La puissance des mots

[Kailys]

Des rites, des incantations, et puis plus rien.

 

Un soir où la lune était de sortie, Kailys se réveilla allongée en pleine forêt.
S'asseyant avec difficulté elle se tint tout d'abord la tête, cette dernière la narguant d'une douleur horriblement lancinante.

Elle essaya de se remémorer les causes de sa venue en cet endroit mais pour le moment, nul souvenirs ne lui parvint.

A ses côtés se trouvait uniquement une arbalète et des flèches, ainsi qu'un étrange parchemin. 

 

Elle prit donc ce dernier et le déroula doucement. Grâce aux rayons de la lune, elle put lire les inscriptions suivantes :

 

« Chère inconnue,

Je t'ai retrouvé, errante dans le désert, et je t'ai amené ici, en espérant que tu te remettrais. Je n'ai pu rester auprès de toi, mais je tenais à ne pas t'abandonner complètement.»

 

Kailys relue le parchemin une deuxième fois...

 

« Errante dans le désert ? M'amener et ne pas m'abandonner ? Foutaises ! »

 

Elle le déchira en plusieurs morceaux puis regarda autour d'elle en maugréant.

 

« Peu importe par quel degré d'imbécilité est atteint l'auteur de ce parchemin, il aurait au moins pu me donner de plus amples informations ! »

 

Soupirant et marmonnant toujours dans la barbe qu'elle n'avait pas, elle ramassa ses affaires, se leva et partit explorer les alentours.

 

Au détour d'un chemin, elle tomba sur une statue érigée en l'honneur de Fimine, déesse des terres Terranes.

Une plaque fièrement dressée à ses pieds lui dédiait un poème, flattant sa personne... Enfin, de la pierre en somme.

 

Kailys comprit une chose : elle se retrouvait condamnée à errer sous le joug de la déesse de la terre, des vignes, et des plantations.
 

***

 

Après plusieurs jours, la jeune rôdeuse apprit le maniement de l'arbalète, avec plus ou moins de dextérité. Cette dernière, toujours à parfaire...

 

Un jour de chasse aux serpents venimeux, la Terranne se fit interrompre au moment de décocher sa flèche.

 

Se retournant vivement elle la lâcha "“ malencontreusement "“ sur cette étrangère. Celle-ci, magicienne de son état, l'esquiva sans difficulté et le pauvre morceau de bois s'enfonça magistralement dans un arbre.

 

Kailys regarda sa flèche puis la magicienne.

 

« Raté... »

 

Déçue, elle s'attarda sur le visage de la nouvelle venue. Cette dernière avait comme un air de déjà vue, quelque part...

Mais où ? Par ailleurs...qui était-elle, que faisait-elle là, et que voulait-elle à la jeune rôdeuse ?

Modifié (le) 30 mars 2014 par Kailys

[Enya]

Vert... Trop de vert... tue le vert... Je hais le vert... Et pourtant j'étais encore dans cette forêt... verte éclairée par la pleine lune.
Trop verte à mon goût. Je n'ai qu'une envie... de la brûler. N'importe quelle couleur suffirait tant que ce n'était pas du vert...
La déesse Fimine et ses adeptes ne seraient sûrement pas contents... et je n'ai plus le droit de revenir ici...
Alors je faisais taire les plaintes dans ma tête, ma recherche de plantes médicinales m'avait amenée à la forêt de Terra, c'est là-bas que je trouvais la majorité des herbes dont je me servais pour mon métier d'herboriste.
Je déambulais entre les arbres, je lâchais un soupir, j'avouerais que moi aussi au fond j'étais joyeuse d'être ici, j'aimais énormément cette forêt où la faune et la flore étaient libres de faire ce qu'ils leur plaisaient. Le calme qui y régnait me plaisait encore plus, j'ai toujours eu du mal avec les habitants de cette ville et leur croyance exagérée...
Ici j'étais au calme, dans un milieu que j'appréciais le plus, assise sur une branche d'arbre qui heureusement pour moi, n'était pas verte...

Le silence de la nuit n'était rompu que par le bruit des flèches heurtant durement sur le pied de l'arbre là où j'étais assise. Mon regard se tourna une nouvelle fois vers une personne qui chassait sûrement sur les serpents venimeux. C'était vraiment bruyant. Leur sifflement transperçait mes tympans, c'était horrible.
Elle chassait ou elle s'entrainait? Aucune idée. Ces serpents ne mourront pas facilement si on ne les brûle pas. Soupir... Un autre soupir passa une nouvelle fois l'entrave de mes lèvres.
Il était temps de lui apprendre, de connaître la nature de ces reptiles.
Chasser était ma passion, tuer était mon plaisir.
Je descendis de l'arbre, au moment où elle décocha sa flèche, grâce à mon agilité, je l'esquivai facilement... Un mot échappa de mes lèvres.
"Raté..."

