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Terre des Éléments

Chronique de Yùwéna


Yuwena
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HRP : Prière de ne pas intervenir ici avec votre personnage. MP moi pour écrire une aventure ensemble, j'adore le RP en groupe (*^â–½^*). Ce fil de discussion est réservé à relater l'histoire de mon personnage, ses péripéties vécues ailleurs seront résumées.

 

Sommaire

 

I. Annexe

 

1. Description personnelle................. p. 1, 2° message

 

II. í€ partir du mois de Ciella de l'an 107

 

1. Jours à l'étranger

    1. 1 Le réveil...........................p. 1, 3° message

    1. 2 La décision........................ p. 1, 4° message

    1. 3 Le regard.......................... p. 1, 5° message

    1. 4 Le rho et l'omicron................ p. 1, 9° message

    1. 5 Le double V........................ p. 1, 10° message

 

2. C'est dans la montagne que tout fleuve prend sa source

 

    2. 1 La source, le vent et la marraine.. p. 1, 14° message

    2. 2 Les eaux stagnantes................ en construction

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Description personnelle

 

Entends-tu s'écrire, en lettre d'argent dans le vent, le nom de Yùwéna la fille du faucon ? Elle est proche de toi, bientôt ses yeux verts et pétillants te regardent avec tendresse. Elle est douce et rêve d'un monde bon, mais ne la croit pas faible : la brise estivale et l'ouragan sont fait du même air. Ses qualités sont la persévérance, la rapidité, la beauté et la perspicacité du faucon. í€ l'égal de ces rapaces elle se montre parfois hautaine et c'est assurément son défaut de croire sa morale vraie et supérieure.

 

Apparence : Yùwéna porte un ample manteau couleur crème. Elle a une ceinture à laquelle est accroché une dague et une gourde en peau de serpent sans couture.

Ses yeux n'ont pas de pupilles, seulement un iris continu et vert.

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Jours à l'étranger

Le réveil

Elle toussa. Elle toussa encore, puis s'étant tourné sur le côté cracha. Sa gorge était comme emplie de feuilles mortes qui tombent en miettes. Oui, des feuilles dans le vent, l'automne... Une fois encore la toux reprit. Quelqu'un approcha une lanterne, dans la frêle lumière le sable mêlé de salive et de sang semblait plus brun que jaune.

„ Ne te meut point, voici de l'eau frisquette, ne la gaspille point en te toussant. Je sais que tu as quinze et cent questions, mais dors encore un bout.”

La voix était vieille, immémoriale même, à moins que ce ne fusse le sable qui l'ait enrouée. La voix avait une main... un corps... drapé dans l'ample et clair vêtement de tous les peuples du désert. La nation qui habitait le plateau d'Urgo était connue et renommée pour son hospitalité, sa bienveillance en général. Le partage était leur survit. Elle n'avait pas peur, à quoi bon craindre d'être dans un autre désert, une barbarie hostile ? Dormir semblait judicieux, les mots de la voix sonnait faux, comme échangés. Aphasie... quel beau son ! Un mot venait de surgir de nulle part pour se placer au beau milieu de son esprit.

Elle bu, dégusta lentement la fraîcheur miellé du remède. Les yeux lourds elle se rallongea. Lorsqu'elle s'éveilla le lieu était inchangé, on était encore ou à nouveau la nuit. Combien de temps avait-elle dormit ? Elle se redressa, l'effort lui paru considérable, sa respiration s’accéléra... son nez lui faisait mal au passage de l'air, pourtant humide et chaud. Elle passa sa main sous ses narines et sentit une croûte de sang. Son cœur fit un bond vers la vitesse supérieure. Puis elle se rassura, le sable, assurément, en était responsable. La question pourtant restait... Avait-elle été agressée ?

„ Six jours ont défilés et cinq nuits se sont accumulées, dès lors que nous te trouvâmes. „

Cela expliquait la faim, mais rien d'autre. Tant de mots étranges lui donnaient mal à la tête. Son interlocutrice semblait comprendre, elle se tut.

Tout à coup un souvenir : noir, noir, noir, retour de la vue : un primate/un congénère devant elle, il sourit et est donc inoffensif, s'en occuper plus tard. Retour de l’ouïe : quelqu'un crie... c'est moi... parce que j'ai mal... le primate est en fait un homme, il m'aide à m'allonger dans le sable... Je comprends le sens du terme black-out. Je sens que j'ai perdu à jamais l'image des secondes qui précède l'accident... mais je n'ai pas perdu la mémoire, l'homme me donne des indices sur la date, sur le pays, me fait nommer le nom de quatre divinités élémentaires et tout revient. Il me prie de joindre mes mains au-dessus de la tête... ma coordination est intacte, mais je suis lente comme une tortue à son réveil.

„ Je suis Yùwéna ! Yùwéna la fille du faucon ! ” s'écria-t-elle dans le présent.

Elle était euphorique de recouvrer de son amnésie passagère, pourtant un peu de déception gâchait l'instant. Le flux de ses pensées était haché, ce n'était pas une histoire.

„ Sens-toi bien chez nous Enfant de l'oiseau vert ! Je suis Saladm!„ déclara la voix enrouée, sa langue était proche et pourtant différente de celle de Yùwéna qui comprit qu'elle n'était pas native à ce plateau désertique.

„ Tu étais chuté à sol, criant tes pleurs, tu tenais la tête. Nous t'avons secourus et amené sur cette grotte, notre mage t'a posé des questions pour obtenir que tu étais dans tous tes esprits.„

Yùwéna acquiesça et continua :

„ Je ne sais plus comment j'ai atterri dans le désert.

– Le temps est un maître grand, il te redonnera tes mémoires, une après une. La mort première est la pis des suivantes.”

Elle était morte ! Cela changeait tout. Cela ne changeait rien. Saladm joignit ses poignets, les mains écartées et les doigts en lotus. Yùwéna imita son geste et resta seule avec ces pensées. Saladm lui avait laissé au sol une lanterne et des morceaux de cactus juteux.

Nopal, c'est ainsi qu'on appelle ce met. Les cinq lettres resurgissaient de la même source qu'aphasie. Je sais écrire, ce n'est pas donné à tout le monde. Je connais beaucoup de termes, sans h bien sûr. J'aime les mots !

„ Je suis conteuse ! ” s'exclama-t-elle pour les seules oreilles de l'échos caverneux.

Saladm revint bientôt et Yùwéna lui demanda :

„ Le mois de Ciella s'est-il déjà terminé ?

– La lunaison de Campana est entamée par moitié. ”

Cinq semaines jugea-t-elle s'était écoulé depuis le dernier événement... le dernier événement mémorable.

„ Saladm, je n'ai que peu pour repayer tes services, mais je peux te réciter un poème. ”

Saladm secoua doucement sa tête, mais avec un sourire aux lèvres. Yùwéna prit cela pour un signe d'approbation.

„ Je viens d'Aeris, je ne sais, on amie, comment soufflent les vents par ici, chez nous Flamba est le dernier mois de chaleur et de soleil de feu, il ne connaît qu'un vent léger. Au cours de Dea qui lui suit, l'air s'agite, le soleil faiblit, lentement sous l’arbitrage de l'Unique, l'élément de l'air surpasse celui du feu ; et pendant Ciella il n'est plus de jour de beau temps sans un vent digne de ce nom, les tempêtes aussi battent leur plein. En ces temps venteux, les gens de mon pays aiment écouter chants, contes et strophes à la gloire d'Eolia. J'étais partie seule dans une vallée dont le chemin est mon secret, pour y composer un nouveau poème. ”

La conteuse racla sa gorge irritée.

„ Au crépuscule de Flamba, quand enfin les feuilles se colorent

Et s'achève dans un combat inéluctable et indolore

La longue suprématie du soleil, je sors de l'ombre

Quittant la douce fraîcheur de mon refuge sombre.

Le monarque vaincu abdique sans plus attendre,

Sa lumière naguère brûlure, devient une caresse tendre.

La dernière brise estivale emporte une pluie dorée,

C'est le signal ! C'est le début de la saison adorée. ”

Sa voix se cassa, peu importe ! Déclamer ces vers à voix haute lui avait rapporté une partie de son passé. Elle avait à peine achever le poème, que le vent lui souffla une troisième strophe :

Mais cet automne-là, pour moi, fut différent

Saison annonçant l'hiver, la mort et les esprits errants.

L'air tantôt si pur, m'étouffait de ces noirs présages

Qui d'un bien funeste destin étaient le cruel ouvrage.

Yùwéna garda ces vers pour elle. Nonobstant la douleur, elle ajouta encore :

„ Je crois qu'inspirée par le sifflement du vent, je m'égarai en le suivant et chutai dans un précipice, mais l'histoire de ma mort est pour une autre... ”

Elle toussa cette fois jusqu'à en vomir. Pourvu que cela fusse tout ce qu'il restait, dans son organisme, de poussière de cailloux jaune, un ennemi infâme qui ne mérite être nommé.

Saladm lui fit boire un remède aux reflets bleutés et au goût... ma foi caca-d'oie.

„ Point ne parle jusque aube ! „

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La Décision

Il faisait bon être à l'étranger. Quand toute l'existence est étrange, mieux vaut être là où rien n'est familier, ni le climat, ni les aliments, ni les vêtements et la manière de se mouvoir avec eux.

Yùwéna somnolait sous une toile suspendue entre deux palmiers. „ Je suis morte ? J'étais morte ? J'ai été morte ? ” Songer à la mort, pas le trépas d'un personnage fictif, mais l'expérience qu'elle pourrait en faire l'avait toujours angoissée. Plus maintenant !

Sa décision fut prise en un clin d'œil : elle partirait à l'aventure, au combat s'il le fallait, elle mettrait sa vie au service du Bien. C'était ce qu'elle avait toujours voulu et pourtant jamais osé.

