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Terre des Éléments

Helevorn

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  1. Catins. Filles de mauvaise vie. Filles selon mon cœur. Voici des heures que nous rions et buvons dans ce boudoir privé. Salon de bordel aux bouquets fanés. Aux draperies lourdes, empourprées, salies. Crasse baroque d'une soirée récréative. L'âpreté du vin a un goût de groseille, son tanin n'est que sucre a mes papilles. Il est l'heure de partir. Pourtant. Car j'ai d'autres projets. Alors que j'abandonne ces femmes en location les gratifiant d'un sourire enjôleur, un cris déchire l'air. Pas un cris d'humeur, ni de peur. C'est la douleur qui s'imprime dans ce ton. Une douleur surprise. Mon regard se porte immédiatement à sa source, rencontrant un visage autrefois chérit. Celle à qui j'ai promis. Celle que j'ai trahie. Délaissée... Des mois se sont écoulés. Une forme intruse vient s'ajouter au tableau. Un loup. Les crocs plantés dans sa chair, faisant couler de fines lignes de sang le long de sa jambe. Immédiatement je me saisis de mon arme, prêt à abattre l'animal quand quelque chose vient troubler mes impressions. Rhapsody accepte la morsure, n'y prête même pas attention. Sa peau si blême, ses joues creusées, ses yeux habités d'une tristesse déchirante s'insinuent en moi comme un message. Message destiné à l'homme que je suis, l'homme qui a espéré d'un possible a ses côtés. Elle me perce. M'aiguillonne. Reflux en moi culpabilité, attachement, sentiments ensevelis. Je ne veux comprendre sur l'instant. Besoin de me complaire d'une incertitude rassurante. Nécessité de ne pas croire a ce qu'elle semble vouloir me dire. Son grimoire au sol, elle recule. Ma gorge se serre, étranglée par une sourde épouvante. Quelque chose ne va pas. Son comportement est anormal. Ce qu'elle dégage est inhabituel. Elle se retourne et fuit, la bête à ses côtés. A toutes jambes elle s'échappe. Se dérobe à moi. Mes yeux s'écarquillent, ma bouche s'entre ouvre. Une crainte immense me saisit. Un pas, puis deux, je me lance à sa poursuite. Dépasse le sac qu'elle a laissé tombé. Ses bottes. Sa silhouette s'amenuise. Opalescente. Elle me distance. Magie ? Ses traits se dissipent, elle s'évanouit à ma vue, déjà loin des remparts de Melrath. Je ralentis de moi-même avec la conviction de ne rien pouvoir changer a ce qui s'opère, et m'arrête devant sa robe étalée sur les pavés. Abandonné. Tout comme je l'ai abandonnée. Et avec elle l'espoir d'être aimé et de pouvoir aimer en retour...
  2. Helevorn

    Parrainage

    La prenez pas, elle est folle.
  3. Je la connais parce qu'elle en a parlé et que je me suis intéressé au duel qui a été lancé, ni plus ni moins. Si ça t'ennuie que l'issue en soit connue -en l'occurrence ta défaite-, il aurait fallut t'abstenir de provoquer un duel.
