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Terre des Éléments

Le ridicule ne tue pas (les pics de cactus, peut-être ?)


Oyoyel
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L’homme s’était somme toute assez bien intégré à son nouvel environnement. Peut-être avait-il plus d’affinité qu’il ne le pensait avec l’eau, cet élément qu’il avait choisi quelques semaines plus tôt ; il lui semblait en effet avoir pris d’elle sa capacité à s’adapter aux différentes situations. Il avait très rapidement pris ses marques sur cette nouvelle terre appelée Melrath Zorac, même s’il lui restait encore de nombreux lieux à visiter. Lui qui avait souhaité de grands espaces pour assouvir sa soif de découverte et son envie de bouger, il ne pouvait pas un instant regretter d’être venu dans le coin.

Et puis, il y avait ses nouveaux compagnons. Là encore, il ne regrettait pas un instant d’être là où il se trouvait. Après les avoir observé, l’homme avait conclu que les esprits qui l’avaient mené derrière le miroir de l’Au-Delà ne l’avaient pas trompé. Certes, certains pourraient estimer qu’il avait de la bouse dans les yeux, faisant qu’il se trompait totalement en estimant que ses compagnons étaient puissants, mais peu lui importait au final. Il se fiait à ses sensations – et aux esprits. Comment douter alors qu’il deviendrait fort à son tour ?

Ne restait plus qu’à faire en sorte de le devenir.

 

Il avait un peu observé ses compagnons – certains plus que d’autres – et avait jeté son dévolu sur plusieurs d’entre eux. Yaninho avait le premier intéressé l’homme ; il avait même eu l’occasion, lors d’une soirée, d’en parler avec une nécromantereligieuse des plus intéressantes également. Les résultats des Gerger awards faillirent faire changer d’avis l’homme, mais il préféra se fier non pas au petit peuple mais bien à son instinct.

De toute façon, sa stratégie n’était pas de s’intéresser à une seule personne, mais bien à plusieurs, afin de piocher ici et là ce qui lui plaisait afin d’être non pas une pâle copie de ces Hommes de l’Au-Delà mais bien une personne unique. Restait donc à trouver des mentors. Yaninho l’intéressait donc, mais il semblait un peu trop lointain encore. Panda Man avait également quelque chose d’intéressant, mais il ne souhaitait pas uniquement se tourner vers la magie.

 

Cependant, pour le moment, l’homme semblait bien loin de toutes considérations mentoresques. Depuis quelques heures maintenant, il creusait une fosse à même le sol. Il avait trouvé un passage au sud-ouest de la ville de Melrath Zorac permettant d’arriver, d’un côté à une marre, de l’autre à l’entrée d’une forêt dans laquelle il n’avait pas eu envie de mettre les pieds. Il aimait certes l’aventure, mais préférait se préparer en amont.

Il avait récupéré nombre de pics de cactus. Certains en ville étaient intéressés par les dits pics, mais l’homme avait eu envie de tester quelque chose. Le trou suffisamment profond à ses yeux, il en ressortit et, du pied, fit glisser tous les pics dans le fond. Lianes, branches légères et cassantes, touffes d’herbes, feuilles, vinrent bientôt compléter le tableau.

 

Ayant fini son ouvrage, il monta dans un arbre proche. La chose lui prit un temps conséquent tant il était peu doué pour ça. Il grimpa donc cahin-caha et eu, pendant un bref instant, l’impression d’arriver au sommet tant espéré. Impression de courte durée. Il se sentit partir en arrière, l’un de ses pieds enserré par il ne savait quoi. Il plongea vers le sol, dans un saut d’une beauté que seul un Noob pouvait apprécier. La chose se fit dans une lenteur incroyable, lui permettant d’apprécier le mouvement de son corps, le vol étrange qu’il accomplissait, de voir le sol, plus proche de secondes en secondes, ces dernières s’étirant langoureusement pour le laisser jouir de cet instant.

La liane qui s’était entortillée autour de sa cheville vint malheureusement achever brutalement ce doux élan qui le tenait, créant une contradiction dans le mouvement du corps attiré par le sol. Les mouvements suivants n’eurent plus rien de beau ni d’agréable. Il se retrouva agité en tout sens, l’envers à l’endroit, ou l’endroit à l’envers. Si dans un premier temps l’homme avait cherché à agiter également ses bras, dans un vain espoir de trouver un équilibre qu’il ne se connaissait pas dans ce sens, il en vint rapidement à se calmer et à se laisser balancer de-ci de-là, bras croisés sur sa poitrine, exprimant par ce mouvement sec tout son mécontentement.

 

Le mouvement de balancier cessa finalement et il tenta d’atteindre sa cheville, se rendant soudain compte de l’avantage d’avoir de grands bras – ou de petites jambes. Après une énième vaine tentative, il se laissa retomber et observa les alentours. Ce faisant, il se rendit compte qu’il se trouvait un peu trop proche de son test cactacéen. Les choses se corsaient… Après avoir réfléchit quelques instants, il bougea de telle sorte que, petit à petit, un mouvement de balancier se mit en place. Il avait dans l’idée d’essayer de s’accrocher à un tronc, et de voir ensuite, mais ses mains ne faisaient qu’effleurer les branches, les troncs. Il se retrouvait avec des feuilles dans les mains, ce qui ne lui servait à rien. Énervé, il les déchira en criant la rage qui l’habitait, au risque d’ameuter des gens qu’il n’aurait sans aucun doute pas aimé rencontrer dans ce sens.

