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Terre des Éléments

Un Festiva bien terne


Alekto
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Quelques jours plus tôt...

Le quotidien des hommes était bien sombre en ces périodes troubles. Les alliés de jadis étaient devenus ennemis, et les ennemis des alliés. Les factions avaient pris le pas sur les éléments. Mais la guerre ravageait toujours ces terres, plus farouche que jamais. En cette fin de période Campana, tous auraient dû songer aux préparations des fêtes à venir. Pourtant, Festiva était loin des pensées des mortels.

En sa demeure de bois, un vieil homme triste grommelait.

« - S'entretuer, voilà tout ce qu'ils savent faire. Je leur ai ouvert la porte de ma maison. Je les ai couverts de présents. Pour tout remerciement, ils ont gâché les fêtes. Et cette année, je devrais les regarder faire de même ? Non, c'en est trop. Qu'ils se débrouillent tous seuls. Nous verrons s'ils sont capables de préparer Noí«l sans moi ! »

Tout en grognant dans sa barbe, il remplissait une grande malle en cuir. Chemises, shorts, maillots et serviettes de bain s'y entassaient en un désordre parfait. Potion de protection solaire et chapeau de paille vinrent s'y rajouter dans la minute. En peu de temps, le bagage fut bouclé. L'homme enfila alors une légère veste de lin avant de jeter un regard nostalgique vers l'entrée. Son long manteau rouge était pendu là. Il ne servirait pas cette année. Un soupçon de regret dans le cœur, le vieil homme jeta sa valise dans son traineau.

« - En route Rudolph. Droit au Sud ! »

Sous les yeux médusés des lutins, le Père Noí«l s'envola vers les plages d'Aquatis. Sur le long chemin, des cadeaux tombèrent du traineau cahoté au grès des vents. Des centaines de cadeaux qui ne trouveraient jamais leur destinataire mais rendraient peut-être quelques monstres heureux.

Début de la période Festiva, maison du Père Noí«l

La porte s'ouvrit sur un lutin couvert de neige.

« - Des nouvelles ? », demandèrent en chœur ses confrères et consœurs assis près de la cheminée.

« - Aucune...

- Cette fois c'est sûr il ne reviendra pas !

- Nous ne pouvons pas attendre plus longtemps...

- Mais que pouvons-nous faire ?

- Sans Père Noí«l, pas de Noí«l...

- Ce serait une catastrophe ! Il ne peut pas faire ça... hein ? »

Les lutins se regardèrent. Nul n'osa répondre.

« - C'est une catastrophe ! », finirent-ils pas s'exclamer, d'une seule voix.

En une vision d'horreur, ils imaginèrent les conséquences. Il n'y aurait pas de cadeaux. Les verres de lait resteraient pleins sur les rebords de cheminées. Les petits gâteaux aux raisins ne seraient pas à moitié grignotés. Les sabots resteraient vides sous les sapins décorés. Melrath Zorac, IssCaNak, Irliscia, Aeris, Aqua, Ignis, Terra... la terre des éléments toute entière devrait se passer de Noí«l. Mais que pouvaient-ils y faire, eux ? A moins qu'ils n'arrivent à convaincre quelques humains de les aider... Peut-être alors pourraient-ils, ensemble, préparer un Noí«l digne de ce nom ?

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Période Festiva, le 10 [105 AC]

Festoch, le célèbre lutin, se tenait debout devant ses frères et sœurs. A ses côtés, Decorath était assise, une feuille entre les mains prête à jouer son rôle de secrétaire. De mémoire de lutins, cette assemblée était une première. Tout événement exceptionnel nécessitait une réaction toute autant exceptionnelle. Festoch, en maître de séance, s'éclaircit la gorge et s'exclama :

« - L'heure est grave mes amis. Si nous voulons sauver les fêtes et nous amuser, il va nous falloir travailler. Cela ne me plait pas du tout... mais nous n'avons pas trop le choix. Alors faisons la liste de ce qu'il nous faut et mettons-nous au boulot. »

Voyant que les autres acquiesçaient de la tête, il poursuivit :

« - Pour un Noí«l réussi, il nous faut : rassembler des cadeaux pour tout le monde !

- Oui, oui, tu as raison. Je m'occupe de ça !

- Puis, trouver le plus beau des sapins, et y ajouter de merveilleuses décorations.

- J'en fais mon affaire.

- Ensuite, préparer un joyeux festin pour le réveillon.

- Les repas, c'est ma spécialité.

- Décorer aussi la salle du réveillon.

- Je m'en occupe !

- Ne pas oublier de prévoir de merveilleux contes pour animer la soirée.

- Hé hé, on va réveiller l'imaginaire des humains.

- Enfin, se rassembler autour du sapin décoré, et festoyer dignement toute la soirée, avant d'ouvrir ses cadeaux. Et cela, je m'en charge ! »

Les lutins, pleins d'espoir, se répartirent les tâches. Il n'y avait pas de temps à perdre !

Les frères Lucado furent envoyés aux quatre coins de la terre des éléments pour prendre contact avec les humains. Leur mission était essentielle. Il leur incombait de réunir les cadeaux perdus lors du voyage du Père Noí«l. Pour être vus de tous, ils choisirent les places les plus fréquentées par les humains : leurs tavernes !

