La mort n'a pas de prix

[Anamaya]

C'était un matin de plus, avant le lever du soleil.

Les pas qui mènent dans les grottes ou demeure, éternel le phénix.

Ou réside depuis peu un convoi de nain, et un Roy courroucé.

C'était la repentance qu'il nous avait proposé, la recherche du pardon, s'il est possible de pardonner.

Car l'effort peut il racheter le sang? Y a-t-il quoi que ce soit, qui puisse le racheter d'ailleurs?

Et pourtant, il y en avait un, désigné par son geste, et dit-on, son verbe provoquant, qui avait attiré plus de foudres que tout autre.

La rumeur d'une vengeance, l'illusion de l'honneur bafoué, la promesse d'une récompense, illuminait bien des regards piquetant la nuit de lueurs malsaines.

Et il était tombé une fois.

Mais les promesses de vengeance étaient toujours portées par le vent, épaississant l'air.

Il ne se terrait donc pas, sagement. Elle ne le connaissait guère. Il l'avait déjà mise à terre, comme d'autres, et son affiliation aux EnferS ne pouvait que dénoter son plaisir à perpétrer des meurtres. Peut être que...

C'était un matin de plus; mais celui-ci, elle inspira profondément et vint demander, hésitante, audience au Roy des nains.

"Messire... Vous avez réclamé la tête de celui qui a achevé l'un des vôtres, et cette tête est tombée. Son sang en échange de celui impunément versé...

Mais pourquoi cela doit il continuer?Aucune vie ne se devrait d'être gaspillée... Aucune mort ne rachètera ce qui a été fait. Si il tombe, il se relèvera, encore; car tel est le lot des nôtres.

Nulle vengeance, car son affinité est celle des semeurs de mort. Il prend plaisir a tuer, et accepte le risque qu'est celui de tomber, car il tombe moins facilement que ses proies. Rien ne dit qu'il n'éprouve pas grande joie à cette agitation... C'est le monde qui se tourne vers lui, de nouvelles personnes se risqueront à vouloir l'affronter, à leur péril... vous le faites entrer dans l'Histoire, au lieu de lui laisser découvrir ce qu'est la honte...

Messire Roy, je ne plaide pas pour lui...

Mais pour ceux qui forment le peuple auquel j'appartiens. Qui pour vous satisfaire , alors que pour la plupart veulent obtenir le pardon pour un crime qu'il n'ont pas commis directement mais qu'ils portent comme le fardeau de tous, sillonnent les routes à la recherche d'un être souvent plus fort qu'eux. Combien d'entre eux mourront pour votre pardon?

Tant de raisons peuvent les amener à agir, parfois peut être la cupidité, qui fleurirait dans leur coeur à l'idée de la récompense... Cette même cupidité qui a pu en pousser d'autres à commettre un geste irréparable...

Aucun sang versé ne rendra la vie à votre compagnon... Alors combien de haine et de luttes fratricides faudra-t-il pour apaiser votre courroux d'avoir perdu le votre?

Ce n'est que laisser libre court aux mêmes instincts qui ont porté préjudice aux vôtres..."

La jeune femme reprit sa respiration, interdite, sentant que sa voix avait commencé à se modifier par la conviction et l'émotion.

[Yteyk Amris]

Le Roy nain écouta attentivement le discours de la belle magicienne qui se tenait devant lui, rayonnante et passionnée.

Une fois qu'elle eut terminé, le Roy lui adressa un regard chaleureux, et d'un grand geste du bras se retourna pour indiquer derrière lui la tombe de DäzLok.

Enfin terminée.

« - Tes propos sont tout à ton honneur, jeune magicienne. Regarde l'oeuvre de ton peuple, admire les efforts consentis par les vôtres, tu peux être fière des tiens.»

Un grand sourire vient éclairer le petit visage.

« - Vous avez mérité mon pardon. Quant à l'homme dont tu viens de plaider la cause avec tant d'émotion, je lève ma mise à prix. Son sort m'importe peu désormais. Vous avez racheté vos fautes à la sueur de votre front. Tu te demandes ce qui peut racheter le sang...

Tu n'es pas une naine, magicienne. Mais sache que nous accordons une grande valeur au travail qu'un individu est capable d'accomplir de ses mains. Nul ne fera revenir notre Baron, mais la repentance peut se démontrer de plusieurs façons.

Va, magicienne, retourne auprès des humains, ta race. Sache que le peuple nain vous quitte satisfait, et que d'ici quelques jours vous aurez vous aussi des motifs de satisfaction d'avoir consacré du temps et des forces à une entreprise qui ne vous rapportait rien d'autre que le pardon.

L'honneur, magicienne, l'honneur...»

Le Roy décocha un clin d'oeil à l'Aéride, se retourna et disparu par le trou creusé dans la roche par ses sujets.

Nous ne le reverrons sans doute jamais, mais son passage nous aura apporté sans doute bien plus que nous ne l'imaginons encore..