  4. Est-ce normal que l'issue du rp Le temps du repos soit différente de ce qu'il s'est réellement passé IG ?
  5. Au conseil des étoiles, les avis divergeaient sur la position à prendre. Comme toujours. Les sensibilités des Constellations promettaient de longues discussions. Certains penchaient pour attaquer les Orcs qui selon eux pourraient menacer notre fortin, d'autres préféraient combattre sans distinction afin d'assouvir leur soif de meurtre, d'autres encore privilégiaient la prudence en réservant leur position. Pour moi, tout était clair. Nous devions rester en accord avec nos engagements passés et protéger l'armée peaux vertes contre ses belligérants. "Les Orcs n'attaquerons pas notre fortin. Ils auront bien mieux à faire à l'Académie." ---- Une sorte d'aspiration stridente suivie d'un fracas métallique au tempo détaillé et répétitif traversa le mur épais de la forteresse. Les étoiles se regardèrent en silence. L'heure était venue. La double porte s'ouvrit dans un grincement. Les ténèbres tombantes étaient troublées par une lueur diffuse émanant du flanc ouest des remparts. "Le portail est apparu !" Une gigantesque porte ovoïde cerclée de métal accueillait en son centre un écran d'énergie vivace à la surface de mer agitée. Un bourdonnement continu et puissant. Une lueur bleuté. Un vortex vers un autre lieu. Des arcs électriques striaient de temps à autre le pourtour du portail. Une à une, les étoiles s'enfoncèrent dans le champ tumultueux pour réapparaître la seconde suivante dans une immense caverne. Mon pieds droit quitta l'herbe fraîche pour se poser sur la pierre poussiéreuse. Des picotements électromagnétiques coururent le long de mon épiderme avant de s'évanouir dans une sorte de brume céruléenne et crépitante. La fraîcheur de la nuit fut écrasée par la moiteur et l'âcreté d'un lieu minéral et rocailleux. L'arôme de la toute proche forêt balayée par un air vicié. Des grognements, des bruits de gueule, un lourd piétinement soulevant une nuée de particules dans l'atmosphère, des retentissements d'armes rudimentaires cognées les unes contre les autres, un relent de sueur putride mêlée de grasse crasse. Des combattants aux corps épais et durs. Aux oreilles déchirées, aux naseaux larges et morveux, aux bouches dénuées de lèvres traversées par des crocs proéminents, aux petits yeux luisants et emplis d'une stupidité meurtrière se tenaient en rangs serrés au centre du lieu. Des tentes de peaux ornées de crânes et d'os humains avaient été dressées un peu plus loin. Leurs chefs se déplaçaient d'un bataillon à un autre d'une démarche balourde mais pas moins guerrière, une arme brandie au dessus de la tête, haranguant d'un aboiement belliqueux des troupes assoiffées de batailles. Mon observation fut interrompue par la silhouette d'une guerrière aux cheveux d'or. Parée d'une fine armure laissant outrageusement à nu les parties vitales de son corps, comme si au cœur même de la guerre elle avait la prétention de déjouer la mort. Elle traversait l'armée, posant un regard indifférent sur ses alliés, jusqu'à ce que ses yeux d'améthystes rencontrent les miens. A quelques pas de moi, elle s'arrêta. Troublée. L'exquise effluve de sa peau claire se fraya un chemin jusqu'à moi, glissant entre les relents pestilentiels des Orcs. Un instant suspendu dans le tumulte avant qu'elle se détourne. Un sourire qu'elle ne vit pas, un long regard dont elle se douta peut-être avant que le retentissement des tambours de bataille ne fassent vibrer la grotte. L'ennemi était en approche. Les peaux vertes hurlèrent, écumantes, frénétiques. La lame de ma colichemarde tinta dans son fourreau. Le croassement sinistre d'un corbeau fila au dessus des troupes. Carnage. Métal contre métal, feu de l'acier, brûlures, coupures, cris, déchirement, décapitations, démembrements, hurlements, peur, douleur, goût de sang, chaleur, sueur, poussière, viscères, cervelles, écrasements, os qui craquent, se brisent... Un silence de mort. Un râle d'agonisant. Un blessé qu'on achève. Un dernier croassement. Les cheveux et le visage éclaboussés de sang. Mon regard suivit la fuite du corbeau. Un espion. Triviak. Je me relevais, fourbu et blessé, pour prendre la direction de l'Académie...
  6. Un cris résonne par delà les longs couloirs du Palais... La belle épuisée se recroqueville dans le lit, les yeux clos. Voulant à tout prix croire à son rêve. Un sourire se dessine sur mes lèvres d'or. Le tiroir de la table de chevet coulisse. J'en tire un petit flacon au contenu nébuleux, le débouche et le remue lentement sous le nez de la guerrière. Une senteur d'oubli... ~°~°~°~°~ Le voyage en Enfer se termine. Inconsciente, Ysande est lavée des traces d'or sur sa peau, rhabillée avec ses vêtements boueux, son poignet soigné avec l'eau bienfaitrice de la fontaine de sa suite. La brèche se rouvre, je passe le portail, la guerrière dans les bras. A mon retour à la surface, toute trace de cette nuit se volatilisera. Mes vêtements marécageux recouvrent a nouveau mon corps, ma peau retrouve son anthracite, mes cornes disparaissent ainsi que mon sixième doigt à chaque main. Le talisman de Graz'zt est rangé au fond de ma sacoche. J'ai laissé Ysande dans une chambre d'auberge du village, comme s'il ne s'était rien passé...Seule la présence d'un diamant taillé aux reflets ténébreux gît dans son sac. Un indice troublant. A son réveil, elle se sentira formidablement bien jusqu'à ce qu'elle s'aperçoive des raisons de sa béatitude. Elle sentira cette chaleur caractéristique entre ses cuisses, des images frapperons sa rétine. Un sentiment d'embarras la submergera. Elle sera incapable de déterminer s'il s'agit seulement d'un rêve, encore moins a la découverte du diamant. Un doute oppressant qu'elle décidera de repousser dans les confins de sa mémoire jusqu'à l'enterrer, ou qu'elle décidera d'élucider. Dans les deux cas, lorsque nous nous recroiserons, je me délecterais de l'incertitude et du trouble que j'aurais jeté en elle... "A bientôt, belle Ysande..." Laissant un rire narquois dans mon sillage.
