Aller au contenu
Terre des Éléments

"Prémices du Cycle" [Sentinelles de Niue]


Arcsys Niemès
 Share

Recommended Posts

Vraäksekrac, Hérétique

Carnets du Néant "“ Temple de Niue

 

 

 

« L'homme n'a jamais su trouver sa place. Y rester du moins. Dans sa faible condition, il a toujours cherché à conquérir des territoires lui étant inconnus, dans une quête inutile de puissance. L'Homme n'a jamais pu se contenter de vivre simplement. Assoiffé de connaissances et de pouvoir, il s'est perdu en chemin, ivre d'évolution, repu par ses courses effrénées à la domination. L'Homme s'est désagrégé, perdant toute crédibilité, donnant naissance à des créatures répugnantes ... à son image.

 

L'Homme est mauvais. Trompeur, vicieux, affabulateur, calculateur, froid. Vampirique. Risible à souhait, il se complait à véhiculer une image d'être suffisant. Qu'en dire alors qu'il n'utilise pas même le quart de son potentiel cognitif. L'Homme est fainéant. Du moins l'est-il devenu. Ne méritant aucune empathie, trahissant le moindre de ses serments par pur égoïsme. Abjecte création, expérience ratée, nous pouvons définir l'Homme de bien des manières, pourtant il restera à jamais l'être qui a le plus marqué l'histoire de son empreinte. De par sa bêtise,  son ingéniosité, sa férocité. 

 

Pourtant, certains Hommes valent la peine d'être secourus. Ils méritent notre pardon. Mais ils sont rares. Très rares.»

 

 

 

 

L'auteur s'arrête un instant, caressant sa barbe naissante, il est emprunt d'une légère hésitation mais pose de nouveau la plume sur son feuillet après un court instant. On peut déceler un sourire sur son visage faiblement éclairé par la lueur d'une bougie, il ricane.

 

 

 

« Le tonnerre zébrait le ciel de ses éclairs aveuglants, et le Dóiteáin grondait, annonçant là un présage sanglant. Le tout serait de savoir lire entre les lignes. L'heure était tardive. Une jeune femme affolée, le souffle court s'est présentée aux portes du Temple, implorant ses occupants de lui venir en aide. Du haut des persiennes, des éclats de rire éclatèrent, raillant la pauvre folle. Et elle pleura, de tout son être, sombrant dans le désespoir, lasse, déçue.

 

Je suis resté impassible, l'éclat de ses sanglots se brisant contre l'imposante muraille de mon être. Nous n'avons pas prêté attention à cette importune. Elle était néanmoins grassouillette, le teint livide, des cernes marquant le pourtour de ses yeux, noyant son regard noir dans un abysse d'horreur.  Mais contre toute attente, ses geignements ont cessé aussi vite qu'ils étaient venus à nos oreilles. Aussitôt le chambranle de la lourde porte préservant les secrets du monde se mit à trembler sur ses gonds, menaçant de céder. Les éclairs se faisaient plus menaçants, perçant avec aisance le manteau nuageux, bravant avec insouciance le souffle violent du vent. Le tonnerre roula de nouveau, et la pluie martela avec force le sol encore chaud, le transformant bientôt en mélasse. »

 

 

L'auteur lève sa plume, se demandant comment transcrire la suite de ce récit. De l'encre s'échappe et vient s'écraser sur son feuillet, éclaboussant de son soyeux nectar la partie encore vierge. Au dehors le vent hulule d'une manière plaintive, l'endroit n'est pas sûr. Mais l'auteur s'y attarde encore.

 

 

« Un éclair a troué le tapis de la nuit, tel une dague transperçant avec vigueur l'épiderme d'une victime du Dîn. Mordant avec délectation, pénétrant avec satisfaction. Une forte détonation, un long tremblement, et la lourde porte du Temple a explosé emmenant avec elle une large boule de feu. Des milliers de morceaux de bois ont empli le ciel, rougis par les flammes. Tels de simples copeaux ils sont doucement retombés, dansant les uns avec les autres semblables à des fourmis grouillantes autour d'un peu de nourriture. Ils se sont peu  à peu mélangés à la terre, reflétant la fin du cycle de la vie, force de la nature.