„ Les morts suivantes sont moins pis que la première !”

Elle avait pendant un mois écouté Saladm et assimilé le dialecte du plateau d'Urgo. Ce qu'elle n'avait pas encore assimilé, c'était la différence entre parler de vive voix et penser tout bas. Le silence criait dans ses oreilles et le bruit se dérobait à son audition. Le silence était le désert, le bruit la voix rauque de Saladm qui sommait sa protégée de rentrer se reposer au frais. Les yeux de Saladm étaient rouges. Ils fixaient Yùwéna avec une insistante tendresse. Elle compris alors le sens des mots et la suivit dans la grotte. En s'endormant, consciente que l'aventure devait attendre sa guérison accomplie, elle songea a un périple ou une énigme simple.

„ Demain, je partirai à la recherche de la couleur de mes yeux ! ”chuchota-t-elle dans sa couverture.

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Le Regard (part 1)

 

De la chair de serpent, attendrie pendant plusieurs jours dans une marinade d'eau de cactus, c'était le déjeuner quotidien sur le Plateau d'Urgo. Saladm et Yùarni se comprenaient désormais et discutaient dans la langue du désert.

 

"ž Saladm, dis-moi s'il te plaît : mes yeux sont ils écarlates comme les tiens ? 

"“ Dans le désert, répondit l'interrogée, tous les yeux sont injectés de sang. Le sable a troublé ma vue et je ne peux te dire si les tiens ont une couleur cachée derrière le rouge.

"“ J'aimerais bien voir mes yeux de mes propres yeux.

"“ Hier encore tu supportais mal l'extérieur, aujourd'hui ta voix est forte et joyeuse. Ta rémission se fait incroyablement vite. Tu peux tenter une ballade et rejoindre le Robot.

"“ Une machine ?, s'enquit Yùwéna.

"“ Dans ma jeunesse, sa cuirasse lisse mirait ce qui était en face d'elle."

Saladm presque rituellement refusa que Yùwéna ne l'aide dans le ménage, elle s'en fut donc trouver El Touristo. Pour rejoindre ce robot, il lui fallu contourner un flanc montagneux, ce n'était pas un court chemin. Du haut de son trône que l'on nomme zénith, le soleil commandait toutes les créatures. Yùwéna accoutumée à la fraîcheur des montagnes ventues se démenait vaillamment contre les rayons qui l'embrochaient. Faussement, elle attribuait sa peine, tout à fait naturelle, à sa morte récente et combattait cette faiblesse avec la détermination d'être guérie, que la mort n'est rien de grave, qu'elle était maintenant une fière aventurière !

 

Le premier détail qui sauta aux yeux de Yùwéna, avant même la forme vaguement humaine aux deux jambes, torse carré et bras cylindrique, fut que le robot était ascien, c'est-à-dire qu'il n'avait pas d'ombre ! Elle non plus ! Chose curieuse ! Elle fit un tour sur elle-même, creusa dans le sable. Son ombre s'y cachait peut-être pour échapper à la torture calorifère des rayons solaires. Tout en creusant, elle n'avait cessé de réfléchir. Pour que la pénombre existe, il faut de la lumière, elle vient en général d'une lampe et cette lampe...

 

Yùwéna mis la tête en arrière et dirigea son regard vers l'astre-lampe. Un mal de tête déchira les deux hémisphère de sa cervelle, ses yeux douloureux se fermèrent par réflexe. Un œil la zyeutait méchamment et comme tous les yeux dans le désert, il était cramoisis. Chez elle en Aeris, brillait un autre soleil ! Et ce soleil-là était jaune et il n'était pas un cyclope cruel. Mais elle n'était pas dans sa patrie. Ici le soleil était rouge, il était fixe en son zénith ; et la seule clémence qu'il accordait aux habitants du déserts était de disparaître, derrière la lune pendant la nuit. í€ moins que ce ne soit la lune qui l'y forçât. Le dégoût pour l'élément ignique, inculqué depuis sa tendre enfance resurgissait.

 

La téméraire aventurière ne se découragea pas, elle songeait à la victoire de la lune. Yùwéna enfonça sa dague dans le flanc d'un cactus nodal et bu goulument l'eau qui en jaillissait. Elle s'excusa auprès du Maître Nodal de ne pouvoir panser sa plaie, car s'il ne criait pas, il n'en était pas moins un être vivant et sensible.

 

Une aura étrange entourait El Touristo, comme s'il était dans ce monde et dans un autre. En tout cas, il ne bippa mot dans celui-ci. Le sable avait rayé le métal de carcasse jusqu'à la rendre mat. Pour avoir vu ce robot neuf comme un soulier ciré, l'âge de Saladm devait être incommensurable.

 

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Le Regard (part 2)

Yùwéna n'eut pas le loisir d'approfondir cette pensée. Avec un fracas métallique, suivit d'un grincement strident, le clapet qui formait la bouche robotique s'ouvrit. Effrayée, Yùwéna bondit en arrière ! Elle avait encore sa dague en main et le serpent, qui se laissait glisser vers le sol, n'eut pas le temps d'un battement de cœur pour regretter ce hasard défavorable à sa survie.

Un jeune homme saluait Yùwéna d'un peu plus loin. Il était assis, les jambes ballantes, sur un enclos de bois. Yùwéna s'approcha le cœur en chamade et la main tremblante.

„ Tu l'as échappée belle ! Mon champ est infesté par les serpents et je ne peux pas les faire partir. Ils détruisent ma récolte... Peux-tu m'en débarrasser ? Je saurai te remercier pour cette aide.

– Je ne blesse, ni ne tue volontiers, mais s'ils ruinent ta récolte et que tu me laisses manger leur chair et tanner leur peau, je le ferai, car leur mort ne sera pas vaine. ”

C'est une chose de tuer au couteau un seul serpent pris par surprise. Il y avait dans le champ sept reptiles. Yùwéna lisait dans chacune des pupilles elliptiques le désir ardent de la mordre, si seulement elle avançait d'un pouce ou deux trop près. Heureusement, le choc qu'elle venait de subir avait ravivé en elle la magie. Sa frousse des sept serpents suivants devança sa pensée : elle lança un sort lumineux des plus simples, qui s'avéra pourtant efficace. Elle empocha son butin, comme Saladm se réjouirait en recevant ses peaux complètes, qu'aucune lame n'avait trouée et qu'aucun sang n'avait souillé !

Elle accepta volontiers le remède après la bataille, il calma aussi les coups de soleil de ses mains et de sa figure.

„ Tu dois être une magicienne ! ” déclara celui qu'on appelait Urgo, c'était un nom des plus communs sur le plateau et Yùwéna s'était faite une histoire qui racontait comment jadis un héros nommé Urgolin avait conquis ce territoire sauvage et comment par la suite on aimait nommer ses enfants d'après ce fondateur.

„ Magicienne à la recherche de la couleur de ses yeux.

– Je pourrais te le dire, car derrière le sang se cache une ravissante coloration, mais il me semble que ce n'est pas le but de ta quête. ”

Urgo avait regard franc, il était joyeux et beau, surtout il semblait la comprendre. Yùwéna comprit ce qu'était ce sentiment qui la bouleversait. Elle redécouvrait toutes ces choses, mais n'ayant aucun désir de passer sa vie à labourer un champ sous un soleil qui ne quittait jamais le zénith, elle passa son chemin. Urgo lui indiqua le chemin à prendre et elle lui lança :

„ Bonne continuation ! ”

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Le Regard (part 3)

Yùwéna contourna un flanc montagneux, son plaisir fut grand de retrouver le clair jaune du soleil occidental. Elle tourna la tête et vit les astres bleus et verts qu'elle avait oublié jusqu'à lors. Ils étaient bas sur l'horizon et la montagne les avaient cachés. Leur lumière complémentaire au rouge annihilait son rayonnement en lumière blanche. Ils faisaient bon dans cette vallée, tellement même que maintes plantes y avaient cherché refuge.

Il ne fut pas difficile de trouver la petite Lilla qu'Urgo lui avait recommandée. Yùwéna suivit les sanglots d'enfant qui pleure. Les yeux de Lilla étaient mouillés et un bref instant, Yùwéna se demanda si c'était là l'oasis dont avait parlé Urgo. De l'eau au milieu du désert, mais cette pensée n'avait vraiment aucun sens. L'aventurière promit d'aider la fillette en détresse, qui en retour promit de lui montrer ses propres yeux.

Avec le même sort meurtrier de serpents, Yùwéna tailla les buissons épineux qui avaient écorchés Lilla. Les uns étaient rouges, les autres verts, ils se nourrissaient probablement de la lumière de deux soleils différents. Lilla tint promesse et conduisit Yùwéna au bord d'une oasis. L'eau et la rive étaient obombrées par des hauts palmiers. Aucun vent n'y soufflait, aucun sable ne virevoltait dans les airs. Sur une grosse dalle de pierre, libre de sable, on pouvait approcher l'eau. Yùwéna enleva son ample cape à capuche et s'agenouilla devant le miroir naturel.

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Le Regard (part 4)

 

Elle détacha ses cheveux, ils avaient été en chignon toute la journée et la sueur les avait légèrement bouclés. Deux lourdes mèches encadraient son visage et formaient des charmantes ondulations autour de sa poitrine. Elles descendaient jusqu'au ventre. Le reste de la tignasse châtain clair, dorée presque, était éparpillé dans son dos et sur ses épaules. Cela n'avait que peu d'importance, elle avait vu ses longs cheveux auparavant dans la grotte de Saladm. L'important, ce qui la fascinait outre mesure, c'était ces deux yeux verts qui la regardaient fixement. Des yeux sans pupilles ! Comment cela était-il possible ? On voyait plus de rouge que de blanc autour des deux disques smaragdins, c'était des yeux puisqu'ils étaient à la bonne place. Il leur manquait seulement le cercle noir au centre de l'iris.

