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Terre des Éléments

Le Royaume sous la Montagne


Akaresh
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L'ître Mystérieux "“ Le Royaume sous la Montagne

 

 

C'est d'une plume neuve, achetée grâce au pillage de la Salle du Trésor des nains, que je couche ces quelques lignes, marques de mon succès le plus total dans cette nouvelle entreprise. Il n'a pas été simple de retrouver la trace du Rachsräk. La plupart des récits qui portent ce nom n'en faisaient qu'une mention, évitant soigneusement de délivrer l'information capitale pour tous ceux qui désirent s'octroyer les richesses de la mine : l'entrée du Rachsräk. J'ai dû soudoyer bien des archivistes avares et assassiner bien des bibliothécaires récalcitrants pour mettre la main sur le chemin qui mène au Lac Souterrain, cavité naturelle qui marque l'entrée de la mine. Je me suis également mis au fait de la rivalité opposant les nains aux gobelins : un affrontement qui servirait à merveille mes intentions.

 

Après les évènements de la mutinerie, je devais me faire discret : sous ma capuche, nul n'avait pu apercevoir mes traits, cependant tous étaient au courant de mon existence et de mes intentions chaotiques pour ce monde. Aussi avais-je fait croire à ma mort, alors que tous avaient oublié leur aversion fraternelle pour se livrer à un formidable massacre sur sa personne. Ainsi, là, sans preuves ni certitudes, sans même connaître mon identité, harmoniques comme maléfiques s'étaient joints dans la stupidité humaine pour me mettre à terre. Un sourire me vient à ce souvenir... Ils avaient cru gagner, mais cela ne faisait que commencer. Ils ne pouvaient connaître mes objectifs, ils ne pouvaient saisir l'enjeu de ma présence. Ils ne sont qu'humains, hybrides indignes et secondaires.

 

Quand les derniers trublions, semblant revenir à la raison après le massacre auquel tous s'adonnèrent sur ma modeste personne, retournèrent dans leurs contrées et leurs fortins bâtis de pierres et de bois, je bravais une nouvelle fois les barrières de la Nécropole, insensible aux retenues et aux entraves, pour me mettre en route vers les mines. Là, dans une fissure que tous semblaient pourtant avoir exploré en long, en large et en travers, je trouvais le passage et débouchait dans le lac souterrain. Je distinguais immédiatement un feu de camp, sur la rive droite du lac, et devinait là la présence des gobelins, interdits de séjour dans le Rachsräk. Brisant mon aversion pour ces nouveaux hybrides, je me décidais à les amadouer.

 

La stupidité de leur race ne souffre d'aucun doute. Il ne m'a fallu que leur faire la démonstration que quelques unes de mes capacités pour qu'ils me traitent comme une sorte de prophète, venu réparer les erreurs du passé en leur ouvrant béantes  les portes du Rachsräk, pour qu'ils puissent s'abandonner à leur implacable vengeance tant attendue. Ce serait le chaos, une abomination sans nom, et les nains ne survivraient pas, car ils tiraient leurs forces de leurs fortifications : sans les murs du Rachsräk, ils seraient submergés et voués à l'extinction totale. J'enseignais donc aux gobelins, non sans peine, les moyens non seulement de pénétrer dans le Rachsräk, mais aussi et surtout comment concevoir une poudre qui ferait s'effondrer à jamais la mine. Je n'eus aucune peine à cacher mes véritables intentions, comme le fait que si la mine s'effondrait, les gobelins périraient aussi, tellement cette race était stupide.

 

En ayant fini avec les gobelins, je pris congé de leur grand Shaman, Torrn, et me dirigeait vers le Rachsräk. Je brisais facilement l'énigme de la porte, détachant la lance de la statue afin de retrouver la plaque d'or dans le fond du lac.  J'ai parlé à Gromst, l'éclaireur des nains, qui se trouvait être curieux de voir ce qu'une « grande personne », comme il m'appelait, pouvait bien vouloir au paisible peuple des nains du Rachsräk. Le convaincre, ainsi qu'Argüs, le capitaine bourru des nains, de mes bonnes intentions fut difficile, et je me trouvais ainsi obligé d'occire quelques-uns de ces gobelins à qui j'avais enseigné l'art de combattre, afin de prouver ma bonne foi. Bien entendu, je n'éprouvai aucun remord : ma condition supérieure, ainsi que le dessein que je poursuivais, m'autorisait sans grands état d'âme d'apporter la mort sur les chaumières de ces pathétiques insectes.