 

L'urgence et l'incompréhension se sont mélangées à la tension palpable des Gardes du Temple. Organisés, ils ont pris position autour du trou béant qu'avait laissé la porte en nous quittant. Tous s'attendaient à entrevoir la jeune femme. Cette femme si étrange qui, des larmes, était passé à la violence, affaiblissant manifestement la résistance de l'accès au Temple. Mais ... rien. Ils ne virent rien. Si ce n'est les débris et les flammes mordant encore le bois. Cependant tous ont entendu. Tous ont entendu les cris, la souffrance, l'horreur, les longs râles d'agonie qui ont émané du dédale de corridors sur leurs arrières.

 

Je les ai laissés ainsi, leur ordonnant de tenir leur position. La concentration se lisait sur leurs visages fermés, mus par l'honneur. Ils tiendraient quoi qu'il advienne. Et je suis entré, dans le boyau qui courrait sous le Temple. J'ai suivi les corps affaissés des Gardes surpris par la vitesse et la violence de l'attaque. Du sang s'échappait à la base de leur cou, libéré par des plaies béantes laissées par une bouche gigantesque. Certains étaient encore animés de soubresauts, convulsant, tentant de sauver ce qu'il restait de leur vie. J'ai achevé ceux-là.

 

J'ai remonté ainsi plusieurs niveaux, jusque dans une salle à l'accès restreint. La Bibliothèque du Monde. La porte avait été arrachée, une fois de plus. La Chancelière deviendrait folle en évaluant le montant des dommages. Une large trainée de sang m'a guidé jusque dans une acropole, celle de Thars Vexys, grand historien de Niue aujourd'hui décédé. Un être difforme se tenait au centre de la pièce lorsque j'y suis entré. Penchée au dessus du cadavre d'un homme, la créature se repaissait de ses entrailles, éclaboussant les murs d'hémoglobine. »

 

 

L'auteur sourit, Thars Vexys aurait sûrement apprécié.

 

 

« Une Goule. C'est du moins ce que j'ai pu comprendre entre deux plaintes. Ses longs bras décharnés fouettaient l'air, ses jambes maigres et ses pieds griffus raclaient le sol, son corps charnu gigotait sous mon poids tandis que d'une main j'écrasais son crâne, telle une coquille vide contre la pierre froide. Sa voix trahissait la perfidie, mais ses paroles se sont avérées sincères. La peur irradiait chacun de ses nerfs. Mais ce n'est pas de moi qu'elle avait le plus peur...

 

 

Son souffle était  rauque, sa voix forte et  aigue, son débit rapide :

 

 

-Il est...revenuuuuuuuuuu ! Melrath Zorac en a été la première viiiictiiiiiiiiime ! Des murmures s'échappent du Manoirrrrrr ... Des cris ! Beaucoup de crrrrriiiiiis ! Rrrraaaaaahh ! Des papiers, des papiers, des papiers, des papiiiiiieeeeeeers ! Il ... Il a soif de sang et de connaissssssssssances !  Votre Niue l'intéresse ! Le manoir, le manoir, le manoir ! Les humains doivent craindre le manoir ! Nouuuuuuus craignons le manoirrrrr !

Il vous faut proooofffffiter ! Lorsqu'il viendra à vous ce sera la fiiiiiin ! Il les a tous masssssssacrés ! Il en fera de même avec vouuuuuus ! Hiiiiiiiiihiihiiihhiiiiiiiii !

