plus d’être un traître tu es un lâche, tu me déçois énormément ! J'aurais volontiers continué à l'ignorer: même ses insultes n'avaient aucun sens, elle semblait juste vouloir déverser toue sa rage. Tel était le lot des clairvoyants: se faire insulter par la masse aveugle, incapable de comprendre ou même d'essayer de comprendre, et qui tente de se sentir plus intelligente en rabaissant les génies.

Mais voilà: je n'eus pas vraiment le choix. Elle me rattrapa, et me gratifia d'un solide coup de lame.

Bien sûr, je n'avais pas baissé ma garde: je l'avais entendu s'approcher, j'avais vu le coup venir, et j'avais fait en sorte qu'il soit le moins douloureux possible, en me déplaçant de sorte à ce qu'il touche l'endroit le moins sensible...

Mais j'avais sous-estimé sa force. Elle s'était améliorée, et sa rage la rendait plus brutale encore.

 

 

Je chutai malgré moi, et me retrouvai avec sa lame sous la gorge.

  - Tu ne changeras donc jamais ?! Ces êtres perfides t’ont-ils donc tellement endoctrinés, avec leurs idées ignobles ?!

 

Je jetai une dague vers elle pour faire diversion, et roulai en arrière, avant de me remettre sur pied en un saut. La souffrance se fit perçante, à l'endroit du choc, et m'arracha une grimace douloureuse.

 

 Par Niue... Je commençais à en avoir soupé, de cette gamine impulsive, et de ses petites idées toutes faites. Il était temps de mettre un terme à cette mascarade.

D'une voix glaciale, je prononçai

 

  - Tu attaques par derrière, et je suis un lâche?

 

Je fis un pas vers elle, la fixant d'un regard dur, où naissait une colère aussi froide que profonde. Je serrais dents et poings, essayant de me contenir.

 

- Tu n'en as pas marre d'être inconséquente? De prêcher pour un dieu, puis de cracher dessus selon ton humeur? 

 

J'empoignai le manche de ma dague, et la dégainai lentement. Cette femme n'était qu'un poids, un boulet que je traînais depuis trop longtemps. J'allais en couper la chaîne, définitivement.

 

- Moi, oui. J'en ai assez, de tes actes irréfléchis, de tes réactions excessives, de tes coups de tête. Assez, de ton entêtement abruti, de tes contradictions, de ton intolérance butée. Assez, de tes hurlements de sauvage, de tes insultes stupides, de ton agressivité furieuse.

Tu n'es qu'une petite gamine gâtée, Mystica. Tu écoutes sagement ce que les adultes te disent, et bois leurs mots sans rien remettre en doute, privée de sens critique. Tu babilles les belles paroles qu'on t'a fait apprendre par cœur, sans même en comprendre le sens, pour être bien vue par les autres. Tu t'émerveilles devant les belles vitrines des magasins, pour ne plus avoir à supporter le regard des miséreux autour de toi. "Que le monde est gai, qu'il est chatoyant!", te répètes-tu sans cesse, essayant d'oublier le malheur autour, songeant que tu as bien de la chance de ne pas être une de ces loques affamées. Ho, bien sûr, tu donnes un biscuit de temps en temps ou un petit coup de main, espérant qu'un adulte te tapote gentiment la tête et te félicite pour ton brave cœur; mais hors de question de perdre tes jouets et ton petit bonheur pour des inconnus!

 

Mais c'est fini. Je me fiche de ta puérilité et de ton égoïsme, à présent: je n'aurai pas à le supporter plus longtemps... Tu ne peux t'exprimer que par la violence? Soit. Réglons cela par le fer, et dans le sang.

 

 

Je pointai ma dague vers elle, le visage imperturbable, le regard dur comme le roc. Ma rage avait été étouffée avant de s'enflammer: une froide détermination l'avait remplacée.

 

Il n'y avait eu qu'une issue possible, depuis le début. J'avais cédé à ma faiblesse, en essayant de me convaincre que non... Mais j'allais réparer cette erreur.

 

- En garde, élémentaire. Que le sang du plus faible tâche à jamais le sol, preuve éternelle de la vanité du dialogue et de la suprématie de la force; de l'incapacité des humains à vivre en paix sans puissance plus grande encore pour les guider... 

 

Plus de retour en arrière possible, à présent. Je ne devais plus penser qu'au combat, et à rien d'autre. J'allais devoir lutter et, sans doute, mourir...

 

J'avais peu de chance de l'emporter. J'étais coincé dans ce couloir, incapable de profiter de ma mobilité, de me cacher pour tirer à l'arc, de grimper me mettre à l'abri. Ma seule chance, c'était qu'elle s'emporte, et perde en précision. Je pourrai alors tenter de la déborder par la vitesse et l'agilité, esquivant ses coups et la tranchant encore et encore à la dague...

 

 Mais un pas de travers, un seul, et on la surnommait régicide.

 

Alors, pour l'exciter encore, et la pousser à la faute, je crachai au sol, vers elle, d'un air empli de mépris -je n'eus presque pas à me forcer.

 

- Adieu, esclave d'Ignis. 

 

Modifié (le) par Noeleroi
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La lame de Croc Ardent était toujours placée sous la gorge de l’aéride… Soudain, il jeta une dague vers Mystica qui dût sauter en arrière afin de l’éviter, laissant le champ libre au Régent pour s’extirper de sa lame. Visiblement, il avait sentit passer le coup porté au vu de la grimace qu’il faisait, mais l’ignée n’en avait pas terminé avec lui. A vrai dire, elle ne faisait que commencer. Elle voulait lui faire reprendre ses esprits… Avant qu’elle ne puisse enchaîner le coup suivant, Noeleroi prit la parole d’une voix glaciale.


Tu attaques par derrière, et je suis un lâche?

 

Il osait la traiter de lâche… Mais qui des deux avait décidé de rejoindre l’ennemi ? La seule fois où elle décidait de rentrer dans son « jeu », il se permettait de proférer de tels mots… Pourquoi tant de rage ? Pourtant il n’y a pas si longtemps, ils rigolaient tout deux encore de chaque broutille qui pouvait régir la vie au sein de ces terres. Etait-ce là tout ce dont il se souvenait ? Qu’avaient pu faire ces adeptes pour qu’il ait changé à ce point ? La guerrière n’eut pas le temps de chercher la réponse à toutes ces questions que déjà l’aéride s’approchait d’elle, la main sur la dague. Au vu de son air menaçant, il avait fait son choix. Mystica se mit en position de défense… par précaution. Elle espérait que les choses n’iraient pas jusque là. Elle ne le voulait pas, pas avec lui.

 

 

Le Régent pris une nouvelle fois la parole, mais cette fois-ci, ses paroles n’étaient que haine et rage. Il déversait un flot de paroles plus cinglantes et blessantes les unes que les autres. Elle ne le reconnaissait plus. L’ignée prenait sur elle...terriblement. Elle ne savait comment elle faisait pour retenir sa colère face à celui qui était jusqu’à il y a peu son confident. Il insultait ses réactions, ses façons de faire… Ce n’était pas le premier à le lui dire, et au fil du temps la guerrière avait appris à faire avec. Mais de sa part… les choses prenaient une toute autre dimension. Le glas fut le moment où il commença à la traiter de gamine. Elle ? Une gamine ?! Se fut les mots de trop. Mystica avait vécu tellement de choses par le passé… Elle n’avait pas eu la chance de savoir ce qu'était une enfance heureuse comme la plupart des personnes de ces terres. Alors lui lancer de tels propos au visage… Elle allait lui répondre, quand il continua sans sourciller.

 

En garde, élémentaire. Que le sang du plus faible tâche à jamais le sol, preuve éternelle de la vanité du dialogue et de la suprématie de la force; de l'incapacité des humains à vivre en paix sans puissance plus grande encore pour les guider... 

 

 

La situation ne faisait qu’empirer, et l’aéride ne se calmait pas, au contraire, la dernière phrase qu’il prononça finit d’achever un discours qui disait tout.


Adieu, esclave d'Ignis. 

 

Il cracha à terre comme pour mieux faire passer son message de dédain et de dégoût envers elle. Mystica sentait un flot de rage en elle monter, visiblement il cherchait la guerre, et non plus qu’une simple bataille entre eux. Elle se contenu du mieux qu’elle put, mais elle tremblait de colère, toujours en garde face à l’aéride dont la détermination pour la combattre était inébranlable. Insulter son passé, ses croyances, la rabaisser plus bas que terre… il était allé beaucoup trop loin. Était-ce son but depuis le début ? Voulait-il pousser l’ignée dans ses retranchements ? Mais pourquoi ? Il était loin d’être en position de force dans un tel lieu. Et pourtant il avait fait le choix de la provoquer comme jamais auparavant. La guerrière ferma un instant les yeux, essayant de reprendre le contrôle de ses esprits tant bien que mal. Ce n’était vraiment ni l’endroit, ni le moment. Quelque chose en elle la poussait à faire le contraire… Elle savait ce que signifiait une telle envie. S’étant jurer de ne plus y succomber depuis la dernière fois, le désir de réprimer ses sentiments devenait toutefois impossible.