 

Mais, comme toujours, je réussissais, fort de paroles mielleuses et de cadeaux dorés, car nul n'est plus avare qu'un nain, et la mutinerie m'avait rendu immensément riche, puisque j'avais réussi, pendant la révolte des gardes, à dérober des coffres entiers de la solde future des soldats. Je n'éprouvais et n'éprouve toujours qu'un vague intérêt pour l'or, insensible à ce métal brillant qui suscite tant de guerres et de trahisons. D'ailleurs, toutes les pierres précieuses du Rachsräk, scintillant au fond de l'abîme que gardait un vieux fou, ne m'intéressaient nullement. Du moins, pas au sens où tous l'entendaient.  De cette manière, je me séparais d'un grand nombre de mes richesses sans plus de morale que lorsque je devais tuer les gobelins. Chaque conversation, chaque meurtre, chaque don était une porte qu'il fallait ouvrir pour accéder à mon objectif. Bien vite, fort de mon expérience et de mes cadeaux, je devins le confident du Roi des Nains. Et, la veille de l'attaque prévue des gobelins, je susurrais à l'oreille du régent du Rachsräk la rumeur d'une attaque, lui chuchotant dans l'ombre des plans de défense afin de tenter de repousser les gobelins.

 

Et puis ce fut l'invasion. Un entrechoquement de haches et de flèches, de boucliers fracassés, de gerbes de sang et de trippes jaillissant des entrailles des protagonistes. Un autel dédié à la barbarie, au chaos. Invisible au milieu de tous, je savourais l'instant présent, me délectant de chaque giclée d'hémoglobine, respirant à chaque dernier souffle d'un mourant, frémissant sous les râles de l'agonisant. Bientôt, les nains, comme je l'avais prévu, furent contraints de battre en retraite, et se réfugièrent au-delà du pont surplombant l'abîme. L'heure était venue de faire intervenir une troisième race, celle qui dessinait l'histoire de ce monde, celle à qui appartenaient les clés de l'avenir de la Terre des Éléments. Un sentiment abject m'assaille à chaque fois que je songe à cette race bipède, douée tant pour l'amour que pour la haine, familière des décisions les plus surprenantes et les plus saugrenues : les humains.

 

Je fis ainsi doucement circuler la nouvelle de l'entrée au Rachsräk par la fissure de la mine dans les cercles élitistes de Melrath Zorac et des autres places fortes du Royaume des Hommes. Mes relations étaient nombreuses et toujours discrètes : si bien qu'une nouvelle fois, personne ne pourrait risquer de remonter jusqu'à moi. Bien entendu, à l'annonce d'un  accès possible aux trésors enfouis des nains, nombreux furent ceux qui s'empressèrent de rejoindre le Rachsräk. Là, certains firent le choix d'aider les gobelins, d'autres préférèrent aider les nains. Tous aussi inconscients les uns que les autres du véritable danger, de la raison qui motivait leurs aventures en ce monde sous la montagne. Quelle que soit l'aide apportée à l'un ou l'autre camp, mes objectifs seraient atteints. Afin de parachever mon œuvre, je fis ressurgir, du côté des nains, le mythe de l'Artefact Perdu, curieuse petite pierre qui, appliquée sur le trône des Nains, avait le pouvoir de clore à jamais les portes des Nains.

 

Toutes les pièces étaient maintenant en place sur l'échiquier et tous étaient maintenant affairés à envahir ou se défendre, de sorte que je pus enfin me livrer au vol de ce que j'étais venu chercher ici. Descendant dans les abysses du monde, je soudoyais un esprit puissant, gardien de la Relique du Rachsräk, puissant sortilège dont l'utilité était inconnue de tous... mais pas de moi. Je remerciais l'esprit en le dématérialisant entièrement, de sorte à ce que jamais il ne puisse relater mon intrusion, si toutefois par chance il survivait à l'explosion proche. L'heure approchait où je pourrais enfin me servir de la Relique pour déchaîner le chaos en ce monde. Mais toutes les phases de mon plan audacieux et sans failles n'étaient pas encore prêtes. Alors, quittant la mine à jamais, je me croyais en sécurité... Mais le bruit infernal de l'explosion eut vite fait de me convaincre de mon erreur d'appréciation. Je fus soulevé et projeté par le souffle de l'explosion tel un chiffon s'envolant sous le vent, heurtant avec fracas la paroi du tunnel, dans la poussière causée par la destruction complète du Rachsräk. Me relevant, je m'apercevais avec gravité que la plupart des parchemins que je possédais avaient été semés sous le coup de l'explosion. Les humains allaient arriver, je n'avais plus le temps de les reprendre. Je me rassurais en pensant que tous les protagonistes, toutes les allusions à ma présence en ces lieux avaient disparu.

 

Je goûtais enfin au repos après ces derniers évènements, me promettant que prochainement, je ferais de nouveau parler de moi. Certes, les aventuriers avaient dû apprendre auprès de Torrn ou des Nains le surnom que tous m'attribuaient, alliés comme ennemis : l'Architecte. Mais c'était un savoir bien dérisoire à côté de l'enjeu qui nous attendait tous.

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