 

 

Sachant que je ne pourrais rien tirer de plus de cette goule, j'ai pris sa tête entre mes deux mains, irradiant le fond de ses orbites de tout l'éclat de mes prunelles. Puis j'ai serré. De plus en plus fort. Son crâne finit par éclater, ajoutant de la matière cérébrale pourrie au nouveau décor des murs. Il ne resta plus qu'une bouillie épaisse et gluante dans chacune de mes paumes. Et la puanteur. Elle s'est répandue dans toute la pièce et lorsque je me suis relevé je l'ai vu. Dépassant du semblant d'étoffe qui couvrait l'entrejambe de ce qui n'était plus qu'un amas de chairs putrides. Ce feuillet vert, reconnaissable entre tous, la retranscription des travaux de l'alchimiste et de Niue par Thars Vexys...

 

Ce récit si précieux, que seuls quelques élus ont pu tenir entre leurs mains et parcourir ses lignes. »

 

 

L'auteur se lève, se dirige vers une armoire branlante et en sort un quart d'un liquide noir et fumant qu'il dispose sur sa table de travail après l'avoir porté à sa bouche. Le vent a cessé de souffler, et les rayons du soleil filtrent à travers la porte. Des effluves de mousse en décomposition s'élèvent se fraye un chemin jusqu'à ses narines. Des pas crissant sur le sol pavé se font entendre au loin, beaucoup de pas.

 

 

« J'ai rejoint les Gardes du Temple là où je les avais laissés. Les morts brûlaient dans un coin de la cour, entassés les uns sur les autres, les flammes mordant leurs vêtements dépouillés de leurs armures. Le chef de la garde hurlait des ordres de construction, la porte serait bientôt remplacée. J'ai envoyé ce dernier auprès du Commandeur afin que la situation lui soit rapportée, puis je suis parti. Les Sentinelles me rejoindraient au cœur de Melrath Zorac.

 

J'ai vu les ruines d'Ahgaär couler vers moi un regard de compassion. Les cris qui s'en échappaient m'encourageaient à poursuivre mon chemin. D'autres goules se sont présentées à moi. Toutes leurs têtes reposent maintenant dans un sac de toile. J'ai traversé la baie sombre, puis remonté le fleuve jusqu'à la Cité de Melrath Zorac où l'armée s'est révélée être en état d'alerte. Des gardes couraient dans tous les sens, de manière anarchique, n'hésitant pas à bousculer les badauds. Quant à ces derniers ils étaient tout aussi affolés, mus par la peur, ils ne cherchaient qu'à se terrer dans leurs chaumières.

 

Lorsque je suis passé devant la taverne, des débris parsemaient la route, créant là un nouveau revêtement. Plus aucune fenêtre n'était en état, la porte, encore une, avait été soufflée, trouvant un point de chute dans la seule carriole encore présente. Des taches noirâtres s'étaient accumulées sur la façade, témoignant d'un début d'incendie. Le carnage était total. Des flaques de sang n'avaient pas encore été épongées, des corps étaient étalés sur des plateaux, recouverts d'un simple linge blanc. Ici et là des mains pendaient encore, aussi blanches que l'étoffe qui les recouvrait.

 

J'ai trouvé le chef des armées au centre de la cité. Grand, musclé comme un bœuf, des cheveux couleur paille, un regard d'acier, un nez fin surplombant une bouche fine aux dents manquantes, témoin de ses nombreux combats. Beau garçon. Il dirigeait les opérations avec organisation et d'une poigne de fer. Logé sur une estrade, il étudiait des plans lorsque je l'ai interrompu. Nos regards se sont braqués l'un sur l'autre. Sa volonté était forte, mais il savait cette bataille perdue d'avance. Peine perdue. Il a baissé le regard et m'a tendu une main calleuse, capable de donner la mort à un cheval en ne portant qu'un coup.

 

Il se nommait Arästos Phogg. Il m'a présenté la situation comme étant un vrai cauchemar.  Il n'avançait pas dans son enquête et commençait à perdre espoir. Une chauve souris marquait l'accès à un manoir gigantesque, il me la pointa du doigt, à vingt pas de notre position. Selon ses mots, une « équipe de choc » avait été envoyée pour sonder les lieux. La moitié avait été décimée, les autres en étaient revenus aussi fous que des diables, beuglant comme des oies, se terrant dans les moindres recoins, refusant le moindre soin. Médusé, le chef Phogg n'avait pu que contenir les citadins de mettre à feu et à sang la cité.