  7. Un goût si déraisonnable de la richesse la pousse irrémédiablement dans des chemins dangereux. Son regard dévore chaque trait de mon visage, émerveillée devant l'idole que j'incarne. Ses quelques mots échappés dans un murmure ne prennent pas le ton tranchant dont elle à l'habitude. La guerrière se laisse conquérir par une image qu'elle espère sans doute captée du fond de ses rêves. Après tout, ni ce lieu, ni ma présence démoniaque ne l'aide à se raccrocher à la réalité qu'elle connaît. Je relâche son poignet, mes doigts encore fermement refermés sur son poignard. Elle approche ses mains de mon visage, touche mes cheveux, ma joue. Je débarrasse le dessous du coussin de sa lame en la glissant discrètement sous le lit, lui laissant tout loisir d'apprivoiser cet être dont la simple vision à tout empire sur elle. Je plonge mon regard dans le siens. Mes doigts glissent contre sa nuque chaude. Lentement, un baiser s'ébauche, puis se précise. Ses paupières se referment au contact de ma langue avant de se réouvrir, comme pour apprécier cette vision qui l'enchante tant. Le draps glisse entre nos corps, s'écrase à nos pieds. Ma peau d'or nue contre l'étoffe soyeuse de sa robe. Nos jambes se mêlent, nos mains s'égarent. Les miennes ôtant ce qui me sépare encore de sa chair, les siennes agrippant ma musculature avec avidité. Son souffle se saccade sous les jeux libertins de ma bouche et de mes doigts. Ses poignets au dessus de sa tête, je finis par me fondre en elle. Ondoiement d'or encerclé de ses jambes de statue à la peau si pâle. Plaisir tournoyant, vénalité jetée dans la volupté, luxe mué en luxure...
  8. Ma main effleure la surface d'une eau sombre. Au contact de ma peau, mon reflet se brise, la couleur change et s'étire jusqu'aux bords de la vasque. Ysande apparait dans les ondulations, plongée dans le bassin chaud de sa suite. Les yeux clos, la tête en arrière, ses cheveux se meuvent dans l'onde caressant mollement ses bras nus. Mon regard s'enfonce dans la transparence, s'y attarde un instant avant de se détacher des formes aperçues, un sourire en coin. Je lève les yeux sur Verin qui me scrute avec attention. "Que puis-je pour toi Altesse ?" "Demande au Thaumaturge de me préparer un bain d'or." Le sourire du majordome s'élargit. "C'est déjà fait..." Il disparait, laissant planer des résidus de brouillard à quelques centimètres du sol. Un frottement, puis deux se rapprochent. J'écarte les bras. Des mains de femmes s'affairent à déboucler les attaches de mon armure, à délacer les liens de ma cape, à retirer mon arme pour la déposer sur son piédestal, a côté du mannequin d'argent brut servant à ranger mon équipement. Des sifflements, un grouillement dissipé. Mon regard se porte sur le visage de ma servante et sa chevelure de vipères. Visage parfait, bouche somptueuse, poitrine superbe, et à la place de jambes un prolongement gigantesque de serpent. Belle marilith. Elle me scrute de son regard reptilien, activant ses multiples mains a retirer tout ce qui cache mon corps. On toque soudain à la porte. Une stridulation excitée fuse entre ses crocs. "Entrez." sans la quitter des yeux. Un Orc-mage vêtu d'un mantelet bariolé s'avance, sa tête épaisse craintivement baissée. "Vous m'avez fais demander O Seigneur