 

 

Soudain, ses cheveux flottaient dans les airs comme si une brise les parcourait. Aucun courant d’air ne parvenait dans le couloir… Sa chevelure orangée devint plus claire, comme si des flammes la parcouraient. Les arcanes gravés sur la lame de Croc Ardent brillèrent, rendant le métal incandescent. Elle devenait de plus en plus rouge, puis la lame s’enflamma. Mystica ouvrit les yeux. Une lumière presque surréaliste étincelait dans son regard bleu azur. Elle regarda Noeleroi de manière presque trop calme au vu de la situation.

 

Très bien, si on doit en arriver là…

 

L’ignée était concentrée, ne faisant preuve d’aucune compassion. Il était trop tard désormais. Une fois, une seule fois elle s’était trouvée dans pareille situation. « Cette » fois là… Depuis elle s’était jurée de ne plus avoir recours à une telle puissance. La guerrière savait les conséquences d’un pouvoir comme celui qu'elle avait pu acquérir. Elle ne voulait y recourir qu’en cas d’extrême nécessité, la finalité pourrait très bien être funeste, et pas forcément pour la personne que l'on pourrait croire… Ce pouvoir lui conférait force et maîtrise extrême de soi. Les flammes qui parcouraient la lame de Croc Ardent infligeraient des brûlures qui ne pourraient être soignés lors des coups de lames portées à l’adversaire. Pourtant, l’ensemble de ces capacités avait un prix lourd de conséquence…  Son regard avait changé. Il était froid, impassible, sans émotion, face à un Régent dont la colère venait d’éclater.

 

 

L’activation de ce pouvoir entraînait une perte de vitesse, privilégiant la maîtrise de ses émotions. Une grande quantité d’énergie était également nécessaire pour en faire usage, l’ignée mettait donc sa vie en danger si elle l’utilisait trop longtemps. La dernière conséquence, et non des moindres, était en lien direct avec la durée d’activation. Plus la guerrière serait dans cet état, plus la chute serait difficile. La maîtrise de soi impliquait un équilibre constant avec le lâché prise. Or, dans cette situation, la balance était annihilée. L’équilibre devait donc être rétablit par la suite, pouvant aboutir à la folie dans le pire des cas. Il faudrait donc faire vite, et mettre à terre Noeleroi avant que le point de non retour ne soit atteint. Le Régent ne le savait pas, et à vrai dire, Mystica voulait éviter qu’il soit au courant de ces points faibles. Au vu de la situation, il pourrait en tirer parti…

 

 

N’attendant plus rien de lui, l’ignée s’élança vers le rôdeur qui se tenait prêt à attaquer. Elle lui assena une première attaque… qu’il esquiva. Visiblement, la guerrière allait avoir plus de mal que prévu pour l’atteindre. Il faudrait faire preuve de stratégie. Davantage sur ses gardes, elle réfléchit à la meilleure solution qui s’offrait à elle. Des cellules aux alentours, un couloir, aucun moyen de s’échapper sur le côté pour revenir derrière lui. Il faudrait feinter… Le regardant fixement, elle essaya de lire son prochain coup. Il s’élança à son tour, rapide, mais à son désavantage. Se fut à son tour de parader l’attaque, se trouvant à présent derrière l’aéride. L’ignée allait pouvoir profiter de cette opportunité pour riposter. Avant qu’il ne puisse faire quoique ce soit, elle se retourna, et lui infligea une blessure au bras droit. Une première coupure associé à la brûlure de sa lame… Il allait souffrir, et ce n’était que le début…

Modifié (le) par Mystica
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Mes mots avaient faits mouche: la rage se lisait sur chacun de ses traits, chacun de ses gestes. Je n'avais plus qu'à espérer que cela l'affaiblisse, comme prévu... Car, plus le temps passait, plus je me rendais compte de la stupidité de mon acte. Elle était une combattante née, faites pour combattre de front; j'étais tout -assassin, diplomate, acteur, ...- sauf cela. De plus, ce lieu clos était une véritable prison: j'aurais eu des chaînes que je m'en serais senti aussi entravé. Un combat ici n'était rien de moins qu'un suicide...

 

Une telle erreur, cela ne me ressemblait pas. Pas du tout. Alors, pourquoi? La réponse était évidente: je m'étais laissé emporté. L'ignis avait le don de me mettre hors de moi, comme si son absence de sang-froid était contagieuse...  N'était-ce pas le propre du feu, d'embraser tout ce qui s'approchait de trop près? Elle qui ne jurait que par le fer, ne répondait que par la violence, brûlait de ton son saoul, chaotiquement et sans limite... Elle n'était pas de cet élément pour rien.

 

Or, comme pour me contredire, elle ferma les yeux, comme pour se calmer. 
Elle se fichait de moi? Quand je la voulais calme, elle explosait à chacun de mes mots; et quand, pour une fois, son impulsivité m'arrangeait, elle la réfrénait? Encore une fois, je sentis la colère monter en moi... J'en aurais presque ri: c'était moi qui allait exploser, et elle qui allait rester sereine...

 

Mais un événement étrange vint doucher mon humeur. Sa chevelure s'éleva, se teinta, à l'image de son épée.
Cela n'augurait rien de bon... Comme si j'avais besoin de ça! J'avais déjà un pied dans la tombe, elle venait d'y mettre le second. 
  - Très bien, si on doit en arriver là…
Et quelle autre issue imaginait-elle? C'était elle qui rendait l'affrontement inévitable. Si ses insultes avaient un autre but, j'étais curieux de le connaître...

 

Elle ne semblait plus elle-même. Elle était comme en transe, presque possédée... L'était-elle? Elle brûlait comme si Vulfume en personne était en elle... En étais-je heureux? Serait-il plus facile de la tuer, maintenant qu'elle n'était plus celle que je connaissais -avais connue?

 

La question était vaine. Je ne pouvais rien y faire, de toute manière. Et, surtout, je n'avais plus le temps de penser à cela...
Elle lança sa première attaque, que j'esquivai de justesse. Je sentis cependant les flammes de sa lame me lécher, comme une promesse à se retrouver... Non. Je ne devais pas me laisser intimider, la peur ne ferait que m'affaiblir. Se concentrer sur la bataille, sur le prochain mouvement...
Je lui décochai un coup rapide, avant de reculer. Elle ne le sentit même pas... Avait-il été inefficace, ou ne ressentait-elle plus la douleur? Je n'avais plus l'impression de combattre une humaine, mais un monstre...

Qu'avait-elle encore en réserve? Mieux valait la déborder, avant qu'elle n'aie le temps de me le faire découvrir.
Je partis à l'assaut, prêt à éviter son prochain coup. Sauf qu'elle n'en donna pas tout de suite: elle s'arrangea pour se retrouver dans mon dos, et m'atteindre au bras.

La douleur fut atroce, insupportable. La lame trancha peau, veines et  muscles, faisant jaillir mon sang; et surtout, les flammes me rongèrent la chaire, cloquant ma peau, déchirant son tissu, torturant chacun de mes nerfs.

Je serrai les dents, tentant de contenir la douleur. Je ne lui ferai pas le plaisir de montrer ma souffrance...

Ou était-ce sa pitié que je redoutais? Qu'elle montre des sentiments, qu'elle me rappelle que, malgré son apparence actuelle, c'était une humaine, une amie, que je cherchais à tuer?

Tsss... Pourquoi n'arrivais-je pas à arrêter de penser? Je devais me battre, point.

Ma manche s'était embrasée, et je dus l'arracher vivement -presque frénétiquement. Quand ce fut fait, je décidai de retirer le reste de mon haut: non seulement il risquait d'étendre le feu à tout mon corps mais, surtout, il pourrait se fondre dans ma peau... Je gardai néanmoins le bas. Je n'oubliais pas où nous étions: si un garde nous voyait, il était hors de question que ma crédibilité eut à en souffrir. Un régent ridicule ne régnait que sur son titre...


Mon torse était couverts de blessures. Celles que je m'étais faites sur ces terres, mais surtout les nombreuses traces de coups de fouet. Elles étaient petites: les cicatrices ne grandissaient pas avec le corps, et j'avais reçu ces blessures quand j'étais enfant, dans mon passé d'esclave. Mais elles n'avaient aucune importance, à mes yeux. Mon passé n'était que mon passé, il n'avait aucune importance. Seul l'avenir comptait...