 

 

La crainte s'était emparée de tous les esprits, la mort accentuait peu à peu son emprise sur ce monde. Lorsque je me suis retourné, le Commandeur dardait sur moi son regard sanguinaire. Je l'ai rejoint, et les Sentinelles se mirent en marche, disparaissant une à une derrière le passage. Lorsque ce fût mon tour j'ai lancé:

 

 

« Croyez-moi, ce n'est pas le Manoir que vous aurez le plus à craindre ... »

 

 

Fier de sa retranscription, l'auteur se lève. Il patiente le temps que l'encre sèche puis appose le sceau des Sentinelles avant de replier son feuillet sur lui-même et d'en faire un tube sur lequel il appose un nouveau sceau. Un coup lourd, sec sur la porte sort l'auteur de sa contemplation. Lorsqu'il sort, un aigle s'empare du feuillet et s'envole vers d'autres cieux, l'apportant à qui de droit. Il fait chaud, pourtant le soleil n'est plus. Une main gantée se pose sur la solide épaule de l'auteur. Celui-ci se retourne, l'esquisse d'un sourire plaquée sur le visage. Deux silhouettes disparaissent derrière une statue de marbre, elle représente une femme, des ailes surmontent son dos, son regard cependant est vide. Au loin une lourde porte se referme, un long cri, perçant, déchirant se fait entendre. Puis le Néant, les ténèbres.

 

Désormais l'Hérétique n'a plus aucun espoir...

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Nous avions tous entendu la rumeur avec les chauves-souris, mais mon épuisement suite aux soins prodigués au Dîn est tel que je n'ai pu me joindre à Mach Gulam, Arcsys et les autres, qui sont partis en éclaireurs dans le manoir. Je suis donc restée à Til'Ra, sur le lit de la chambre que le Dîn a pris pour moi, afin de reposer mes muscles douloureux.
 
Je n'ai plus de réelle notion du temps, passant d'un sommeil agité à une semi conscience douloureuse, mais une chose est sûre, plus de deux jours sont passés depuis que le Dîn m'a laissée. Est-il, lui aussi, parti au manoir ? Sans doute que oui. Nous avons eu l'occasion d'en parler un peu, et je sais qu'il voulait y aller avec le clan.
 
Une fois remise, je prends donc la direction de Melrath Zorac. Arrivée devant la demeure, je jette un regard autour, mais ne vois aucun de mes compagnons. Il va donc falloir que j'entre, sans toutefois connaître la façon de le faire. La porte est une énigme qu'une visite au cimetière permet d'éclaircir rapidement.
Il va falloir que je me fasse mordre par une de ces bestioles...
Cependant, alors que je m'approche d'elles, les chauves-souris se mettent à s'envoler dans tous les sens. Je me retrouve là, sans savoir quoi faire, assaillie de tous côtés par ces bêtes plus qu'excitée par la venue de nombreuses personnes dans leur repère. Elles ont, semblait-il, décidé de faire payer la disparition de leur quiétude à quelqu'un, et je suis arrivée au bon moment.
 
C'est donc, quelques minutes plus tard, que je peux franchir la porte du manoir, mon visage et mes mains attestant, criant même que je me suis fait mordre.
 
La vue de l'immense entrée me décourage, surtout que je ne vois toujours pas mes compagnons. Je me mets donc à la recherche d'un quelconque indice me permettant de les retrouver, vagabondant dans les couloirs et me retrouvant dans une grande cuisine. Il y a là de nombreuses personnes, mais jamais ceux que je cherche, et cette constatation n'a de cesse de me démotiver à poursuivre.
 