Démoniaque." "As-tu ce que j'exige ?" "Bien sûr Majesté. J'espère ne pas vous avoir fais trop attendre." A ces mots il se recule, laissant passer deux gobelins voûtés portant chacun un énorme sac sur leur dos. Sous les ordres de leur maître ils les posent dans un bruit de graviers. "Un bain d'or." un sourire fier sur sa face. Ses larbins renversent le contenu des deux sacs dans le large bassin. Des pépites du précieux métal. "Puis-je vous demander ce que vous comptez en faire ?" Un regard glacial a mon interlocuteur qui déglutit bruyamment avant de s'en retourner sur les gobelins, leur flanquant quelques coups de pieds pour qu'ils se pressent. "Il faut que le liquide tienne à la peau." une question implicite à laquelle il ferait mieux de m'apporter une réponse positive. "Bien sûr votre Grandeur !" "J'espère." La totalité des sacs à été vidé. L'Orc renvoi ses sous-fifres hors de la chambre et lance un sortilège à la surface de l'eau. Un crépitement suivi d'un long bouillonnement remue le liquide qui prend peu à peu la teinte de l'or. Il se retourne vers moi, les doigts liés, incliné. "Voilà qui est fait Altesse." Un signe de tête en direction de la sortie. La marilith siffle agressivement et s'avance. Le Thaumaturge s'éclipse sans moufeter. "Voyons..." rejoignant le bassin. Ma servante referme consciencieusement les portes derrière elle me laissant seul pour apprécier ce bain doré. Mon index plonge dans la liquide onctueux et en ressort coloré d'une lumière d'or. Satisfait, j'y plonge le pieds, la jambe, puis tout le corps, m'immergeant totalement. Le liquide ruisselle le long de mes doigts, laisse les empreinte de mes pieds sur le sol d'argent. Je joue de mes articulations afin de retirer l'excès. Le haut miroir me renvoi une image des plus satisfaisante. Une idole démoniaque au regard d'émeraude. Ma chevelure a parfaitement absorbé le pigment ainsi que chaque millimètre de ma peau. Une fois sec, je retourne à la vasque trônant au centre de la suite et en effleure la surface. L'image d'Ysande apparaît, assoupie paisiblement dans son lit. Un sourire narquois s'étire sur mon visage. ~°~°~°~ La porte s'ouvre dans un souffle avant de se refermer derrière moi. Les hauts voilages du balcon se lève dans ma direction avant de se rabaisser avec mollesse. Les affaires de la guerrière sont dispersées dans la chambre. Seule son épée trône a côté d'elle. Une sécurité. Elle n'en fera pas usage cette nuit... Discret comme un loup je m'avance au pied du lit, pose un genoux sur le rebord, puis une main, et remonte jusqu'à la guerrière assoupie. Mon nez chatouille le drap, respirant les effluves de son parfum d'endormie. Suave et paisible. Mes mains se posent de part et d'autre de son visage, appuyant a demi sur le duveteux coussin accueillant sa tête. La dureté d'un objet s'applique dans ma paume. Je glisse avec précaution mes doigts en dessous, à la recherche de ce que je pense être son poignard lorsque ses yeux s'entre-ouvrent. Ma main se referme sur sa lame, l'autre retiens celle qui déjà plongeait à sa recherche. Je capte ses prunelles surprises qui me dévisagent. Les ténèbres parent mon corps d'une aura scintillante, rendant ma présence des plus onirique... La prendre à son propre vice dans son amour inconsidéré de l'or...