Il tenta une nouvelle fois d’atteindre un tronc, ne trouva que des feuilles pour se retenir, ce qui ne dura que trop peu de temps avant qu’il ne se sente repartir en arrière. Il allait une nouvelle fois les déchirer lorsqu’il eut une nouvelle idée. Il hésitait cependant, mais il ne pouvait pas rester ici non ?

Soupirant, il farfouilla dans ses poches, espérant que ce dont il avait besoin n’était pas tombé dans sa chute. L’une de ses plumes était effectivement encore là, lui permettant, avec une délicatesse qu’il ne se connaissait pas, d’écrire quelques mots sur les feuilles.

 

« Coincé SO MZ

Attention cactus »

 

Il espérait que cela suffirait pour obtenir de l’aide, d’autant plus que du fait de la taille de la feuille, et de sa patience allant s’amenuisant, il ne pouvait se permettre d’écrire plus que ça. Ayant fini, il appela l’un des esprits qu’il avait trouvé et lui demanda de donner la feuille à l’un de ses compagnons.

L’esprit parti, l’homme n’eut plus qu’à prendre son mal en patience.

 

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Les secondes paraissaient d’une longueur infinie. Il avait bien tenté, paupières closes, de se plonger dans un état de méditation suffisant pour passer le temps sans le voir, mais la position, si inhabituelle pour lui, l’empêchait de se concentrer. Des pensées somme toutes désagréables s’immisçaient dans son esprit, qu’il tentait pourtant de vider. Tout d’abord, combien de temps était-il possible de vivre tête en bas ? Ne risquait-on pas de trop irriguer le cerveau ? S’il n’avait pas été la personne coincée de la sorte, nul doute qu’il aurait trouvé l’expérience intéressante.

Trouvant le temps long, il se remit à se balancer. Cependant, plus le temps passait et plus son corps semblait mal supporter la chose. Il avait l’impression que l’intérieur de sa tête bougeait également, et ce d’une manière des plus désagréables. Et que dire des sensations qu’il ressentait dans certaines parties de son corps ?

 

Depuis combien de temps l’esprit s’en était-il allé ? Et où était-il allé chercher de l’aide ? Peut-être auprès de Fukaeri, en tant que fantôme, elle devait certainement voir et comprendre les esprits, mais  pourrait-elle l’aider ?

Il faisait mentalement la liste de chacun de ses compagnons lorsqu’un bruit attira son attention, lui faisant réaliser qu’il n’avait pas un instant pris la peine d’observer les alentours. Levant les bras au sol, poings brandis, il exprima sa joie de voir son piège fonctionner par un cri. Il ne semblait certes pas dans la meilleure position possible pour apprécier la chose mais, dans la vie, il fallait bien apprécier chaque petit moment à sa juste valeur.

 

Son cri de joie fut de courte durée lorsque son regard se posa sur la personne qui avait atterri au fond du trou. Un rire nerveux – de courte durée également – le secoua. Quelle journée pourrie. Il semblait enchaîner boulette sur boulette. Il avait déjà dû prendre sur lui, accepter par anticipation l’idée d’être moqué de longues semaines durant pour s’être retrouvé ainsi suspendu par le pied, mais que dire alors d’avoir réussi à piéger l’un de ses compagnons ?

Si ce dernier sortait de là, allait-il accepter de le délivrer ? Peut-être que oui, si Oyoyel jurait de ne jamais parler de ce passage de l’histoire à quiconque ?

 

Il inspira profondément. Le guerrier ne pouvait être mort, il devait avoir une cuirasse bien épaisse, et les quelques bouts de peaux mis à nu devaient seulement le… Piquer un peu. Normalement. En faisant ce piège loufoque, l’homme n’avait pas cherché à tuer quiconque avec des pics, plutôt à blesser et ainsi affaiblir ses futures proies, avant de leur jeter un ou deux sorts de…

 

L’homme cessa tout mouvement, les yeux agrandis par la révélation qu’il venait d’avoir – et qu’il aurait aimé avoir plus tôt, ou jamais, c’est selon. Il en oublia un instant le guerrier et observa ses mains, comme s’il s’était s’agit là d’une des merveilles de ce monde. Se concentrant, il souffla un sort et, d’entre ses mains, la magie fut. Laissant échapper une exclamation ressemblant à un « oh put*** », il secoua vivement ses mains pour faire disparaître cette magie à laquelle il n’avait pas pensé un instant et qui aurait pu le sauver des heures auparavant.

Espérant que son exclamation, si elle était entendue, pouvait sembler correspondre à ce que le guerrier vivait, l’homme se concentra sur son… Sauveur.