Heureusement, Mach Gulam semble avoir pensé à ceux de ses gens qui ne sauraient pas trouver comment avancer, et m'a fait parvenir un parchemin m'indiquant la mesure de leur avancée, à lui et à ceux qui ont fait partie de la première troupe d'éclaireur. Cette attention me permet de repartir plus motivée. Vu la longueur du parchemin "“ que je n'ose pas lire en entier de peur de laisser tomber "“ j'allais mettre du temps à les retrouver.
Je reviens donc sur mes pas pour me retrouver dans le hall d'entrée. Après deux pas, je stoppe net, le cœur battant à tout rompre. Un léger tremblement secoue le parchemin qui fait un bruit désagréable dans le silence ambiant. Je tremble. Et je n'en reviens pas. La panique m'empêche même de bouger.
 
Il n'y a plus personne.
Absolument plus personne...
 
Je n'ose même pas dire un petit « ouh ouh ».
 
Lentement, je me mets à descendre les escaliers. Avant chaque marche, je retiens ma respiration, mais aucune ne grince. Finalement, je me mets à courir, et à monter deux à deux les marches de l'escalier de gauche. Par deux fois, je fais tomber la clé au sol, maudissant ces portes que je n'arrive jamais très bien à ouvrir. Enfin je réussis. La porte claque derrière moi.
 
Ici au moins, il y a quelques personnes, ce qui me rassure, et me donne du courage pour rouvrir la porte et jeter un œil dans le hall... Qui est de nouveau rempli de monde. Doucement, je referme la porte, réellement perturbée par cette histoire.
 
La suite est autant perturbante. Parfois même stressante. Et toujours pas de Sentinelles. Peut-être bougent-ils en même temps que moi, ce qui expliquerait que je ne les croise jamais...
 
A un moment, sans trop savoir comment, je me suis retrouvée dans un couloir souterrain. Je ne savais pas où aller, et j'avais perdu le parchemin de Mach Gulam en fuyant le boucher. Dans un soupir, je me laisse tomber le long du mur et me retrouve assise à même le sol.
 
Une main sur mon épaule me fait sursauter, mais ce n'est pas de la peur que je ressens. Plutôt un intense soulagement. Mach Gulam est là, devant moi. Je ne vois bien sûr pas son visage, comme toujours, mais sa main qui m'aide à me relever est suffisante.
 
Je ne suis pas seule.
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Guest Elessar Dîn

Quand j'ai entendu parler de ce manoir via les premières rumeurs rapportées à la taverne de Melrath Zorac, je me souviens n'avoir pu m'empêcher d'hausser les épaules.  Quel intérêt peut-on bien trouver à écouter ces sornettes et ces racontars de bonne femme ? Je me méfie de la magie, de son utilisation comme de sa manipulation. Ce ne sont pas des choses naturelles, pas comme une flèche qui se plante dans un corps, pas comme une dague dont la pression sur une artère peut faire s'échapper la vie. Ce n'est pas palpable, pas identifiable. Alors je me protège comme je le peux. Je serre dans ma main la curieuse amulette en forme de sablier que le Commandeur m'a offert il y a si longtemps. Et quand Mach Gulam nous a organisé afin de rendre notre exploration la plus parfaite possible, sans omettre le moindre détail, je me suis naturellement joint à l'aventure.

 

Nous avons trouvé sans peine, forts à la fois de notre expérience dans ce genre d'énigme mais aussi de notre nombre, permettant un nombre d'essais impressionnant, la manière de pousser les portes qui semblaient pourtant hermétiquement closes. Tout ceci, grâce à un être vivant habilement dissimulé dans une foule de son espèce. Une joyeuse cacophonie, inaudible pour nous qui ne sommes que des humains, mais nous voyons quel en est le résultat : régulièrement, la foule semble se mouvoir dans un bruissement d'ailes, rendant la découverte du bon spécimen autrement plus difficile que nous ne nous l'étions imaginée.  Finalement, tous ceux qui accompagnent le Commandeur aux premiers pas dans ce funeste endroit finissent par pousser les portes pour pénétrer dans le hall.