 

Mais pour cela, il fallait agir sur le présent. Bref, sur ce combat.
L'étrange pouvoir auquel elle avait recours la rendait plus redoutable que jamais; mais j'avais aussi un atout... Si le lieu m'était désavantageux, je n'avais qu'à l'adapter. Mieux: son propre pouvoir allait me servir. Je plongeai ma main gauche dans une bourse -mieux valait ménager mon bras droit-, et en sortis des sphères noires, dotées d'une mèche. Le plus dur, c'était toujours de les allumer... Elle allait s'en occuper pour moi.

 

Je lui lançai une poignée d'explosifs, dont un fumigène. Ils s'embrasèrent en un instant, et explosèrent; j'en profitai pour me planquer plus loin dans le couloir, derrière le mur du coin. Je préparai mon arc aussi vite que possible, sortis de ma cachette, et arrosai le couloir de flèches. Je ne voyais rien, avec la fumée qui avait envahi l'ensemble des lieux, mais le couloir était étroit: même en visant au hasard, j'avais de larges chances de la toucher, d'autant plus qu'elle-même ne les verrait pas venir.
J'étais séparé d'environ une dizaine de mètre d'elle, si elle n'avait pas bougé. Dès que je verrai sa silhouette à travers la fumée, je me réfugierai derrière le mur du croisement, pour jeter mon arc et reprendre mes dagues:  un arc n'était qu'un encombrement, au corps à corps.

  

Modifié (le) par Noeleroi
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L’aéride pensait avoir pu cacher à la guerrière sa douleur suite à la blessure infligée. Il n’en était rien… Chaque geste, aussi infime soit-il pouvait être décrypté par Mystica. Il ne pourrait absolument rien lui dissimuler. Et à cet instant, il souffrait… atrocement. L’ignée ne sourcilla pas pour autant, un seul but régissait désormais ce combat : défaire son ennemi. S’en était finit de tout les sentiments qu’elle pouvait avoir au moment même où elle combattait, plus rien n’importait si ce n’était de le détruire. Telle une machine prête à agir peut importe la situation, elle regarda le Régent enlever prestement le haut de son uniforme, afin de ne pas aggraver ses brûlures par la propagation des flammes. Il se trouvait alors torse nu face à elle. En temps normal, un tel spectacle ne l’aurait pas laissé de marbre, ami ou non. Pourtant il n’en était rien. Aucune once d’émotion ne traversa son visage, comme si un masque avait été apposé dessus. L’ignée restait imperturbable…

 

Avant qu’elle ne pu attaquer, Mystica vit Noeleroi plonger sa main dans sa besace, et lui lança ce qui ressemblait à des fumigènes. Elle voulu les éviter, mais il était trop tard… La perte de vitesse due à son état lui empêchait de réagir aussi rapidement que d’habitude, ce qui entraîna l’embrasement des explosifs au contact de sa lame enflammée. L’effet ne se fit pas attendre, et le couloir qui ne laissait aucune échappatoire était désormais aux prises d’une intense fumée opaque. Il devenait difficile à la guerrière de savoir où était l’aéride. Difficile mais pas impossible… Il avait fait diversion pour tenter une attaque malgré le désavantage de sa situation. Le Régent était décidément digne de sa réputation de fin stratège et de… lâche. Il préférait se terrer au fond d’un trou, ou dans ce cas précis, un recoin du couloir. Pathétique. Le seul mot qui venait à l’esprit de l’ignée pour définir le comportement de l’aéride. Il n’osait même pas attaquer de front, lui qui avait osé démarrer les hostilités de manière définitive en jurant solennellement que le sang coulerait…

 

Ce dégoût n’entravait pour autant les idées éclaircies de Mystica. Le pouvoir dont elle disposait l’empêchait toute prise de position. Ainsi, elle ne laissait pas libre cours à ses émotions dans une situation où elle aurait explosé de rage depuis longtemps. Un avantage certain dans une position peu convenable… La guerrière savait pourtant le prix à payer, et les premiers effets allaient bientôt se faire sentir. Le plus tard serait le mieux, mais elle ne savait quand le tourbillon infernal vers lequel elle allait être entrainée, commencerait son œuvre. L’ignée ne maîtrisait pas encore ce pouvoir, et à vrai dire, elle espérait ne jamais avoir à le faire… Les circonstances en avaient décidés autrement, et désormais, elle devait se préparer au pire tout en neutralisant Noeleroi.

 

Soudain, elle sentit quelque chose fendiller l’air dans la fumée opaque. L’heure n’était plus à l’observation, il fallait désormais agir. Au dernier moment, Mystica dû faire face à une volée de flèches se dirigeant droit sur elle. Dans un mouvement souple et rapide du bras gauche, elle fit tournoyer Croc Ardent, fabriquant un bouclier de flamme devant elle. Les flèches de bois brulèrent, ne pouvant passer le barrage enflammé. La guerrière ne put cependant pas toutes les arrêter, et fut atteinte par deux d’entre-elles. La première s’était fichée dans l’épaule droite, la seconde dans la jambe gauche. Elle ne sourcilla point, la douleur lui étant désormais inconnue. Constatant les blessures, elle retira rapidement les flèches enfoncées dans sa chair, et cautérisa les plaies à l’aide de sa lame. Une bonne chose de faite, le combat allait pouvoir continuer. Le Régent ne se débrouillait pas trop mal visiblement, mais pas suffisamment pour échapper à l’ignée…

 

La guerrière n’avait pas bougé, préférant restée statique et maîtriser son environnement, plutôt que de partir aveuglément à la recherche de son ennemi. Il se montrerait dans tout les cas bien assez tôt… La fumée commençait à se dissiper, et l’aéride n’était pas loin, elle le sentait… Il croyait pouvoir la prendre par surprise, mais c’était mal la connaître. Elle n’eut donc pas de mal à éviter l’attaque qui suivi lorsqu’il sortit de sa « cachette », s’armant à nouveau de ses dagues. Les blessures qu’il lui avait infligées ne ralentissaient pas les mouvements de Mystica, ce qui lui permit de riposter sans problème lors de son passage. Elle le gratifia d’une belle entaille au visage. Il repartit en arrière afin d’éviter une quelconque attaque. L’ignée n’allait pas s’arrêter en si bon chemin, et continua ses attaques en enchaînant les coups. Elle lui infligea une blessure supplémentaire au bras droit et une autre à l’épaule gauche.

 

Toujours aucune émotion sur son visage, pas même un rictus de dédain, le néant. Son regard restait froid et impassible, face à un Régent blessé de part en part… Elle prit la parole, d’un ton monocorde comme pour mieux lui signifier que sa fin était proche.

 

Tu crois pouvoir m’échapper ? Utiliser tes artifices contre moi ne servira à rien dans un tel endroit. Rends-toi à l’évidence ou périt par ma lame…

 

Mystica avança lentement vers l’aéride, comme si le temps s’était ralentit. D’une démarche sûre, elle tenait Croc Ardent fermement de sa main gauche, plus rien ne l’arrêtait désormais. Noeleroi avait voulu une bataille, il allait en payer le prix ultime. L’ignée ne se rendit pas compte à cet instant que la situation dans laquelle elle se trouvait été plus grave qu’elle ne l’imaginait. Ne sentant pas la douleur, elle n’avait pu constater que la totalité des pointes de flèches avait été retirée avant qu’elle ne cautérise ses plaies. La conséquence d’une telle erreur aboutissait à la réouverture de ses blessures, dont du sang coulait à présent sans qu’elle n’y prenne garde. Au vu des mouvements que la guerrière venait de faire, les éclats de métaux s’étaient un peu plus enfoncés dans la chair à chaque coup porté. Ironie de la situation, en attaquant le Régent, elle se blessait davantage elle-même…

 

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Je m'étais demandé si j'étais heureux de cette transformation, parce qu'elle déshumanisait Mystica. J'avais la réponse: non. En temps normal, je n'aurais déjà pas donné cher de ma peau; mais contre cette espèce de machine à tuer, seul un miracle pourrait me sauver. J'étais certain que mes flèches l'avaient touchée, au moins une... Et pourtant, elle se mouvait comme si elle n'avait jamais été blessée.
Etait-elle invincible? Non. Autrement, elle aurait utilisé ce pouvoir pour détruire les Sentinelles toute entière. Dans ce cas... Elle ne ressentait plus la douleur. Elle laissait son corps se détruire, elle se coupait de l'information la plus vitale.
Elle était presque impressionnante: à chaque fois que je me disais qu'elle ne pourrait pas m'exaspérer plus, elle s'arrangeait pour me prouver le contraire...
Que voulait-elle? Se suicider, et m'emporter avec? Soit! Qu'elle meurt! Mais ce sera sans moi.