 

La lumière !

 

Yùwéna se couvrit les paupière fermées avec les mains. Elle compta jusqu'à 100, imperturbée par les rires de Lilla. Ses pupilles n'apparurent pas.

 

"ž Sacré conteuse que tu fais ! Tu ne connais même pas ta propre histoire. Tu es la fille du faucon ! Celle du conte ! "

Yùwéna regarda Lilla incrédule.

 

"ž J'invente mes contes ou je rapporte ceux d'ancêtres lointains pour ne pas perdre notre histoire. Les contes disent la vérité sans être réels. "

 

Après cela Lilla bouda, sans que Yùwéna ne comprenne ce qui l'avait offensée. Elle revint à étudier son apparence. Son visage était petit, d'une symétrie parfaite, son sourire fin et joyeux, bien que ces lèvres soient craquelées. Elle était pour le moins jolie... toutefois ses joues... non c'était une idée implantée par Lilla... pourquoi Yùwéna y voyait-t-elle le motif de plumes brunes d'une tête de faucon ? Ces oiseaux sont nombreux en Aeris et elle connaissait bien leur anatomie, mais tout de même ! La principale caractéristique d'un faucon : c'est son bec crochu de rapace.

 

" Oh non ! "

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Le Rho et l'Omicron

 

"ž De quoi tu te plaints ? Il est juste un peu pointu ! Regardes-moi avec ce menton carré et un nez gros comme une datte fraîche. "

 

Et pour illustrer la vanité des pensées de Yùwéna, Lilla sauta dans l'eau. Le miroir éclata en mille remous. Yùwéna se déshabilla alors, elle resta un peu sur le bord pour curer ses ongles ensablés avec une sorte de luzules rugueuses qui poussaient là. Elle s'attardait sur des détails de son corps qui n'avait jamais été présent dans son esprit auparavant. Elle n'était pas très grande, sa gorge non plus, mais resplendissante de jeunesse. Ses orteils étaient fins, rangés par taille jusqu'au gros orteil, dans l'eau accalmée elle remarquait ses cils si longs. Lilla avait finit de barboter sans but et s'approchait à une vitesse dangereuse, annonciatrice de quelque blague mouillée. Yùwéna la rejoint dans l'eau.

 

Elle n'avait pas même passé dans l'oasis le temps qu'il faut pour prendre un repas que Yùwéna trouvait l'eau désagréable. Les soleils l'avaient tant chauffée, qu'elle avait la température de l'urine, sans atteindre pourtant celle d'un bain. Sa peau desséchée s'était rapidement gonflée et Yùwéna n'avait pas le cœur à nager ou plonger. Elle s'était lavée, rafraîchit et détendue, aucun autre plaisir ne la retenait.

 

Le feu n'était pas son élément, mais l'eau est un ennemi du feu, cela aurait pu... Avoir grandit en Aeris ne signifie pas nécessairement se tourner vers--- vers---- le mot ne venait pas. La terre, le feu, l'eau... l'O... une autre lettre... P... Q... non ça c'est une partie du corps. Là où tout avait commencé, le vent qui avait bercé son enfance ---- Le vent c'est aussi un pet... P quand même ? --- Non, c'est aussi un rot ! Son élément était le Rho ! Elle était partie avec la curiosité du vent, mais l'eau lui avait livré la réponse au terme de sa quête. Il ne faut jamais miser tout sur un seul des quatre éléments.

 

Le chemin du retour lui paru pire que l'aller. í€ chaque pas elle s'enfonçait dans le sable, c'était un perpétuel combat de retirer son pied de cette attrape jaune et mouvante. Yùwéna se sentait lourde. La terre n'était pas plus son élément que l'eau ou le feu. Le paysage lui paraissait plat, elle se languissait des hauteurs, du vertige, du luxe d'être au-dessus !

 

Arrivée à la grotte, elle s'allongea et bien qu'on ne fut que l'après-midi dormit à poing fermé. Elle déclara seulement, avec la satisfaction d'avoir accomplit quelque chose plutôt que de s'être prélassée :

 

"ž Saladm, ils sont émeraude ! "

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Le double V (part 1)

En se réveillant le matin Yùwéna se sentait assommée. Le pied d'un R jaune et géant alourdissait sa poitrine, elle ne parvint à s'en débarrasser qu'en lui affublant un I et un A. Ils s'accrochèrent à la lettre de plomb et l'emportèrent légers comme un dirigeable. Le mot était revenu ! Sa poitrine se gonfla enfin, elle toussa. Elle avait inhalé et/ou avalé une bonne pelleté de sable pendant son escapade.

„ As-tu bien dormi ? ” s'enquit Saladm et sans attendre la réponse elle continua „ Tu ne devrais pas dormir toute habillée... Et ne pas parler non plus.”

Saladm tendit un verre à Yùwéna qui goûta le contenu avec une mine de dégoût.

„ C'est de la tisane de feuillu vert, tu en as rapporté des belles feuilles hier. C'est bon pour le mana ! Tout le monde parle de tes exploits lumineux. Urgo le Cultivateur,” le grand nombre d'Urgo sur le plateau les forçaient à prendre un surnom, „ t'a recommandé à plusieurs amis et tous espèrent que tu viendras les aider... Je crois aussi qu'ils sont curieux de tes yeux, comme tu l'étais hier. ”

Saladm était bien décidée à ne pas laisser sa patiente placer le moindre mot et enchaînait ses phrases comme les vagues sur la mer.

„ J'ai trouvé les peaux de serpents dans ton sac et je les ai vidées. Voici une gourde pour toi ! Tu te sentiras mieux en buvant régulièrement. ”

Yùwéna saisit l'objet, Saladm en fit encore longtemps les louanges : la gourde n'avait aucune couture, le cuir était extensible comme la gueule du serpent insatiable. La peau de serpent trouva sa place aux côtés de la dague, à la ceinture de Yùwéna.

Les jours et semaines suivantes, Yùwéna arpentait le désert, tantôt en mission pour quelqu'un, tantôt à la recherche d'un travail. Ses réflexes ne l'avaient jamais vraiment quitté, maintenant elle avait aussi retrouvé le contrôle de son corps : courir et bondir, couper et racler, chanter et siffler, soulever et porter. Les gens se montraient reconnaissant de ces services, d'abord moindres (rapporter une liste de course), puis requérants habilité et expérience. Elle eu bientôt tout ce qu'il lui fallait pour recommencer une vie. En tout cas assez pour rentrer en Aéris, où l'on devait l'attendre... Qui au juste ? Cela restait un mystère, mais chaque jour apportait un souvenir. Un parfum ou une action déclenchait ce processus indescriptible de résurgence, de retrouvailles d'une chose qui n'avait pourtant jamais été absente.

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Le double V (part 2)

 

Un jour tiède du mois de Festiva. Manama la marchande faisait son métier :

"ž Regarde ce beau grimoire ! C'est un thésaurus de sorts ! 

"“ C'est de la magie mis en mots, pas des mots qui deviennent de la magie. " répondit sèchement Yùwéna. "ž Les mots ne devraient jamais être des armes, c'est mal ! "

 

Manama referma son ample cape.

 

"ž Tu possèdes déjà tout ce qui sert à la protection, je n'ai rien d'autre à te vendre, si tu ne veux pas faire de mal. 

"“ Oh Manama ! Je suis sûre que tu as quelque objet utile qui s'emploie sans mot ni parole.

"“ Si c'est ce que tu veux, mais es-tu certaine ? demanda Manama. Tu as vraiment un talent. En magie des objets par contre, il faudrait que je te procure un orbe puissant pour débuter."

 

Yùwéna éclata de rire, elle ne se laissait pas impressionner par les astuces marchandes de la vieille ridée.

 

"ž Non, Manama pas de conjonctif, pas de futur. Montre moi ce que tu as d'équivalent au grimoire. "

 

Manama sortit alors un orbe. C'était un globe blanc et lisse comme nacre. Yùwéna ne pu se retenir d'une expression de surprise et d'admiration. L'orbe était mystérieux, incompréhensible, il saurait toujours éveiller en elle l'inconscient magique, tirer son mana des profondeurs intangibles de son esprit.

 

"ž Bien sûr, si tu le veux tout de suite, ce sera plus cher... tu comprends c'est mon modèle d'exposition.

"“ Vieille sorcière ! " grinça celle qui venait de se faire rouler.

 

Fatiguée d'avoir combattu avec sa nouvelle arme une horde de scarabées "“ une plaie à l'Est du désert -- Yùwéna se reposait derrière un rocher. Les mots étaient le havre de sa pensée ! í€ quoi penserait-elle le soir pour s'endormir, si c'était avec des mots qu'elle décimait des familles de monstres ? Elle avait fait le bon choix.

 

Elle se remit en marche après une grande gorgée de sa gourde en peau de serpent. Elle rêvassait sans but véritable, en revenait toujours à la même conviction que les contes et les mythes étaient son asile dans la cruauté du monde. Elle trébucha soudain.

 

"ž Oh NON ! " Un homme complètement ensablée gisait là. "ž Est-ce que je peux vous aider ? "

 

Il était évident qu'il n'avait plus la force de bouger, sinon une dune ne se formerait pas sur son dos. Ses yeux étaient secs, ses lèvres couvertes de croutes de sangs et son râle éraillé. Il soupira. Yùwéna attrapa sa gourde, elle l'avait hélas vidée avant de commencer sa promenade. Ne comprenant toujours pas ce que la gorge asséchée de l'homme tentait de lui dire, elle le rassura de la sorte :

 

"ž Je reviens dans un instant, il y a un bosquet de cactus à 50 pas d'ici. "

 

L'homme se tut, il semblait reconnaissant. Yùwéna se pressa comme jamais auparavant dans le désert. Une chaleur de piment brûlait sa peau et le sable raclait ses voies respiratoires. Sa diligence fut récompensée ! L'homme retrouva l'usage de la parole.