 

Nous avons attendu Mach Gulam un bon moment. Si pour l'instant nous étions persuadés qu'il avait eu du mal à trouver le moyen d'entrer dans le manoir, même avec nos tests, nous allions découvrir, après notre quête, qu'il avait écrit un message crypté à destination de ceux qui nous suivraient. L'un  de ses principaux enseignements était qu'un meneur d'hommes devait toujours penser à tout. De ce que je savais du Commandeur, il avait toujours tenu cet engagement, faisant passer parfois les intérêts de ses suivants avant les siens.  Notre recherche a continué dans la bibliothèque du manoir ainsi que dans l'aile est, lisant quelques grimoires poussiéreux dans des étagères délabrées, poussant quelques interrupteurs dissimulés sous des peintures. Finalement, c'est le Commandeur qui trouve la bonne solution, faisant encore une fois l'étalage de sa logique et de sa capacité de réflexion au-delà du commun.

 

La suite immédiate de notre exploration est sans grand intérêt, et je dois avouer que le découragement me gagne. A chaque nouvelle épreuve s'en ajoute une autre, toujours plus complexe. Toutefois, si l'imagination du maître du manoir pour protéger les secrets de sa demeure est impressionnante, elle n'arrive pas à égaler nos capacités. Mach Gulam est resté en arrière pour attendre les siens. Une avant-garde se forme alors, composée de l'Amiral, de Curumo, de Dryas et de moi-même. Les énigmes ont beau être de plus en plus compliquées, nous les résolvons toujours plus rapidement, rien ne pouvant nous résister.  Et c'est au cours de l'une de ces découvertes que je l'ai découverte.

 

Je venais de bouger des chandeliers dans un certain ordre, afin de reproduire au mieux un dessin que le Commandeur m'avait fait parvenir, représentant un cercle avec des traits à l'intérieur. Rien de bien compliqué, toujours est-il que cela m'a permis d'entrer en possession d'une clé. Après utilisation de cette clé, et une petite recherche afin de trouver un habit perdu dans le manoir, j'ai eu une révélation sur un passage secret à même le mur friable, dans les sous-sols de la demeure.  Certain que là se tenait la suite de cette quête, j'ai emprunté le chemin discret, pour me retrouver dans une nouvelle salle, dont l'atmosphère me convenait parfaitement.

 

En face de l'entrée dissimulée, donc, deux cadavres semblaient être prêts à pourrir. Ils ne devaient pas avoir été tués depuis si longtemps, et j'en vins rapidement à me demander s'il s'agissait des habitants de Melrath Zorac qui avaient disparu. Cette question ne resta guère longtemps dans mon esprit, très vite remplacée par l'envie du Dîn. Mettez de la viande fraîche, aussi facile que ça, devant les yeux et le nez du Dîn... vous pouvez être certain qu'il ne résistera pas bien longtemps. Abandonnant toute prudence, je me gavais rapidement, ne laissant pas une miette. En une dizaine de minutes, l'un des corps avait été remplacé par un petit tas d'os, et tout le contour de ma bouche était rouge de sang. Je m'étais assuré que nul morceau de viande ne reste dessus, bien que la nourriture, quand elle n'est pas ingurgitée immédiatement après la chasse, soit rapidement moins bonne, j'avais faim et je n'avais pas voulu laisser passer une pareille occasion.

 

C'est alors qu'un bruit me fit sursauter : tout à mon occupation de me restaurer, j'avais abandonné toute prudence. Et le mastodonte dans le coin droit de la pièce, éclairé de manière fantasque par les rares torches de l'endroit, avait tout du « je t'avais bien dit de faire attention ». Piqué par la curiosité, je me suis approché. Sans doute n'ai-je pas été assez discret car la masse a bougé, et s'est retournée, me permettant de le dévisager. Ca avait l'air vaguement humain, si on exceptait un œil unique fiché au milieu du visage. Je me tenais sur mes gardes, prêt à dégaîner ma dague. Je savais que sa masse imposante serait pour moi un avantage : ma dextérité et ma rapidité me serviraient à le tuer avant même qu'il ne bouge. De plus, je considérais le mastodonte comme un dessert de choix, une pièce rare servie dans les plus grandes occasions.