  9. Après la disparition de Verin, la guerrière reprend ses esprits et se rebelle. En quelques pas elle me contourne et se place face à moi, reculant en anticipant mes pas. Autant sa première question à du sens que la seconde me tire un froncement agacé. "Quand ais-je dis que nous jouions." Ma phrase se veut interrogative mais se referme sur elle même, n'appelant que le silence et l'obéissance. Je bifurque soudainement, ma cape claquant dans son étoffe de ténèbres. Dans un couloir perpendiculaire au sol et murs d'ivoire et d'argent, j'avance face à une porte à double battants. Ma main griffue s'en approche sans en toucher la poignée. Elle tourne sur elle-même et s'ouvre en grand, dévoilant une suite au luxe indécent. Au centre trône une fontaine d'adamantite au fluide clair et vaporeux, un peu plus loin, une large marche menant à un balcon de jais des plus spacieux donnant sur la cité. A droite, un lit a baldaquin aux lourdes draperies sombres cousues de fils d'argent, a gauche, un bassin flanqué de quelques marches recueillant une eau chaude et parfumée. Des armoires en bois précieux, des commodes, des coffres aux mécanismes d'orfèvre regorgeant de vêtements ostentatoires, de pierres précieuses, d'objets décoratifs et de bijoux confectionnés par les plus fins joailliers du royaume. Une profusion de richesses à rendre fou le plus cupide des hommes, d'autant que cette suite n'est qu'une parmi d'autres dans les soixante-six tours d'ivoire que compte le Palais d'Argent, et qu'il renferme bien d'autres somptuosités... J'avance jusqu'au balcon dont les hautes fenêtres ont été ouvertes. L'atmosphère de la nuit dans les Abysses est bien différente de celle de la surface. Une odeur de soufre persistante plane dans l'air, et avec elle des lueurs noires et grises s'érigent dans un ciel tourmenté. Les lumières de Gallenghast parsèment l'obscurité de points aussi nombreux qu'insignifiants. Et plus loin, les différentes provinces de la 46ème strate s'étalent à mes pieds. Je tourne la tête, observant d'un œil ce qui se trame en arrière. Ysande observe, ébahie, chaque objet, chaque meuble de la suite, approche ses mains sans encore oser les toucher. "Tout ceci t'appartient." revenant sur mes pas. "Si tu as besoin de quelque chose, tu n'as qu'a frapper deux fois dans tes mains et un serviteur viendra. Repose-toi, demain j'ai mille choses à te montrer." La journée sur la surface additionnée au passage de la brèche l'a suffisamment épuisée pour qu'elle profite du confort d'un lit sans en attendre plus pour le moment. Demain est un autre jour. Et entre les deux. La nuit...
  10. De deux doigts griffus, je saisis la mèche d'or au creux de sa paume et la laisse trainer dans le sang de son index. Le cheveux s'imprègne de son liquide vital, ne laissant que son extrémité où je le tiens intacte. Je l'approche du médaillon de métal noir, le dépose contre sa face. La mèche collante de sang se plaque contre la matière encore chaude. Une nouvelle lueur verte apparait. La boucle blonde s'évanouit, se fondant au médaillon, absorbée. Le pendentif retrouve sa noirceur mate. Ysande vient de signer son entrée à Azzagrat... Mon regard se pose sur la guerrière que je sens soudain fébrile. Un sourire narquois sur les lèvres, je m'avance dans la brèche verdâtre pulsant d'une énergie destructrice, lui lançant un "Ne me perd pas de vue."inquiétant, avant de m'y engouffrer. ~.~.~.~.~.~.~.~.~. Ma botte se pose sur le sol d'argent d'un immense hall à la propreté étincelante, provoquant un retentissement démesuré le long des murs et contre les plafonds de voûtes en cristal. Une armure noire forgée de visages cauchemardesques à remplacé mon plastron et mes jambières d'acier. Ma houppelande sombre de tissus simple évincée au profit d'une longue cape aux reflets changeants et soyeux. Une épée serpenté au pommeau d'or blanc repose contre ma hanche. La guerrière apparait à genoux et les mains au sol après un voyage dans la brèche des plus déstabilisant. Ses doigts se crispent sur le par-terre froid. Elle cherche un lien avec cette toute nouvelle réalité qui lui est offerte. Ses paupières s'ouvrent difficilement, scellées par la peur de l'inconnu. Ses iris d'améthystes apparaissent. Elle remonte le long de mon corps jusqu'à mon visage. Je la braque avec dureté. "Lève-toi." Je la dépasse et parcours le gigantesque hall, mes pas résonnant dans l'immensité brillante. Elle finit par me rattraper. Je sens une masse de questions se presser derrière ses lèvres. "Te voici dans la 46ème strate des Abysses, à Zelatar, au cœur de mes quartiers privés dans le Palais d'Argent, dont les hauts vitraux donnent sur le quartier de Gallenghast. Ne t'avise pas de t'éloigner de moi, même au sein de ma demeure. Le Prince Noir à pour plaisir de laisser errer des bodaks affamés dans les couloirs. Tu n'y survivrais pas." Un regard appuyé à mes propos quand une froideur brumeuse apparaît près d'un des haut miroirs du hall. Une silhouette se dessine, le visage et le corps du majordome de Graz'zt se précisent. Il me scrute avec ses yeux étrange et terrifiants pour le commun des mortels. Sa présence et sa puissance spirituelle glace le sang de n'importe qui le rencontre pour la première fois. Il ouvre une bouche osseuse. "Son éminence est de retour." d'une voix sépulcrale. Son attention se porte une seconde sur Ysande. Il ébauche ce qui peut s'apparenter à un sourire à mon attention. "Bienvenue Seigneur. Nous espérons que ton séjour sera fort long, et fort bon. Dois-je prévenir ?" "Vérin."en guise de salut."Je suis de passage. Je ne veux pas être dérangé." "Peut-être iras-tu au Terrain-Creux. Ton frère Athux s'y rendra demain." "J'ai a faire."sec. L'entité démoniaque s'incline respectueusement avant de disparaître dans une brume étincelante. Sans un mot de plus, je reprend ma route vers une destination dont la guerrière n'a pas idée.