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Le double V (part 3)

 

Une série de souvenirs déferlaient dans l'esprit de Yùwéna : la fièvre, le mal de gorge, le haut le cœur et comment chaque fois qu'elle était malade sa sœur Yùèn lui préparait du thé de feuillus rouge. Elle devait se concentrer sur la voix faible. L'homme avait pour nom Valtuena, il lui narra l'histoire des dieux élémentaires et de la guerre. Puis il arracha de ses dernières forces un amulette de son cou :

 

"ž Tiens fille du Faucon, je te confie le pendentif, il te servira sûrement plus qu'à moi. Maintenant retourne voir le gardien dans la grotte et fais le bon choix.

"“ Un dernier effort s'il vous plaît ! Pourquoi suis-je la fille du Faucon ?"

 

Il était mort, mort de vieillesse, la seule fin absolue. Yùwéna recroquevilla le corps de Valtuena pour qu'il retrouve la position compacte des fœtus. Elle couvrit la dépouille de sable, puis elle entoura le monticule de cailloux et petites roches qu'elle trouva un peu plus loin, sous le flanc montagneux qui délimitait le Nord du plateau. Yùwéna avait en tête les mots et les images du deuil et des larmes. Elle n'était pourtant pas triste. Un cycle avait été accompli.

 

L'ensablement fini, Yùwéna s'en fut plein d'entrain raconter la bonne nouvelle à Saladm. Yùwéna rentra à la grotte, mais ne retrouva rien d'autre qu'une paroi de pierre. Elle était revenue exactement sur ses pas, qui ne s'étaient pas effacer dans le sable, et même sans cela ! Cette caverne était devenue sa maison, elle n'avait pu se perdre. í€ propos perdre... Yùwéna passa le pendentif en forme de W à son cou. Une brise se leva alors pour la première fois pendant son long séjour au plateau d'Urgo. Le vent lui apportait du réconfort, car la disparition de Saladm l'attristait. Bientôt Yùwéna dû se relever, elle savait qu'une tempête de sable se préparait et qu'elle devait trouver un abris. Elle prit la direction du vent et ne réalisa que le soir en y repensant, que c'était fort judicieux pour protéger ses yeux, mais qu'elle n'avait pas réfléchit sur le coup.

 

í€ peine une dizaine de pas plus loin, Yùwéna trébucha. Quelque chose était enfoui là. Elle écarta quelques poignées de sable et découvrit un coffre. Le bois ambré aux rayures brunes, avait une odeur aromatique. Seul le cèdre avait un grain si fin, parmi les arbres qui poussent aux abords du désert. Des hiéroglyphes couvraient le haut du coffre : une bourse transparente qui portait dans son ventre des cercles, puis une main creuse qui pointait dans la direction du symbole suivant, c'était un rapace éployé au-dessus d'un œuf. Yùwéna ouvrit le couvercle de cèdre. Richesse ! Fortune ! Abondance ! Elle qui n'avait jamais reçu que des sous de cuivres et une fois, à la mort de son père, une piécette d'argent !

 

Une lumière flamboyante, mille flammes d'un feu dangereux brillaient sous les rayons des quatre soleils. Ce n'était pas un doux chatoiement, mais le vif éclat de 250 sous en monnaies d'or. Yùwéna remercia Saladm, pensant que ses oreilles pouvant encore l'entendre. Elle ne se laissa pas corrompre par cet héritage inattendu et dit d'une voix assurée :

 

"ž L'usage seulement fait la possession. J'investirai cet or pour devenir aventurière !"

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Le double V (part 4)

 

Le vent dans le dos, la bourse bien remplie et l'arme de se son choix en poche, Yùwéna rejoignit le gardien. Elle se sentait prête. Elle regarda encore une fois le W que lui avait confié Valtuena. Elle connaissait environ 1200 mots qui contenaient cette lettre, mais ne trouvait pas lequel il représentait. Par delà le monde l'attendait beaucoup de mystères. Le gardien la laissa passer, après lui avoir expliqué que son choix élémentaire serait définitif et irrévocable.

 

Yùwéna s'attarda devant les quatre téléporteurs qui ne différaient que par la couleur. C'était par curiosité, pas par hésitation : sa décision était inébranlable. Elle l'avait été depuis sa convalescence de la mort et l'était bien plus encore depuis la disparition de Saladm. Yùwéna se sentait seule. Le vent lui manquait, c'était le seul ami dont elle ait souvenir, elle voulait le rejoindre, car elle l'avait trop longtemps négligé dans le désert. Le transporteur jaune aspira la nouvelle Aéride.

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  • 2 weeks later...

C'est dans la montagne que tout fleuve prend sa source

 

 

 

La Source, le vent et la marraine (1° partie)

 

Des flocons de neige voltigeaient dans les airs. Le vent faisait les saisons et en ce mois auquel les soleils fixes offraient la même chaleur qu'aux autres onze lunaisons, Borée soufflait du Nord. Borée le seul vent si puissant qu'il dépassait les pics des montagnes aérides si arides en leurs sommets. Par son violent passage, il emportait les cristaux de glace des éternels glaciers. Il balayait ce désert blanc, avant de descendre sur la verte Nuagia. Yùwéna était de retour au pays ! Au pays, où les fleurs sont ouvertes et l'herbe verte sous la danse d'une neige sans nuage.

 

Des enfants non loin d'elle avaient empilé des boules de neige. Les années n'étaient pas encore lointaines, où elle faisait de même, car la neige entassée fond moins vite. Elle allait les rejoindre et ramasser une sphère de fraîcheur, pour refroidir ses mains échauffés par le désert d'Urgo. Elle se voyait déjà la lançant dans le vent pour lui dire "ž Je suis là ! ". Pourtant le vent n'avait nul besoin d'un appel, la valse des flocons avait commencée en son honneur. Une voix, une voix humaine et réelle l'appela. Yùwéna se tourna et ne vit que la statue d'Eolia qui dans son geste perpétuel soufflait sur une brume de marbre blanc qui cachait ou qu'elle tenait dans la dextre. Pour la première fois Yùwéna ne vit pas une Aphrodite couronnée, portant coquettement son châle de la couleur la plus claire et lumineuse de la nature. L'aventurière voyait une Amazone armée de son élément, hors de la mêlée assurément, plutôt supervisant en général génial du haut de son socle de granit. Yùwéna croyait en mainte chose dans l'univers, dans les volontés et l'esprits des hommes, mais pas en des dieux.

 

"ž Qui me parle ? " demanda-t-elle en contournant déjà l'effigie de la déesse.

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La Source, le vent et la marraine (2° partie)

 

"ž Ah ces aventuriers de nos jours, ils ne sont même plus pressés ! Viens donc, viens vite ! Tu crois que je fais la paperasse avec plaisir ? Je ne vais pas faire des heures sup' pour que tu contemples en paix la statue. " L'enregistreur des nouveaux aventuriers maugréa encore quelque chose sur les touristes.

 

Yùwéna pressa son pas vers un panneau de bois qui guidait les nouveaux arrivants venus avec le téléporteur, au-devant une grande table avec de quoi écrire, de la cire et des sceaux. Plus exactement sur la plus petite part, celle qu'utilisait le fonctionnaire. Le reste de la surface croulait presque sous la masse de papiers pliés et formulaires vides. Elle n'en voulait pas à l'homme, elle baissa avec un sourire poli sa capuche, mais c'était moins par courtoisie que parce que le vent ne lui avait pas giflé les oreilles depuis fort longtemps.

 

"ž Conteuse ! " D'un bons le bureaucrate était sur ses deux pieds, avec moult révérences il salua Yùwéna. "ž On ne croyait plus vous revoir ! Il faut tout de suite quérir Dame Andelle, votre mère.  Ah comme Yùèn va se réjouir ! Elle a repoussé son mariage à cause du deuil. "

 

Et tandis qu'il appelait les enfants, toujours occupés à leurs boules de neige, Yùwéna songeait qu'ici au moins on ne la prenait pas pour la protagoniste de quelque superstition. Le bureaucrate "“ elle le connaissait mais son nom lui échappait et le panneau informatif n'était d'aucune aide à ce sujet -- cria alors :

 

"ž  Allez au plus vite à la maison de Dame Andelle ! Je crois que son vieux cœur ne supporterait pas de revoir sa fille sans avoir été prévenue. " Les enfants ne semblaient pas avoir compris leur mission. "ž  Courrez annoncer à tous que la Fille du Faucon est de retour ! "

 

Yùwéna était perplexe ! Elle lui aurait bien demandé ce que cela voulait dire. Hélas,  le bureaucrate ne semblait attendre aucune parole de sa part, puisqu'il parlait comme un torrent, expliquant au plus vite tout ce qu'elle devait savoir après son choix pour l'élément de l'air et lui glissa une lettre, alors qu'il la poussait déjà vers le pont qui menait à la ville.

 

"ž J'allais presque l'oublier ! Pourtant c'est une lettre vraiment essentielle, c'est l'attribution d'un parrain pour vous guider dans vos aventures. Je ne peux pas vous accompagner plus loin, je n'ai jamais abandonner mon poste et même si votre retour est exceptionnel... Mais pressez-vous donc ! Madame votre mère vous attend certainement ! "

 

Il se tut enfin et Yùwéna marcha dans la direction qui lui semblait familière, pour trouver la rue qu'habitait sa famille. Elle reconnut de loin la maison avec une bobine de métal au-dessus de la porte, elle annonçait l'atelier de couture de sa sœur Yùèn.

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HRP : Merci à Guix pour sa récompense, c'était un fabuleux cadeau de voir le fruit de ma plume rémunéré.