 

Mais je ne pouvais prévoir le discours de la chose. Sans doute me prit-il, ainsi vêtu tout de blanc, du sang plein autour de mes lèvres, et des canines saillantes habituées à mâcher de la viande humaine, pour l'un des siens, et c'est ce qui motiva son discours amical. M'appelant maître, il me souhaita une bonne route avant de se retourner à ses occupations. Saisissant l'occasion, je lui sautais dessus, et lui tranchait la gorge sauvagement. Même après qu'il soit mort, je ne m'arrêtais pas, continuant à découper grossièrement la tête du geôlier. Quand enfin je ne tenais plus entre mes mains que le crâne sans vie de la chose, je le fichais au-dessus du coffre à portée, que j'avais auparavant ouvert grâce à mes talents de crochetage. Puis je m'installais, passant à table. Un délice exquis ici, abandonné de tous et ignoré du monde. Je n'ai pas pu finir ma proie, rassasié par la masse imposante du mastodonte. J'ai laissé les restes dans un coffre orné d'une tête de mort. Je ne suis peut-être pas le seul anthropophage à visiter ce manoir... J'ai continué ma route, mais ceci est une autre histoire.

 

Finalement, je dois bien avouer que mes craintes originelles n'étaient pas justifiées. Ce manoir fut très plaisant à visiter...

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Des murmures, des cris, des gens effrayés, des bruits de pas affolés... autant de sons qui résonnent doux à mes oreilles. Voilà quelques jours que Melrath Zorac est en proie à de sanguinaires chauves-souris. Les faits étranges ne manquent pas dans ce haut lieu et un instant je me demande si ce que je vais trouver sera intéressant. Mais ma curiosité reprend toujours le dessus, et mes nouveaux compagnons ayant  déjà organisés l'exploration du lieu désormais accessible par un portail magique, je me décidais à les rejoindre dans cette nouvelle aventure.

 

Une fois à l'intérieur du Manoir, un étrange sourire étira mes lèvres. Une réponse m'avait immédiatement été donnée. Je venais de me rendre compte que rien ne me poussait à la découverte du maître des lieux. Il y a encore quelques temps, une aura aussi maléfique que celle de ce Comte n'aurait guère manqué de m'envoûter, d'affoler mes sens et de me précipiter à sa rencontre...

Alors, une fois n'est pas coutume, je me posais en observatrice tranquille, et déambulais bien lentement à la recherche des énigmes qui nous étaient posées.

 

J'observais avec satisfaction les Sentinelles progresser dans leur quête, avec méthode et maîtrise, s'organisant du mieux possible et avec grande efficacité. Voilà qui était un premier défi posé que la faction relevait avec brio.

 

J'observais les nombreux aventuriers de tout bord que pour beaucoup je connaissais, des ennemis de toujours,  inconscient encore du danger que nous allions bientôt représenter pour eux.

 

J'observais enfin mes anciens compagnons que je n'oubliais pas. Quelques sourires fugaces et brèves salutations, un clin d'œil à un certain ami rôdeur, mais aussi parfois un oubli total, rien qui ne laissait penser que nous nous connaissions ou que nous étions d'anciens camarades. Ceux-là me firent comme un coup au cœur. Pour eux, je les avait abandonné et je n'existais plus..., mais je ne regrettais pas pour autant ma décision.

 

Je finis par trouver le Comte, après bien d'étranges rencontres dans son Manoir, et après m'être assurée que la plupart de mes compagnons  s'en soient sortis eux aussi. Il n'opposa guère de résistance, tout faible et endormis qu'il était dans son cercueil. Au final, il n'était guère qu'un illusionniste, capable de faire une belle mise en scène pour impressionner les gens.