 

Mais, malgré ces belles paroles, mes blessures s'accumulaient, se multipliaient, commençaient à couvrir mon corps. 
Le visage, d'abord. Heureusement, le coup fut trop rapide pour que les flammes me défigurent. Malheureusement, la lame, elle, ne me rata pas: une large estafilade me parcourait le visage. Je ramassai ma manche arrachée à terre, presqu'à l'aveugle, et la noua autour de mon front, pour éviter que le sang ne me coule dans les yeux.
Le coup d'après me frappa au bras, toujours le même. Il n'avait pas été facile de tirer à l'arc avec la première blessure; c'était à présent chose impossible.
Et, enfin... Mon bras valide ne le fut plus.
Je lui avais infligé des dizaines, des centaines de coupures. En temps normal, elle peinerait à brandir son épée. Mais elle semblait fraîche comme à la première seconde de cet affrontement.

 

Moi... Je peinais à brandir ma dague. J'étais caché dans la fumée, pour l'instant. Tant que je ne bougeais pas, elle ne pouvait savoir où j'étais.
Mes bras torturés ne me répondaient plus qu'à contrecœur, et jamais sans m'infliger une "cuisante" douleur. Le couloir empestait la viande grillée, et finissait d'embrumer un esprit déjà au martyr. 
J'allais mourir, ici, tué par la créature la plus contradictoire que je connaisse...
Si, au moins, je périssais au nom de vraies valeurs, de la main d'un idéaliste déterminé à mener l'humanité sur une voie meilleure! Mais non... Ma mort serait le fruit d'une impulsivité, d'une incapacité à prendre un autre point de vue, d'une frustration mal digérée...

 

Non, je n'abandonnais pas. Je ne céderai jamais au désespoir. Mais j'étais réaliste: j'étais un fétu de paille face à un brasier. Un fétu aux bras brisés, au corps brûlé, au visage ensanglanté, face à un brasier ardent, implacable, insensible. Quant à fuir, c'était impossible... Il me faudrait ouvrir une porte, et le bruit la rameuterait en un instant.

 

J'allais mourir, c'était une quasi-certitude... Mais pas tout seul. Elle voulait m'emmener aux abysses en m'y tirant... Hors de question qu'elle s'en extirpe. 
J'avais abandonné mon sac au début de l'affrontement. Je marchai jusqu'à lui, sans un bruit, tel un fantôme -n'en serai-je pas bientôt un?-, espérant que la fumée me cache. Je l'ouvris, et pris ce qu'il contenait, soigneusement enveloppé dans une série de protection diverses. Une bombe, largement suffisante pour souffler deux personnes... Ou plutôt, ce qu'il en resterait.

 

Je l'entendais d'ici, tiens. "Quelle méthode de lâche". Ha, la fierté! Voilà bien une valeur vaine, destructrice, pleine d'entraves et si proche de l'orgueil. Ma seule valeur, c'était le bonheur de l'humanité. Peu importe à quel point mes mains sont ensanglantées: la réussite de mon objectif les lavera mieux que n'importe quelle eau. Mais je ne pouvais plus rien faire, à présent. Ou juste une chose: éliminer un obstacle sur la voie de cet Eden...

Je me relevai, cachant la sphère funeste dans mon dos. Je fis un pas bruyant, pour qu'elle m'entende. Il fallait qu'elle m'approche... 
Elle me vit.
  - Tu crois pouvoir m’échapper ? Utiliser tes artifices contre moi ne servira à rien dans un tel endroit. Rends-toi à l’évidence ou périt par ma lame…
Je m'étais rendu à l'évidence... Et je ne périrai pas par sa lame. Artifice, hein? Elle ne croyait pas si bien dire...
Elle marchait lentement, loin de se douter que chaque pas la rapprochait de l'enfer. Approche, Mystica... Stupide ignée, gamine gâtée, guerrière impulsive, ancienne amie...
Toi qui aime me comparer au vent, malgré mon mépris pour Eolia... 
Tu apprendras qu'une tempête peut éteindre n'importe quel feu.
Elle était assez proche, à présent. Je n'avais plus qu'à bondir vers elle.

  - Adieu, soufflai-je.


BOUM
 

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Tenant toujours fermement Croc Ardent en main, Mystica continuait d’avancer vers le Régent… imperturbable. Arrivée à sa hauteur, elle commençait à brandir le katana enflammé en direction du rôdeur. A peine le temps d’entendre « Adieu » sortant de la bouche de l’aéride, qu’il commençait déjà à brandir une bombe cachée soigneusement auparavant dans son dos. Trop tard pour réagir, la guerrière n’avait pas vu venir le pire. Il avait gardé son dernier atout jusqu’au bout, et venait de le mettre en jeu. L’ignée aurait pu découper en tant normal un tel objet… mais dans la situation où tout deux se trouvaient, le faire revenait à les envoyer tout droit en enfer. Non pas que cette idée lui déplaise, mais si elle avait des chances de s’en tirer, elle préférait choisir la meilleure solution. Après tout, elle avait une mission à accomplir… Afin d’éviter une explosion qui risquait de faire trop de dégâts, Mystica enleva rapidement la lame proche de l’objet, évitant un allumage intempestif de l’explosif.

 

 

BOUM

 

 

Soudain, un bruit retentit violemment. La bombe avait-elle pu exploser ? Certainement pas, ou alors ils seraient déjà dans un autre monde, et pas où l’on peut voir Raymonde… Non, il ne s’agissait définitivement pas d’explosif mais… d’une porte que l’on venait d’ouvrir à la volée. Ce ne pouvait être Noeleroi qui se trouvait encore en face de la guerrière. Le nuage de fumée opaque avait perdu en intensité, mais restait malgré tout encore présent. Qui pouvait bien arrivé ? Quand même pas… ?!

 

 

Il ne fallut pas longtemps à l’ignée pour se rendre compte que la situation, déjà peu convenable, venait d’empirer de manière drastique.

 

 

 

Où sont-ils ?! Cherchez- les !!!! Soyez prudent, ils peuvent être n’importe où !

 

 

Les gardes… Ils avaient réussis à rameuter la garde de Melrath Zorac, ce qui n’était vraiment pas prévu dans les plans de l’ignée. Le pire scenario se profilait à l’horizon, il ne fallait pas qu’elle soit vu en ces lieux. Depuis le temps, la disparition de la carte dans le bureau de la Maire devait déjà avoir fait le tour des environs. Bien qu’ils ne pouvaient pas savoir qui l’avait volé, le fait que Mystica se trouvent dans la forteresse impliquait au minimum un lien avec ce cambriolage. Une seule possibilité s’offrait à elle à ce moment précis. Il fallait s’enfuir, mais la seule issue se trouvait… là où les gardes se postaient. La guerrière n’allait pas avoir le choix. Elle savait qu’elle était déjà dans cet état depuis un moment, mais il fallait qu’elle tienne encore un peu… juste un peu, le temps de pouvoir s’enfuir. Elle remettrait à plus tard son plan. Pour le moment, elle devait partir.

 

 

L’ignée regarda un instant l’aéride sans une once d’émotion, puis partit en direction des gardes. S’ils barraient le passage, il faudrait le libérer.

 

 

 

C’est moi que vous cherchez ?

 

 

Plantée devant la garde d’une dizaine de soldats face à elle, Mystica n’attendit pas leur réponse, et s’élança vers eux. En une danse hypnotisante, elle les combattit un à un, les blessant mortellement au passage. Elle les brûlait avant de les envoyer vers un monde meilleur. Quand la guerrière eut finit sa besogne, la voie était libre, lui permettant de prendre la fuite. Elle hésita un instant, regardant vers Noeleroi. La fumée s’était à présent dissipée avec l’ouverture de la porte. Fallait-il le laisser à son triste sort ou l’achever ? Une question qui lui coûta cher. Avant qu’elle ne puisse y répondre, une armée de soldats arriva, plus nombreuse que la précédente. Ils avaient été alertés par les hurlements de leurs compagnons agonisants.

 

 

 

Pas le temps de réagir, il fallait combattre, aucune autre issue n’était possible. L’ignée reprit sa danse afin de les mettre à terre. Certains tombèrent, mais la plupart tinrent bon. Les bougres s’étaient améliorés avec le temps… ou était-ce Mystica qui faiblissait ? Aucun soldat n’avait réussit à lui tenir tête de près ou de loin jusqu’à présent. La guerrière décida de reculer rapidement pour analyser la situation. Elle remarqua du sang… beaucoup de sang. Ses blessures s’étaient rouvertes, mais comment ? Et quand ?

 

 

 

Que…

 

 

L’environnement autour de l’ignée commençait à vaciller, puis à tourbillonner...