Je lançai l'orbe dans sa direction et murmurai quelques mots inaudibles, les flammes jaillirent sur les serpents... La jeune femme l'esquiva aussi et se tourna vers moi tandis que j'avançai sur elle.
"Il faut les brûler vif, il ne faut pas les chasser sans connaître leur nature..."

Elle hocha la tête... un peu sur la défensive. Je soupirai pour la troisième fois et ôtai ma capuche dévoilant mon visage au moins pour la rassurer. Je lui souris même, elle sembla peu rassurée.

[Kailys]

Kailys n'aimait décidemment pas les étrangers se mêlant de ce qui ne les regardaient pas, adepte de Fimine soit-il.

 

Les brûler ? Et puis quoi encore... C'est toi que l'on devrait brûler, magicienne.

 

Kailys put enfin voir le visage de cette dernière quand celle-ci retira sa capuche. Même si la rôdeuse n'avait pas envie de la connaître davantage, il était toujours intéressant de voir à quoi ressemblait son interlocuteur, pour l'éviter par la suite.

 

Oui, l'éviter... pour pouvoir chasser en toute quiétude les jours suivants.

 

La jeune Terranne imprima chaque détail du faciès de sa comparse dans sa mémoire.

Son visage était fin et pâle, et finement encadré par de longs cheveux noirs de jais.

Ses yeux... d'un vert profond, étaient quant à eux délimités en leur centre par une fente, aussi droite et tranchante qu'une épée. Mais ils vous hypnotisaient si votre regard restait trop longtemps ancré dans le sien.

 

Etrange magicienne, étrange créature que voici.

 

Kailys reporta vivement son attention sur les serpents en train de brûler. L'odeur de la viande venimeuse cuite en était presque nauséabonde.

 

« Les brûler dis-tu ? »

 

Elle soupira avant de regarder la jeune femme.

 

« Navré de te décevoir, mais tu pourras sans doute constater par toi-même, qu'à part lancer des bouts de bois pointus et un semblant acérés... Nulle puissance magique n'émane de moi. Alors oublie tes flammes, et continue ta route. »

 

La rôdeuse commença à partir puis revint sur ses pas.

 

« Et avant d'oublier, je ne sais qui tu es ni ton nom... Mais fais-moi le plaisir d'éteindre ces flammes. Cette déesse ivrogne et ses élèves ne seraient sans doute pas d'accord que tu fasses de leur belle forêt un brasier géant... »

 

Kailys s'éloigna de la magicienne pour s'approcher d'un serpent mort et l'écrasa à l'aide de son pied.

 

Elle marmonna des « ce serpent aurait été tellement plus beau en brochette ! », « baragouiner des formules ! », « infecte ! »

[Enya]

La nuit... Le seul moment de la journée ou je me sens vraiment de bonne humeur. Même si ces derniers temps, j'avais tendance à être de plus en plus irritable.
Un mal de tête quasi constant, cette pression étrange qui pèse sur mes épaules. Des questions qui restent sans réponses... Et puis cette situation étrange, douloureuse... Je poussai un profond soupir qui sembla se mêler à la brise de cette nuit froide.
J'avais simplement besoin de marcher, ça m'aidait dans ma réflexion.. mais il m'était impossible de laisser cette jeune rôdeuse. J'avais l'orbe qui est revenue se poser sur la paume de ma main. J'espérais que cette nuit me porte conseil... Je la faisais tourner dans ma main, je lévitais légèrement l'orbe grâce à mes ombres qui la portait. Je fermai les yeux un instant, essayant de réfléchir quand une voix résonna. Je n'étais pas seule. D'un simple regard je balayais les yeux.. Cherchant l'origine de cette voix.

"  Les brûler dis-tu ? "

Je l'observai.

" Navré de te décevoir, mais tu pourras sans doute constater par toi-même, qu'à part lancer des bouts de bois pointus et un semblant acérés... Nulle puissance magique n'émane de moi. Alors oublie tes flammes, et continue ta route. "

J'esquissai un sourire. Le ton qu'elle prenait est devenu de plus en plus arrogant.

