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Terre des Éléments

Cheminement


Oyoyel
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Jour 1.

L’homme marche sur le sable ; il ne se soucie d’exposer sa peau au soleil et ne se souviendra qu’il est nu qu’au moment où une femme, dans une grotte, lui offrira un habit. Il avance, se laisse porter sans savoir où il se rend. La destination ne lui importe pas ; le chemin seul compte. Il tend la main lorsque d’autres le lui demande ; il aide, se bat, entraîne son être tout entier.

C’est un rite initiatique qu’il accomplit, comme tant d’autres avant lui.

Il n’a qu’un grand bâton, en haut duquel est accrochée une bourse contenant quelques plantes. S’il doit vivre, il trouvera sur son chemin de quoi boire, de quoi manger. Toute autre possession lui semble dérisoire. Il ne peut pas posséder plus, se sent gêner par le contact de la tunique qui lui a été offerte ; autant la donner à quelqu’un en ayant besoin. Et si ces êtres qu’il croise se sentent gênés de sa nudité, alors il confectionnera un pagne dans du tissu qu’il pourra trouver.

Les demandes des otochtones semblent étranges à ses yeux : tuer ce qui dérange, chercher des chausses pour les pieds, créant ainsi une distance avec le sol, ramener des peaux… Il ne montre cependant jamais son incompréhension, prend chaque demande comme une épreuve à accomplir pour devenir plus fort. Alors il aide, fait ce qui lui est demandé sans réagir, en gardant une distance avec chacun.

Il ne sait pas que le partage passe par la parole.

Il accomplit simplement ce qu’on lui demande, sans montrer ni entrain ni dédain, avant de reposer son être. Va-t-il appeler un Dieu, un Déesse, une entité plus qu’une autre ? Il soupire, s’étend sous le regard de la voute céleste. Pour le moment, ces questions lui semblent trop éloignées.

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Jour 2.

La chaleur réveille l’homme. Du sable a collé sur sa peau, dans ses cheveux. Mêlé au quelque sang qu’il a perdu, cela lui fait parfois comme des croutes. Heureusement, il a vu non loin la veille une petite marre qui sera largement suffisante pour qu’il se lave. Une fois débarrassé de cet amas, l’homme, encore trempé, reprend son chemin. Il s’enfonce un peu plus loin dans cet endroit.

Plus tard, il revient vers Valtuena qui lui avait demandé d’aller dans une grotte – tout ça pour se faire dire qu’il faut un pendentif. L’homme doute que tout cela serve à quelque chose. Étendu ainsi sur le sable, à moitié mort, il a dû se faire dépouiller depuis longtemps. Sur le sol, des cadavres de serpents ; l’homme se baisse, observe. Ils sont comme lui à son réveil, mélange de leurs sucs et de sable. Et morts. L’homme souffle un peu plus fort qu’il n’en a besoin pour respirer. Il ramasse un à un les serpents, une fois lavés, leur peau ôtée – d’autant plus qu’il sait à qui donner ces dernières à présent – et cuits, leur chair s’avérera mangeable.  L’homme jeûne depuis qu’il a entreprit sa quête, il cessera ce soir, pour recommencer dès que la nécessité s’en fera ressentir.

Alors que l'homme attaque les bêtes demandées par les autochtones, il fait une découverte qui le laisse un instant inanimé. Du corps de l'une des bêtes s'échappe un étrange... Flamboiement. Vert, comme un petit feu. Envoutant.

Accroupi sur ses talons, il se laisse un moment captiver par la chose, avant de tendre finalement la main. Il n’est pas brûlé et peut se saisir étonnamment facilement de la chose. Il ne sait qu'en faire et reste là, la flamme verte dans la main. Un autochtone s'approche finalement, ayant deviné à l'air de l'homme qu'il ne sait pas à quoi il avait à faire.

Il apprend par sa bouche qu'il a capturé l'un des esprits de la bête. Cette découverte l'étonne. Ainsi, il est possible d'avoir plusieurs âmes en un seul corps. Il se demande s'il en a également plusieurs en lui, s'il l'aurait senti depuis le temps qu'il a conscience de lui-même. L'autochtone explique qu'un jour, quelqu'un a découvert que de nombreuses bêtes possèdent quatre âmes, et qu'en les réunissant, il est possible de les utiliser.