 

Si les aventuriers de Melrath se féliciteraient bientôt d'avoir éradiquer la menace et festoieraient gaiement dans les tavernes, ils n'étaient pas au bout de leurs surprises. Ce manoir n'avait été qu'un avant-goùt de ce qui les attendrait sans doute plus vite qu'ils ne le pensaient...

L'Avènement est proche..

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

  • 2 weeks later...

Voici quelques jours que les habitants des contrées de Melrath Zorac semblent agités. Chauve-souris, rêves étranges et malédictions. Un sombre quotidien pour ce peuple qui se prépare pourtant à fêter un anniversaire bien particulier. En effet, voici six ans que les premiers aventuriers ont commencé à arpenter ces terres dévastées.

 

Six longues années de guerres entre les différents éléments, six années de haine motivée par le subterfuge et le mensonge des Quatre. Six éprouvantes années de conflits entre les grandes factions de ce monde, six années qui auront vu s'élever puis s'éteindre les plus grandes nations. Tout ça pour quoi au final ?

 

Les puissants de ce monde ressassent sans relâche les glorieuses épopées d'antan, se prélassant dans leur gloire passée si chèrement acquise. La rancœur qui opposait autrefois les fratries dominantes a presque disparu, et il n'est pas rare de voir des échanges commerciaux entre ceux qui ne se seraient échangés que mort et violence voici quelques années. L'habitude d'un quotidien bien huilé remplace la méfiance des anciens.

 

Tel est le contexte de l'apparition des bêtes ailées maudites, auxquelles on associe bien volontiers les pires histoires d'horreur. Tous s'empressent bien entendu de rejoindre cet endroit étrange et introuvable même sur les cartes les plus précises. Tous déjouent les énigmes permettant d'entrer dans la demeure et d'en déceler tous les secrets.

 

Mais bien peu voient quel était le véritable danger qui guette les Terres des Éléments. Bien sûr, au cours des derniers mois, ces hommes et ces femmes aux motivations obscures, résurgence d'une époque qui n'est plus contée que par quelques mémoires, n'ont pas manqué de susciter la curiosité. Là s'arrête tout l'intérêt de la plupart des habitants des Terres des Éléments.

 

S'ils ouvrent les yeux, et réfléchissent aux actes qui se déroulent, ils pourront identifier la menace. L'apparition de deux prêcheurs aux abords de la plus grande cité de ce monde. Le débarquement des troupes de choc orques au sud d'Irliscia. Le retour d'un personnage que certains ont bien connu, voici des années. Et, au détour des couloirs du manoir, maintenant, ces hommes et ces femmes, dont l'armure et les capes sont marquées d'un ouroboros.

 

Peut-être, alors, réaliseront-ils que ceux qui s'identifient comme les Sentinelles de Niue sont les porteurs d'une vérité que trop semblent avoir rangé dans un coin de leur esprit. Un souffle frais, une chaleur inédite, une source moderne, un terreau nouveau. Ils disent préparer les jours de l'Avènement, et tous se moquent de leurs prophéties. Leur ordre presque militaire fait grimacer ou rire, à moins que ce ne soit l'efficacité qui résulte de cette organisation.

 

Dans le manoir, les fidèles de Niue déjouent les embûches les plus corsées, se faisant fi d'affronter avant tous les mortelles énigmes de la demeure du comte. Finalement, ils ne sont entravés que par la rude vérité de leur inexpérience en ce monde, qui pénalise chacune de leurs découvertes. Pour l'heure, cette certitude sauve les plus autres, ceux qui s'amusent des balbutiements de l'ordre à l'ouroboros. Pour combien de temps encore ?

 

(RP de la fresque)

Modifié (le) par Mach Gulam
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Join the conversation

You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Pasted as rich text.   Paste as plain text instead

  Only 75 emoji are allowed.

×   Your link has been automatically embedded.   Display as a link instead

×   Your previous content has been restored.   Clear editor

×   You cannot paste images directly. Upload or insert images from URL.

 Share

×
×
  • Créer...

Important Information

By using this site, you agree to our Terms of Use.