  11. Un rire mauvais glisse entre mes dents, s'enroulant lestement autour de celle qui veut devenir ma proie. Impatiente... "Qu'il en soit ainsi." Froid. Peu importe le prix, l'Envie est plus forte que la raison qui la pressait de fuir. Les appâts tendus sont bien trop alléchants. La guerrière à déjà oublié la souffrance de son poignet, et mes plans ont changés. Les évènements auront été finalement plus rapides que prévu. Ma main disparait dans le replis de ma sacoche et en tire un pendentif circulaire de métal sombre marqué d'une main griffue à six doigts. Le sceau de Gratz'zt, démon chaotique de la luxure. Estampille maudite de mon père. Je la tiens devant ses yeux avides avant de la passer autour de mon cou. Le médaillon heurte mon plastron dans un retentissement sonore. Mes mains se croisent sur la matière noire, mes paupières s'abattent sur mes prunelles. Je sens l'empressement d'Ysande qui ne comprend pas ce qui se trame. Peut-être s'attendait-elle à ce que je fasse sortir une bourse pleine de diamants comme pourrait le faire un charlatan. Sa nervosité me divertit un instant, mais bientôt, sa présence est reléguée au second plan. Une profonde inspiration s'engouffre dans mes poumons et je forme mon appel en langue noire. Articulant parfaitement chaque syllabe de ses mots barbares. Au fur et à mesure que s'enchaîne les sentences, le pendentif produit une légère vibration, le métal tiédit puis chauffe diffusant une faible lumière avant de s'intensifier en une lueur verte, filtrant entre les interstices de mes doigts. Je fronce les sourcils, la transformation vient... Mon regard se laisse envahir d'une clarté étincelante, mon sang me brûle les veines, mon rythme cardiaque s'accélère, mes muscles s'embrasent, la lueur verte devient aveuglante et se diffuse largement autour de moi. Deux pics naissent dans ma chevelure d'argent, m'arrachant atrocement le crâne. Un hurlement naît en moi, mais je demeure les lèvres closes, supportant la douleur d'une métamorphose nécessaire. Les proéminences d'os s'élargissent et grandissent jusqu'à former deux cornes aux extrémités effilées. Un soupire rauque. Mes mains se crispent sur le médaillon qui me cuit la paume à présent. Je serre les mâchoires. Mes poignets épaississent, tremblants sous le traumatisme, et de mon annulaire se dédouble dans l'os et la chair un sixième doigt parfaitement indépendant des cinq autres. Enfin, mes ongles s'étirent pour devenir griffes, marquant l'achèvement de la transition. Sans un regard vers Ysande que je sens pétrifiée, j'avance d'un pas, tend le bras et déchire la nuit de mon index en une longue lacération verticale, laissant s'échapper une lueur verdâtre vers un autre monde. Une coupure irréelle sur le paysage des marais. Tournant le visage vers elle. "Donne moi une mèche de tes cheveux, et quelques gouttes de ton sang." Nous ne jouons plus.
