Là où les étoiles emplissent le ciel

[Guest Nadhir]

Intemporel.

Je ne sais plus combien de temps, simplement.

Et pourtant je sais que ça n'a pas d'importance. Là haut, les étoiles brillent, ont brillé, brilleront.

Toutes, elles aiment s'arranger en formes différentes, pour accrocher le regard et l'imagination des observateurs. Et pourtant, ces formes que nous leur prêtons ne sont que l'interprétation humaine, la vision réductrice peut-être, pour qui s'y arrête.

Elles sont pourtant là, toutes, oeuvrant à notre naissance comme à notre mort, oeuvrant à la vie des Constellations.

Il est temps de reconnaître les étoiles, au delà des constellations.

Il fait nuit.

Bien loin des fastes dûs à mon titre, je suis tout seul, au milieu des arbres de notre forêt protectrice. Ils nous protègent, et nous éclairent, ouvrant leurs branches à la contemplation du ciel.

J'ai décidé d'un chemin à prendre, pour aujourd'hui. Il passe au milieu de cette forêt, il contourne le temple qui contient tant de secrets. Et il revient au sein de notre campement, là où peu peuvent s'enorgueillir d'être allé.

Ce chemin, je l'ai décidé, mais je n'ai encore aucune certitude que je le prendrai.

Car ce ne sera pas seul, et la décision ne me reviendra pas.

C'est bientôt l'heure.

C'est l'endroit.

L'exactitude est la politesse des rois, je n'enfreins pas la règle aujourd'hui.

Le rendez-vous est là... qui m'y attendra?

[Malicius]

Incompréhensible.

Je ne sais seulement pas pourquoi il en fut ainsi. Ou l'ais-je simplement oublié?

Qu'est-ce qui les a séparé? Dans quelles circonstances et pour quelles raisons?

Les Constellations, cet amas d'étoiles qui danse sur le même rythme, qui chante les mêmes mélodies, et qui est pourtant séparé depuis bien trop longtemps...

C'est ce soir.

Les étoiles prennent mon chemin, elles avancent au son de mes pas, je les suis du regard et je m'y fie.

Je traverse cette forêt qui regorge de mystères, qui effraye tous ceux qui osent y mettre les pieds avec de mauvaises intentions...

Le campement, là où chacune des étoiles y trouve sa place.

C'est l'heure.

C'est l'endroit.

Mon Roi... Mon ami, que puis-je faire pour te satisfaire?

[Guest Nadhir]

Fidèle à lui-même, Malicius se découvre.

Je sais bien qu'il a toujours eu les étoiles à coeur, autant que moi.

Je sais qu'il en a eu des interprétations différentes, et que ça m'a énervé, un temps.

Je l'ai toujours considéré comme faisant partie des Constellations, pourtant. Parce que je ne me suis jamais permis de croire que c'est moi qui fait la marque et l'appartenance aux Constellations. Je n'en suis que le dépositaire. Temporaire sans doute.

Il a toujours été mon frère, comme tous les autres. Un frère qui ne suivait pas le même sens que moi, mais toujours la même direction. Depuis quelques temps déjà, la parole était revenue entre nous, la discussion, plus que les attaques verbales et l'incompréhension.

Un ami, oui, à qui on ne parle pas de politique, d'éducation des enfants, ou de tout autre sujet controversé, parce que par avance on sait qu'il sera d'opinion opposé, par principe ou pas, lui ou moi, indifféremment. Un ami pourtant, avec qui nous partageons tant de choses.

Il est temps, j'espère, de ne plus s'arrêter là.

Je réponds d'un hochement de tête à son arrivée, et à son entrée en matière.

Malicius, mon frère. Merci d'être venu ici ce soir. Ce n'était pas un ordre mais une invitation que je t'avais envoyée, je suis heureux que tu l'aie prise comme telle. Mes ordres, cela fait longtemps qu'il ne les suivait plus, ça n'aurait pas marché.

Je pointe la direction du campement, et me mets en mouvement.

Voudrais-tu m'accompagner le long de ce chemin forestier? Tu le connais bien déjà, mais j'aimerai le prendre avec toi aujourd'hui.

Je le jauge du regard. Il a changé lui aussi.

Voilà bien longtemps maintenant que j'ai accepté que les Constellations ne filent pas toutes ensemble. J'ai d'abord maudit ce qui pouvait les éloigner les unes des autres, sans savoir si la faute venait de celles-ci, ou de celles-là. Je me suis fait une raison ensuite, en sachant que même moi je ne peux interpréter tout ce que les étoiles nous inspirent, à défaut d'essayer. Mais depuis peu, autre chose gravite dans mes pensées.

Une pause verbale, le temps de choisir finalement mes mots. Il sait que je n'ai pas terminé, et il m'accorde la sympathie de m'écouter encore.

Ce qui semblait nous séparer hier, je crois, n'est rien auprès de ce qui nous rapproche. Je vois le même scintillement dans tes yeux que dans un miroir, et dans le regard de tous ceux qui portent notre blason. Nos moyens ne sont pas les mêmes, nos champs d'action non plus. J'ai cru un moment que Ghurty, alors générale du Crépuscule, m'opposait moi, en tant que roi des Constellations. Je crois surtout que c'est la générale qui s'opposait au politique. Et de la même façon je crois que le Crépuscule, en tant qu'armée, s'était désolidarisé de l'Aube, à la nature plus civile. Aujourd'hui, je voudrais te faire une proposition.

C'est ici, deux chemins possible. Est-ce que les nôtres continueront à diverger?