 

 

 

Non pas ça, pas maintenant…

 

 

Les gardes, interloqués, regardaient l’étrange manège qui se déroulait sous leurs yeux éberlués. La guerrière ne maîtrisait plus rien, et commençait à tituber dangereusement. Elle le savait, la limite venait d’être atteinte. Subitement, ses cheveux reprirent leur place et couleur naturelle. Croc Ardent, qui été enflammé auparavant, redevint une « simple » lame pour combattre. Elle ne voulait pas lâcher son arme, tout mais pas ça, pourtant elle ne maîtrisait plus rien, s’en était terminé, elle sentait ses forces la quitter. La douleur vint subitement, la ramenant à la réalité de manière brutale.

 

 

 

RAHHHHHHHHHHHHH !

 

 

Un hurlement de douleur déchira le silence pesant qui régnait dans la pièce. Mystica ne pouvait supporter la douleur infligée par les blessures que lui avait fait Noeleroi. Elle constata que des morceaux de métal résidaient toujours dans deux des plaies les plus profondes. N’en pouvant plus, et la douleur étant trop forte, l’ignée tomba à genou, la lame de Croc Ardent tombant dans un bruit métallique au sol. Les gardes se précipitaient déjà pour la récupérer, mais la guerrière ne voulait pas et ne se laisserait pas faire. Dans un ultime élan, elle récupéra son arme, essaya de se relever et repousser les gardes, mais ne put. Ce dernier effort eu raison d’elle. Dans un bruit sourd, l’ignée s’effondra au sol, inerte… Sentant son esprit divaguer, elle remarqua qu’on la portait, elle ne sait où. Visiblement, elle n’était pas morte, pas encore…

Modifié (le) par Mystica
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La porte venait de s'ouvrir, laissant passer une poignée de gardes. Bon sang... Comment avais-je pu les oublier? Ils étaient à mes ordres, prêt à me défendre à mon appel... Et l'endroit en contenait des dizaines, largement de quoi retenir la guerrière -ou ce qu'elle était devenue.
Pourquoi n'avais-je pas appelé à l'aide? Les complications -devoir expliquer ma présence, ne pas pouvoir accomplir ma mission- n'étaient rien, face à ma mort. J'étais un atout important, en tant que régent...
La réponse était aussi évidente que stupide: j'avais voulu régler ça moi-même. Quelque part, sans vraiment en prendre conscience, j'avais décidé que nul ne devait intervenir, que c'était une histoire personnelle...
Idiot! Quand il s'agissait de mener l'humanité vers l'Eden, il n'y avait plus de personne. Je devais définitivement laisser mes sentiments de côté, pour devenir un outil infaillible... Comment un être incapable de régner sur son propre cœur pourrait devenir le guide de l'humanité?
  - Où sont-ils ?! Cherchez- les !!!! Soyez prudent, ils peuvent être n’importe où !
Etrange... Ils cherchaient quelque chose de précis? Ce devait être lié à l'élémentaire. Après tout, je ne savais même pas ce qu'elle faisait ici...
C'était l'occasion idéale. Elle était blessée, même si elle ne s'en rendait pas compte, et son corps devait commencer à peiner. Que les gardes servent à quelque chose, pour une fois, et la finissent...


Et je me fichais bien de savoir combien de vies cela allait coûter. S'ils étaient incapables de vaincre une simple guerrière à trente contre un, ils étaient inutiles... Sélection naturelle! Moins de têtes à payer, et seulement les meilleures.
La souffrance, et la colère envers ma propre erreur, me rendaient plus dur que jamais... Et ce n'était pas plus mal.
J'allais signaler la position de leur cible, mais elle le fit elle-même.
  - C’est moi que vous cherchez ?
Sur ces mots, elle fit voler sa lame, débutant le combat...
Ou le massacre, plutôt. En quelques minutes, elle eut raison d'eux, dans le feu et les hurlements de souffrance.
Je ne leur avais pas porté secours: j'étais trop affaibli, m'approcher ne ferait que signer ma mort. Je m'étais contenté de m'appuyer contre un mur, et de me laisser glisser contre, essayant de récupérer ne fut-ce que mon souffle.
Elle me jeta un regard; je le lui rendis, froidement. J'avais toujours la bombe, et elle ne pourrait me tuer sans la faire exploser avec. Elle n'était pas du genre à se sacrifier, je ne craignais rien. Elle, par contre...

 

Une nouvelle vague de gardes arrivait. Le combat repris, mais, au fil du temps, elle devenait plus lente, moins forte... La douleur, qu'elle avait ignoré, la rattrapait. Comme cela lui allait bien! Fermer les yeux sur la misère et le malheur, en espérant que cela les fera disparaître... Mais un jour, comme ces blessures, tout cela la rattrapera -nous rattrapera. Sauf si l'on soignait, ou amputait, avant...

Finalement, elle ouvrit les yeux.
  - Que… Non pas ça, pas maintenant…
Sa transe prit fin, brutalement.  S'ensuivit un hurlement atroce, inhumain. 
Qu'elle souffre, qu'elle paye le prix de sa folie, qu'elle comprenne la vraie douleur... Et que ce soit son ultime leçon. Elle venait de se révéler dangereuse, bien trop pour que j'accepte de la laisser en vie.

 

Son cri mourut comme il naquit, et elle s'effondra. Alors, je me levai, et m'approchai, tant bien que mal. Ils m'avaient déjà vu: fuir ne ferait qu'aggraver les choses. De toute manière, mon ennemie venait de m'offrir l'alibi en or. S'ils posaient des questions, je dirai que je la poursuivais comme eux -mais il me faudrait bluffer, ne connaissant pas son crime.
Il me fallait des soins au plus vite, mais je devais d'abord m'assurer de sa mort.
  - Bien. Éliminez-là, à présent.
J'étais trop fatigué, trop las, et trop souffrant pour faire preuve de diplomatie. Peut-être aurais-je du les féliciter, mais je n'avais pas la force de parler plus.
  - T'es qui, toi? Qu'est-c' tu fous ici?
Je serrai les dents, excédé. Il ne me reconnaissait pas?
  - Je suis ton chef, "soldat". Alors tais-toi, et obtempère.
Ils se regardèrent, et un étrange sourire complice naquit sur leurs lèvres. Leur porte-parole -le plus haut gradé, sans doute- eut même un petit rire, presque cruel.
  - Vraiment? Faudrait voir à nous prouver ça. J'vois qu'un pauv' type qui va clamser, moi.
Il y avait, dans sa voix, une intonation déplaisante. A quoi jouait-il? Nul ne pouvait ignorer mon visage, j'étais leur <i>régent</i>.
  - Obéissez, et vous serez récompensés pour cette capture. Refusez, et je vous jure que vous passerez de l'autre côté des barreaux, et je vous y oublierai à jamais.
Ils éclatèrent de rire, avec, toutefois, une note de malaise. Ils savaient qui j'étais, et tentaient d'exorciser leur peur par le rire. Peste... La situation devenait de plus en plus mauvaise.
Soudain, le masque tomba. Le jeu était fini. De l'amusement, son expression passa à la colère. Il me saisit par la gorge -faute de col-, et me souleva. Mes membres pendaient, comme une poupée brisée, et son visage n'était plus qu'à quelques centimètres du mien. Bon sang...
  - Alors comme ça, t'es le régent? T'es cette saloperie de sentinelle? Ça fait longtemps qu'on rêve de te mettre la main dessus, crapule.
Alors, c'était ainsi. Ils se retournaient contre moi, faisaient leur petit putsch. A chaque fois que ces outres à vin se révélaient courageuses et se retroussaient les manches, c'était pour une mauvaise raison... Je ne répondis pas. A quoi cela servirait-il? Ils avaient déjà été trop loin pour se rétracter, ils le savaient. Je ne pouvais que me taire, et attendre la suite.
Il me lâcha brusquement, et je m'écroulai, trop faible pour supporter la chute.
  - Allez, débarrassez-moi de cette vermine. Mettez-les dans la même cage, tiens, qu'ils s’entre-tuent! Hors de question que je salisse ma lame sur ce déchet: son sang doit être tellement pourri qu'il risquerait de la faire fondre.
Ils nous soulevèrent et, impuissant, je ne pus que les suivre jusqu'en prison, après qu'ils nous aient ôtés armes et explosifs.

 

 


Je me tenais dans un coin de la geôle, jambes repliées, la tête posée dessus. Je sommeillais à moitié, tentant de récupérer un peu d'énergie, mais refusant de baisser ma garde -un garde pourrait avoir soudain envie de se moquer de son prisonnier, en profitant de son sommeil.
Quelque part... Cette mort me correspondait mieux. Seul, dans les ténèbres, dans le calme... Tué par un complot, par des gens qui avaient pris des risques pour leurs valeurs... Prisonnier, comme je l'avais été en tant qu'esclave, puis en bouffon de princesse, puis dans mon rôle de doux simplet...