" Et avant d'oublier, je ne sais qui tu es ni ton nom... Mais fais-moi le plaisir d'éteindre ces flammes. Cette déesse ivrogne et ses élèves ne seraient sans doute pas d'accord que tu fasses de leur belle forêt un brasier géant... "

Je lui souris, faussement rassurée. Je ne m'inquiétais pas pour ces flammes. Elles ne brûleraient pas la forêt... si verte... Ce n'était pas la peine de lui dire..
La jeune rôdeuse commença à s'éloigner de moi, le vent souffla doucement dans les branchages... Mille et une odeurs étaient portées par cet air doux.. Léger. J'inspirai calmement, les dissociant en fermant les yeux. C'était un exercice auquel j'aimais me prêter. Il y avait une odeur particulière... Qui n'était pas naturelle... L'odeur des serpents carbonisés... Elle les écrasait en jurant.

La lune... C'était étrange de la voir la nuit, elle avait tendance à préférer la clarté de la journée. Mais je suppose que la pleine lune, haute dans le ciel avait des airs de soleil.. quoi qu'un peu lugubre.
Cette jeune rôdeuse était bavarde celle là, très bavarde même... Trop. Brisant le silence de la nuit. Elle commença avec tout un tas de questions. Plus basique les unes que les autres. Qui es-tu, comment tu t'appelles.. où on va?
J'avais simplement soupiré faiblement, restant silencieuse quelques instants, histoire qu'elle modère un peu ses ardeurs et sa fougue. Ce n'était pas irrespectueux.. simplement agaçant..
Après un moment elle finit tout de même par se taire. Mais.. je sentais que c'était un peu à contre cœur.. A croire que la situation la gênait un peu.

L'ambiance était devenue pesante malgré tout. Nous marchions en silence, nos pas écrasèrent les brindilles comme un écho, et, plus nous nous enfoncions dans cette forêt, et plus l'atmosphère devenait glaciale. Littéralement comme métaphoriquement. Nous avions un petit bout de chemin à faire avant de rentrer, et je suppose que c'était assez malpoli de rester muette de la sorte.
Alors, après quelques minutes, arrivées à un croisement, je pris le temps de m'arrêter quelques secondes, tournant le visage vers elle en la fixant du regard.

"Appelle moi juste Enya. Et quand au reste, la seule chose que tu as besoin de savoir c'est que je suis une prêtresse de l'Au-Delà."

Après quelques secondes à simplement la fixer, j'avais recommencé à soupirer.

"Et toi? Comment tu t'appelles? "

[Kailys]

Son sourire la lassait, ses soupirs l'indifféraient.

 

Garde ton calme. Ne faiblis pas.

 

Telle était la seule chose que Kailys ne cessait de se répéter. Après tout, elle n'était venue que pour chasser, et cette étrangère par son interruption, lui avait volé ses proies.

 

Par ailleurs, sombrer dans la colère n'était que faiblesse et source d'ennui. Le meilleur moyen pour ne plus se contrôler et faire fuir son gibier.

 

La rôdeuse partit en silence pour regagner la ville, toujours suivit par cette femme. Kailys marchait d'un pas léger et constant, profitant du calme qui régnait dans cette forêt baignée par le clair de lune.

Mais malheureusement, cette quiétude ne fût que de courte durée, à nouveau interrompue par cette femme à la flamme facile.

 

Nouveau soupir... la Terranne finirait probablement par s'y habituer. Cette dernière avait tout de même put constater qu'elle possédait un point commun avec l'étrangère.

En effet, que ce soit cette dernière ou Kailys, chacune soupirait à l'entente de l'autre. Les deux jeunes femmes semblaient lassées l'une de l'autre... Alors pourquoi la magicienne la suivait-elle ainsi ? La rôdeuse aurait aimé remonter le temps pour ne jamais l'avoir rencontré et continuer seule ses activités journalières.

 

Le chemin allait être long en sa présence. Kailys aurait encore préféré qu'elle se taise. Ainsi, elle aurait pu faire fi de sa présence et continuer son chemin en paix.

Mais non... Il fallait qu'elle fasse exactement tout l'inverse...

 

Lis-tu dans mes pensées pour vouloir me contrarier ainsi ?

 

La rôdeuse s'arrêta également de marcher et regarda l'étrangère tout en l'écoutant d'une oreille distraite. Elle n'avait que faire de toutes ses informations. Après tout, certes elle avait dit qu'elle ne connaissait ni son nom, ni qui elle était...