  12. Un frisson contre sa peau. A l'énonciation de ma proposition, sa respiration s'emballe. A chaque mot de plus, un soupire s'échoue à sa lèvre. Une caresse de plus à sa vénalité qui l'empoisonne. Je m'immisce dans son imaginaire pervertit, le cajolant de mille douceurs toutes plus exquises les unes que les autres. Une étreinte irréelle de mes mots enchâssés dans son esprit. Un vibrant appel qu'elle ne saurait ignorer... Ce contact sibyllin la trouble plus que de raison et elle s'empresse de fuir pour me braquer d'un regard accusateur, mais à la fois follement piquée de curiosité et dévorée par l'envie. J'esquisse un nouveau sourire à son interjection. Ses traits sont marqués d'un désir indécent de savoir, et de voir...Elle ne s'en cache pas. Assumer ses travers est une bien belle qualité... "Je suis l'être rêvé pour satisfaire tes désirs." Son regard se fait plus noir encore. Je m'en amuse et poursuis, sachant très bien qu'elle voudra en savoir plus. Mais sauras-t-elle seulement l'accepter ? Et me croire. "Le Démon des Pêchés." Inutile d'entrer dans le détail, cette introduction saura faire son effet. Son œil d'améthyste brille soudain avec étrangeté. Sa bouche s'entre-ouvre à peine. La stupeur ? L'effroi ? La joie ? Un mélange peut-être. Le silence s'étire dans le marais. Plus un crapaud ne coasse, plus une fougère ne bruisse, plus un insecte ne bourdonne grassement autour de nous. "Pour te montrer, il faudra que tu ailles en Enfer..." Le croassement lugubre d'un corbeau brise brutalement le silence.
  13. Une de mes hypothèse est repoussée par sa seconde question, à moins qu'il s'agisse une nouvelle fois de son arrogance. "Je ne le crois pas, je le sais." Un aplomb déconcertant. Le masque tombe. Je m'arrête au milieu des fougères. Ysande se retourne vers moi. Mon visage se fend d'un sourire, appréciant le trouble qui s'immisce peu à peu dans son esprit . "Plus que la richesse, c'est le pouvoir, les terres, un royaume tout entier qui t'ouvrirais les bras. Or, argent, ivoire, pierres précieuses, matières rares. La fortune, l'influence et la gloire... Qu'espérer de mieux pour assouvir tes désirs cupides et bien d'autres encore, Ysande ? Ici, tu n'es rien. Alors que là-bas où je peux te mener, tu serais traitée en princesse. " Je me rapproche d'elle, posant ma main sur son épaule et me plaçant dans son dos, mon visage près du siens. Murmurant. "N'est-ce pas une alléchante proposition ?...Veux-tu voir ?"
  14. En cinq mots elle me jette son âme aux pieds avec toute l'indifférence propre aux jeunes insolentes répondant sans réfléchir à la conséquence de leurs actes. Une réplique sèche dont le ton fleur le dédain. Un passage au tutoiement qui en dit long, mais dont je peine a choisir l'interprétation. Ysande est-elle si assoiffée de richesses pour céder avec tant d'aisance une telle part de son être ? L'âme...sans doute n'est-ce pour elle qu'un nébuleux concept dont l'importance est égale à sa matérialité... Et qu'est ce qui lui fait croire que je suis en capacité de la lui prendre ? En saurait-elle plus que ce que je le pensais sur moi ? Et surtout contre quoi ? Je ne lui ai rien dis. Lui faire miroiter des richesses considérables est-il suffisant ? Une simple annonce alléchante est-elle satisfaisante ? Ou alors, mon pouvoir de persuasion a décuplé depuis mon changement karmique, et la pauvre enfant ne sait plus ce qu'elle dit...Ce qui serait fort navrant, moi qui ai tant le goût du jeu. Mon regard interrogateur se fait précis dans sa lueur, débutant une lecture impudique de son être. "On ne vend pas son âme à la légère Ysande... Surtout quand on ignore pour quoi on la vend."
  15. Un sourire fend mon visage. Sans la regarder. "Tu n'as pas idée..." Retrouvant son regard de lavande soudainement plein d'intérêt. Un silence auréolé de mystère plane d'une manière parfaitement exaspérante pour elle, délicieuse pour moi. "Serais-tu même prête à vendre ton âme au diable ?" Ma question est des plus amusante pour moi, mais Ysande est à mille lieux de s'imaginer qui je suis...
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