Mais je n'allais peut-être pas mourir. Il me restait un atout. Une bombe minuscule, si bien cachée qu'elle avait échappé à leur fouille. De quoi, peut-être, faire sauter le verrou...
Mais je devais attendre la nuit: elle serait notre alliée. Et puis, j'avais besoin de Mystica, et son feu.
Allait-elle survivre? Je n'en savais rien. J'avais retiré les flèches, et j'avais utilisé ce qui me restait d'énergie pour la soigner -le temps que j'avais passé sur ces terres m'avait doté d'un début de magie. Cela n'avait pas soigné toutes ces blessures, loin de là: je doutais même que cela suffise à la faire survivre. Mais que pouvais-je faire d'autres? Rien. Les gardes nous avaient tout pris, matériel de soin avec...

Modifié (le) par Noeleroi
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Un chalet, de la neige… Mystica ne savait comment elle s’était retrouvée dans un pareil endroit. Tout se dont elle se souvint, c’est qu’elle combattait les gardes à la forteresse, dans un couloir sombre… puis plus rien, le néant. A présent devant la guerrière se tenait l’étrange demeure, seule au milieu d’arbres enneigés. De la lumière paraissait depuis l’une des fenêtres. La cheminée laissait échapper une fumée blanche, signe d’une présence active au sein du logis. A son grand étonnement, l’ignée ne ressentait pas le froid malgré ses habits légers. Elle constata également que ses blessures avaient comme disparues. Mais où pouvait-elle bien se trouver ? Il n’y avait pas âme qui vive, hormis dans cette bâtisse. Sans se poser plus de questions, Mystica se dirigea vers la porte du chalet et toqua.

 

 

Oui ! Un instant !

 

 

Une voix de femme venait de s’élever depuis l’intérieur des lieux. La porte s’ouvrit face à l’ignée… Elle était jeune, habillée d’un étrange vêtement couleur azur et parsemé de fleurs de cerisiers. Ses cheveux violacés étaient remontés en deux chignons de part et d’autres de ses oreilles, maintenus par des baguettes assorties à la couleur de sa tenue. Etrange accoutrement pour les lieux environnants… Soudain Mystica se rappela… Cette jeune femme ne lui était pas inconnue, elles s’étaient déjà « rencontrées » par le passé. Lors de la découverte de la crypte et de ses souvenirs. Citron… Mais où pouvait bien avoir atterri la guerrière pour la revoir ?! La magicienne était sensée ne plus être de ce monde ! L’aqueuse constata l’étonnement de l’ignée et lui sourit.

 

 

Entres je t’en prie Mystica, nous aurons tout à loisir de discuter. J’étais justement en train de préparer une tarte aux pommes avec du miel, juste comme tu aimes. Il y a aussi un bon lait chaud pour te réchauffer, tu en auras bien besoin.

 

 

Bouche bée, et ne comprenant pas ce qui se passait, la guerrière s’exécuta. Au point où elle en était, il valait peut-être mieux écouter ce que la magicienne avait à lui dire. Si elle était arrivée dans cet endroit, ce n’était certainement pas par hasard. L’intérieur du chalet était sobre, mais chaleureux. Une petite table ronde trônait au centre de la pièce, entourée par deux chaises de bois où avait été déposé un coussin au préalable. Le feu dans la cheminée crépitait, et amenait une douce chaleur dans l’unique pièce du lieu. Une petite marmite se trouvait au-dessus du feu, contenant le précieux breuvage dont lui avait fait part l’aqueuse. Un lit avait été disposé face à la fenêtre. Alors que Mystica s’installait sur une des chaises mise autour de la table, Citron déposa la tarte encore chaude. L’odeur qui s’en échappait apaisait l’ignée. Elle ne savait pourquoi, mais cet endroit la calmait. Après les événements qui s’étaient déroulés, un peu de calme lui faisait du bien. La magicienne chercha un bol et récupéra un peu de lait que contenait la marmite. Elle récupéra un couteau et déposa l’ensemble sur la table. L’aqueuse découpa un morceau de tarte généreux, et le plaça avec la tasse devant la guerrière.

 

 

Tiens, prends ton temps.

 

 

Toujours avec un sourire apaisant, Citron s’installa en face de l’ignée qui la fixait. Après un instant d’hésitation, Mystica commença à manger en prenant un petit bout de son morceau de tarte. La seule bouchée qu’elle venait d’avaler lui procurait une douce chaleur, comme si on la réconfortait. Qu’était-ce ? Au fur et à mesure qu’elle mangeait, se sentiment de bonheur perdurait. Pour la première fois depuis son arrivée, l’ignée esquissa un sourire.

 

 

Elle est délicieuse !

 

 

Toujours avec bienveillance, Citron regardait Mystica à la manière d’une mère protégeant son enfant.

 

 

Je suis contente si tu l’aimes, n’oublies pas de boire le lait avant qu’il ne refroidisse.

 

 

Sans plus de formalité, la guerrière prit une gorgée du breuvage et sentit un regain d’énergie.

 

 

- Que ?

- Tu comprendras bien assez vite, ne t’inquiètes pas.

 

 

Sans dire mot, Mystica continua à manger le morceau de tarte et boire son lait, jusqu’à totalement terminer l’ensemble. Repus, elle sentait que le sommeil commençait à la gagner.

 

 

Je suis fatiguée… comment ça se fait… pourtant je…

 

 

Avant que l’ignée ne puisse finir sa phrase, Citron l’interrompit d’une voix douce en souriant.

 

 

Ne te poses pas de question, je t’ai préparé le lit, il est bien chaud, détends-toi.

 

 

Se laissant aller pour l’une des rares fois de sa vie, la guerrière se dirigea vers le lit, épuisée. L’aqueuse souleva la couverture pour qu’elle puisse s’y installer et la rabattit.

 

 

- Laisses-toi aller paisiblement… Tu verras, tout ira mieux.

- Que… ? Mais nous n’avons pas discuté…

- Tu sais, les discussions peuvent prendre plusieurs formes, et ne se déroulent pas forcément de la manière dont on peut le penser. Mystica, tu as encore beaucoup à apprendre… mais saches que je serai toujours là si tu te retrouves dans une situation délicate.

 

 

Situation délicate ? Quelle situation délicate ? Elle ne voyait pas ce dont Citron voulait parler… D’ailleurs qu’était-elle en train de faire avant son arrivée ici ? La guerrière avait perdu la notion du temps, s’il fût un jour qu’il y en avait en ces lieux. Elle commença alors à se rappeler des événements. La forteresse… le couloir…

 

 

Je me souviens… mais pourquoi je suis ici ? Où est-on ? N’étais-tu pas…

 

 

Mystica ne put terminer que l’aqueuse lui posait déjà un doigt sur la bouche pour la faire taire.

 

 

Chuuuut. Calmes-toi, tu constateras bien assez rapidement tout ce que tu devras savoir. A partir de maintenant, bien des péripéties vont t’attendre, et tu devras faire un choix lourd de conséquence…

 

 

Sans dire plus, Citron déposa un baiser sur le front de l’ignée, qui commençait à sentir le sommeil se faire lourd.

 

 

Que…

 

 

Cit..ron…

 

 

Mystica venait d’ouvrir les yeux… Il lui fallut quelques minutes pour se rendre compte de l’endroit où elle se trouvait.

 

 

Où est-ce…

 

 

Elle avait du mal à parler, et voyait flou, affalé contre un recoin du mur. Une masse informe se dessinait dans un coin de ce qui ressemblait à une cellule. Visiblement, la guerrière était prisonnière… dans bien des sens. Elle avait dû se faire transporter jusque dans une des geôles du couloir, se rappelant qu’elle se trouvait dans la forteresse emplie de gardes. La situation était loin d’être avantageuse pour l’ignée car elle était également prisonnière de son propre corps. Chaque muscle qu’elle bougeait lui lançait une douleur atroce dans l’organisme, et chaque mouvement qu’elle faisait, ou plutôt essayait de faire, lui demandait un effort surhumain. Tentant de tourner la tête vers la masse informe au fond de la cellule, la guerrière du faire un effort considérable pour essayer de distinguer un peu plus en détail les contours de cette « forme ». Apparemment elle n’était pas seule… Connaissait-elle la « personne » ? Si s’en était une…

 

 

A cet instant, Mystica ne pouvait déterminer s’il s’agissait d’un humain ou non. Elle savait que dans ces prisons ne croupissaient pas que des êtres « normaux ». Toujours en essayant tant bien que mal de contrôler les douleurs atroces que sont corps lui infligeaient, l’ignée examina l’ensemble de ses membres. A vrai dire, elle ne se rappelait plus de grand-chose depuis le combat des gardes. Et ce « rêve » qu’elle avait fait… En était-ce bien un ? Elle n’avait pas encore la réponse… Etonnée, la guerrière constata que ses blessures ne saignaient plus pour la plupart, malgré son état qui était proche de l’irréparable.Toutefois les plus profondes ne s’étaient pas refermées, mais l’ignée constata que la gêne éprouvée auparavant à leur niveau n’était plus… Que s’était-il passé ? L’avait-on soigné ? Impossible… Les gardes n’en avaient rien à faire, et se moquaient bien de son état, qui plus est après ce qu’elle leur avait fait subir avec Croc Ardent.