Je ne comptais pas poster aujourd'hui, mais je suis tellement malade que je n'avance pas avec mon roman, et cette partie était presque entièrement écrite. En indigo à la fin de message le premier conte de Yùwéna !

La Source, le vent et la marraine (3° partie)

En approchant de la maison, une joyeuse chamade se faisait entendre. Tous les enfants, qui au contraire des adultes ne travaillaient pas à cette heure, avaient envahi le lieu. Yùwéna s'en réjouissait, elle aimait les gamins et ils le lui rendaient bien en voulant toujours entendre ses histoires. Elle ne pressa pourtant pas le pas, elle devait saluer tous les voisins qui se montraient à la fenêtre, quittant un instant leur œuvre pour lui souhaiter vivement le retour parmi les siens. Yùwéna leva son bras et plusieurs fois fit coucou. Elle le fit du geste gracile et aérien qui est le salut d'Aéris.

Quelle joie ce fut de passer le seuil de la maison natale, de retourner à la source après avoir vécu la mort. Si Yùwéna était petite, sa mère l'était encore plus et sa fille la fit vivement tournoyer dans les airs. Yùèn, la sœur, fut serrée contre la poitrine. Ce n'est qu'en ouvrant les yeux pour contempler le visage si familier, que Yùwéna remarqua que les yeux qui la dévisageaient n'avaient pas non plus de pupilles. Ils étaient comme les siens !

„ Tes habits sont dans un sacré état !

– Plus tard Yùèn, plus tard. ”

En effet, Yùwéna remarquait moins les bords effilés et les trous, souvenirs de ces combats contre des monstres, que les mains des enfants impatients qui tiraient sur sa cape. Elle voulait au plus vite se débarrasser de la horde des nains pour profiter de sa famille. À peine lui accorda-t-elle un peu d'attention que les questions fusaient de tous les coins de la pièce.

„ Comment c'était d'être morte ?

– C'est vrai que t'es morte ?

– Ça faisait mal ?

– Tu as eu peur ?

– Est-ce que tu étais vraiment morte ?

– Ça ressemblait à dormir ? ”

Répondre séparément à chaque élément de cette cacophonie eut été une entreprise fastidieuse.

„ J'ai rencontré la recycleuse d'âme ! ” dit-elle théâtralement. Sa mère lui lança un regard désapprobateur, il ne fallait pas faire peur aux petits, peut-être même pas du tout parler de ces choses-là.

„ Quand je me suis réveillée, tous les mots étaient échangés. ” Les enfants méditèrent cette information en chuchotant entre eux, jusqu'à ce que Titi la plus âgée demande :

„ Comment les mots peuvent-ils être échangés ? ”

Ils ne partiraient pas avant d'avoir entendu un conte, ils n'étaient jamais partis avant. D'ailleurs c'était un bon moyen de couper court à un interrogatoire prolongé.

„ Je vais vous raconter une courte histoire pour l'illustrer.” Soudain silence se fit ! En un saut et trois mouvements la bande braillarde s'était assise en demi-cercle, la bouche fermée, les oreilles ouvertes.

Écoutez l'histoire de la Forêt Foire,Les enfants rirent, quelques uns corrigèrent la Forêt Noire, les autres plaçaient leur doigt devant la bouche.

où poussent des maîtres et des champions, et où vivent le retard et la louve-gorge. C'est aussi le domicile du cendrier et de ses petits mocassins. Tout le printemps, le brave cendrier porte dans son dos ses mocassins qui regardent le paysage à travers les créneaux. Mais les mocassins grandissent : ils prennent du poids et comme c'est leur nature désirent marcher et courir à travers la Forêt Foire.

Le cendrier se fait beaucoup de mauvaise cendre à ce sujet : "Le retard je ne crains point, il est toujours trop lent, mais tout ce que la louve-gorge trouve finit dans son énorme gorge affamée. Je m'en vais démanger conseil à un maître savant."

Le maître pousse tout droit à quelque pas de là, le cendrier le gratte pour l'éveiller. Il est Docteur en Matt, Léo et François et à son avis le cendrier devrait lire tous les livres de ces auteurs. Les mocassin dans le dos creux du cendrier se baignent : "Papa nous voulons jouer dehors maintenant ! Pas dans une maternité !"

Le cendrier remercie le maître et s'en va consulter un champion de sa connaissance.

C'est un apérophile au nez rouge. "Mon bon cendrier tu dois entraîner tes mocassins, pour qu'ils deviennent forts comme des œufs ! La louve-gorge ne leur pourra rien faire. Je peux te prêter mes haltères." Le champion apérophile a abusé d'entraînement et ne voit pas que les mocassins n'ont pas de bras et pas de muscles. Passe alors un bûcheron du village des pommes, le cendrier lui demande secours, mais la pomme lui répond : "Les affaires des animaux, je n'en ai rien à poutre !"

Le cendrier ne se décourage pas pour autant . "J'aurai, se dit-il, recours à la buse !". La buse lui conseille de se faire l'ami des grandes nouilles de la mare.

"Elle projetterons tes petits mocassins !" Aussitôt dit, aussitôt fait. Les petits mocassins jouent tout l'après-midi au bord de la mare. La louve-gorge par l'odeur alléchée approche dans les roseaux. Vite les grandes nouilles jettent les mocassins à l'eau. Ils ne se sentent pas à l'aise parmi les pétards et ont peur de les toucher, mais la louve-gorge presse son pas dangereux. Seul les narines des mocassins dépassent et les grandes nouilles se posent dessus comme si c'était des broches dans la mare. Heureusement, la louve-gorge a vertu leur piste. Et ce jour-là, elle peste sur sa faim.

Voyez donc qu'au quotidien, mieux vaut connaître une buse que d'avoir une maîtrise ou un titre de champion.

Modifié (le) par Yuwena
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La Source, le vent et la marraine (4° partie)

L'histoire était finie, mais le jeune public ne faisait pas mine de se dissiper après avoir secoué ses mains en l'air – l'applaudissement gracieux et silencieux du peuple des montagnes. Yùwéna leur dit ce qu'ils devaient rapporter à leurs parents de son miraculeux retour. La mère déclara alors que la Conteuse avait besoin de repos et aucun des enfants n'en douta, parce que Titi fut envoyer quérir le médecin. Le dernier sorti referma tout doucement la porte comme pour quitter la chambre d'une personne endormie.

"Je te l'avais bien dit ! ” Andelle s'adressait à Yùèn, "Que les flocons étaient différents. J'avais raison : c'était une représentation du Ballet. ”

Le Ballet National des Vents c'est ainsi que sa famille nommait, depuis le temps où ses souvenirs commencent, le jeu du vent qui lui parlait en chorégraphie de feuilles, flocons, fils d'araignées ou semences et pollens. Yùèn fit une moue qui disait : „ Et hier, et avant-hier, et la semaine dernière aussi. ” Peut-être était-ce seulement la jalousie des talents de mages qui s'étaient manifestés dès son son jeune âge chez Yùwéna. Une jalousie, ou soyons exact envie, que la petite sœur éprouvait dans la même mesure pour l'adresse manuelle de Yùèn. Une adresse qui s'était vite transformée en métier, ce qui avait été fort utile à la mort du père.

Le moment était venu de raconter les circonstances de la mort. Andelle se faisait de grands soucis pour sa précieuse benjamine, elle n'aimait pas la mine qu'elle avait et le son de sa voix, maudissant également l'au-delà et le désert. Yùèn, imperméable à ce que Yùwéna croyait palpitant dans sa rencontre avec Saladm, voulait seulement savoir si Yùwéna s'était réveillée nue après la mort. Cela avait si peu d'intérêt pour la revenante qu'elle avait oublié. La grande sœur décrit ensuite brièvement les événements en Aéris, après la soudaine disparition de Yùwéna qui n'était pas revenue de sa promenade vers le Nord-Est. Au cours de la recherche, on s'était même approché de la cave des esprits frappeurs ! Yùèn, plus douée avec l'aiguille, ne savait pas coudre un texte et c'est à peu près tout ce que Yùwéna apprit. Le reste n'était que l'anticipation joyeuse et noyée dans une mare de détails du prochain mariage de Yùèn avec Faramèn le cordelier. Yùwéna écouta d'abord avec une joie partagée, puis endura poliment toutes ces choses qu'elle avait déjà entendues trop souvent. Elle était impatiente de raconter ce que la mort avait changé en elle. Ce fut enfin au tour de Yùwéna, mais à peine avait-elle commencé d'énoncer sa décision de devenir aventurière et guerrière pour le bien, relater sa révélation que la mort n'est pas à craindre, que...

„ Bien, bien. Il faudra vraiment que je répare cette cape, c'est un vêtement typique du désert ? Et qu'est-ce que tu as en-dessous ? Du beige aussi ! Yué, tu sais bien que cela ne te sied pas ! ” *

La mère n'était pas plus réceptive que la sœur, elle voulait que sa fille soit rentrée à la maison, que le docteur la répare et que tout continue comme si rien ne s'était passé. Le reste lui donnait la frousse, il n'était pas question de parler ni de la mort, ni d'un futur potentiellement dangereux, ou même seulement différent de ses prévisions.

Yùwéna était plutôt un sceau d'eau que la mort avait tirée du puits, qu'un fleuve qui reste en liaison avec sa source, tout au long de son cour. Elle enleva sa cape pour satisfaire Yùèn, puis se tourna vers Andelle.

„ Ma bonne Maman, pourquoi tout le monde m'appelle la fille du faucon ?

– Laisse-les dire ! Cela n'a aucune importance, ta sœur et toi, vous êtes comme tout le monde. Ne prêtes pas attention aux ragots. ”

Yùwéna allait la contredire, que c'était aussi le surnom qui lui était revenu en guérissant de son amnésie, avant d'avoir parlé à quelqu'un, mais les trois furent interrompues par la venue du médecin.