La curiosité de l'homme est éveillée ; l'envie aussi. Soudain, l'envie de posséder quelque chose grandit en lui. Cependant, il ne s'agit alors plus de tuer simplement pour aider, mais bien tuer pour posséder. Les anciens auraient sans doute dit que tuer, peu importe l'excuse venant ensuite, est quand même tuer.

Alors quoi ? Que faire ? Il regarde l'âme verte qu'il a trouvé. Certains anciens utilisent les âmes, les appellent, leur demandent ce que va être l'avenir. Mais ils n'ont tué personnes pour que les âmes répondent.

Longtemps, l'homme reste sous une ombre, observant les passages, gardant l'âme avec lui. Longtemps, l'homme réfléchit. Jusqu'ici, son chemin a été simple, il est donc normal qu'il se trouve enfin devant un obstacle.

Finalement, l'homme se relève. Il avait choisi. Il veut d'autres âmes. Il sera donc un tueur de bêtes, non plus seulement pour aider, mais également pour lui-même.

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Jour 3.

Repos du guerrier.

 

Jour 4.

Ces terres lassent l’homme. Il en a fait le tour, n’a pas réussi à trouver d’autres esprits, croise bien peu de gens. Surtout, il ne peut pas se dégourdir les jambes autant qu’il le souhaiterait. Il rêve de grands espaces. Son regard se porte sur la caverne ; il sait que là-bas se trouve son chemin. Un obstacle reste cependant. Se sent-il une affinité plus particulière ? Il ne sait pas vraiment. Il aime le sable ; la chaleur du soleil sur sa peau ; son regard dans le lointain. Il aime la canopée ; le vent.

Alors quoi ? L’homme n’entend pas vraiment l’appel des Dieux et Déesses. Non pas qu’il estime qu’ils n’existent pas, que tout cela n’est que fables ; non, simplement, il ne ressent nul besoin de les appeler à lui, de leur offrir des offrandes, de leur attribuer ses propres succès. Il ne ressent pas le besoin de penser à eux, de les interpeller ou de les blâmer lorsque quelque chose ne va pas pour lui. S’il existait une cinquième voie, il la prendrait très sûrement.

Mais devant lui, il n’y a que quatre cristaux dont l’un attend d’être touché. Il s’approche un instant de celui du feu, sent une fougue qui ne lui ressemble pas, et s’en écarte finalement. Le vent lui paraît trop changeant ; la terre, trop statique. Seule l’eau l’attire, calme, impassible, et soudain déchaînée. Oui, cela lui convient bien, aussi s’avance-t-il et touche-t-il le cristal. En un instant, il disparaît. Avant même qu’il n’ait rouvert les yeux, il sait qu’il est ailleurs.

Les embruns titillent agréablement ses narines…

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Jour 5.

Il a longuement marché la veille, découvrant cette nouvelle terre aux embruns entêtants. L’endroit ne lui semble pas très grand non plus, mais l’attrait de la découverte fait qu’il ne se sent pas encore à l’étroit ; d’autant plus qu’outre de nouveaux autochtones, de nouvelles bêtes et de nouveaux lieux, il a découvert qu’ici l’art des plantes était considéré avec respect.

Le voici donc reconnu comme herboriste. Oyoyel, chasseur d’esprit et cueilleur.

Petit à petit donc, l’homme s’adapte à ce nouvel environnement. Il observe, apprend, imite. Les autochtones ne semblent jamais avares de conseils et l’homme a tôt fait de comprendre que la grande hutte près de l’eau est un endroit idéal pour écouter autour de la boisson locale, qu’il apprend également à aimer.

Au départ, il ne fait pas attention aux regards que les autres lui portent ; il se dit que cette gêne sur le visage de certains vient du fait qu’il soit étranger. Finalement, il vient à se souvenir des paroles de la sorcière, de la tunique qu’elle lui avait donné. Si pour lui, il est étrange de voir tous ces hommes et toutes ces femmes vêtues de la sorte, parfois du cou jusqu’aux chevilles, il se rend compte que l’inverse doit être également vrai. Il leur demanderait bien ce que la nudité à d’étrange, pourquoi ils ne savent pas où regarder. Pourquoi se priver de la caresse du soleil et du vent sur la peau ?