Un peuple a autant besoin de l'un comme de l'autre, du guerrier comme du constructeur, du général comme du diplomate. Rien ne sert de les opposer, alors qu'ils fondent la même nation. Je sais que je ne suis pas celui qui mènera les Constellations au combat, c'est un rôle pour lequel je ne suis pas taillé. Mais d'une telle personne, j'ai besoin. Et parce qu'en ma qualité de roi, je peux me permettre de choisir le meilleur... je voudrais que tu le sois. Le général des armées des Constellations. Pas le Crépuscule, pas l'Aube, toutes les armées. Revenir, toi et moi, au sein de la même nation, avec nos rôles bien définis. A toi le champ de bataille, à moi la politique.

Lui demander à nouveau de suivre les règles des Constellations, et lui offrir tous nos bras lorsque l'armée en a besoin, la meilleure offre que je puisse faire.

Pour toi, simplement suivre les lois des constellations, édictées pour le bien de tous. Pour moi, me soumettre à tes ordres de général, quand l'occasion se présentera.

Reconnaître qu'il est bien meilleur général que moi quand vient à sonner la trompette de la guerre, et en accepter les conséquences...

[Malicius]

"...Le général des armées des Constellations..."

Dès que ces mots furent prononcés, je me voyais déjà diriger, dans quelque lutte que ce soit, tous ces valeureux compagnons qui pourraient former une armée...

Je ne dirais pas qu'il soit question de pouvoir, mais de la volonté de rallier les forces des Constellations sous un même commandement, un même fanion et un même but...

Rarent furent ce genre de moments, où chacune des étoiles opérait dans le même sens, avait les mêmes désirs...

Une même fin, faire entendre la voie des Constellations.

Nadhir, en tant que Roi des Constellations, me propose le titre que j'avais tant espéré.

Ma réaction est d'autant plus agréable lorsque j'apprends l'idée de rassemblement.

Retourner parmi ceux qui me sont chers, dont j'ai voulu me séparer par envie de liberté...

Mes compagnons d'aujourd'hui seraient-ils aptes à retrouver les liens d'antan. Je n'en doute pas, et j'imagine qu'ils l'espèrent autant que je peux l'espérer...

Nadhir cherche à déceler dans mon regard la moindre esquisse de réponse, quant à moi j'essaie de ne rien faire transparaître de mes émotions. C'est qu'il ne doit pas me croire ravi de sa proposition, envieux de rompre avec mes anciennes habitudes, car ce serait pour moi et pour les autres membres du Crépuscule un signe d'erreur, l'erreur de les avoir quitté.

Je ne pense pas que notre choix fut mauvais, chacun doit suivre ses étoiles et persévérer dans l'accomplissement de ses volontés.

Seulement ce cher Nadhir est loin d'être naïf, et il est conscient que malgré les choix du passé, retrouver la famille qui était entièrement unie et solidaire serait une opportunité qu'aucun de nous ne laisserait passer.

Je cherchais mes mots, pour exprimer pleinement mon contentement sans en dire trop sur ma joie des futurs retrouvailles...

" Pourquoi pas, et tant qu'à avoir besoin de moi, vous aurez besoin cher ami que je vous offre à vous, mon Roi, et à tous vos loyaux compagnons et compamignones, une des nombreuses boisson de la contrée ! "

Modifié (le) 30 octobre 2008 par Malicius

[Guest Nadhir]

Il m'a tenu en suspens.

Je sais que ça se jouait à peu, que c'était hier encore qu'il embrassait avec plaisir une voie différente de celle que je montrais du doigt. Je sais aussi qu'alors, c'était le destin des Constellations, que de se scinder. Pour mieux se retrouver ensuite? Il m'a fallu du temps pour l'espérer, simplement, puis y croire, et enfin le déclencher.

Son regard est le même que lorsqu'il part en chasse, qu'il laisse sa liberté - que nous tous prônons - prendre le pas sur ses actes, et les dicter. Un regard de feu, de passion, un regard de vie.

J'ai récemment eu un cours là-dessus, sur ce que le feu - qui n'a jamais été mon élément favori - pouvait générer comme vie, comme renouveau. Je le retrouve ici, ce cycle.

Un départ, un retour.

Des paroles qui commencent en toute mesure, mais je note le sourire qui ne veut pas se montrer, qui se cache derrière la proposition de beuverie fraternelle. Je ne pouvais attendre plus que ces quelques mots, déjà synonymes de victoire, et je sais aussi quel poids ils ont, malgré leur légèreté feinte.

Je retourne son sourire, et avance ma main pour attraper son avant-bras dans un geste symétrique. L'oeil qui acquiesce, la poignée de main qui scelle notre destin, mieux encore que le ne ferait une signature, ou un sang mêlé.

C'est bien la fraternité qui nous unie, Malicius, au delà des incontournables divergences d'opinion... Je sais que ton offre de boisson sera appréciée, et récompensée à sa juste valeur, par tous nos compagnons. Mais... je ne te propose pas de les rejoindre tout de suite. un clin d'oeil, j'ai encore un atout dans ma manche, et je compte bien te surprendre...

Prenons ensemble pourtant le chemin du campement, c'est là-bas que nous devons être. Et alors que je t'ai promis mon obéissance sur le champ de bataille, et de soumettre à tes ordres mes sorts et mes cris, je commencerai par te demander ton épée..

Le campement, d'un côté nos frères étoilés, partageant la bonne humeur d'un feu de camp, qui deviendra bientôt feu de joie. De l'autre, des pièces que peu de Constellations ont foulées, mais pas des moindres.

Mon chemin aujourd'hui, avec Malicius, passe par l'une d'entre elle.

Nous arrivons ici

Modifié (le) 31 octobre 2008 par Nadhir