* Véridique entre ma sœur IRL et moi, je voulais parler avec laquelle de don d'organes, j'ai commencé en intro plus douce par lui raconter que je m'étais enregistrée comme donneuse de moelle osseuse et elle "Oui, c'est bien. ” Se lève. "C'est l'étagère avec le livre que tu voulais me rendre ? ” Mais je raconte cela seulement pour vous encourager à parler de don d'organes avec vos proches et d'être ouverts aux questions sur l'éventualité de leur mort. C'est important !

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La Source, le vent et la marraine (5° partie)

Le médecin et Yùwéna passèrent dans la petite chambre à coucher des deux sœurs. Le lit qu'elles se partageaient au milieu, au mur le seul autre meuble notoire : la glace de Yùèn qui était la seule possession de valeur de toute la maison. Yùwéna s'assit sur le bord du lit, face à la fenêtre pour donner assez du lumière au docteur. Il s'était quant à lui approché le tabouret qui servait aux deux sœurs à se coiffer l'une l'autre le matin. Yùwéna défit sa ceinture, la posa à côté d'elle avec tous les objets qui étaient y accrochés. Pendant qu'elle ôtait sa tunique aux manches longues, Yado vit sa gourde. Il remarqua qu'elle était faite d'un serpent entier, sans couture.

„ C'est une fort belle gourde que vous avez là ! ”

Yùwéna ne voyait pas où il voulait en venir, mais elle ne devait laisser cette obsession vestimentaire de ses compatriotes l'irriter. Le docteur venait après tout de lui livrer un bon sujet pour converser avec sa sœur. Oui, cela valait mieux que de parler à nouveaux de justice, de meurtres impunis, de toutes ces choses que Yùèn trouvait moins importantes que son amour et la recherche d'une petite vie tranquille, à l'ombre d'un grand chêne nourricier et tant pis si les autres n'ont pas son tronc comme paravent.

„ Hépathique, ” murmura le médecin en reposant la main gauche de Yùwéna sur sa cuisse. Elle pensa pour elle : „ Évidemment avec toute cette bile noire que je me fais, mon cœur bat trop vite. ”

„ Je vais très bien docteur, juste un peu excitée d'être de retour. C'est ma mère qui voulait que je vous vois. ” Il ne semblait pas d'accord sur le premier point, mais ne la contredit pas tout de suite.

„ Vous étiez morte Damoiselle Yùwéna. Je sais que chaque mort est une expérience unique, il y a cependant quelques ressemblances d'un point de vue purement médical.” Le docteur Yado avait eu souvent à faire à des aventuriers ressuscités pour la première fois et bien que ce fut une chose fréquente, tous avaient une tendance soit à se prendre pour une sorte de messie, soit à croire que personne ne pouvait comprendre ce qu'il leur était arrivé.

„ J'aimerais savoir si vous ressenti certains symptômes. ” Yùwéna souriait poliment. „ Une amnésie antérograde ?

– Oui, mais mes souvenirs sont presque tous revenus. ” Le presque convaincu Yado il répondit :

„ Le reste vous reviendra avec les odeurs, les lieux, les sons d'ici.

– Tous les autres symptômes ont disparus, je suis même plus forte qu'avant parce que je me suis entraînée.

– Se sentir bien c'est le début de la santé, mais pour l'amour de votre mère qui se fait tant de soucis, laisser moi m'en assurer.”

La médecine aéride se fonde principalement sur une dizaine de points du corps, où le pouls peut-être tâté. Yùwéna mit sa tête un peu en arrière, pour que le médecin puisse le prendre aux veines jugulaires. Il palpa aussi les ganglions, puis procéda avec les autres points du mesure du rythme cardiaque que la combinaison de Yùwéna laissait libre. Cela prenait quelques temps que Yùwéna remplit avec la question qui l'obsédait et que le silence avait fait revenir :

„ Savez-vous pourquoi on me nomme la Fille du Faucon ?

– Je n'en sais rien, répondit une vois distraite. „ C'est ma femme ... qui s'occupe de raconter ” Le médecin qui se contrait sur autre chose séparait des groupes de mots par des pauses. „ des contes de fées …. aux enfants malades.... Je suis un homme de science.

– Alors expliquez-moi mes yeux !

– Tant que vous n'avez aucun problème pour voir, l'absence de pupilles n'est pas une maladie. Par contre votre voix éraillée ! ”

Il la pria d'ouvrir la bouche et examina le fond de sa gorge.

„ Vous étiez dans le désert n'est-ce pas ? Je ne demande pas à cause de votre peau bronzée, mais parce qu'il y a une bonne pelleté de sable dans votre gorge. Et vous vous sentez forte malgré ça ?

– Oui j'étais sur le plateau d'Urgo, une tempête de sable s'est levée hier. Le remède sur le Plateau est un liquide caca d'oie. ” Elle fit une mine de dégoût et avant d'avoir pu expliquer ce qu'elle avait voulu dire le médecin lui répondait:

„ Je ne connais pas, mais j'ai sur moi une fiole d'un élixir bleu.”

Son seul mauvais souvenir des jours à l'étranger !

„ Vous vous souvenez de Lina ? Elle a son apothèque à la taverne. Je ne dis pas cela parce que c'est ma fille, mais vraiment ses potions sont remarquables ! De vrais petits miracles. ” Fabuleux en effet pensait sa patiente. „ Mes autres filles toutes devenues apothicaires, mais tellement loin, voyez-vous je ne peux pas m'assurer de la qualité de chaque flacon. Alinéa par exemple travaille dans une forêt maudite. C'est tant mieux, Lina suffit pour toute la montagne, chaque potion surpasse mes attentes ! ” Yado vomissait des compliments, tandis que Yùwéna vidait son estomac dans un pot de chambre.

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La Source, le vent et la marraine (6° partie)

Elle s'était imaginé son retour différemment. Elle ne régurgitait pas beaucoup, mais avec difficulté. Ah enfin ! Ça se calmait. Elle fixa le pot de chambre jusqu'à en faire disparaître le contenu, c'était mieux que d'inquiéter sa mère avec du sang. Docteur Yado lui tendit un verre d'eau pour se rincer la bouche et quelques feuilles de menthe fraîche à mâcher. Il écouta ensuite les bruits de sa respiration et conclut :

„ Il vous faut de l'huile de menthe, à appliquer sur votre poitrine tous les soirs. Cela libérera vos poumons. ”

Yùwéna lui apprit alors que cela tombait bien puisqu'elle voulait devenir herboriste. Le médecin semblait soulagé, mais de quoi ? La mère entra alors dans la pièce avec une part de gâteau au cactus et une bière mousseuse pour le médecin. Elle avait la tête baissée de quelqu'un qui a honte ou qui demande une faveur magnanime. Toute cette révérence : docteur, maître, vénérable Yado. Flash ! Yùwéna saisit sa bourse et en sortit une pièce d'or. Elle était grosse comme l'ongle du pouce et si fine qu'on pouvait à deux mains la plier, mais combien plus solide que toutes les promesses passées de Dame Andelle.

„ Voilà qui devrait couvrir toutes les dettes de ma famille.

– En effet, Damoiselle Yùwéna, je n'ai jamais douté que ce jour viendrait.” Sa voix disait le contraire. „ Je me souviens justement que j'ai sur moi une fioline d'huile de menthe, je l'oublie facilement, elle est tellement petite.

– Gardez-là pour un autre patient Docteur Yado, je m'occuperai moi-même de cueillir les feuilles. ”

Les yeux ronds comme des feuillus verts Andelle raccompagna le médecin à la porte. Il rassura autant qu'il pu la mère, lui assurant la bonne santé de sa fille qui avait seulement d'un jour de repos pour se remettre de l'émotion d'être de retour parmi le siens. Yùwéna avait remis sa tunique, mais laissée sa ceinture dans la chambre. Elle retourna dans la pièce principale, où le regard de Yùèn l'attendait, un filet qui couvrait toute la pièce, la petite sœur ne pouvait s'abriter nulle part.

Modifié (le) par Yuwena
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La Source, le vent et la marraine (7° partie)

„ Je t'ai raconté combien mon mariage coûterait !

– Oui Yùèn, je suis sûre que Faramèn et toi avez mis de côté pendant longtemps pour ce jour somptu...eux ” Des insultes ne mèneraient à rien, mais sa cœur avait compris somptuaire de toute façon.

„ Pendant, insinua Yùèn, toutes ces années où tu as vécu dans cette maison...

–- Si ton assiette était vide ou si tu as d'autres créanciers que Yado, mais pas pour le prestige d'un mariage luxueux.

– Du luxe ! Sale...”

„ Yùyù, c'est son argent, intervint Andelle. Yùwéna peut en disposer comme elle veut.

– Non mère, ce n'est pas mon argent ! J'ai promis à la personne qui me l'a confié de l'employer à devenir aventurière, j'investirai cet or dans des équipements et dès demain pour une serpe d'herboriste.

– Égoïste ! La même petite égoïste qu'avant ! ” Yùèn s'enflammait. „ Tu as toujours fait ce que toi tu voulais faire : quand j'aidais Maman dans le ménage, tu jouais dehors avec le vent, quand Papa est mort j'ai commencé à travailler de mes mains...

– Mais tu aimes la couture !