Mais il semble nécessaire qu’il fasse des efforts, tant pour eux que pour lui. Aussi, résigné, se rend-il chez une marchande que d’autres lui ont conseillé. Devant les équipements proposés, il ne peut empêcher son visage d’exprimer le peu d’envie qui monte en lui. Des équipements roses, violets et blancs. Les mages de ce monde participent-ils donc chaque jours qui passent à des parades ? Sont-ce des bouffons, des conteurs, des amuseurs de foule dont la livrée bariolée laissée augurée des soirées de fêtes ?

Comment être discret dans de telles tenues ? L’homme ne veut pas constituer un appel à la tuerie pour tout chasseur. A défaut d’acheter quoi que ce soit aujourd’hui, l’homme se fera un pagne.

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  • 2 weeks later...

Jour X, ces derniers n’ont plus d’importance à présent.

L’homme a l’impression que ces Terres l’ont changé, ou bien lui ont-elles simplement révélé ce qu’il est réellement, ces envies cachées au fond de lui que des années d’apprentissage d’une norme qui n’est finalement pas la sienne lui ont appris à dominer ?

Il ne lui semble pas qu’il existe une norme ici. Il s’est beaucoup renseigné, certains parlent plus que d’autres. Il a lu, beaucoup ; les bibliothèques de ce monde ne manquent pas. Devant lui, à chaque pas qu’il fait, de nouveaux choix s’offrent. Il lui semble qu’il lui suffirait de tendre la main pour aller ici ou là.

Comme toujours – ne commence-t-il pas à se connaître, à voir les mécanismes qui font son esprit ? – il sent au fond de lui qu’il a choisi. Pourtant, il n’ose encore se l’avouer ; il n’ose encore aller au bout de ce que son être requiert.

Certaines choses sont sûres : il ne ressent nulle attirance pour les Dieux. Qu’il perçoive ou non leur présence en chaque chose ne change rien à ce sentiment qui le prend lorsqu’il pense à eux. Il n’y a rien pour lui de ce côté-là. Il n’a pas besoin de les prier, se demande bien à quoi cela lui servirait. Peut-être l’entendraient-ils, peut-être l’aideraient-ils. Peut-être oui, mais le veut-il ? Veut-il l’aide de ces êtres ? Non. Ils sont bien trop lointains pour lui.

Alors quoi ? Se tourner vers les Hommes ? Mais quels Hommes ? Il a l’impression qu’ils sont si nombreux, à qui s’adresser, à qui demander de l’aide sans renâcler, sans se sentir faible ? Il aimerait que la réponse soit facile, mais il hésite encore.

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  • 3 weeks later...

L’homme a quitté le ressac, l’odeur d’embruns et de poiscaille. Il a quitté l’eau salée, mais pas le sable puisqu’il en trouve ici aussi. Il est allé dans des bois, parler à un miroir. Il voulait aller au-delà du bien et du mal tel que les gens semblent le concevoir et pourtant, la première chose qu’on lui a dit lorsqu’il a reçu son blason a été de pencher vers le mal. La stupeur s’est sans doute lue sur son visage tandis qu’il contemplait la femme. Se moquait-elle de lui ? Cherchait-elle à voir s’il restait sur ses positions quoi qu’il arrive ?

Il lui a demandé pourquoi, et il a écouté attentivement sa réponse. Et puis il a réfléchi à ces histoires de karma. On ne pense pas ainsi chez lui, nul karma. La notion est un peu floue à ses yeux. Comme si un homme pouvait être uniquement bon, uniquement mauvais. Ou passable dans les deux ?

Pour la femme, il ne pouvait pas dire, mais il avait eu l’occasion de parler avec certains de ses… Comment appelait-on ça ? Des compagnons ? Des compagnons donc, de fortune ou de quoi que ce soit d’autre, il le définirait à mesure que le temps passerait. Certes, il n’avait pas eu de grandes discussions, et ne pouvait décrire ces êtres uniquement par leurs mots, mais il n’avait pas l’impression que le karma jouait un grand rôle dans leur construction. Peut-être se trompait-il – il n’avait pas la connaissance suffisamment grande pour le dire, et était tout prêt à se remettre en question – au sujet du karma.