 

 

Son arme… où était-elle d’ailleurs ?! Les gardes avaient visiblement gagnés en intelligence, en l’allégeant de tout ce qui aurait pu lui servir pour s’échapper… y compris sa besace contenant les bandages et potions nécessaire à ses soins. Sans eux, elle ne pourrait être en état de se déplacer et encore moins de combattre. Elle se rappela alors de la tournure des événements et le combat acharné qui l’avait mis à mal… Noeleroi. Celui en qui elle avait eu une telle confiance jusqu’à il y a peu. Où était-il à cette heure ? Etait-ce lui le responsable de son arrestation ? S’était-il enfuit ? Pourquoi était-il là ? Un mal de tête intense envahit Mystica. Elle se posait trop de questions, et au vu de son état, il fallait qu’elle se calme. Sa vue commençait à se refaire plus nette, mais n’était toujours pas parfaite. Elle regarda à nouveau la « forme » dans le coin et pu déterminer qu’il s’agissait bien d’une personne humaine. De part les habits, elle avait dû essuyer un combat éreintant, du sang parcourant son corps. Etait-ce… ?

 

 

No…e ?

 

 

La guerrière articula avec difficulté vers ce qu’elle pensait être le Régent. Avait-elle vu juste ? Et dans ce cas, allait-il lui répondre ? L’ignée était loin d’être en état de marcher pour en avoir le cœur net. Au mieux il lui enverrait une phrase de dédain, au pire elle se serait trompé et sa « question » passerait pour de la folie…

Modifié (le) par Mystica
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Mystica s'agitait dans son sommeil. Un mauvais rêve, dans doute... Devais-je la réveiller?
Non, s'exclama une petite voix,dans un coin de mon esprit, avant même que je ne réfléchisse vraiment. Pourquoi?
Je méditai dessus, et compris peu à peu. Pas parce qu'elle devait se reposer, ou parce qu'autrement, elle recommencerait à me casser les pieds. Non, c'était justement parce que ça pourrait l'aider. Et, inconsciemment, je me refusais à témoigner la moindre gentillesse, la moindre compassion envers elle. Et ce, pour la même raison que la dureté de mes mots, avant de commencer l'affrontement...

 

Je  l'appréciais bien plus que je ne voulais l'admettre. Mais je savais que j'allais devoir la tuer, ou, en tout cas, l'enfermer, et détruire le monde tel qu'elle le connaissait. Alors, j'essayais de mettre le plus de distance possible entre nous, de briser nos liens par la méchanceté, de ne plus la considérer comme amie... En vain. Quand je la voyais à terre, blessée, sanguinolente, aux portes de la mort, je ne pouvais empêcher mon cœur de se serrer. Physiquement comme mentalement, nous n'avions décidément aucune prise sur lui...

 

Une révélation inutile, cependant. De toute manière, j'allais la tuer. Je ne pouvais me forcer à ne pas l'aimer, mais je pouvais passer outre. Que valait sa vie, face à l'humanité entière? De quel droit l'épargnerais-je, elle, sous prétexte que je l'aimais plus qu'un autre? Il le fallait, pour notre mission.

 

Etait-elle bonne? Contrairement à ce que l'ignée pensait, je n'étais pas un fanatique endoctriné. Cette question, je me l'étais posée cent fois, mille fois. Chaque matin, chaque fois que le sang tâchait mes mains, chaque fois que les noms "sentinelles" ou "Niue" étaient évoqués...
Mais la réponse était la même, à chaque fois: oui.
J'avais été esclave, traité comme pire qu'un animal. Or, ce n'étaient pas les chaînes, le plus douloureux, le plus infâmant. On se faisait bien vite à ces entraves. Non, ce qui transformait cette carrière en enfer, c'étaient le fouet, les sévices, la faim. C'était contre cela qu'il fallait lutter, dussions-nous sacrifier la liberté à l'autel du bonheur.

 

Pourquoi ne pouvaient-ils pas, ne pouvait-elle pas comprendre quelque chose de si simple? Pourquoi étaient-ils convaincus que nous ne voulions que détruire, sans rebâtir après? Il ne fallait pas chercher bien loin: parce qu'ils étaient égoïstes. Eux, ils n'étaient pas malheureux, grâce à leurs dons martiaux ou magiques. La loi du plus fort leur convenait bien, et peu importait qui ils avaient à écraser pour se maintenir au-dessus des nuages. Ils ne voulaient pas changer leur mode de vie pour d'illustres inconnus...

Et Mystica faisait partie de ces gens. Un obstacle.
  - No…e ?
Ha... Elle s'était réveillée. Je croisai son regard, et la vie qui s'y lisait fit naître un début de soulagement, malgré moi.
Je détournai le regard. Il me la fallait en vie, mais uniquement le temps de sortir de cette foutue prison, point.
  - Encore en vie? T'es décidément coriace...
Je me levai lentement, et m'approchai d'elle. J'avais encore mal, mais moins: mon corps avait eu le temps de s'en remettre. Cependant, si je devais affronter ne fut-ce qu'un garde, le résultat serait connu d'avance...

Elle était encore à terre, sans doute trop affaiblie pour se relever rapidement.
  - Je vais faire simple: ou l'on s'entraide pour sortir d'ici, ou l'on meurt tous les deux. Je suppose que tu n'as pas plus envie de te sacrifier pour entraîner l'autre avec toi, que moi. Que décides-tu?
Je tendis ma main, pour l'aider à se relever.
  - Le plan est simple. La nuit devrait être tombée, nous en profiterons pour sortir. Pour la porte de la prison, j'ai une bombe, il te faudra l'allumer.
Je la détaillai du regard. Après la porte, que ferai-je? Je pouvais l'abandonner à son sort, et partir devant. J'étais bien plus discret qu'elle, elle ne serait vraisemblablement qu'une gêne, un poids. Sauf que si je le faisais, elle allait hurler, et rameuter tous les gardes. Et elle se méfiait trop pour que je lui fausse discrètement compagnie...
Bon, et bien, soit. J'avais besoin de son feu, j'étais forcé de conclure cette alliance. Et puis, elle pourra me servir de diversion, si je m'y prenais bien... Si l'on se faisait repérer, je la laisserai combattre les gardes et m'enfuirai.
 

 

Modifié (le) par Noeleroi
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Toujours gisant contre le mur, Mystica redoutait la réponse qu’allait dire la personne au loin. Pourtant il ne fallut pas attendre longtemps avant qu’elle ne prenne la parole…

 

 

 - Encore en vie? T'es décidément coriace...
 

 

C’était donc lui… La guerrière ne s’était pas trompée. Partagée à la fois entre soulagement et douleur, elle était étonnée malgré tout de la réponse du Régent. Son ton n’était pas aussi froid que lors de leur combat. Etait-ce l’état de l’ignée qui l’avait fait changé ? Elle se méfiait… Aussi étrange que la situation pouvait le laissait paraître, il lui paraissait peu probable que l’aéride fasse volteface après toutes les paroles et insultes qu’il avait proférés. Un tel endoctrinement ne pouvait disparaître, même au vu de l’état dans lequel se trouvait Mystica. Elle resta sur ses gardes alors que Noeleroi s’approchait à présent, du peu qu’elle pu en distinguer.


 - Je vais faire simple: ou l'on s'entraide pour sortir d'ici, ou l'on meurt tous les deux. Je suppose que tu n'as pas plus envie de te sacrifier pour entraîner l'autre avec toi, que moi. Que décides-tu?
 

 

Il marquait un point… La  guerrière n’avait pas prévu de pourrir dans une de ces geôles en ayant pour seuls voisins des gens peu recommandables. Une trêve devait donc être mise en place, et ce malgré les doutes qui pouvaient encore subsister chez l’ignée. Il lui tendit la main en guise d’aide, comme pour signer un « accord » temporaire. Hésitant toujours, elle tendit à son tour difficilement la sienne, le Régent l’aidant à se lever. Elle n’avait jamais pu le constater par elle-même, mais la force de l’aéride était plus importante que son gabarit ne pouvait le laisser imaginer. Malgré son état de faiblesse, il n’eut pas trop de mal à l’aider pour se lever. Le corps de Mystica hurlait… Elle essaya de contenir sa douleur, ce qui fut difficile au vu des blessures qu’elle avait subit. Noeleroi reprit la parole pour expliquer ce qu’il envisageait.