– J'aime ce loisir : inventer des vêtements, coudre, tricoter, broder... mais pas repriser les chaussettes des autres, devoir travailler jusqu'à tard le soir pour un client impatient, passer une semaine d'ennui à tailler vingt tuniques du même modèle simple et peu coûteux. Pendant ce temps, tu te promenais et parfois contais tes histoires et nous disais toujours que c'était ton service à la communauté, que tu éduquais les enfants, écartais les soucis... Et ne recommence pas avec ces mêmes illusions que tu te fais ! Ne dis pas que tu vas partir à l'aventure pour que nous puissions vivre en paix, devenir plus riches, trouver l'accomplissement de notre vie. Tu travailles pour tout le monde, plutôt que pour quelques uns. C'est ton caprice ! Pendant ce temps Faramèn et moi essayons de ne pas ruiner l'estime pour nos deux familles. Qu'est-ce que la communauté croira de nous, si nous ne fêtons pas trois jours en invitant tout Suspentia et tout Nuagia à nos tables ? ”

Les deux sœurs se couchèrent fâchées et passèrent la nuit dos à dos.

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La Source, le vent et la marraine (8° partie)

Un pairle la tenait prisonnière. Un pal sur sa poitrine et deux branches qui était planté au sol de chaque côté d'elle. Sa cage thoracique ne pouvait pas se lever, cette fourchette l'étouffait. Heureusement ses bras étaient à l'extérieur de cette emprise. Yùwéna entoura la lourde barre de ses mains et bien qu'elle manquait d'air se libéra. L'objet bascula, il se tenait debout sur son pied : c'était un Y. Un i grec inversé ? Était-ce un symbole ? Peut-être une branche qui en engendre deux autres qui, d'abord proches, s'écartent toujours plus. Le pairle-i grec-symbole plia ses branches vers elles comme les cornes menaçantes d'un taureau. Yùwéna décida de se réveiller avant qu'il ne la fixe une seconde fois au sol.

En sursaut elle se réveilla aux côtés de Yùèn. Inspira à s'en casser les côtes. Avec déjà une certaine routine d'aventurière, elle se saisit de sa tunique et de sa ceinture-avec-tout-ce-qu'il-faut et quitta en silence la sombre chambre. Docteur Yado avait raison pour ses poumons, peut-être qu'une promenade aurait le même effet que l'huile de menthe. De toute façon, elle voulait sortir. Le rêve lui avait donné une idée. À l'heure de la fraîche rosée, elle ne voulait pas aller au-dehors sans sa cape. L'habit beige traînait abandonné sur la table de couture. Yùèn avait renforcé le feutre de la cape d'un tissu de laine jaune primaire qui bordait les manches et les ourlets du bas et de la capuche. Les lisières ne s’effilerait pas de si tôt !

Dehors, on était à la demi-lune. Chacun des satellites solaires ne couvrait que la moitié de son astre, autrement dit on était entre chien féroce et Croloup. Une étoile rouge au regard narquois la narguait. Yùwéna devait marcher dans sa direction vers le Nord, là se trouvait le tumulus qu'habitaient les décédés. Bizarre qu'une étoile si claire n'ai jamais attiré son attention plus tôt. Certainement n'était-ce que sa mémoire défaillante. Le tertre était à l'écart de la ville, au-delà des champs. De son sommet, on voyait tout Suspensia et plus loin tout le Sud. Toutefois Yùwéna venait pour descendre, descendre dans l'obscurité et l'étroitesse.

Yùwéna n'avait pas à attendre que ses yeux s'accoutument à lumière, puisqu'elle n'avait pas de pupilles. Il faisait aussi noire que sous l'aile d'un corbeau et plus loin comme dans un puits. Un sort lumineux arrangea cela. Les virages et la largeur insuffisante des couloirs devenaient apparents. Des menhirs érigés à intervalles réguliers soutenaient des pierres larges comme des chênes centenaires et lisse comme une pierre non-polie peut l'être. Entre les menhirs de granit gris étaient placées des dalles d'obsidienne noire, jointes sans la moindre fissure. L'air était croupi. Des entrailles labyrinthiques de ce tumulus aussi vieux que la civilisation montait l'haleine de ceux qui ne bougeaient plus. Cette pensée la distrayait de sa claustrophobie. Yùwéna n'avait plus peur d'aucune part du cycle de la vie. L'estomac serré l'Aéride s'avança.

"Nom d'un pet puant ! "

Elle s'était cogné le genoux ! Un caillou gisait caché dans l'ocre jaune qui tapissait le sol. Yùwéna n'était pas peureuse, mais son cœur battait plus vite à l'idée du toit de pierre qui s'étendait au-dessus de sa tête sur plusieurs étages. Le poids de 20 000 rocchus ! Il ne s'effondrait pas, mais la fuite semblait impossible si elle se perdait... boum... boum... boum....

Elle s'arrêta : la dalle à sa droite était la sépulture de son père. La concentration revint. Ses cendres avaient été dispersées dans le vent, sauf son crâne et les os de ses mains symboles de sa personnalité qui avaient été lavés à l'eau claire puis remis, pour l'éternité, à la terre. Dernier lieu pour se souvenir de lui en sa présence. Lentement Yùwéna tourna la tête :

YÙV

Elle était donc la fille de Yùv, de l'homme qui s'appelait faucon. Elle toucha la dalle et la retira aussitôt toute secouée. Elle avait vu l'image de son papa qu'elle avait tant aimé. Ses yeux étaient jaunes, les yeux d'un autochtone des montagnes et ils avaient des pupilles larges et belles, rondes comme des joyaux d'obsidienne polie. Andelle avait les yeux bleus. Yùwéna supposait que sa propre verdeur respectait une loi de la nature quand deux humains s'unissent.

Toujours sans réponse satisfaisante, Yùwéna partit à la recherche de la sortie.

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La Source, le vent et la marraine (8° partie)

Son genoux anesthésié par le choc commençait à l'embêter, sans y penser Yùwéna utilisa un soin mineur. Un homme lui avait enseignée quelques aptitudes magiques pour une modeste somme. Qu'avait-il fait de plus que lui indiquer l'endroit de son esprit, où trouver ce qu'elle savait déjà ? Enseigner... non en fait il lui avait seulement donner le bon mot, comme l'on donnerait l'intitulé d'une étiquette à quelqu'un qui fouille des étagères. Prise par ses pensées simples, mais focalisées Yùwéna sortit sans panique. Enfin au-dehors des entrailles serrées de la terre, la clarté du jour lui offrait une vue vaste et vivifiante. Le vent joli soufflait pour elle, il chatouilla ses narines, gonfla sa poitrine et la rinça de l'odeur rance. Elle était au pied du tumulus et pour faire fuir la frousse pour de bon, Yùwéna décida de monter sur le plateau couvert d'herbe et de pieux de bois qui formaient le toit du tertre funéraire.

Bien qu'on fusse encore de bon matin, Kilien était déjà là. Le vent était son seul ami, mais Yùwéna entretenait une relation fréquente et amicale avec Kilien qui chassait les branleils et les autres insectes au Nord de la ville. C'était un lieu peu fréquenté, mais pas encore sauvage. Souvent pour picnicker ou parce que l'envie lui prenait, il s'installait sur cette hauteur qui surplombait la Terre des éléments. Yùwéna le salua et dès qu'elle fut arrivé près de lui, Kilien se leva pour la prendre dans ses bras. Il partagea son déjeuner avec la revenante, à la condition qu'elle lui raconte tout dans les moindres détails. Ah qu'il était content de la revoir en resplendissante santé ! Son teint bronzé, peu usuel pour une Aéride, ne lui disait rien qui vaille, mais il se tut à ce sujet.

Ils avaient fini de manger et contemplaient en silence le large. La brume de la vallée qui s'étendait jusqu'à la mer méridionale s'était dissipée. Yùwéna voyait les palmiers danser autour du Lac au Sud du Désert. Elle apercevait des tâches oblongues sur les remparts de Melrath Zorac, chacune d'elle un garde de cette ville qui en avait assurément besoin de plus que... La Fille du Faucon plissa les yeux... 23. Elle avait entendu ce qu'il se passait à MZ l'ancienne capitale ! La ville plongée dans le chaos était empoisonnée ! Des démons en costume d'humanoïde, qui n'avait qu'un muscle pour cœur, tuaient à volonté les plus faibles dans le but de s'enrichir... parfois... dans l'intention de faire le mal et d'en tirer plaisir... bien plus souvent. Elle raconta à Kilien sa décision de partir à l'aventure et à la guerre contre le Mal. Il sourit à la première assertion, la seconde le laissait plutôt froid.

„ J'ai une... comment vous dîtes déjà vous les aventuriers... une quête voilà c'est ça ! J'ai une mission pour toi. Tu sais que je suis un fou de ces superbes créatures que sont les papillons. En fait Yùé il ne m'en manque plus qu'un ! Et bien entendu, c'est le plus beau de tous : Blanc, avec des auréoles d'un noir pur... Une merveille !! Je t'en ai certainement déjà parlé, on le nomme Idaea seriata. ”

Yùwéna était, en tant que conteuse, ouverte à toutes les sciences qui pouvait lui livrer de quoi étoffer ses récits. Elle hocha pour dire qu'elle se souvenait.

„ Il n'y a que Luien qui en possède un exemplaire... Mais elle refuse de me dire comment elle l'a eu. Veux-tu aller lui demander pour moi? ”

„ Ça ” occupait son esprit tandis qu'on se massacrait là en-bas ! Juste là ! Dans le panorama qui se déroulait sous le toit du monde, en ce jour sans nuage. Au nom de dieux dont la volonté n'était claire que dans ses contes et qui peut-être n'existaient même pas – en tout cas faute de comprendre leurs messages, cela revenait au même – au nom de ces entités divines donc, on commettait des crimes. Kilien aurait pu employer son énergie vitale à faire le bien dans cet univers de misère ! Yùwéna se souvint alors que ce qui était normal pour elle, était extraordinaire pour d'autres. Elle voyait l'île Eewa, où l'horizon se brouillait en flou outremer, dans la marre de verdure d'Irliscia elle distinguait les cimes des arbres-rois de cette forêt. Elle accepta donc de rendre service à Kilien. Autant rester un bon souvenir dans sa mémoire avant de quitter cette terre de futilité. Et le papillon pour une collection, dépassait en ce domaine les obsessions vestimentaires.

