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Terre des Éléments

Suyvel


Suyvel
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Depuis un recoin sombre des remparts de Melrath Zorac, Suyvel assistait à la bataille qui déchirait la ville ce soir-là.

Un peu plus tôt, le prêtre avait fait un discours devant une foule de badauds mi-apeurés mi-furieux, que la magicienne n'avait pas trouvé fort bien choisi. Il n'y avait rien de plus dangereux qu'une foule. Surtout une foule d'ignares et de superstitieux, lorsque des phénomènes surnaturels commençaient à se produire. Dans ce contexte, ces gens-là se cherchaient un bouc émissaire et le premier étranger qui passait par là pouvait se voir attribuer le rôle à l'unanimité. Et un lynchage en règle s'ensuivait.

Le prêtre se rendit-il compte à quel point il était proche du bûcher ? Suyvel n'aurait su le dire mais, pour une fois que ce n'était pas elle que l'on se proposait de brûler, la situation lui plaisait assez. Les drows étaient rarement bien perçus, sur les terres où ils exerçaient leurs raids et leurs méfaits. Même ici, où ils étaient inconnus, Suyvel avait souvent lu de la méfiance ou de la peur "“ voire une hostilité véritable "“ dans les yeux des autochtones. Et à plusieurs reprises, elle n'avait dû qu'à ses sortilèges ou à la rapidité de sa course de pouvoir rester en vie.

Mais au moment où le prêtre allait découvrir les joies de l'immolation par le feu, les spectres avaient surgi. La foule s'était instantanément dispersée dans le plus grand tumulte, comme le faisaient tous les humains courageux dès que la victoire ne leur semblait plus facile. S'en prendre à un vieil homme esseulé, oui. Chasser des fantômes nombreux et dangereux, non. Suyvel se demandait parfois si ces gens méritaient d'être secourus. Ce qui fit qu'elle n'attaqua pas la menace fantôme.

Malheureusement pour elle, si elle savait facilement se cacher aux sens déficients des humains, elle ne pouvait échapper aux yeux surnaturels qui envahissaient la ville. Rapidement, un spectre tenta de s'en prendre à la magicienne, puis un autre. Tant et si bien qu'elle finit par se retrouver au milieu de la mêlée avant même d'avoir bien réalisé ce qui se passait.

Lorsqu'enfin elle put se dégager de cette engeance funèbre, elle contempla incrédule le pandémonium que les spectres faisaient régner dans la ville. Heureusement, de nombreux aventuriers étaient présents et résistaient à la vague morbide. Tous les défenseurs de Melrath Zorac avaient répondu présents. Ce fut ce constat qui éveilla un soupçon dans l'esprit de la drow.

Oui, tous les défenseurs sont là... donc il ne peuvent être ailleurs. Et ils sont bien trop occupés pour se rendre compte de quoi que ce soit. Même si une armée défilait au son des trompettes, ils n'en sauraient rien.

En fait, l'attaque spectrale avait ceci de suspect qu'elle survenait en temps de guerre, alors que les orques étaient aux portes du pays. Et qu'ils se tenaient tranquilles depuis un certain temps.

Depuis bien trop longtemps, je dirais.

Que penser alors de cet assaut surnaturel ? Fallait-il y voir la main de Rebom ? Ou de l'un de ses agents, désireux d'attirer ici le gros des forces des défenseurs ?

Mais non, Obélix, tu n'es pas gros... juste un peu enveloppé.

:huhu:

Le doute vint hanter Suyvel plus sûrement que la horde fantomatique.

S'agit-il d'un piège ? D'une diversion ?

Elle songea que plus personne ne devait surveiller les activités des orques du côté de leur campement, dans la forêt d'Irliscia.

Qui sait ce qui peut bien se passer là-bas ? Si les orques en profitaient pour attaquer, qui les verrait pour donner l'alarme à temps ?

Brusquement inquiète, Suyvel laissa la bataille en plan et quitta d'un pas rapide la ville qui offrait un visage dantesque, entre les ectoplasmes de toutes sortes et les cadavres qui s'amoncelaient. Elle mit cap au sud.

Lorsqu'elle arriva à Irliscia, la nuit était tombée. Et le silence régnait parmi les arbres. Si une armée d'orques était en marche, elle était incroyablement discrète... Lorsque les murailles du campement orque furent en vue, la drow ne repéra nulle activité, nul fourmillement inhabituel. Les feux de camp crachaient une épaisse fumée grise dont les volutes montaient vers les cieux. Les sentinelles faisaient leur ronde. La nuit s'était installée sur le camp orque aussi. Suyvel respira mieux. Ses soupçons s'avéraient infondés.

« Infondés ? Tu es sûre de ça ? »

Une petite voix moqueuse s'élevait dans sa tête. Suyvel avait beau se convaincre que c'était de la paranoïa, elle n'y arrivait pas totalement.

Qui sait si un plan encore plus tordu n'est pas en œuvre ? Un plan dont les retombées funestes n'apparaîtront que plus tard ?

Suyvel n'aurait su dire si cela était lié au vent frais de la nuit... mais elle frissonnait.

Modifié (le) par Suyvel
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