Mais elle n'avait dit pour autant qu'elle voulait les connaitre.

Au contraire, chercher à comprendre son interlocutrice voudrait dire que Kailys s'intéresserait à elle... Hors cette dernière ne s'intéressait à personne. Essayer de retrouver ses souvenirs était bien plus important, et lui demandait bien assez de temps, d'énergie et d'efforts, pour se soucier d'autrui.

Oui, la rôdeuse ne voulait rien à voir à faire avec elle, mais une chose finit cependant par l'attirer.

 

« ... je suis une prêtresse de l'Au-Delà. »

 

L'Au-Delà. A l'entente de ce nom des images passèrent brièvement dans l'esprit de Kailys. Un court instant, mais suffisant pour elle.

Son blason, son histoire, et ses combattants.

Elle en avait fait partie.

Même si elle ignorait encore dans quelles circonstances, une pièce d'un puzzle sans fin était venue à elle.

 

« Je connais l'Au-Delà. »

 

Kailys dévisagea ouvertement celle se faisant appeler Enya, pour s'assurer qu'il n'y avait aucune trace de mensonge dans ses dires.

 

Nos yeux peuvent nous raconter une bien plus belle vérité que notre langue petite prêtresse. J'irais jusqu'à sonder ton âme s'il le fallait...

 

Toujours un peu sur la défensive, la rôdeuse se dit cependant que cette Enya pourrait tout de même lui être utile...

 

« Kailys. Conduis-moi jusqu'au miroir. »

[Enya]

Prise par l'ennui d'une conversation haineuse, je décidai de tout simplement me retourner et de recommencer à marcher vers où le vent me guidera...

«Je connais l'Au-Delà.»

Chaque bruits, sons, mots, grincements sous le préau étaient amplifiés. On se croyait sous un dôme, où chaque murmure était perçu comme un cri.
Les pas claquaient au sol, faisaient croire au déplacement d'un géant. Ça courait, ça parlait fort, ça rigolait toujours trop fort.
J'étais à l'ombre certes, mais mon ouïe en prenait un sacré coup. J'essayai de faire le vide et d'annihiler ce bruit assourdissant, mais rien n'y faisait.
A croire qu'il faisait exprès de faire un boucan de tous les diables. J'inspirai et expirai calmement. Mais malgré ça, je n'arrivais pas à faire face à tout ces bruits. Parfois je maudis mes sens trop développés. Et aujourd'hui j'aurai bien troqué mes oreilles contre autre chose.
Entendant ces mots derrière moi se faisaient de plus en plus fort, je décidai de retourner la tête et de voir par moi même ce qui se passait.

Ce qui devait arriver arriva. Je savais qu'à un moment ou un autre, cela allait arriver. Je m'y étais quelque peu préparée, sans vraiment l'être. Kailys était prévisible dans le fond.
Pourtant je n'avais rien dit de spéciale. De mon point de vue. J'ai toujours eu du mal à m'exprimer, ou plutôt, d'expliquer les choses et de parler avec tact et diplomatie.
Pourquoi faire compliquer quand il suffit juste de dire les choses clairement et simplement ? Kailys m'intriguait vraiment.

« Conduis-moi jusqu'au miroir. »

Elle avait du courage de dire de telles choses, beaucoup de courage. Je sentais qu'elle était différente des autres humaines. Elle était plus sauvage finalement qu'humaine. Comme moi.
Je ne savais pas bien ce que je devrais faire, ni même ce qu'elle attendait de moi. Je suppose que je devais juste faire ce que mes compagnons me disaient..
J'étais seule, isolée à Terra, à l'abri des oreilles indiscrètes des habitants et des regards trop curieux. Je n'aimais pas vraiment ce genre de requête car je ne savais jamais trop quoi répondre. Ce qui ne facilitait pas les choses.
Ouvrant la bouche comme jamais, dévoilant au monde mes canines de chat aiguisées.

"Le Miroir de l'Éternité n'apparaîtra qu'à celle ou celui qui voudra vraiment y entrer. Il peut apparaître n'importe où quand la personne souhaite rejoindre l'Au-Delà.
Derrière le miroir, la personne est examinée en fonction de sa motivation et son choix."

Mes mots étaient clairs, nets et précis. Pas de confusion ni de détournement possible. J'adressai un petit signe de tête à Kailys.

[Kailys]

Fatiguée, Kailys regarda la magicienne d'un air lasse... Sa journée l'avait épuisé... Et le fait de l'avoir rencontré et de devoir s'entretenir avec elle n'améliorait pas les choses.