 


 - Le plan est simple. La nuit devrait être tombée, nous en profiterons pour sortir. Pour la porte de la prison, j'ai une bombe, il te faudra l'allumer.

 

 

A peine avait-il finit sa phrase que la guerrière vacilla dangereusement, toussa et cracha un peu de sang.

 

 

Argggg…

 

 

Ses jambes ne pouvaient la soutenir, elle était encore trop faible malgré la volonté dont elle pouvait faire preuve à cet instant. Avant qu’elle n’ait pu se maintenir à quoique ce soit, l’ignée chancela davantage et tomba vers le Régent. Avec un réflexe rapide malgré son état, il la rattrapa, évitant qu’elle ne tombe au sol.

 

 

Dé…solée… Je ne pensais pas… être dans un état si… faible…

 

 

Pourquoi s’excusait-elle ? Après tout, Noeleroi avait voulu la tuer… Elle ne comprenait pas. La guerrière avait refoulé tout ce qu’elle pouvait ressentir envers le Régent afin d’accomplir son but. Etait-ce dû à son état ? Elle savait que le lâcher prise dont elle allait faire preuve dans les prochaines heures serait son point faible… A dire vrai, l’ignée ne savait combien de temps cette épreuve allait durer. Elle avait beaucoup trop utilisé son pouvoir, entrainant un déséquilibre important dans la balance du contrôle de soi. La guerrière qui d’habitude se cachait derrière un masque pour ne pas montrer ses sentiments, n’en avait désormais plus. Il avait volé en éclat en même temps que son pouvoir avait prit fin. Pourtant elle le savait, en montrant à Noeleroi une telle facette de sa personnalité, il en profiterait dès qu’il n’aurait plus besoin d’elle. Mystica voulait cacher ses émotions, mais elle ne le pouvait… Tentant désespérément de reprendre un tant soi peu ses esprits, elle essaya à nouveau de se tenir debout. Ses jambes tremblaient toujours dangereusement, et il fallu qu’elle se tienne aux barreaux pour ne pas tomber à nouveau. Une fois que l’ignée avait trouvé une position stable, elle regarda le Régent…

 

 

Tu parles d’allumer une… bombe ?

 

 

Au départ, la guerrière crû rêver. Les gardes avaient-ils mal fait leur travail ? Une bombe ne pouvait être dissimulée, à moins que… Pensant se faire des idées, elle chassa l’idée saugrenue qui venait de lui traverser l’esprit...

 

 

L’allumer… avec quoi ? Je ne suis pas… magicienne.

 

 

Mystica avait encore du mal à parler à cause de la douleur engendrée par son corps, la bouche pâteuse n’arrangeait rien. Noeleroi pensait sans doute qu’elle pourrait allumer la bombe avec son « feu ». Il n’en était rien. Seul son pouvoir le lui permettait, et il ne lui serait plus possible de l’utiliser avant longtemps.

 

 

Je ne peux plus… utiliser mon pouvoir. Seul Croc Ardent me permet… d’utiliser le feu… Les arcanes…

 

 

Parler demandait un effort considérable à la guerrière. Sa tête commençait à sérieusement tourner.

 

 

Il faut trouver… autre chose.

 

 

Les derniers mots eurent raison des efforts dont faisait preuve l’ignée pour rester debout. Ses jambes ne la tinrent plus debout, et elle tomba au sol, râpant au passage les barreaux avec ses mains, les tâchant de sang. Pourquoi n’avait-elle pas plus de force ? Comment pouvait-elle réussir à arriver ne serait-ce qu’à tenir debout ? Mystica n’était pas une aide pour Noeleroi en cet instant, mais bel et bien un poids mort… Elle le regarda, à présent accroupie sur ses genoux. Il lui fallait de l’énergie, beaucoup d’énergie… mais où la trouver ?

Modifié (le) par Mystica
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Elle accepta mon aide, scellant ainsi notre trêve. Bien... Je craignais qu'elle refuse par orgueil, ou pire: qu'elle essaye de finir le combat. Enfin... Elle ne devait pas en avoir la force, de toute manière.
Comme pour souligner mes pensées, elle cracha du sang, et bascula. Je la rattrapai, par pur réflexe. 
  - Dé…solée… Je ne pensais pas… être dans un état si… faible…
J'avais envie de continuer à la porter, ou de la laisser se rassoir; j'avais envie de la rassurer, de lui dire que ce n'était rien; de simplement lui sourire, et espérer qu'elle sourie en retour.
Et plus je me découvrais ces désirs, plus mon humeur s'assombrissait. Pourquoi ne pouvais-je pas simplement abandonner cette compassion? Elle n'était nécessaire qu'aux égoïstes, qui avaient besoin de ce sentiment plus fort qu'eux, cet instinct, pour rester sur une bonne voie. Moi, elle ne faisait que me freiner.
Et Mystica n'arrangeait rien. Comme si sa faiblesse lui faisait oublier que nous étions ennemis...
Alors, d'un air impassible, et d'une voix aussi neutre que possible, je répliquai:
  - Voilà ce qui arrive, quand on ferme les yeux sur la douleur.
Elle se remit sur pieds, tant bien que mal.
  - Tu parles d’allumer une… bombe ? L’allumer… avec quoi ? Je ne suis pas… magicienne. Je ne peux plus… utiliser mon pouvoir. Seul Croc Ardent me permet… d’utiliser le feu… Les arcanes…
  - Alors, les brûlures, c'est juste pour moi? Trop d'honneurs... Marmonnai-je.
C'était à croire qu'elle faisait exprès de me décevoir. S'énerver quand elle devait être calme, et inversement. Être efficace quand il ne fallait pas, et inversement. Me considérer comme un traître quand je voulais sauver notre amitié, puis jouer les amies proches quand je voulais qu'elle soit définitivement une ennemie.
Mais peut-être était-ce cela qui me séduisait, chez elle. Sa façon d'être un électron libre, imprévisible, aux actes presque aléatoires. Moi qui rationnalisais, manipulais, tentais de tout connaître et tout prévoir pour planifier deux coups à l'avance... Avec elle, j'étais sans cesse soumis à l'inconnu, à la surprise, à l'improvisation.
Comment allait-elle réagir à cela? Que ferait-elle, dans telle situation? 
Enfin... C'était une des raisons. Il y en avait d'autres: sa persévérance, son courage...

 

Je soupirai. A quoi jouais-je? Les choses étaient déjà suffisamment compliquées.
  - Il faut trouver… autre chose.
Elle s'écroula à nouveau, mais je n'y prêtai pas attention. Elle venait d'avouer son inutilité: je n'avais plus à en prendre soin.

 

Je réfléchis. Nous étions dans les oubliettes et, même si les gardes étaient parfois surprenant d'inefficacité, il ne fallait pas exagérer: sans aide extérieur, il était presque impossible de s'échapper -et ce n'étaient sûrement pas deux blessés à bout de force qui y arriveraient. Il ne restait qu'un espoir...

 

Et il se concrétisa. Un quart d'heure plus tard, une ombre passait devant les barreaux: une clé fut jetée, ainsi qu'un récipient rempli. La silhouette disparu, sans qu'un mot ne soit dit. 
Un partisan des Sentinelles, au sein de la garde... Bha. Nous avions bien un régent qui en était une.
Je ramassai la clé, et ouvris la porte. Bien... La première étape était faites.
Je jetai un œil à la fiole: une potion de guérison. Je la pris, et en bu la moitié. Puis je regardai la guerrière...
Que devais-je faire? La laisser ici? Bha... J'avais déjà décidé: elle venait. Et, à la moindre anicroche, elle servira de diversion pendant que je fuirai. Je suis bien plus rapide et agile, et les gardes n'ont pas pour habitude de chercher la difficulté: s'ils cherchaient à attraper quelqu'un, ce serait elle.
 Je lui donnai le reste de la potion.
  - On y va.
Sans la regarder, j'entrai dans le couloir, et marchai un peu, jusqu'à atteindre une autre cellule. L'assassin dormait dedans...
Je jetai la clé dans la cellule, juste devant son visage. Il ne pourrait pas la rater... 
Je jetai un œil à la guerrière. Elle m'avait vu faire...
Connaissait-elle le "métier" de cet homme? Bha! Si ça ne lui plaisait pas, tant pis pour elle. Et elle pouvait toujours essayer de tenir ma réputation avec cela: tout le monde savait que nous étions ennemis, et elle n'avait aucune preuve. Personne ne la croirait... 

Malgré tout, je restai sur mes gardes en continuant de marcher. Si elle essayait encore de me frapper, non seulement elle allait rater, mais en plus, j'allais la faire tomber. Marre, de jouer les sacs de sable...

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