Peut-être… Toujours est-il qu’il décida qu’il s’en moquait. Ses compagnons voulaient une preuve de son engagement, et cela passerait par le karma. Soit. Comment perdre une chose en laquelle il n’avait jamais cru aurait-il pu être difficile ? Il décida de ne plus se poser de questions à ce sujet, qui ne l’intéressait pas plus que ça, et d’agir pour contenter ses compagnons.

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L’homme se repose tranquillement, sirote une de ces boissons qu’il a découvert dans le coin et qui lui caressent le palais. Assis sur une chaise, les pieds sur une table, il se sent bien. Il a beaucoup marché ici ou là, ivre de découverte. Il s’est beaucoup blessé également, et chaque parcelle de peau libre le montre. Ses vêtements sont abîmes. Un sourire amusé, presque pervers, est passé sur son visage lorsqu’il a enlevé la tunique rose de ménestrel qui ne pourrait lui servir à rien à présent, tant elle est abîmée. Il avait presque eu envie de l’offrir à son nouveau chef, qui avait eu l’air grandement intéressé par la couleur de ses vêtements.

Il était à présent torse nu – demain serait bien assez tôt pour trouver quoi poser sur ses épaules, même si sentir le soleil et le vent sur sa peau lui plaisait. Mais il avait vite réalisé que le tissu avait cela d’intéressant qu’il pouvait le protéger un tant soit peu des blessures.

La femme – elle s’appelait Selene, il l’a appris ce soir – était venue le voir. Il avait apprécié sa venue, d’autant plus lorsqu’il avait découvert le pourquoi de sa présence. Ainsi, elle avait remarqué son questionnement à propos du karma, son incompréhension, et était-elle venue le voir afin de l’aider à comprendre. Il appréciait ce genre d’attitude, cette envie de partage sans le juger pour sa méconnaissance. Sa façon de penser rejoignait un peu celle de l’homme et il décida finalement de ne pas laisser de côté cette question. Au moins afin de comprendre ses compagnons.

Une chose l’intriguait cependant. Combien l’Homme pouvait-il créer de Divinités ? L’homme soupira et but une autre gorgée de sa boisson, réfléchissant aux propos de Selene. Niue, Quen, les dieux élémentaires. Ses yeux se posèrent avec une curiosité qu’il ne cherchait pas à cacher sur la femme. Une chose qu’il lui demanderait, à elle, à d’autres également, serait le pourquoi de cette croyance en de telles entités, l’apport que cela leur donnait ; toutes ces choses qu’il avait du mal à percevoir.

Mais plus tard, pour le moment, il souhaitait simplement se détendre.

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Karamelldansen l’attendait au nord de Melrath Zorac, là où les cimes faisaient se courber plus encore la tête en arrière. L’homme avait un instant observé les hauteurs enneigées, plissant des yeux non pas tant à cause du soleil que du fait de son… Peu d’attrait pour la neige. Le dragon karmique était-il là-haut ? On lui avait parlé d’une grotte, sans plus de précision. Heureusement, Karamelldansen ne semblait pas vouloir se diriger par là-haut.

Il le fit entrer dans une grotte dont il n’aurait sans doute pas deviner seul l’entrée. Le dragon karmique se tenait là-bas. Il s’en approcha, se disant qu’il aurait peut-être dû lire les choses dont Selene lui avait parlé. Oui, il aurait dû. Et il était allé à la bibliothèque. Il avait fait un tour des rayons assez rapide, et était finalement ressorti. Il savait lire, mais il y avait bien trop de livres dans cet endroit pour lui. Une autre fois peut-être… En allant au-delà de cette histoire d’entité…

Et puis, un livre, un dragon karmique… Qui avait le plus de gueule, le plus d’attrait ? Le dragon, évidemment. D’autant plus qu’il savait bien parler, et qu’il semblait comprendre ce que l’homme pensait. Karamelldansen avait tout prévu et, le premier échange fait, ils étaient allés se battre contre un nombre très important de gardes. La chose avait été vite expédiée, le guerrier était efficace. L’homme prenait du plaisir à cette sortie, d’autant plus qu’en revenant face au dragon karmique, une surprise l’attendait.

Il avait en effet réussi, ainsi que l’exclamation de joie de Karamelldansen le lui fit comprendre. Son karma avait évolué. L’homme souriait de toutes ses dents, preuve s’il en fallait de que la joie du guerrier était communicatrice.

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