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Période Festiva, le 14 [105 AC]

Dans un village caché, les lutins s'affairent. Plus que dix jours avant Noí«l, et il reste tant à faire...

Au dehors, un grand arbre accueille guirlandes lumineuses et boules colorées. A ses pieds, un lutin chantonne gaiement.

« - Mon beau sapin, roi des forêts... Hé, que fais-tu ! Rends-moi ça tout de suite ! »

Trop tard ! Le garnement est déjà loin, des décorations plein les mains.

En cuisine, Ticuistoch est au fourneau. Cette année, c'est à lui de préparer le fameux repas du réveillon. Si fier que cet honneur lui revienne, il laisse échapper sa joie.

« - Chanter en cuisinant... »

Pourtant, l'heure approche et il lui manque de nombreux ingrédients. Sera-t-il à la hauteur de la tâche ?

Dans l'atelier, Decorath est débordée. Une salle entière à décorer et seulement dix jours pour y arriver... c'est un miracle qu'on lui demande. Noí«l sera-t-il à la hauteur des légendes ?

« - C'est impossible ! Nous ne serons jamais prêts dans les temps. Festoch ?

- Oui.

- Il nous faut de l'aide. Crois-tu que les humains pourraient venir ici ?

- Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée...

- Mais tu l'as fait l'an dernier !

- Père Noí«l n'apprécierait pas.

- Et pourquoi pas ? C'est de leur faute s'il est parti. Qu'ils mettent un peu la main à la pâte ! »

Sur ce, Festoch s'en alla quérir l'aide des hommes. Usant de sa malice, il ouvrit à nouveau le portail menant au monde de Noí«l.

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  • 1 month later...

« Un Festiva sans Noí«l, ça n'existe pas ! »

Les enfants sont formels. Raison leur fut donnée en cet an 105 AC. Si le Père Noí«l ne remontra pas le bout de son nez bronzé, les lutins ont bien travaillé. Avec l'aide des aventuriers, ils ont décoré le sapin, préparé le repas, récolté les cadeaux et même rassemblé de magnifiques contes pour la veillée. Finalement, ça ne s'était pas si mal passé.

Aux abords de la forêt de Terra, un bucheron enjoué discutait avec un frère Lucado verdoyant.

« - Désolé du retard, petit lutin. Maman tenait absolument à vous préparer une surprise pour vous remercier.

- Oh, c'est gentil. Toutefois, vos compatriotes sont bien plus méritants que nous. Ils ont couru après de nombreux monstres pour récupérer tous ces cadeaux.

- Vraiment !? Qu'ils sont généreux ! Et bien, je suppose que c'est à eux qu'il faut donner ces présents. Vous pourriez vous en occuper ?

- Assurément ! »

Sur un nuage d'Aéris, c'est un Lucado en tenue jaune qui s'impatiente. Une jeune fille accourt enfin, sourire aux lèvres.

« - Merci, sans vous Noí«l était perdu.

- Nous n'avons presque rien fait. Vos aventuriers nous ont bien aidés. Pour tout dire, ce sont eux qui ont retrouvé les cadeaux perdus par le Père Noí«l.

- Vraiment !? C'est aimable à eux. Ils méritent bien une petite récompense. Et je sais quoi leur préparer. Attendez une minute voulez-vous, ce sera plus rapide si vous leur amenez.

- Je ne bouge pas. »

Sur une plage d'Aqua, un des frères Lucado, tout de bleu vêtu, s'entretenait avec une maman satisfaite.

« - Grâce à vous, ils auront eu des cadeaux. C'est vrai que c'était plutôt mal parti. Merci de votre aide !

- Ce sont vos confrères qu'il faut remercier. Ils ont retrouvé une partie des cadeaux perdus par le Père Noí«l.

- Vraiment !? C'est gentil de leur part. Hum, je sais. Nous allons leur préparer une surprise nous aussi. Vous voulez bien jouer les messagers ?

- Bien entendu. »

Entre les roches flamboyantes d'Ignis, un soldat un peu déçu tourne en rond. Lucado cadet pointe enfin le bout de son chapeau rouge.

« - Ah, vous voilà. C'est tout juste s'il y a eut assez de cadeaux pour tous les petits. J'espère que le Père Noí«l assurera son poste l'an prochain.

- Nous aussi. Nous sommes désolés de ce qui c'est passé. Vos aventuriers ont pourtant fait un effort. Mais, ils n'étaient peut-être pas à la hauteur de la tâche.

- Hum... Ils ont au moins essayé. Tenez, ma femme a cueilli ça pour eux. Vous leur remettrez ?

- Pas de souci. »

Festiva est terminée. Les lutins s'en sont retournés vers l'atelier du Père Noí«l. La porte entre les mondes s'est refermée. Pourtant, dans les tavernes, quatre lutins se faufilent. Entre leurs mains il tiennent des présents pour les humains généreux. Et aux plus brillants d'entre eux, des médailles ont été remises.

Ainsi commence l'an 106 AC.

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