 

En détaillant Enya, elle put voir cependant son faciès crispé, son agacement et sa tentative vaine et futile de rester calme.

Amusante, serait le terme le plus efficace pour la décrire en ce moment. La rôdeuse ne la prendrait pas en sympathie, elle n'en avait que faire. Et puis à quoi bon ? Se montrer empathique ne lui attirerait que des ennuis.

Qu'Enya soit une prêtresse de l'Au-Delà ou non, elle resterait elle-même. Nul besoin de s'attirer des faveurs, et encore moins celle d'une prêtresse perturbée par une légère brise.

 

Cependant au fond d'elle-même la rôdeuse était prisonnière de deux idées complètement contradictoires à l'encontre de la magicienne.

D'une part, et comme elle ne cessait de se le répéter... Enya l'ennuyait, la menait à une conversation ne menant à rien, et commençait vraiment à l'agacer avec ses petits airs de chat qui miaulerait pour un verre de lait.

D'autre part, et c'est justement là où résidait tout le problème... Cette même magicienne l'intriguait et la fascinait. Pourquoi une telle apparence ? Pourquoi, une Au-Delà était-elle venue à elle ?

Soupirant, la rôdeuse secoua légèrement la tête pour chasser toutes ses pensées. Elle prendrait le temps plus tard de trouver des réponses à chacune d'entre elles.

 

En attendant, elle se reconcentra sur la conversation actuelle.

 

"Le Miroir de l'Eternité n'apparaîtra que celle ou celui qui voudra vraiment y entrer. Il peut apparaître n'importe où quand la personne souhaite rejoindre l'au-dèla.
Derrière le miroir, la personne est examinée en fonction de sa motivation et son choix."

 

Ses paroles étaient par ailleurs tranchantes comme ses dents. Mais Kailys n'avait nullement de temps à perdre avec elle, et elle détestait encore plus que l'on n'accède à ses demandes.

Surtout quand celle-ci était aussi importante... Et surtout quand elle en faisait une qui plus est.

 

Après avoir entendue ses dires, la rôdeuse éclata de rire. D'un rire glacial, sarcastique et hostile.

Cette Enya l'avait-elle mal comprise ou n'entendait-elle tout simplement rien du tout ?

 

« Penses-tu m'apprendre quelque chose que je ne sais déjà sur l'Au-Delà ? Et bien vas-y, je t'en prie. Ne te gêne surtout pas. »

 

Kailys s'asseya sur un rocher ancré au bord de la route et attendit. Au bout d'un moment, cette dernière se leva et s'approcha d'Enya en laissant juste assez d'espace pour tendre un bras entre elles.

A son tour ses paroles furent sèches et fermes.

 

« Accède à ma demande, ou passe ton chemin... »

 

La rôdeuse sourit ironiquement et durcit davantage son regard.

 

« Est-ce une assez grande motivation, un choix suffisant pour toi ? Si oui, cesse tes idioties. »

 

Kailys put voir dans les yeux de sa comparse que les mots qu'elle venait de prononcer ne lui plaisait en rien. Mais elle ni pouvait rien, la rôdeuse était comme ça, toujours à dire ce qu'elle pensait... Les mots franchissant la barrière de ses lèvres bien trop vite pour les arrêter. Et puis à quoi bon.

Kailys soupira de mécontentement, ce qu'elle s'apprêtait à faire ne lui plaisait guère, à elle aussi. Elle n'aimait pas parler d'elle, et encore moins à une personne dont elle ne savait presque rien.

 

« Si mes mots te déplaise... J'en suis désolée, mais j'ai toujours été odieuse avec tout le monde, il faudra t'y faire. Ma méchanceté est l'unique défense que j'ai pour me protéger contre le monde extérieur, tant que je ne sais qui je suis ni d'où je viens... »

[Enya]

J'avais senti une chaleur l'envahir et le chat ne put s'empêcher de sourire.

 

« Tu as tout oublié, finalement ».

 

Le chat s'était alors tourné vers l'orbe qui flottait au dessus de lui et qui l'avait amené dans la main de Kailys. 

Il afficha alors un sourire carnassier, la regardant avec mépris mais aussi fierté. Avant qu'un puissant éclair n'apparaisse. Il vint s'abattre contre la pierre du préau qui était en face d'elle, avec violence. Et bien sûr il en résulta cette sorte de décharge puissante qui servait de punition.