Avec la peur du trépas, l'instinct égocentrique d'une créature pensant à sa survie et à profiter de ses jours comptés avait délaissé Yùwéna. Elle ne songeait plus uniquement à améliorer sa médiocre condition par des loisirs ou des possessions. Voilà peut-être ce qu'elle aurait dû dire la veille au soir, au lieu de se taire. Aurait-ce eu un effet ? Puisque sa famille ne la soutenait plus, il lui fallait un nouvel appui, une épaule pour épancher les nouveaux soucis que son futur plein de péripéties apporteraient. Une tante... Non, une marraine ! La lettre du bureaucrate était dans sa poche, là où il l'avait fourrée la veille. Voilà la personne qui pouvait aussi lui apprendre le métier d'aventurier pour lequel elle aurait sans doute bientôt une averse de questions.

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  • 2 weeks later...

La Source, le vent et la marraine (9° partie)

„ Cornemuse ! ” Les instruments à vent sont des jurons populaires en Aéris. „ J'aurais pu lui demander s'il sait d'où me vient de ce surnom de Fille du Faucon. Kilien m'aurait répondu ! ”

Yùwéna songea un instant à retourner sur le toit du monde, puis se ravisa. Le collectionneur lui répondrait à coup sûr qu'il aimerait l'aider, mais ne savait rien d'autres volatiles que les papillons, hormis des peut-être scarabées mutants. Les scarabées ailés... elle était à un pont seulement de l'homme qui avait découvert leur existence. Cela avait été un grand point tournant dans la vie de Yùwéna : l'évolution ! Rien n'est fixe dans la nature, tout change et tout s'arrange ! Elle avait transcendé les limites des catégories de sa raison et avait trouvé l'optimisme de croire à l'avènement d'un monde meilleur. Comme les scarabées fuyaient les foulets affamés, les humanoïdes bientôt s'envoleraient de leur soucis. L'aventurière qu'elle était voyait tout autant le côté pratique. Elle se souvenait que l'homme récompensait merveilleusement quiconque lui apporterait des preuves de la mutation. Elle avait justement deux paires d'ailes en poche.

L'entomologiste venait à peine d'arrivé à son lieu d'observation favori. Il faut dire que le jour était encore assez jeune, ses yeux ensommeillés s'ouvrèrent émerveillés en voyant les quatre fragiles ailes. Sa voix endormie sonnait tout à coup éveillée.

„ Merci ! Merci ! Tu es la Conteuse qu'on avait portée disparue n'est-ce pas ? On dit que tu veux devenir aventurière, voilà qui devrait t'être utile. ”

Il tendit à Yùwéna plusieurs petits paquets de tissu retenu par des lanières de cuir : des paquets d'endurance et des paquets de combat. Les premiers étaient emplis de chaussettes neuves, semelles sans trou, un baume contre les ampoules, des fruits secs avec une portion de flocons d'avoine et des baies riches en caféine. Dans les paquets de combat, P. C. dans le jargon, se trouvaient soigneusement emmêlés pour ne pas gâcher de place : gants de cuir, bandage, compresse de glace ensorcelée, chips de banane et chocolat (réputés prévenir les crampes), ainsi qu'une petite bouteille d'un liquide qui sentait l'alcool, mais en plus agressif, en plus „ ta gorge va être littéralement corroder si tu vois ça ”. L'étiquette du flacon, car c'était plus un flaconnet qu'une bouteille disait : „ Courage avant le combat ou réconfort après ”.

L'aventurière bien bleue s'en voulu d'avoir ouvert un paquet de chaque : impossible de ranger le contenu ! Le tissu était trop petit, les lanières trop courtes, ça ne rentrait pas ! Elle fourra les paquets encore ficelés dans sa besace et rendit le reste gaspillé au scrarabologue. Elle ne se sentait pas d'aplomb à combattre, ni randonner jusqu'à user ses chausses. Le médecin avait eu raison de lui conseiller du repos. D'ailleurs sa poitrine, qui s'était ouverte après le réveil, se resserrait malgré le bon air d'Aéris. Yùwéna repensa à l'huile de menthe poivrée. N'était-t-elle pas tout près du marché des métiers ?

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  • 2 weeks later...

La Source, le vent et la marraine (9° partie)

Que le paysage était beau ! Le granit des parois étincelait de paillettes de mika, l'herbe couvrait les pentes et les vallons d'un voile de velour vert, un bosquet de prunelles mûres et bleues occupait le cœur du petit plateau. La praire ondulait sous la caresse du vent, les feuilles du pruneliers frimoussaient. Yùwéna avançait en regardant le sol, elle n'avait pas peur des sepents paresseux encore balourds à cette heure, non, elle voulait attrapper du regard les fleurettes modestes et alpestres qui se cachaient parmi les touffes d'herbe bleue, les tiges olive et larges et derrière les brins longs et ronds qui étaient les fils du vert voile. Les fleurs obscènes et voyantes n'avaient jamais été à son goût, elle préférait les petites étoiles, les filigranes et étroits soleils, les complexes orchidées à la rigueur, mais plutôt les petites corolles qui semblent servir de verre aux coccinelles, tous ces petits points de couleur vive ou pâle qui pour ses yeux sans pupilles n'étaient pas dur à apercevoir. Parfois il lui semblait qu'un zéphyr écartait un graminé pour lui montrer une dentelle pastelle sur le fond de sinople.

"On dirait que tu t'intéresses aux plantes !"

Yùwéna leva la tête, elle était arrivée à destination : le marché au métier. Longtemps il n'avait été possible d'apprendre les métiers d'aventuriers qu'à la capitale, depuis quelques mois pourtant l'administration avait envoyé des maîtres sur les terres élémentaires, un panneau fut planté derrière le bosquet de prunelier, le reste se fit de soi-même : un marchand et réparateur d'outils s'intalla, les maîtres aménagèrent des "bacs à sable" pour l'entraînement de leurs élèves.

Yùwéna confirma l'observation du maître herboriste et s'enquit des modalités pour apprendre, le jour même si possible, l'art de la récolte et conservation des plantes.

"C'est un métier pour les aventuriers qui voyagent loin, visitent de nombreuses zones climatiques différentes, car ici ne poussent qu'une infine partie des plantes utiles."

Notre aventurière répondit avec enthousiasme et ajouta qu'elle était mage, ce qui disait-on était un avantage.

"Tout à fait," répondit le maître en regardant dans les yeux sans pupilles, assurément magiques de Yùwéna "Les mages sont très perceptifs aux sensations des plantes, cela les rend plus délicats oui, mais ce n'est pas tout. Les mages ont des sens plus aiguisés et aussi des sens que les autres ne connaissent pas, c'est inexplicable avec des mots. Si tu veux essayer, il te faudra une serpe."

L'achat de la serpe fut une déception : il n'y avait aucun choix. Yùwéna eut préféré dépenser plus pour un outil de qualité : plus aiguisé, au poids mieux équilibré, au manche laqué... Il fallait faire avec ! Elle pourrait certainement revendre cette serpe bon marché moitié prix dès qu'elle rencontrerait un meilleur marchand.

Le maître apprit à la conteuse la récolte de la menthe poivrée, Yùwéna n'était pas adroite, sinon de sa langue, et au début rata de nombreux coups, mais au fil des minutes de concentration intense Yùwéna comprit comment se faire aider par la plante qui se courbait, remontait ou abaissait des feuilles, une fois même se redressa probablement en pompant de l'eau jusqu'à son sommet. Le maître insista sur la coupe équilibrée : toujours enlever les feuilles des deux côtés de la plante, en parfaite symétrie pour éviter un traumatisme qui amenerait la menthe à délaissser un côté. Deux heures durant l'apprentie s'attela à la tonte de deux mètres carrés de menthe poivrée, prenant soin de sortir que les meilleures feuilles. Le vent dans ce temps lui contait à l'oreille les merveilles de son voyage sans pareil, ou n'était-ce que ce qu'on appelle l'inspiration et qui vient plus facilement au grand air ?

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  • 2 weeks later...

La Source, le vent et la marraine (10° partie)

La menthe poivrée avait fait effet ! Yùwéna avait oublié comment c'était de respirer librement, elle n'avait pas un souvenir si agréable de cette normalité. Elle resta quelques minutes satisfaite de ce simple plaisir. Le docteur lui avait prescrit du repos, il était grand temps de le prendre. Elle était descendue du plateau, avait traversé Suspensia et s'était assise sous l'arbre de Nuagia : une yeuse grandiose. Ici le mal du pays aurait pu la prendre, plus exactement l'envie de rester en Aeris et de savourer les bons côtés tant aimés de sa patrie. À cet instant pourtant, lui revinrent les pensées avec lesquelles elle avait quitté Kilien : la nécessité de combattre le Mal et celle de trouver l'appui d'une marraine pour la guider à travers la vie d'aventurière, sa famille ne serait pas là. En vérité, sa mère et sa sœur ne serait pas non plus là, si elles approuvaient finalement de son projet, car Yùwéna irait au loin. Un groupe d'enfants jouant au Croloup passa en courant et salua joyeusement la conteuse. Plus que la distance, le lointain se mesurerait à l'étrangeté qui la séparerait des gens. Ici et ici seulement elle était à la maison. Yùwéna tira la lettre d'attribution des parrains de sa poche. Son envie était grande et forte, la jeune aventurière se força de prendre un instant de réflexion. Une fois cette lettre envoyée, elle ne retournerait pas en arrière, elle aurait l'impression de faillir. N'importe quoi ! Comment sa carrière d'aventurière pourrait-elle être un échec ? Yùwéna lut le pli et apprit le nom de sa marraine : Suyvel Ayflesh. Le vent alors lui donna une vision de cette personne.

Modifié (le) par Yuwena
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