 

« Salut. »

Silence, gênant au possible. Que dire dans de telles circonstances ?

« Je vois que tu as reçu mon message. »

Il tenterait bien un « ça va ? », mais ne se sent pas l’âme suicidaire à ce point.

 

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  • 1 month later...

Il aurait dû rester accroché là-haut, bien à l’abri. Ou, disons… Loin de la fureur de son compagnon. Oui, vraiment, le mage regrettait amèrement – et douloureusement – de s’être souvenu pouvoir utiliser la magie. Le premier atterrissage à même le sol avait meurtri son corps, le second dans le trou qu’il avait creusé avait quant à lui meurtri son … égo. 

Oyo se releva, le corps bardé de pics de cactus, et s’exclama haut et fort :

 

« Putain de cactus de merde ! »

 

Sa voix était un peu plus forte qu’à l’ordinaire. La colère était un bon substitut à la honte qu’il ressentait à s’être fait prendre si facilement – et par deux fois ! – au piège. Devant l’un de ses nouveaux compagnons en plus ! Au moment même où il estimait devoir faire ses preuves.

Le guerrier devait bien rire de lui. Oyoyel leva les yeux vers son visage au teint si particulier et grimaça.

 

« Je n’aime pas l’acupuncture. »

 

Sa grimace se transformant en sourire puis, ne pouvant se retenir, il se mit à rire.

 

« Moi qui voulais faire grande impression, et en plus je t’entraîne dans ma chute. Enfin, même comme ça, tu gardes une certaine classe. J’ai encore du chemin a parcourir.

Bon, c’est aussi simple de sortir que d’entrer ici, surtout à deux. »

 

Il regarda de bas en haut le guerrier. Il devait être bien plus lourd que lui. Si Oyoyel sortait le premier, il risquait de ne pas arriver à soulever le guerrier. Mais, si Hephaïstos sortait en premier, n’allait-il pas laisser le mage ici pour le punir encore ?

Enfin, même s’il faisait ça, Oyoyel arriverait à sortir – plus lentement certes.

Se décidant, le mage présenta ses deux mains réunies en s’accroupissant légèrement.

 

« Allez, montez mon seigneur. »

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Oyoyel grinçait des dents et, n’eut été le rang d’Hephaïstos comparé au sien, il aurait sans aucun doute donné de la voix, car enfin ! Allait-il se décider à sortir de là !?! L’igné semblait décider à l’emmerder – preuve s’il s’en fallait qu’heurter l’ego d’un homme pouvait avoir de fâcheuses conséquences –, comme si sortir du trou n’était finalement pas si intéressant que prévu.

Le mage fixa le guerrier d’un air suspicieux, yeux plissés, sourcils froncés et bouche légèrement boudeuse alors qu’il lui demandait de le laisser redescendre. Ce n’était pas une si mauvaise chose en soi, du moins pour ses mains, qu’il agita vainement, comme si cela pouvait faire disparaître la douleur.

Sans doute le guerrier s’attendait-il à une réaction plus vive que celle qu’eut Oyoyel à son annonce. L’oeil terne, le mage agita mornement la tête de bas en haut, plus pour montrer qu’il avait entendu que pour autre chose. Un « cool » typiquement Aarsien eu même l’audace de sortir d’entre ses lèvres. Des brigands hein ? Au fond de lui, Oyoyel s’en contrefichait d’une force...

Mais il ne pouvait sans doute pas le dire à Hephaïstos non ? D’autant plus qu’il avait l’air de s’attendre à ce que le mage l’accompagne et qu’il… Oyoyel fronça les sourcils, une idée subite lui étant venue à l’esprit. Prenant un air jovial, il frappa le guerrier sur l’épaule du plat de la main comme il avait vu certains le faire, plus par camaraderie qu’autre chose.

« Bonne idée ! »

Il réfléchit ensuite rapidement, mine concentrée, index de la main droite tapotant contre ses lèvres. « Ah ! Je sais ! » Et, comme il l’avait fait un peu plus tôt, pendu à une liane, il appela l’un des nombreux esprits qu’il avait en sa possession. Certains lui avaient d’ailleurs été offert, tantôt par Fukaeri (quoi de plus étonnant, de la part d’un autre esprit ?), tantôt par Kara ou Yaninho. « Un petit feu », dit-il à l’igné, haussant les sourcils d’un air comique, en lui montrant l’esprit feu de plantovor qu’il avait appelé.

« Il va aller voir pour nous si nous pouvons sortir sans risque, hein ? » Oyo s’était à la fois adressé au guerrier et à l’esprit. Il ne savait pas ce qu’en pensait le premier, mais le second avait dans tous les cas compris ce qui lui était demandé puisqu’il avait à présent quitté la main du mage.

L’esprit ne mit pas longtemps à revenir et resta à flotter devant les deux hommes. « Eh bien, nous recommençons. Espérons toute fois que la vue de ces brigands te fera grimper plus vite. » Petit sourire mutin aux lèvres, yeux plissés de rire, Oyoyel se pencha une nouvelle fois, mains tendues vers le guerrier.

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