Un son strident me tire du sommeil. J'ouvre un œil, puis le deuxième. Je crois apercevoir, du côté de l'ouverture du coffre, un mouvement vif qui cesse bientôt... Bon rien ne sert de s'énerver, je suis réveillé. C'est peut-être mieux après tout... Je bande mes muscles "“ muscles de pantins mais muscles quand même "“ et tente de me relever. Aaah, cette douleur, ces courbatures... Moi qui ne suis pas du genre à me plaindre pour un rien, j'en grogne de souffrance. Depuis combien de temps ne me suis-je pas réveillé? Longtemps. J'ai encore vieilli de quelques... Jours? Semaines? Je ne sais plus... Je ne veux plus savoir... Je vieillis peut-être à l'extérieur mais l'intérieur reste intact c'est le principal... Je suis toujours l'esprit le plus vif parmi ces misérables Pantins... Et les Joujoux, n'en parlons même pas. A propos... Quelque chose m'a réveillé, qu'était-ce déjà ? Ah oui, ce bruit... Je me redresse légèrement, afin de dominer le tas de pantins couchés de manière désordonnée dans la malle... Certains bougent déjà légèrement, d'autres émettent de faibles sons "“ je ne me permettrai pas de nommer ces borborygmes d'une autre façon... Ils ne vont pas tarder à se lever, à s'agiter... Cela me fatigue rien qu'à y penser... Pourquoi ne me recoucherais-je pas? Je n'ai rien à faire aujourd'hui, ni demain... Ni aucuns des jours qui viennent... Ni aucunes des années qui approchent... Peribo nous a oublié, nous, les pantins... Et ce depuis quelques temps déjà... Mais non, je dois quitter cet endroit. Aujourd'hui, je sens que quelque chose va se passer, et je sens que j'y jouerai un rôle important... Reste à savoir quoi. Je suis à présent totalement debout, je m'époussette vivement les ailes pour en chasser la poussière. C'est fou ce qu'elle s'accumule dans ce coffre... Mes ailes récupèrent bientôt leur teinte brillante. Satisfait, je m'avance parmi les Pantins et rejoins le couvercle du coffre. C'est près de l'entrée que je l'aperçois, avec ses longs cheveux, couchée, face contre terre "“ à moins que ne soit son dos? "“ Je n'arriverai jamais à m'y faire... Carbonne... Tu es réveillée... Rien d'autre... Une constatation. Une pointe de compassion dans la voix... Je connais son histoire... Elle aussi connaît la douleur que l'on peut éprouver quand on perd d'un coup sa beauté... Pour elle cela a dû être pire... Si soudain. Moi ce fut plus progressif, et je garde encore des vestiges de mon charme passé... Elle aussi, même si elle ne veut pas se l'avouer... Elle ne répondra sans doute pas, ne réagira sans doute pas, comme d'habitude... J'ouvre la malle. J'entends déjà des éclats de voix, des hennissements... Finalement, j'atteins le monde extérieur - enfin, extérieur, extérieur... La cahmbre de Peribo quoi... Pantins, Joujoux, après une longue absence, Elfeu est de retour.