Le chat ne put s'empêcher de sourire... Ces décharges étaient tellement faibles par rapport à ce qu'il avait supporté par le passé quand il avait été emprisonné... par les adeptes de Fimine.

Il avait aussi été enchaîné tellement on le jugeait sauvage, violent, brutal et surtout... dangereux... On avait même emprisonné son âme, dans le tatouage de son cou droit. On n'avait même pas attendu qu'il ne meurt pour enfermer son âme!

 

C'est à ce moment là que les pensées se ramenèrent à moi. Ne sachant pas si les Au-delà et Kailys étaient liés, s'ils se connaissaient tous, ne sachant rien du monde, je ne pus m'empêcher de demander si elle connaissait chaque mercenaire et comment les avait-elle rencontrés, même si cette question me ramenait des souvenirs bien trop frais dans ma mémoire.

 

« Non, je ne me souviens pas de ça... »

 

Ses yeux s'étaient à nouveau tournés vers l'orbe lumineux qui ne cillait pas. Elle semblait juste de plus en plus lumineuse alors que la vitre devenait opaque. Lui montrer tous les souvenirs de cette femme amnésique qui se tenant de lui.

 

Mais le chat savait parfaitement que cette jeune femme ne se laisserait pas faire, tant qu'il peut l'enchaîner avec une chaîne invisible.. Elle perdit connaissance... et qu'elle ne reviendrait plus jamais amnésique... Ça allait être assez difficile pour elle... Il ne restait plus qu'un obstacle, et le chat récupéra entièrement ce corps... Il porta alors sa main à sa joue droite, il sentait une chaleur humaine, elle semblait endormie par terre. 

 

Le chat s'adossa alors à un mur, avant de s'asseoir contre ce dernier. Il ferma les yeux en expirant. En attendant le réveil de Kailys...

Modifié (le) 7 avril 2014 par Enya

[Kailys]

Une lumière vive, un éclair, et puis le noir le plus complet.

 

Kailys était à la fois consciente et inconsciente... Comme plongée dans un sommeil imposé. Elle avait beau essayé de soulever ses paupières, de se forcer à se lever et se réveiller, elle n'y arrivait pas.

Une force invisible l'en empêchait.

 

Mais à peine la rôdeuse pût elle constater ses éléments, que son esprit fût assailli par des images toutes plus intrigantes les unes que les autres.

Ce phénomène provoqua d'étranges sensations dans son corps. Son cœur battait beaucoup trop vite, ses connexions nerveuses elles aussi transmettaient les informations trop rapidement... Il était vraiment difficile de suivre cet enchaînement d'information.

La jeune femme avait également comme la sensation de suffoquer, souhaitant que cette magie cesse.

 

Bien que la tâche s'avérait ardue, Kailys était en train de recouvrer ses souvenirs grâce à Enya.

Mais sont-ils tous bons à connaître, ou reconnaître ?

 

Le puzzle dont les pièces s'étaient éparpillées en milles lieux, et que la Terranne ne pensait jamais revoir... Se rassemblaient toutes en une seule fois, rapidement, violemment, menaçant la rupture de son esprit.

 

Mais aussi vite que les images de ses souvenirs étaient apparues, elles disparurent. Pour Kailys, c'était comme si tout c'était passé en une seule fraction de seconde.

Quand elle reprit conscience, elle ouvrit tout d'abord difficilement les yeux. Elle avait déjà vécu cette situation auparavant... Se réveiller en pleine forêt, en pleine nuit. Sauf que ce soir, plusieurs choses avaient changés, elle savait qui elle était, et elle n'était pas seule.

 

La rôdeuse s'assit doucement, son amnésie l'avait conduit à se nommer Kailys, mais jadis, elle n'était autre qu'Ophelia. Nécromancienne aeride de son état. Elle regarda Enya, toujours en face d'elle, et à qui elle devait tout.

 

« Merci à toi, je me souviens de tout maintenant. »

 

La jeune femme se leva avec difficulté et une fois sur ses pieds, des flammes s'imprégnèrent comme au fer blanc sur ses côtes gauche, signe de la réminiscence d'Ophelia.

 

La rôdeuse avait dorénavant pleinement confiance en Enya et la suivit. Elle se rappela de son temps passé aux côtés des Au-Delà, et retrouva le chemin du miroir de l'éternité sans grande difficulté, ce dernier apparaissant comme autrefois.

 

Sa quête à la recherche de souvenirs se terminait. Une page se tournait, pour qu'une autre ne puisse que mieux s'écrire...